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Critiques de Gail Simone (74)
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Birds of Prey Vol. 1: Endrun

Ce tome comprend les épisodes 1 à 6 de la série débutée en 2010. Tous les scénarios sont de Gail Simone qui revient aux Birds of Prey après les avoir quitté avec Dead of Winter (épisodes 104 à 108 de la première série). Les événements de ces histoires se déroulent après Blackest Night.



Comme dans un James Bond, l'histoire commence avec la fin d'une mission à hauts risques de Black Canary (Dinah Lance) qui doit sauver une fillette des mains de vilains terroristes sur un glacier fragile en Islande. Puis Oracle (Barbara Gordon) la contacte pour reformer les Birds of Prey, cette fois-ci composée de Black Canary, Lady Blackhawk (Zinda Blake), Huntress (Helena Bertinelli), Hawk (Hank Hall) et Dove (Dawn Granger). Un maître chanteur a adressé, à Oracle, des fichiers informatiques détaillés sur tous les superhéros ayant gravité de près ou de loin autour d'elle et Black Canary (y compris leurs identités secrètes), ainsi que leurs proches. L'ultimatum précise qu'un individu de la liste mourra par heure, à compter de minuit. Le compte à rebours a commencé et la chasse au maître chanteur se déroule sur 4 épisodes. Dans les épisodes 5 & 6, Dinah Lance se retrouve prisonnière d'un chantage qui l'oblige à affronter Shiva Woosan à Bangkok.



J'aime bien Gail Simone, même si elle a tendance à être inégale d'un tome à l'autre (comme sur la série Secret Six), ou en progression constante comme sur la série Wonder Woman. Donc je partais avec un sentiment favorable pour son retour sur cette série. La scène de départ commence avec le monologue intérieur de Black Canary qui permet de se refamiliariser avec elle. La résolution laisse rêveur par son coté impossible avec un hélicoptère en mode camouflage capable survoler une étendue neigeuse sans soulever un flocon (trop fort). Mis bon, l'intrigue passe rapidement à la réunion des Birds of Prey et elles sont prêtes à affronter la première menace qui trouve ses racines dans les précédents épisodes écrits par Gail Simone. Allez, c'est parti pour reprendre là où elle s'était arrêtée. Donc Dinah et Helena affrontent une nouvelle maîtresse des arts martiaux qui en veut à Black Canary, elles doivent protéger l'un des personnages louches de Gotham bien connu dans l'univers de Batman, et Hawk & Dove interviennent (pourquoi eux d'ailleurs, plutôt que d'autres ? Mystère).



Et là ça commence à franchement déraper. Black Canary n'utilise son superpouvoir que comme un deus ex machina de dernière minute, après s'être fait tabasser jusqu'à la dernière extrémité à plusieurs reprises. Helena fait de la figuration peu intelligente. Le personnage louche berne les Birds of Prey d'une manière impossible à avaler alors que l'une d'entre elles l'a examiné pour panser sa blessure. En début d'épisode 3, Simone offre à Benes une scène bien racoleuse, indigne d'une scénariste respectueuse habituellement de ses personnages féminins. Et chaque scène traîne en longueur avec des dialogues soporifiques, des retournements de situations tous plus téléphonés les uns que les autres, et des héroïnes d'une bêtise ahurissante. Pourquoi Dinah attend le combat contre Shiva avant d'aller chercher sa fille ? Impossible à comprendre. Hawk & Dove ne font que de la figuration (même pas intelligente), sans rien apporter à l'histoire (il fallait juste trouver un moyen de raccorder cette nouvelle série à Brightest Day. Le suspense liée à l'élimination des proches à raison d'un par heure ne débouche sur rien.



La deuxième couche, c'est que l'argument de réunir Gail Simone avec le dessinateur d'époque (de la première série des Birds of Prey) ne dure que le temps d'un épisode. Ed Benes a dessiné le premier épisode, tout seul comme un grand. Puis les épisodes 2 à 4 sont dessinés par Ed Benes et Adriana (da Silva) Melo, et les épisodes 5 et 6 sont dessinés par Alvin Lee et Adriana Melo. Donc l'illusion est satisfaisante pour l'épisode 1, puis les dessins perdent en précision, en esthétisme, en consistance, et même en professionnalisme. En particulier dans ce premier épisode, Benes a choisi de dessiner un costume de Huntress qui lui cache les abdominaux. Le metteur en couleurs est passé derrière pour remettre une couleur chair au niveau des abdominaux (mais il a oublié une ou deux cases). Et dès l'épisode d'après, le costume passe d'une option à l'autre pour se stabiliser à plus de chair dénudée à partir de l'épisode 3. À partir de l'épisode 4, chaque héroïne voit sa poitrine augmenter jusqu'à une disproportion honteuse (même pour un comics de superhéros) dans l'épisode 6. Les visages perdent de leur finesse pour devenir caricaturaux et grossiers. Le combat final aligne les cases de coups portés, avec quelques giclées de sang, dans une mise en scène anémiée, et une mise en page pataude à souhait.



Dans le dernier tome de Wonder Woman écrit par Gail Simone (Contagion), DC Comics avait déjà sacrifié les illustrations. Ils refont le coup ici en faisant miroiter le retour d'Ed Benes alors qu'il n'assure qu'un seul épisode en entier, pour laisser la place à des dessinateurs qui tirent l'histoire vers le bas. Comme ladite histoire se complet dans une suite d'affrontements qui n'avancent pas et qui font passer les héroïnes pour des cruches incapables de préparer le coup d'après, le lecteur se dit que cette relance de la série a été bâclée pour des raisons éditoriales peu reluisantes.
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Tomb Raider, tome 2 : Secrets and Lies

Second tome sur trois qui sert de remplissage entre le jeu "Tomb Raider" et sa suite "Rise of the Tomb Raider". Un second tome pas très palpitant, comme le premier. Après les évènements du Yamataï (intrigue du premier jeu vidéo et du premier tome), Lara est chargée de protéger la petite sœur d'un de ses amis décédé. Direction Prypiat, en Ukraine, non loin de Tchernobyl pour accomplir sa mission.



