Citations de G. Willow Wilson (107)
« D'un geste vif, Vikram ôta le netbook des mains d'Alif. – Du plastique et de l'électricité, dit-il avec une impression de dégoût. Voilà comment vous pensez vous élever au firmament, vous autres. Mais si tu grimpes trop haut, jeune frère, les anges te demanderont où tu vas. »
- Tout est si lumineux dans ma tête, bégaya-t-il. Il y a tant de choses que je veux dire, mais cette lumière m'empêche de penser - aide-moi s'il te plaît. Tu es la seule à savoir ce qu'il faut faire. Juste - atténue la lumière.
Dina hésita. Puis elle s'agenouilla face à lui, ses genoux contre les siens, et lui couvrit la tête de son voile.
- Pourquoi feraient-ils une chose pareille ?
Alif entendit une série de claquements retentissants quelque part dans la rue, suivie d'un concert de cris.
- Parce que c'est plus fort qu'eux. Maintenant, c'est le grand déferlement. La révolution, c'est de la diarrhée sociale à quatre-vingt-dix pour cent.
- C'est bien d'un aristocrate, ça, marmonna Dina.
- Comment peut-on être sûr que c'est vraiment une révolution ? demanda Alif, espérant malgré lui que ce n'en était pas une ; il pouvait parler de liberté, mais il se serait volontiers contenté d'une familiarité.
- Bine sûr que c'est une révolution. Tu as vu le nombre de femmes dans les rues ? La semaine dernière, il aurait fallu un treuil pour les faire bouger de chez elles. L'émir est foutu, condamné.
Mais je n'ai pas de temps à perdre à être un personnage dans l'histoire de quelqu'un d'autre.
Tant qu'il n'est pas titanesque, un problème passe inaperçu.
[Vinatos] Quand tu guéris quelque chose, tu lui rends sa forme originelle. Peut-être que plus tu guéris, moins tu peux te transformer.
[Kamala] C'est comme quand tu as un build de ouf, et que les devs décident de nerfer ta classe.
[Vinatos] Hein ?
[Bruno] Jargon de joueur. Cherche pas à comprendre.
Quand deux personnes établissent une relation en ligne, ce n'est pas une fiction tissée à partir de la vraie vie, c'est la vraie vie tissée à partir de la fiction.
On croit parfaite la personne que l'on ne peut ni voir, ni toucher, parce qu'elle choisit de ne révéler que ce qui est susceptible de nous plaire. Ça, c'est tout à fait dangereux.
Alif leva le manuscrit à la lumière et l'examina de près. Le titre semblait avoir été écrit à la main, dans un genre de calligraphie arabe ancienne, et à l'encre d'or. Il s'émiettait sévèrement et c'est à peine si on distinguait certaines lettres. Il fut très surpris de découvrir que le premier mot était son propre nom.
- Alif, fit-il avec agitation, il y a écrit Alif dessus !
Dina lui prit vivement le livre des mains.
- Non, ce n'est pas ça, déclara-t-elle au bout d'un moment. Ce qui est écrit, c'est alf. "Alf Yeom wa Yeom". Les mille et un jours.
Il n'y a pas de raison de craindre la mort.
Telle une vieille amie, nous finissons tous par la retrouver.
Les jeunes sont perçus comme un fardeau politique, une nuisance publique. On ne les juge pas dignes d’être éduqués ni protégés. On les traite de parasites, de sang-sue, de larves…si on employait ces mots pour décrire une autre minorité, ils seraient considérés a juste titre comme des propos haineux.
- Navrée que tu le prennes ainsi. Mais voilà ce que j'ai appris ces dernières semaines. Le monde est complexe. Il y a des braves gens qui agissent mal, et des mauvais qui agissent bien. Enfermer quelqu'un avant même qu'il ait commis un crime, c'est faire de lui une ordure, même s'il ne l'était pas avant.
- Écoute, je n'ai pas envie de te blesser...
- Ce n'est pas mon cas.
Je ne demande qu'à te croire. Mais la nouvelle Kamala me terrifie. Je sais quelles pressions les jeunes filles subissent, de nos jours... Comme être ce qu'elles ne sont pas, ou faire ce qu'elles n'ont pas envie de faire.
- Mais... Ils ont les yeux violets.
- "L'épice de vie."
- Tu fais une référence à Dune ?
- Oui.
- Epouse mon frère.
- Hé, on ne grille pas les étapes !
Regardez tous ces écrivains non occidentaux qui ont écrit de la grande littérature occidentale. Kasuo Ishiguro. On n'imaginerait jamais que "Les vestiges du jour"ou "Auprès de moi toujours", ont été écrits par un Japonais. Mais, je ne vois pas d'équivalent dans l'autre sens - un occidental qui ait écrit de la grande littérature orientale. Enfin, peut-être, si on compte Lawrence Durell - Le quartet d’Alexandrie, ça peut entrer dans la littérature orientale ?
- Il y a un test simple, dit Vikram. Est-ce que ça parle de gens qui s'ennuient et qui ont des relations sexuelles ?
- Oui, répondit la convertie, surprise.
- Alors, c'est occidental.
L'humanité a tant modifié la nature que même notre nourriture est devenue un cancer écologique.
- Et alors, ducon ? L'amitié, c'est quelque chose de sincère et de beau, et celui qui ne comprend pas ça a besoin d'un dictionnaire.
- Je crois que je vais retenter le véganisme.
- Ah bon ?
- J'ai vu un reportage selon lequel les pets des vaches détruisent l'atmosphère. Donc, je ne veux plus consommer de viande ni de produits laitiers.
- L'idiot rare que voilà, se moqua Vikram. "Les Mille et un jours" ne sont pas juste quelques vieux contes, petit morveux. Ce titre n'a rien d'accidentel - c'est l'inverse, c'est un renversement des "Nuits". Tout le savoir parallèle de mon peuple conservé pour le bien des générations futures s'y trouve contenu. Ce n'est pas l’œuvre d'êtres humains. Ce livre a été raconté par le djinn.
- Pourquoi tiens-tu a sauver cette planète ?
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- Pourquoi ?
Parce que c'est ici, chez nous.
Parce que c'est le seul véritable foyer que nous aurons. Même si on a des milliards de dollars, on n'ira nulle part ailleurs.
Et parce qu'après tout, on est pas si mauvais.
Contre toute attente on sait toujours cultiver, que ce soit des jardins, des communautés, des amitiés.