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Citations de Gaétan Soucy (79)


Parfois la voix de papa s'élevait par dessus la mélodie, la chevauchait quelques instants et je peux vous dire, c'est horrible comme c'était beau.
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Et je me disais qu'est-ce-qu'on a fait de tout ça, pensant à nous-même autant qu'à nos semblables dans leur totalité pensive. On dirait des fois que je suis seule sur terre à l'aimer, moi, la vie. Mais quand on essaie d'aimer, tout devient compliqué, car peu de gens ont de cela la même imagination dans le chapeau
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… marcher ainsi parmi les monticules de dictionnaires est ce que j’ai connu de plus enivrant jusqu’ici sur cette planète, exception faite du tout petit moment où nous avons mis nos transports en commun et que vous avez daigné me serrer contre votre poitrine et que ma langue s’est promenée sur votre visage…

(Boréal, p.99)
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C'est parce que je suis né sous le signe astronomique de l'âne que je suis comme çà, à l'instar des veaux et des gorets.
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Nous avons dû prendre l'univers en main mon frère et moi car un matin peu avant l'aube papa rendit l'âme sans crier gare. Sa dépouille crispée dans une douleur dont il ne restait plus que l'écorce, ses décrets si subitement tombés en poussière, tout ça gisait dans la chambre de l'étage d'où papa nous commandait tout, la veille encore. Il nous fallait des ordres pour ne pas nous affaisser en morceaux, mon frère et moi, c'était notre mortier. Sans papa nous ne savions rien faire. À peine pouvions-nous par nous-mêmes hésiter, exister, avoir peur, souffrir.
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- Je... J'ai cru longtemps que cette épreuve [la mort de mon fils] m'avait été envoyée par Dieu pour me rappeler à l'ordre, pour me sortir de la torpeur où je végétais, de mon incapacité depuis deux ans à composer la moindre musique. Aussi me suis-je jeté dans le travail. Comprenez-vous? Je croyais que Dieu attendais de moi que je compose un magnifique oratorio inspiré par la douleur!... Comme si Dieu achetait quelques pages de musique avec la vie d'un enfant... Mais c'est ma vanité, le démon de ma vanité en réalité qui me soufflait tout ça... [...]
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Et c'est là que me revenaient à l'esprit toutes sortes de questions que je me posais avant de lire l'incomprehensiblissime éthique de spinoza, où j'appris entre autres, pas plus tard que l'an dernier, que la vraie religion doit être non pas une méditation de la mort, mais une méditation de la vie, pourriture! fais ton office. (Page 117)
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Le plus grave, même quand on se croit ou s'espère désolidarisé de son époque, en rupture idéologique avec elle, c'est que des courants si profonds affectent notre conduite et pervertissent jusqu'à notre manière d'être. Alors nous jetons. Les objets, "les produits", les amants, les amis.
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Les nuages envahissaient le ciel avec une vélocité fascinante, comme dans les films d'épouvante. Bientôt on ne vit plus de la neige qu'une stupeur grise et la campagne se perdit dans l'obscurité. Seul demeurait un anneau de firmament à l'horizon, bleu ecchymose, où une dernière étoile brillait comme un éclat de miroir au soleil. Louis pensait à la fille du bedeau. Qu'éprouvait-elle, si elle était encore de ce monde? A l'heure où elle commençait peut-être à désespérer d'un secours, cette femme voyait le ciel se refermer au-dessus d'elle, comme sur la mouche prisonnière l'ombre grandissante de l'araignée, et cette étoile fiévreuse, qui brûlait avec l'intensité de ce qui ne veut pas mourir, ressemblait à un cri effrayant et muet.
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J’en étais venue à la conclusion qu’au purgatoire, on fait accroire aux gens qu’ils sont en enfer. Cela suffit à mon sens. Pas besoin de souffrir éternellement si on souffre durant une minute en croyant durant une minute en croyant que cette souffrance sera éternelle.