Une organisation mystérieuse du nom de "Trinity", un fanatique avide de vengeance, un tueur à gage qui tombe amoureux et une pièce de théâtre basée sur "Orgueil et préjugés" de Jane Austen. Vous secouez bien et vous obtenez une étrange aventure de Lara Croft qui frôle plus souvent l'invraisemblable que le réalisme.

On ne sait pas où on va, on ne sait pas le pourquoi du comment et on se balade d'une scène à l'autre sans conviction. C'est plat bien que ça explose de partout.



Lara Croft est-elle faite pour le monde des comics ? Ou devrait-elle se contenter de crapahuter sur console et PC ? J'ai ma petite idée là-dessus...
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Secret Six: The Darkest House

Ce tome comprend les épisodes 30 à 36 de la série, ainsi que l'épisode 19 de Doom Patrol, parus en 2011. Ce sont les derniers de la série car DC Comics a redémarré son univers à zéro en septembre 2011 (opération baptisée New 52). Ce tome fait suite à The reptile brain (épisodes 25 à 29, et Action Comics 897).



Secret Six 30 (scenario de Gail Simone, dessins de J. Calafiore) & Doom Patrol 19 (scénario de Keith Giffen, dessins de Matthew Clark) - Eric, un bon à rien qui squatte chez ses parents, hérite quelques milliards de dollars de son grand-père. Il décide de s'acheter une île pour s'y installer. Il a choisi l'île d'Oolong. Il loue les services des Secret Six pour faire évacuer les habitants d'Oolong. Or le gouvernement d'Oolong a déjà autorisé une équipe de superhéros à établir leur base sur leur sol : la Doom Patrol (dans We who are about to die).



Épisode 31 à 33 - Scandal Savage essaye d'améliorer la vie romantique de Bane en lui présentant Spencer. Un homme illuminé a décidé d'aider les femmes de mauvaise vie à revenir dans le droit chemin. Il choisit de convertir Liana Kerzner, la copine de Scandal Savage. Cette dernière subit des cauchemars récurrents mettant en scène Knockout (une ex-amie décédée). Elle décide d'utiliser la carte acquise dans Unhinged. Très vite les Secret Six se retrouvent en enfer.



Épisodes 34 à 36 - Les Secret Six sont de retour dans le monde normal. Ils commencent par sauver Liana Kerzner. Et Bane peut enfin passer une soirée à la fête foraine avec Spencer. Mais tous les Secret Six ont été marqués par leur séjour en enfer. Bane propose aux autres de l'aider à atteindre l'objectif qui lui tient vraiment à coeur : briser Batman en tuant ceux qui lui sont proches, à savoir Red Robin (Tim Drake), Batgirl (Stephanie Brown), Catwoman (Selina Kyle) et Azrael (Michael Lane).



Tous les scénarios sont de Gail Simone et les dessins de J. Calafiore (à part l'épisode de Doom Patrol). Gail Simone entretient une relation particulière avec ces personnages. Elle leur porte une véritable affection qui transparaît dans sa manière de les mettre en scène. Elle ne profite pas complètement de la fin de cette version de l'univers DC pour les faire évoluer rapidement, mais elle continue de les développer. C'est ainsi que Bane prend petit à petit contact avec les us et coutumes des gens normaux, et que Scandal fait face à sa culpabilité vis-à-vis de Knockout. Simone apporte une sorte de coda aux relations de Thomas Blake (Catman) avec son père, et une vision terrifiante de l'enfer qu'est la vie de Ragdoll.



L'affrontement contre la Doom Patrol est ahurissant à souhait, et Simone réussit même à être plus choquante que Keith Giffen, pourtant un expert en matière d'humour absurde et brutal. Le passage en enfer est desservi par un scénario qui repose à 80% sur les changements d'humeur des uns et des autres. La seule progression narrative réside donc dans les discussions et les échanges de coup ne font rien avancer, ils ne servent qu'à fournir un intermède d'action entre 2 discussions. Or la dialectique qui s'installe entre Ragdoll d'un coté, et les autres membres d'un autre reste très basique et peu palpitante. Il faut attendre la dernière partie pour retrouver une dynamique intéressante.



Contrairement aux habitudes des comics, Gail Simone ne tire pas un trait sur le passage en enfer : elle montre que les révélations de Lady Blaze (la maîtresse des enfers de l'univers DC) ont eu un impact important sur la psyché de chaque membre des Secret Six. Cela conduit en particulier Bane à proposer cette mission suicide, et Scandal Savage à mettre de l'ordre dans sa vie privée. Simone retrouve un juste équilibre entre l'action, les tensions entre les membres de l'équipe, et leur code moral de criminels endurcis.



J. Calafiore a trouvé le bon style pour retranscrire le monde cruel et sadique des Secret Six. Il a l'art et la manière de dessiner les scènes horrifiques telles qu'un individu se mettant des gouttes de Tabasco dans l'oeil (éprouvant), un supercriminel tranchant la jambe d'une superhéroïne avec les dents, Ragdoll habillé de barbelés, un homme tué par 2 couteaux plantés dans les yeux, et du sang qui coule de différentes blessures. Son sens de la composition des cases fait que le lecteur n'est jamais perdu pour se repérer dans l'action ou pour distinguer les personnages. Il insère régulièrement des détails dans les décors, comme les nombreux verrous d'une porte de sécurité. Cet aspect perdure tout du long des épisodes, sauf pendant les séquences en enfer qui se déroulent d'un vide de décors mettant en évidence l'absence de conception des lieux par la scénariste et le dessinateur. Globalement ce dessinateur fournit un travail supérieur à la moyenne des comics, avec plus de détails, et une utilisation piquante des aplats de noir.



C'est donc la fin de cette itération des Secret Six. Gail Simone propose une dernière fournée d'horreurs, de comportements déviants et de chaleur humaine bizarrement pervertie. La lecture de ces épisodes permet de prendre conscience de la réelle affection que le lecteur a pu développer pour ces individus irrémédiablement dégénérés. Les illustrations proposent une vision toujours noire et cruelle de la réalité des ces criminels endurcis, sans espoir de rédemption.
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Secret Six: The Reptile Brain

Ce tome fait suite à Cats in the Cradle ; il contient les épisodes 25 à 29 de la série, ainsi que le numéro 896 d'Action Comics.



