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Citations de Gabriel Garcia Marquez (1320)


Le coeur possède plus de chambres qu'un hôtel de putes.
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A la fin, son père le regarda par-dessus son épaule avec un sourire de tristesse. "Si je mourais maintenant, lui dit-il, c'est à peine si tu te souviendrais de moi quand tu aurais mon âge." Il le dit sans raison apparente, et l'ange de la mort flotta un instant dans la pénombre fraîche du bureau avant de repartir par la fenêtre en laissant derrière lui un sillage de plumes que l'enfant ne vit pas. Plus de vingt ans s'étaient écoulés depuis lors, et Juvenal Urbino allait bientôt avoir l'âge qu'avait son père cet après-midi là. Il se savait identique à lui, et à la conscience de l'être s'était maintenant ajoutée celle, bouleversante, d'être aussi mortel que lui.
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à force de tellement haïr les militaires, de tant les combattre, de tant songer à eux, tu as fini par leur
ressembler en tout point. Et il n'est pas d'idéal dans
la vie qui mérite autant d'abjection.
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Après l'avoir inutilement cherchée dans la
dégustation de la terre, les lettres parfumées de Pietro Crespi, le lit tempétueux de son époux, elle avait trouvé la paix dans cette demeure où les souvenirs, par la force d'une évocation implacable, finissaient par prendre forme et se promener comme des êtres humains à travers les chambres closes.
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Une tante d'Ursula, mariée à un oncle de José Arcadio Buendia, eut un fils qui porta toute sa vie des pantalons flottants aux jambes réunies en une seule, et qui mourut, vidé de tout son sang, après quarante-deux ans d'existence dans le plus pur état de virginité, car il était né et avait grandi pourvu d'une queue cartilagineuse en forme de tire-bouchon avec une touffe de poil au bout. une queue de cochon qu'au grand jamais il ne laissa voir à aucune femme, et qui lui couta la vie le jour où un ami bouché s'offrit à la lui couper d'un coup de hachoir.
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Le bonheur d'être ensemble leur suffisait.
(...)
A l'horizon se levait le rêve d'autres voyages avec Florentino Ariza : des voyages fous, sans bagages et sans mondanités : des voyages d'amour.
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Un matin qu'il coupait des roses dans son jardin, Florentino Ariza ne put résister à la tentation de lui en porter une lors de sa visite suivante. Dans le langage des fleurs c'était un délicat problème car Fermina Daza était veuve depuis peu. Une rose rouge, symbole d'une passion brûlante, pouvait l'offenser dans son deuil. Les roses jaunes, qui dans un autre langage portaient bonheur, étaient, dans le vocabulaire trivial, signe de jalousie. Il lui avait une fois parlé des roses noires de Turquie qui eussent sans doute été plus appropriées, mais il n'avait pu en obtenir pour les acclimater à son jardin. Après avoir longtemps réfléchi, il se décida pour une rose blanche. Il les aimait moins que les autres parce qu'elles étaient insipides et muettes : elles ne disaient rien.
Au dernier moment, craignant que Fermina Daza ne commît la méchanceté de leur donner un sens, il en ôta les épines.
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Il vivait dans son rêve.
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Jusqu'alors, la grande bataille qu'il avait livrée les mains nues et perdue sans gloire avait été celle de la calvitie. Depuis l'instant où il avait vu ses premiers cheveux blancs rester accrochés au peigne, il avait compris qu'il était condamné à un enfer impossible dont ceux qui ne l'ont jamais connu ne peuvent imaginer le supplice. Sa résistance dura des années. Il n'y eut ni onguent ni pommade qu'il n'essayât, ni croyance qu'il ne crût, ni sacrifice qu'il ne supportât pour défendre chaque centimètre de son crâne de la dévastation vorace. Il apprit par cœur les instructions de l'Almanach Bristol pour l'agriculture, parce qu'il avait entendu dire que la pousse des cheveux avait un rapport direct avec les cycles des récoltes. Il abandonna son coiffeur de toujours, un chauve illustre et Inconnu, pour un étranger tout juste installé qui ne coupait les cheveux que lorsque la lune entrait dans son premier quartier. Mais à peine le nouveau coiffeur eut-il commencé à prouver la fertilité de sa main que l'on découvrit qu'il était un violeur de novices recherché par toutes les polices des Antilles, et qu'on l'emmena fers aux pieds.
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"Les hommes ne sont que les pauvres esclaves des préjugés, lui-avait-il dit un jour. En revanche, lorsqu'une femme décide de coucher avec un homme, il n'est pas de barrière qu'elle ne franchisse, de forteresse qu'elle ne démolisse, de considération morale sur laquelle elle ne soit prête à s'asseoir : Dieu lui-même n'existe plus."
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Étendue sur le lit de batiste, vêtue d'une légère combinaison de soie, la senorita Lynch était d'une beauté interminable.
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Ils finirent par tant se connaître qu'avant trente ans de mariage ils étaient comme un seul être divisé en deux, et se sentaient gênés de la fréquence avec laquelle, sans le vouloir, l'un devinait la pensée de l'autre, ou de leur situation ridicule lorsque l'un anticipait en public ce que l'autre allait dire. Ensemble ils avaient dépassé les incompréhensions quotidiennes, les haines instantanées, les mesquineries réciproques et les fabuleux éclairs de gloire de la complicité conjugale. Ce fut l'époque où ils s'aimèrent le mieux, sans hâte et sans excès, et tous deux furent plus conscients et plus reconnaissants que jamais de leurs invraisemblables victoires sur l'adversité. La vie devait leur réserver d'autres épreuves mortelles mais peu leur importait : ils étaient sur l'autre rive.