(Boréal, p.117)
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Moi je n’ai pas peur de ce qui tourne dans le mauvais sens et se met en travers de l’ordinaire du monde, ça vous change de la décrépitude ambiante et de l’entêtement de toute chose à s’user, si c’est bien ce que je veux dire.
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Ce dernier ainsi que la soutane prirent bientôt le parti de me traiter à tu et à toi, des fois que ça passerait mieux entre mes oreilles, et quand ils m'ont demandé s'il était arrivé quelque chose à mon père, j'ai fini par leur montrer que je comprenais la langue humaine comme tout le monde et j'ai répondu il est mort aujourd'hui à l'aube, ce qui a produit son effet.
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Je m’arrêtais à deux pas de cheval. Lui aussi immobile me regardait. Il était si vieux, si fatigué, que ses yeux ronds n’étaient même plus du même marron. Je ne sais pas s’il existe des chevaux ailleurs sur terre avec des yeux qui soient bleus comme ceux des preux dont les images ornent mes dictionnaires préférés, mais enfin, nous ne sommes pas ici-bas pour obtenir des réponses, semble-t-il. Je m’approchai davantage et lui mis un horion sur le chanfrein, en mémoire de père. L’animal recula puis baissa sa figure énorme. Je me rapprochai de nouveau, je lui caressai la croupe, je ne suis pas rancunier. Et puis, papa, tout ça ce n’était quand même pas sa faute. J’ai peut-être écrit le mot animal un peu à la légère aussi.
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Vous ne pouvez pas savoir combien il y en avait, il me fallait quatre heures rien que pour les étaler, je parle de l’argenterie évidemment. Je ne sais pas si j’ai songé à l’écrire, mais la propreté cela me rend folle dans le bourrichon, tellement j’aime. Il y avait des cuillères de toutes sortes, de toutes les familles, et des soucoupes et des assiettes et des coupes et des couteaux, je n’en finirais pas si je disais tout ce qui se trouvait enfoncé dans les tiroirs et les armoires de la salle de bal, en or, en cristal, en argent, en verre de bristol, en pierre philosophale, en tout ce que vous voudrez de plus émerveillant. J’examinais chaque ustensile, c’est ainsi que ça se nomme, je n’aurais pas toléré la moindre brume, tout devait étinceler, j’astiquais, j’asticotais jamais ma jupe n’aura autant servi et à meilleur usage. J’enlevais la poussière et les débris de marbre qui jonchaient le sol , encore ce verbe joncher, et je disposais mes poupées de lumière avec mille et un soins d’amour sur la plus haute des fenêtres où le soleil pénétrait pour venir danser dans ce merveilleux labyrinthe de netteté et d’arrêtes éclatantes. Je crois que ces ustensiles, il y en avait bien quarante-cent-cinquante- treize, toutes les fois que j’ai essayé de les compter à mesure que je les rangeais en rangée, ma tête se mettait à tourner dans le mauvais sens et je perdais le chiffre tellement il y en avait combien, sur mon cœur. Il m’arrivait de valser tout autour, mes pieds nus sur la froideur des dalles amochées. Mais la plupart du temps, les bras étendus tel un engoulevent, je restais debout à les contempler, sans bouger plus qu’une souris apeurée, et je sentais toutes les tristesses et les désemparements tomber de mes ailes, comme au printemps tombent des toits les stalactites de glaçons, que père de son vivant appelait des tsoulala, car il avait été missionnaire au japon à l’époque où il était beau gosse, ne me demandez pas où ça se trouve, quelque part de l’autre côté de la pinède.
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Et nous lirons, nous lirons! Jusqu'à tomber par terre d'ivresse, car après tout qu'importe qu'elles nous mentent, ces histoires, si elles ruissellent de clarté, et qu'elles étoilent le chapeau des enfants déboulés de la lune étendus côte à côte deux par deux, elle et moi?
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Tu ne voulais sans doute pas consciemment m’anéantir, mais tu voulais quand même me posséder, corps et âme, jusqu’à l’étranglement, jusqu’à la fusion, jusqu’à ma dissolution en toi.


Texte de Sylvain Trudel
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La tentation est forte alors - et chez les meilleurs - de se croire voué à une vie petite, de s’imposer une banalité quotidienne à la manière d’une punition, de chercher refuge dans la routine, la médiocrité des jours recommencés, s’étant une fois pour toutes et sévèrement jugé inapte à mériter mieux. Nos aspirations à l’essor, à prendre notre envol, nous apparaissent alors n’avoir été que présomptions, prétentieuses démesures.
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Je veux dire les mots, tant il est vrai que nous sommes pauvres de tout ce qu'on ne sait pas nommer.
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Je crois au contraire que tu peux et sais tout à fait et totalement aimer, aimer jusqu'à perdre le sommeil et la faim, aimer jusqu'à te laisser dépérir.
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Encore une fois, une personne dont la présence nous a déjà été si vitale, si essentielle, comment pourrions-nous ne pas souffrir cruellement de nous priver de la revoir ?
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