Après quelques différents, Bane a décidé de se séparer de Scandal Savage pour fonder ses propres Secret Six ; il y a donc maintenant 2 équipes. Avec Bane, se trouvent Jeannette, King Shark, Giganta, Lady Vic et Dwarfstar. Avec Scandal Savage, se trouvent Deadshot, Black Alice, Ragdoll, Catman et Tremor.



Épisodes 25 à 28 (illustrations de J. Calafiore) - Bane a accepté une mission pour le compte de son groupe, mission proposée par Spy Smasher (Katarina Armstrong, déjà apparue dans Blood and Circuits des Birds of Prey par Gail Simone) en l'échange d'une rémunération en bonne et due forme. Armstrong estime que la nation de Skartaris (pour plus de détails sur ce mode, il faut consulter Showcase : The Warlord et The Saga) constitue une menace pour la nation américaine et qu'il vaut mieux l'envahir. Mais une autre représentante de la communauté des services secrets a engagé l'autre équipe de Secret Six pour une mission dans Skartaris, en échange de la remise à zéro de leurs casiers judiciaires. Non seulement les 2 équipes vont devoir s'affronter, mais en plus les autochtones ne voient pas leur arrivée d'un bon oeil, et ils souhaitent les utiliser pour atteindre leurs propres objectifs.



Épisode 29 et épisode 896 d'Action Comics - Scandal Savage a accepté une mission de protection de Lex Luthor. Les Secret Six sont composés de Ragdoll, Black Alice, Jeannette, Deadshot, Bane, Catman et Scandal (oui, je sais, ça fait sept). Lex luthor s'est lancé dans une quête pour récupérer les restes des anneaux noirs apparus dans Blackest Night, avec l'aide d'un robot ayant l'apparence de Lois Lane (pour les détails, se reporter à The Black Ring 1). La couverture ne laisse pas beaucoup de doute quant à l'identité du méchant de service : Vandal Savage, le papa de Scandal. Il s'en suit une longue confrontation dans les locaux de Lex Luthor.



Dans l'aventure en Skartaris, Gail Simone a retrouvé toute sa verve, sa facétie, son amour pour ces personnages dérangés et une bonne histoire. Elle manie un humour bien noir, sans avoir l'air d'y toucher. L'équipe de Bane est à manier avec des pincettes. King Shark rappelle régulièrement qu'il a un penchant marqué pour la chair humaine qu'il goûte avec délice comme un met de choix qui mérite d'être dégusté. La plongée au milieu des dinosaures et des monstres en tous genres permet à King Shark d'utiliser ses dents pour déchiqueter et arracher, et J. Calafiore se lâche avec grosses giclées de sang qui tâchent et morceaux de bidoche. Dwarfstar se promène systématiquement avec un couteau à la main et il n'a rien d'un jouet. Simone le montre comme un individu qui sait que ses actes seront impunis et qui a complètement lâché la bride à ses pulsions. Dwarfstar est un méchant crédible et qui fait froid dans le dos du fait de sa psychologie plausible. Thomas Blake (Catman) continue à bénéficier de sa mise à niveau dans le tome précédent. Il n'est plus le faux méchant de l'équipe, il a lui aussi succombé à sa vision très particulière du monde. Se retrouver face à une nature souveraine remet en question ses choix de vie et la suite qu'il souhaite lui donner. Dans ce tome, le paternalisme de Bane trouve un mode d'expression plus convaincant et plus élaboré.



Mais Gail Simone ne se vautre pas dans une vision morbide de l'existence, elle intègre également un humour second degré assez pince sans rire, d'autant plus agréable qu'il sait rester discret. Il y a un personnage qui se dit en pleine confrontation entre les 2 équipes que c'est le moment où les personnages devraient arrêter de se taper dessus avant que cela ne devienne trop grave. Il y a Tremor qui se moque de Giganta qui n'est qu'une chochotte, Killer Shark qui rigole parce qu'il a perdu un oeil, etc. Elle est formidablement aidée sur ce plan par J. Calafiore qui s'amuse également comme un petit fou. Il embrasse les codes les plus éculés des histoires de barbare en affublant toutes les femmes de bikinis minuscules pour aller au combat. Il dessine une transformation d'une femme en chatte (une espionne polymorphe) en plaçant l'animal juste devant son pelvis (pour jouer sur les mots). Bane utilise une hache monstrueuse dégoulinante de sang. Catman se lâche contre les dinosaures, etc. Calafiore a pris son temps pour soigner chaque image et glisser des informations visuelles supplémentaires de manière opportune.



Cette histoire utilise un niveau psychologique plus dense que les tomes précédents, avec un humour bien noir et bien adulte (à la fois pour le scénario, et pour les dessins), avec une aventure prenante. Une réussite totale.



Je suis beaucoup plus réservé pour le crossover avec Lex Luthor. L'épisode d'Action Comics développe évidemment plus la quête de Luthor pour une confrontation qui n'en finit pas dans une grande salle de réunion. Les dessins de Pete Woods sont très clairs et sympathiques, mais pas inoubliables, et finalement un peu fades par rapport à ceux de Calafiore. L'épisode des Secret Six développe à n'en plus finir le triangle entre Luthor, Vandal Savage et sa fille. Or Simone nous a déjà servi d'autres versions de ce conflit entre Vandal et Scandal, qui finit par sentir le réchauffé. Les retournements de position de Vandal Savage finissent par devenir ridicules et sans que le lecteur puisse discerner leurs motifs. Bref, j'ai été content que ça se termine, malgré les facéties de Ragdoll. Les dessins de Marcos Marz remplissent bien leur fonction dans un style à nouveau très clair et très précis, mais qui manque également un peu d'inventivité.



Je mets malgré tout 5 étoiles à ce tome pour la première histoire qui permet enfin aux Secret Six d'exprimer tout leur potentiel de brutalité, de désespoir et d'humour noir.
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Secret Six: Cats in the Cradle

Ce tome comprend les épisodes 19 à 24 de la série et il fait suite à Danse Macabre. Les histoires se décomposent en 3 parties.



Épisodes 19 à 22 "Cats in the cradle" - (scénario de Gail Simone, dessins de J. Calafiore) - Tout commence par une mission d'infiltration dans un culte attendant le retour de Brother Blood (un ennemi des Teen Titans). Ce n'est une surprise pour personne que les Secret Six ne sont pas particulièrement doués pour l'infiltration discrète (malgré leur nom). À la fin de la mission Catman apprend que quelqu'un a enlevé son fils pour l'obliger à tuer un de ses co-équipiers.