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Le signe dominant de ce paradis de la frivolité provinciale était la peur de l'inconnu. Elle l'avait défini de façon simple : "Le problème de la vie publique est d'apprendre à dominer la terreur, celui de la vie conjugale d'apprendre à dominer l'ennui." Elle l'avait découvert d'un coup, grâce à la netteté d'une révélation, le jour où avec sa traîne de mariée elle avait fait son entrée dans le vaste salon du Club social saturé du parfum mêlé des innombrables fleurs, de l'éclat des valses, du tumulte des hommes en sueur et des femmes qui, tremblantes, la regardaient sans savoir comment elles allaient conjurer cette éblouissante menace que leur envoyait le monde extérieur. Elle venait d'avoir vingt et un ans, n'était guère sortie de chez elle que pour aller au collège, mais un regard circulaire lui avait suffi pour comprendre que ses adversaires étaient non pas saisis de haine mais paralysés de peur. Effrayée elle-même, au lieu de les effrayer plus encore, elle leur fit l'aumône de les aider à la connaître.
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Parmi les nombreuses choses qui lui plaisaient le moins, il dut se résigner à accepter dans le lit le chat furibond à qui Sara Noriega rognait les griffes afin qu'il ne les réduisît pas en charpie pendant qu'ils faisaient l'amour.
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Le drame de Florentino Ariza tant qu'il fut commis aux écritures de la Compagnie fluviale des Caraïbes était qu'il ne pouvait se défaire de son lyrisme car il ne cessait de penser à Fermina Daza, et qu'il n'avait jamais appris à écrire sans penser à elle. Plus tard, lorsqu'on le promut à d'autres fonctions, il débordait d'amour au point de ne savoir qu'en faire, et il l'offrait aux amoureux sans plume, en écrivant à leur place des lettres d'amour gratuites devant la porte des Écritures. C'est là qu'il se rendait après son travail. Il ôtait sa redingote avec des gestes parcimonieux, l'accrochait au dossier de sa chaise, enfilait des manchettes de lustrine, déboutonnait son gilet pour mieux penser, et quelquefois jusqu'à une heure tardive de la nuit redonnait espoir aux infortunés grâce à des lettres ensorcelantes. (...)
Le souvenir le plus agréable qu'il garda de cette époque fut celui d'une jeune fille très timide, presque une enfant, qui lui demanda en tremblant d'écrire une réponse à une lettre qu'elle venait de recevoir et que Florentino reconnut pour l'avoir écrite la veille. Il y répondit dans un style différent, selon l'émotion et l'âge de la jeune fille, et avec une écriture qui ressemblait à la sienne car il savait en utiliser une différente pour chaque cas. Il l'écrivit en imaginant ce que Fermina Daza eût répondu si elle l'avait aimé comme cette créature désemparée aimait son prétendant. Deux jours plus tard, il dut, bien-sûr, écrire la réponse du fiancé avec la calligraphie, le style et la forme qu'il lui avait attribués dans la première lettre et il finit ainsi par engager une correspondance fébrile avec lui-même. Au bout d'un mois à peine, ils vinrent chacun de leur côté le remercier de ce que lui-même avait proposé dans la lettre du fiancé et accepté avec dévotion dans celle de la jeune fille : ils allaient se marier.
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J'ai mal non de mourir mais de ne pas mourir d'amour.
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Nul ne le définissait mieux que lui-même lorsque quelqu'un l'accusait d'être riche.
"Riche, non, disait-il. Je suis un pauvre avec de l'argent, ce qui n'est pas la même chose."
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Rien ne lui plaisait plus que de chanter aux enterrements. Il avait une voix de galérien, dépourvue de toute rigueur mais capable de registres impressionnants. Quelqu'un lui avait raconté qu'Enrico Caruso pouvait briser un vase en mille morceaux grâce au seul pouvoir de sa voix, et pendant des années il avait tenté de l'imiter, même avec les vitres des fenêtres. De leurs voyages autour du monde ses amis lui rapportaient les vases les plus fins, et organisaient des fêtes pour qu'il pût enfin réaliser son rêve. Il n'y parvint jamais. Toutefois, au fond de ce tonnerre, il y avait une petite lueur de tendresse qui fendait le cœur de son auditoire comme le grand Caruso les amphores de cristal, et c'est pourquoi aux enterrements on le vénérait tant.
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Rien ne ressemble plus à quelqu'un que sa façon de mourir,et nulle ne ressemblait moins que celle-ci à l'homme qu'il imaginait.
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(...) Juvenal et Fermina emportaient le souvenir partagé d'un après-midi de neige, lorsque les avait intrigués un groupe de personnes qui défiait la tourmente devant une petite librairie du boulevard des Capucines. À l'intérieur se trouvait Oscar Wilde. Lorsqu'il sortit enfin, fort élégant il est vrai, mais sans doute trop conscient de l'être, le groupe l'entoura pour lui demander de signer ses livres. Le docteur Urbino s'était arrêté dans le seul but de le voir, mais son impulsive épouse voulut traverser le boulevard pour qu'il signât la seule chose qui lui sembla appropriée faute de livre : son beau gant de gazelle, long, lisse, doux et de la même couleur que sa peau de jeune mariée. Elle était sûre qu'un homme aussi raffiné apprécierait un tel geste. Mais son mari s'y opposa avec fermeté, et alors qu'elle insistait en dépit de ses arguments, il ne se sentit pas capable de survivre à la honte.
*Si tu traverses la rue, lui dit-il, en revenant tu me trouveras mort."
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