Mince, Gail Simone a enfin retrouvé son sens du politiquement incorrect, du poil à gratter et des sentiments qui sonnent juste. Après avoir servi de la soupe tiède mal assaisonnée pendant les tomes précédents, elle retrouve le ton juste. Ragdoll redevient enfin vraiment dérangeant, en partie parce qu'il est en proie à quelques crises de lucidité. Catman gagne en personnalité parce que Simone s'attaque enfin au fait qu'il est avant tout un héros manqué. Et Gail Simone s'occupe enfin correctement de Black Alice (Lori Zechlin) qui se conduit comme la jeune femme qu'elle est et non comme un simple ersatz de ses coéquipiers. Simone développe également le coût que représente l'utilisation de ses pouvoirs (en particulier quand elle utilise ceux de Doctor Occult). En filigrane, Gail Simone creuse en douceur la question de ce qui fait de ces personnages des criminels, plutôt que des héros.



De son coté, Calafiore a également intensifié ses dessins. Dans la première page, Deadshot et Catman ont revêtu une variante assombrie de leurs costumes habituels. Il s'agit à la fois d'approche furtive, et à la fois un clin d'oeil aux tenues du même genre utilisées dans X-Force et très à la mode des comics des années 1990. Ensuite Calafiore prend soin de créer des décors crédibles et achevés pour chaque scène, chaque planche et presque chaque case. Ce soin permet au lecteur de se projeter dans chaque endroit sans se heurter à une suite de cases sans décor qui le repousse hors de l'histoire. Calafiore prend beaucoup de soin à personnaliser chaque individu au-delà d'un ou deux détails vestimentaires ou physiques. Il avait déjà eu l'occasion de le dessiner, mais là la version enfant de Thomas Blake ressemble vraiment à un enfant particulier (et pas une silhouette générique à qui le lecteur pourrait attribuer n'importe quel âge entre 10 et 25 ans) ayant bénéficié d'une éducation gentille. De la même manière le vieillard qui a commandité l'infiltration a vraiment un corps âgé et un visage ridé qui le fait paraître son âge. Enfin les manifestations de violence sont à la fois impressionnante (et donc séduisante par l'énergie qu'elles dégagent) et à la fois repoussante par les traumatismes physiques qu'elles engendrent (je pense en particulier au monsieur qui passe à travers le pare-brise).



Pour cette histoire Gail Simone et J. Calafiore ont retrouvé le feu sacré. Ils dépassent le ronron des histoires précédentes pour créer des situations dans lesquelles les personnages sont plus fortement impliqués, et par conséquent le lecteur aussi.



Épisode 23 (Scénario de John Ostrander, dessins de RB Silva et Alexandro Palamaro) - De riches individus s'amusent sur une île isolée avec des technologies de pointe. Ils endossent des armures ou pilotent des drones pour s'affronter. Leur hôte a engagé les Secret Six pour une mission après un briefing sur la même île. Surprise : les Secret Six servent de gibier aux riches amateurs de sensations fortes.



En 2010, John Ostrander avait besoin de travailler sur des projets bien payé pour pouvoir soigner un glaucome. Le régime d'assurance sociale aux États-Unis n'est pas très égalitaire, et il n'est pas tendre avec les créateurs qui travaillent pour leur compte. C'est la raison pour laquelle Ostrander est revenu écrire pour DC Comics (voir le tome précédent des Secret Six) et les créateurs actuels se sont mobilisés pour l'aider. Il sert ici au lecteur une histoire très classique de proies qui deviennent les chasseurs. Les pauvres riches désoeuvrés n'ont aucune chance et ce dès le début. Du coup, il n'y aucun suspense dans cette chasse. Comme l'aspect psychologique des personnages n'est guère développé, il ne subsiste plus rien à se mettre sous la dent. Les dessins sont agréables, d'un bon niveau, avec une ou deux petites trouvailles visuelles, mais ils restent dans un registre fonctionnel auquel il manque un vrai parti pris esthétique. Pour apprécier Ostrander à sa juste valeur il vaut mieux se replonger dans les débuts du Suicide Squad, ou mieux encore de Grimjack (avec Timothy Truman).



Épisode 24 (scénario de Gail Simone, dessins de J. Calafiore) - Un chasseur de primes arrive en ville avec les cadavres de 3 hommes qu'il a froidement abattus après les avoir attachés. Il vient demander la récompense promise. Il est froidement accueilli par la shérif, avec plus de chaleur par la prostituée du saloon. Une bande de hors la loi s'approche de la ville pour s'en emparer. Qui va défendre les civils et qui sera vivant à la fin de la confrontation ?



Euh ? Gail Simone et J. Calafiore plongent les Secret Six dans un western de Sergio Leone, avec des superpouvoirs. 1 épisode ne suffit à développer une ambiance marquante, ou à installer une histoire suffisamment développée. Est-ce que le tome suivant reviendra sur ce passage pour l'expliquer et l'intégrer dans la continuité ? Je ne sais pas encore. Mais en l'état, le résultat était trop court pour être convainquant ou intéressant.



Les 2 équipes des Secret Six se font face dans The Reptile Brain, le tome suivant.
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Secret Six Vol. 3: Danse Macabre

Ce tome fait suite à Depths ; il contient les épisodes 15 à 18 de la série, ainsi que le numéro 67 de la série "Suicide Squad" paru à l'occasion de Blackest Night.



Pour l'épisode 15, Gail Simone laisse la place à John Ostrander pour le scénario. Il consacre cette histoire à un personnage qu'il a grandement contribué à développer : Floyd Lawton, aussi connu sous le nom de Deadshot. Il invite le révérend Richard Craemer (le prêtre qui apparaissait dans Suicide Squad) à prendre un verre. Lawton n'arrive plus à contrôler ses pulsions meurtrières et il souhaite que le révérend lui apporte de l'aide. C'est l'occasion de revenir sur le passé de Deadshot et les liens qui l'unissent à Bruce Wayne. Les dessins de J. Calafiore sont dans un registre réaliste avec une bonne densité de détails. Cet épisode est très agréable à lire et permet de (re)découvrir ce personnage plus complexe qu'il n'y paraît. 4 étoiles.



L'épisode 16 est consacré à l'arrivée d'un nouveau membre dans l'équipe. Les Secret Six ont accepté une nouvelle mission : libérer un tueur en série qui viole et torture les petits enfants avant de les assassiner. C'est l'occasion pour Gail Simone de ramener un personnage qu'elle avait créé dans The Battle Within. Dès son apparition, ce personnage était moralement ambiguë mais elle franchit un palier supplémentaire en souhaitant intégrer les Secret Six. Les dessins de Peter Nguyen sont un dans la même veine que ceux de Calafiore, en un peu moins précis. Le résultat est plaisant, mais comme d'habitude dans cette série, les éléments adultes (boîte de striptease, avec la copine Scandal Savage) sont traités de manière adolescente ce qui en neutralise toute la nature subversive.



Les 3 autres épisodes (Suicide Squad 67 et Secret Six 17 & 18) forment une histoire complète coécrite par Gail Simone et John Ostrander. Amanda Waller a besoin de Deadshot qui fut l'un de ses meilleurs éléments dans le Suicide Squad. Elle a donc décidé de s'emparer de Scandal Savage pour négocier le retour au bercail de Deadshot. Elle profite que les autres membres du Secret Six soient occupés à Belle Reve pour lancer un assaut en bonne et due forme sur le repaire des 6 (House of Secrets). Non seulement la mission d'exfiltration des 6 à Belle Reve se heurte à la présence des membres du Suicide Squad. Mais en plus, c'est le moment où des anneaux noirs réaniment les morts à l'occasion de Blackest Night. La lutte pour la survie va être acharnée pour les Secret Six.



Ce n'est pas la première fois que Gail Simone joue au jeu des 7 différences entre 2 équipes : elle l'avait déjà fait entre les Secret Six et les Birds of Prey dans Dead of Winter. Ce genre d'histoire est propice à la mise en évidence de ce qui sépare les 2 équipes. Les 2 scénaristes étant des vétérans chevronnés, ils s'en sortent parfaitement sur ce plan. La contrepartie dans ce genre de récit est qu'il y a tellement de personnages que peu d'entre eux ont la place d'exister. C'est encore pire ici puisqu'il s'agit de faire de la place pour que John Ostrander puisse ressusciter le Suicide Squad. Oui, ils sont tous là : Amanda Waller, Bronze Tiger, Nightshade, Count Vertigo, Rick Flag, et même Multiplex et Fiddler. Ça fait plaisir de les revoir, même s'ils n'ont que peu de place pour exister eux aussi. À ce jeu, la grande gagnante est Amanda Waller, la terrible chef de cet escadron.



Ces 2 épisodes sont également illustrés par Jim Calafiore avec son style précis, méticuleux et détaillé. Il réussit quelques apparitions marquantes de certains personnages tels que Bronze Tiger et Amanda Waller. Il détaille les zombis de manière plus horrifique que dans les autres comics DC (sans tomber dans le gore quand même). Heureusement d'ailleurs parce qu'il est le seul à faire honneur aux Black Lanterns qui ne servent que de chair à canon avec une méthode pour en venir à bout qui fait grincer des dents d'incohérence si vous avez lu le reste des épisodes liés à Blackest Night.



À nouveau, Gail Simone glisse des quelques morceaux intéressants dans un récit qui reste très en dessous de ce qu'il aurait dû être avec des personnages aussi hors normes. John Ostrander recapture parfaitement l'esprit du Suicide Squad dans une histoire qui n'arrive pas à capturer l'intérêt du lecteur du fait d'enjeux très relatifs au milieu de zombis qui ne servent qu'à remplir les pages. Pour terminer sur une note positive, il faut mentionner les magnifiques couvertures de Daniel LuVisi.
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Secret Six: Depths

Ce tome fait suite à Secret Six: Unhinged et il contient les épisodes 8 à 14 avec des scenarios de Gail Simone et des dessins de Nicola Scott (sauf l'épisode 8 dessiné par Carlos Rodriguez).



Dans ce tome, les Secret Six sont toujours composés de Scandal Savage (fille de Vandal Savage, et chef du groupe), Catman (Thomas Blake), Bane (le criminel qui a brisé la colonne vertébrale de Batman dans Batman: Knightfall : Broken Bat), Ragdoll (certainement le membre le plus dérangeant), Deadshot (ex-membre du Suicide Squad dans Showcase Presents - Suicide Squad 1) et Jeanette (nouveau personnage introduit dans le tome précédent).



Dans l'épisode 8, les Secret Six s'offrent une soirée de détente en ville et ils se sont promis de ne tuer personne. Le jour même, Scandal croise par hasard Liana Kertzner (la stripteaseuse du tome précédent) en faisant ses courses. Et Floyd Lawton se demande s'il pourra ramener sa voiture de luxe intacte à la fin de la soirée. Bien sûr, un gang de rue s'intéresse rapidement à ce groupe de fêtards car ils veulent leur revanche sur ces individus qui les ont humiliés.



L'épisode 9 est consacré à Bane et Catman qui luttent contre l'injustice à Gotham juste après la mort de Batman dans Final Crisis. Ragdoll les accompagne et constate que ces 2 individus se posent des questions existentielles sur l'héritage de Batman et la personne qui devrait reprendre sa cagoule. Et pourquoi pas eux ?



Les épisodes 10 à 14 constituent une histoire complète. Les Secret Six sont engagés pour protéger un objet de pouvoir conservé dans une caisse jusqu'à ce qu'il soit acheminé dans une île. Ils se retrouvent bien vite divisés dans des camps opposés, pour ou contre leur employeur qui a des projets de refonte de la société dans la douleur.



La première chose qui fait plaisir à lire, c'est l'amour que Gail Simone porte à ses personnages. Dans ce tome, c'est Jeannette (son origine), Scandal Savage (l'acceptation du décès de sa bien aimée) et Ragdoll (de plus en plus inquiétant) qui bénéficient du meilleur traitement. La deuxième chose qui fait plaisir à lire, c'est que Simone sait insérer de nombreux clins d'oeil pour les fans, d'une manière tout à fait naturelle. Il faut le lire pour le croire : l'hommage à la série télé de Batman (avec Adam West), le pervertissement du costume de Robin, la participation de Wonder Woman (dont elle écrivait la série en même temps) et d'Artemis, la brève apparition de Nightwing, etc. La troisième chose qui fait plaisir, c'est que Simone n'oublie pas d'inclure des moments d'humour, d'autant plus efficaces que les personnages prennent de l'épaisseur. Enfin Gail Simone fait un effort pour créer un criminel avec des motivations qui sortent un peu de l'ordinaire, même si elles auraient nécessité un peu plus de sophistication.



Coté dessins, Nicola Scott a un style un peu rond (mais pas trop), un peu passepartout, mais avec assez de détails dans les visages, les costumes et les décors pour être agréable et au dessus de la moyenne. Les expressions faciales des uns et des autres sont plutôt nuancées et servent bien à rendre les émotions ambigües éprouvées par les personnages. Nicole Scott sait aussi bien dessiner des intérieurs de la vie ordinaire que des machineries d'anticipation, qu'une scène de bal au dix huitième siècle. Les scènes de combat dégagent vivacité, violence et danger comme on est en droit de l'attendre. On pourrait éventuellement lui reprocher d'insister sournoisement et vicieusement sur les visuels mettant en scène des femmes comme victimes potentielles de sévices sexuels. Bizarrement le scénario de Simone semble l'inciter dans cette voie de représentation des femmes en tant que victimes, alors que scénariste et dessinateur appartiennent toutes les 2 à la gente féminine et que Simone tenait un blog (women in refrigerators) pour lutter contre ce penchant très masculin.



Gail Simone et Nicola Scott savent rendre les personnages principaux assez attachants pour que le lecteur ait envie de connaître la suite. L'une comme l'autre ont gagné en savoir faire et en efficacité par rapport au tome précédent et le plaisir de la lecture s'en trouve augmenté. Mais l'une et l'autre continuent de se reposer sur des facilités qui empêchent l'histoire de s'élever au dessus de la catégorie du récit plaisant mais sans plus. Nicola Scott n'arrive pas encore à avoir assez de personnalité dans ses dessins pour éviter de faire appel aux instincts primaires du lectorat essentiellement mâle et adolescent. Gail Simone a du mal à rendre ses personnages vraiment méchants et irrécupérables (sauf Ragdoll) et elle use et abuse des dissensions au sein de l'équipe. Tout le monde se tire dessus ou se poignarde, et tout est quand même pardonné à la fin du récit.
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Secret Six: Unhinged

C'est le troisième essai pour Gail Simone en tant que scénariste sur cette équipe, après Villains United et Secret Six: Six Degrees of Devastation.



Dans cette aventure, Scandal Savage (la fille de Vandal Savage) a accepté une mission d'un mystérieux commanditaire : faire évader Catalina Flores (Tarantula, une ennemie de Nightwing) de la prison d'Alcatraz et la ramener avec une mystérieuse carte jusqu'à Gotham. Pour effectuer cette mission, Scandal Savage s'entoure de Deadshot, Ragdoll, Catman et Bane. En cours de route elle fait appel à une ancienne amie du nom de Jeannette. Là où les choses se compliquent, c'est qu'un ancien membre des Secret Six a mal digéré son éviction et qu'un mystérieux parrain du nom de Junior a promis une récompense d'un million de dollars par membre mort du Secret Six.



Gail Simone a trouvé un moteur puissant pour cette première aventure de la série continue des Secret Six (numéros 1 à 7) : l'équipe a en sa possession un objet convoité par beaucoup de personnes mal intentionnées et elle est recherchée par des chasseurs de primes de la pire espèce. Comme à son habitude, Gail Simone sait marier les relations inter personnages avec une immersion dans les recoins les moins visités de l'univers DC (Huntress fait 2 courtes apparitions, ainsi qu'une tripotée de supercriminels de troisième zone). Les personnages principaux sont fidèles à la promesse du titre : déséquilibrés. Raconter les tribulations d'une équipe de supercriminels constitue une véritable gageure : il faut qu'ils soient assez sympathiques pour provoquer l'empathie des lecteurs, tout en apparaissant clairement comme des personnes peu fréquentables. La solution trouvée par Simone consiste à les opposer à des plus méchants qu'eux. Le lecteur a ainsi le droit à quelques moments dérangeants (mention spéciale à Junior sans vêtements), mais qui sont malheureusement trop rares. Et rapidement le scénario tombe dans les travers habituels de ces équipes de criminels : certains se révèlent juste asociaux (Catman), d'autres sont déjà sur le chemin de la rédemption (Bane) et d'autres encore sont plus dangereux en paroles qu'en exactions (Ragdoll).



Coté dessins, Nicola Scott assure un travail de professionnelle, sans style très marquant. Elle réussit à gérer les scènes de groupe : tous les personnages sont reconnaissables et leur disposition dans les cases est bien pensée. La scène de Junior évoquée plus haut est vraiment dérangeante du point de vue visuel.



Malgré tout, je n'arrive pas à attribuer une étoile supplémentaire à cette histoire car j'attendais plus de Gail Simone, plus de comportements déviants, plus de caractérisation des personnages, plus de méchanceté des uns et des autres, plus de chacun pour soi. D'évidence, Gail Simone reste dans un registre plus gentil (la relation entre Bane et Scandal) et il pèse sur elle des obligations de ménager les personnages qui sont la propriété de DC Comics son employeur.
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Secret Six: Six Degrees of Devastation

La première minisérie Villains United ayant été un succès, Gail Simone ramène son équipe de vilains pour un deuxième tour. Et cette deuxième histoire s'étant avérée également une réussite, les Secret Six auront droit à leur série continue en 2008 (les premiers numéros sont réédités dans Secret Six: Unhinged).



On retrouve la majeure partie de l'équipe précédente (Deadshot, Ragdoll, Scandal Savage, Catman et Knockout) à laquelle sera adjoint pour cette histoire le Mad Hatter (méchant récurrent de Batman). L'histoire commence dans un camp de rééducation politique en Corée du Nord dans lequel est détenu Deadshot et se poursuit de part le monde. Les Secet Six sont confrontés à des tentatives d'élimination de leurs personnes et ils essayent de trouver le commanditaire avant de passer l'arme à gauche.



Comme à son habitude, Gail Simone accorde autant d'importance à l'intrigue et à l'action, qu'au développement des personnalités de ses personnages (la copine de Vandal, la fille de Deadshot...) et à leur interaction. Même le Mad Hatter devient un personnage à part entière. Il faut dire que Gail Simone est maintenant une scénariste reconnue à qui DC a confié la lourde tâche de ramener Wonder Woman sur le devant de la scène (Wonder Woman: The Circle. Elle n'oublie pas non plus de faire interagir son équipe avec l'univers DC, ce qui nous vaut ici une apparition inattendue de la Doom Patrol.



Les dessins ne sortent malheureusement pas autant du lot que le scénario. Brad Walker est un professionnel : ses dessins servent l'action et sont clairs. Mais son style graphique manque cruellement de personnalité.



Pour la deuxième fois, Gail Simone réussit le pari de rendre crédibles et intéressantes les tribulations de vilains de deuxième ordre, sans tomber dans le jeu de massacre facile, ou la décalque de scénario de superhéros. Les Secret Six ne sont pas là pour sauver le monde et leurs aventures s'adressent clairement à la tranche "jeunes adultes" ou plus.
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Villains United

Pour fêter l'électrochoc que fut en son temps Crisis on Infinite Earths, les éditeurs de chez DC décidèrent de lancer en 2005 un crossover d'envergure, ce serait Infinite Crisis. Et pour arriver à ce point de convergence de tout l'univers DC, le top départ allait être donné dans 4 miniséries dont Villains United (6 épisodes).



Suite aux événements de Identity Crisis (autre tradepaperback hautement recommandable), les vilains de l'univers DC décident d'unir leur force et de se regrouper dans une organisation baptisée simplement Society (tout est résumé au début du tome). Quelques supervilains refusent d'y adhérer et ils forment les Secret Six. Ce tome est l'histoire de ces renégats à la cause commune des méchants de l'univers DC.



C'est toujours un défi pour un scénariste d'imaginer une histoire ayant des méchants comme personnages principaux, sans tomber dans le massacre à chaque page ou le manichéisme. Cette lourde tâche incombe à Gail Simone qui par la suite se verra confier les rênes de la série des Birds of Prey (à commencer par le tome Birds of Prey: Of Like Minds), puis celle de Wonder Woman (à commencer par le tome Wonder Woman: The Circle).



Comme à son habitude, Gail Simone commence par donner de l'épaisseur à ses personnages. Les Secret Six sont composés de Catman (décalque ratée de Batman), Deadshot (assassin qui eut son heure de gloire dans le Suicide Squad), Parademon, Ragdoll (personnage inventée pour l'occasion), Cheshire et Scandal Savage (la fille de Vandal Savage). Ils sont recrutés par un mystérieux Mockingbird (comme le furent les Secret Six des précédentes incarnations) qui leur confie une mission qui va les mettre en conflit direct avec tous les vilains de la Society.



Cette série vaut le détour par son aréopage de vilains dotés de caractères bien trempés. Gail Simone nous concocte une intrigue nerveuse et rapide ponctuée par les confrontations entre les Secret Six qui ont chacun leur propre motivation. Le dessin est très agréable puisqu'on retrouve Dale Eaglesham, le dessinateur attitré de la JSA de Geoff Johns (The Next Age).



En fin de tome, on trouve 6 pages bonus qui identifie, case par case, chaque vilain apparaissant dans l'histoire, un véritable who's who des vilains de l'univers DC. L'accueil réservé à cette série fut assez important pour que DC décide de lui donner une suite Secret Six: Six Degrees of Devastation, puis une série continue Secret Six: Unhinged, toutes deux sous la houlette de Gail Simone.
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Tomb Raider, tome 1 : Season of the Witch

Challenge Petits Plaisirs 2014/2015



Gail Simone est en charge de la résurrection de Lara Croft dans le monde des comics suite au succès du reboot de la licence sur console. Une fois n'est pas coutume, elle oriente l'intrigue de ce premier tome vers le Yamatai d'où notre héroïne et ses amis viennent à peine de revenir.



Le prétexte du retour de Lara sur l'île du Yamatai est à mon avis tiré par les cheveux. De faux souvenirs ont été implantés dans la mémoire des survivants de l'Endurance qui pousse Lara à revenir sur la terre qui la vu naître en tant que "Tomb Raider". Cette fois, ce n'est plus du retour d'Himiko dont il est question mais de Matthias, le grand méchant du jeux vidéo. C'est un peu gros…



Côté dessin, le trait est épuré et simple, peut-être trop. Les planches sont très peu chargées en détails, juste ce qu'il faut pour créer un environnement. J'ai eu un peu de mal à m'y faire mais ça passe.



Un retour pas terrible pour Lara qui n'a jamais été très chanceuse dans le monde des comics.
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Sensation Comics Featuring Wonder Woman, to..

Ce tome est le premier d'une nouvelle série qui correspond à l'édition sous format papier d'épisodes parus sous format dématérialisé en 2014. Il comprend 10 histoires courtes consacrées à Wonder Woman d'une longueur variant de 8 pages 30 pages. Chaque histoire est réalisée par des créateurs différents, et est indépendante des autres, se situant à différents moments de la vie de Diana.



Dans la première histoire, (1) Wonder Woman est à Gotham, et elle doit lutter contre les ennemis habituels de Batman qui se sont évadés d'Arkham. (2) Puis elle remet Circé à sa place, alors qu'elle avait commencé à transformer les newyorkais de sexe mâle en gargouille et en pierre. (3) Une jeune Diana doit réussir une épreuve pour hériter de son deuxième bracelet sur Thémiscyra. (4) Une Diana adulte se rend compte qu'elle est en train de perdre ses pouvoirs. (5) En jeune adulte, Diana est chanteuse et guitariste dans un groupe de rock, et va prendre un repas avec 2 admiratrices.



(6) À Londres, Wonder Woman arrête Catwoman qui a dérobé la Toison d'Or dans un musée. (7) Adulte, Diana est enlevée par des extraterrestres qui l'emmènent dans l'espace ; heureusement Supergirl vient à sa rescousse. (8) À Gateway City, Wonder Woman géante se bat contre Byth, un ennemi d'Hawkman. (9) Au Tibet, Wonder Woman et Etta Candy se battent contre Ra's al Ghul qui dérobé le Rayon Pourpre des amazones. (10) Hippolyta envoie Diana sur Apokolips, pour sauver 2 émissaires amazoniennes.



Il s'agit de 10 histoires indépendantes, sans rapport entre elles, réalisées par des équipes créatrices différentes. En fonction de leur inspiration, les auteurs réalisent des histoires totalement indépendantes de toute connaissance sur Wonder Woman, ou alors étrangement immergées dans la continuité. Ainsi le lecteur peut plonger dans les histoires (2), (3), (5) et (7) sans rien connaître du personnage. Il découvre une superhéroïne sympathique, à divers époques de sa vie. Soit le scénariste a choisi un événement s'inscrivant dans la continuité (l'acquisition d'un de ses bracelets), soit il a décidé de ne conserver que le costume et les pouvoirs (et de la transformer en chanteuse de rock).



Dans d'autres cas, les auteurs préfèrent s'appuyer sur des éléments de continuité interne (la relation de Diana avec Cheetah, la présence d'Etta Candy, le Rayon Pourpre), voire des éléments pointus de l'univers partagé DC (le personnage de Byth qui ne parlera qu'aux connaisseurs de la série Hakman). Certains exploitent des éléments de continuité plus lâche, comme les relations entre Wonder Woman et Supergirl, ou encore le lien équivoque entre les amazones et Darkseid. Le format de cette anthologie permet également aux créateurs de piocher dans les différentes continuités successives, avant ou après Crisis on infinite Earths, après Flashpoint. Seul le lecteur au fait de tous ces détails saura faire le tri et remettre les histoires à leur place.



D'un autre côté, replacer les histoires dans leur continuité respective n'a pas grande importance. Le format de ces récits permet à chaque équipe créatrice de présenter Wonder Woman sous le jour qui leur plaît, tout en en profitant pour mettre en avant la ou les caractéristiques les plus marquantes à leurs yeux. Finalement cette anthologie permet de présenter différentes versions du personnage, le lecteur pouvant identifier les composantes intangibles, des pièces rapportées accessoires.



En fonction de leur sensibilité, les scénaristes mettent en avant la force brute de Wonder Woman (Gail Simone, ou Gabriel Hardman dans un hommage appuyé à la version de John Byrne, voir Wonder Woman: Second Genesis). D'autres au contraire, préfèrent mettre en avant sa sensibilité ou son empathie qui lui permettent de réfléchir aux besoins émotionnels des personnes qu'elle croise. C'est ainsi qu'elle embrasse un garçon pour qu'il retrouve de l'estime face à ses camarades, qu'elle essaye de gagner l'estime de sa mère, qu'elle s'enquiert de la détresse d'une admiratrice, qu'elle vient en aide à Byth.



Enfin certains préfèrent présenter une intrigue qui accroche le lecteur, telles que le vol de la Toison d'Or par Catwoman, ou la mission d'exfiltration sur Apololips. Le ton de la narration dépend également beaucoup des dessinateurs. Marguerite Sauvage recourt à une esthétique très connotée fille, pour une sensibilité féminine et adolescente. Amy Mebberson réalise des dessins sous forte influence de Bruce Timm, avec une esthétique empruntée aux dessins animés pour enfants. Dean Haspiel évoque plutôt les dessins de Darwyn Cokke.



D'autres dessinateurs restent dans le registre superhéros, de nature descriptive et relativement réaliste. Ainsi Ethan van Sciver dessine avec la minutie qui lui est coutumière. Tom Lyle réalise des dessins de superhéros très traditionnels. Gabriel Hardman choisit une esthétique plus rugueuse, plus adaptée à la mise en scène de la force de Wonder Woman et de la dureté d'Apokolips (évoquant à nouveau l'interprétation de John Byrne). Tous les dessinateurs ont disposé du temps nécessaire pour peaufiner leurs planches, et présenter un travail soigné, chacun dans son style. En fonction des histoires, le format initial dématérialisé (par demi-page) est plus ou moins marqué. Dans certaines histoires la bande blanche médiane est d'une largeur supérieure aux autres, marquant fortement la séparation en demi-page. Dans d'autres histoires, elle est d'une largeur normale. Seules Marguerite Sauvage et Catt Staggs ont fait l'effort de rétablir un lien visuel entre les 2 bandes. Gail Simone (qui a été à la tête de la série mensuelle de Wonder Woman, à commencer par The Circle) et Ethan van Sciver racontent une histoire luxueuse (de par les dessins) du personnage, mais manquant un peu d'émotion, en comparaison avec les suivantes.



Parmi les histoires qui sortent le plus du lot, il y a celle avec Catwoman, à la fois simple et enjouée, celle de Gabriel Hardman pour la puissance de Wonder Woman, celle de Diana en rockeuse pour l'empathie qu'elle éprouve pour ses admiratrices, et celle avec Etta Candy pour son coté rétro qui sonne juste (et la participation décalée de Boston Brand / Deadman).



Dans cette grande diversité d'approches narratives, il y a une histoire qui semble en décalage avec toutes les autres, celle réalisée par Gilbert Hernandez (auteur entre autres de Heartbreak Soup, tiré de Love and Rockets). Durant les 20 pages de cette histoire, Wonder Woman est enlevée par un extraterrestre qui lui impose sa volonté, et l'oblige à combattre Supergirl qui est venue la sauver, puis Mary Marvel. À la lecture, le lecteur se demande bien si c'est du lard ou du cochon. Les dessins sont simplistes, avec une lisibilité immédiate, et des expressions de visages peu nuancées, des affrontements physiques répétitifs qui ne mènent nulle part, et une fin en queue de poisson qui donne l'impression que l'auteur s'est arrêté là parce qu'il était arrivé au bout des pages qui lui était allouées.



Comparée avec ses récits personnels, le lecteur retrouve sa propension à écrire de manière semi-automatique, en se laissant guider par son inconscient. Dans la série Love and Rockets, cette méthode est contrebalancée par un environnement très riche, à la structure solide. Ici, le lecteur a l'impression que l'intrigue avance à la va-comme-je-te-pousse, sans réel enjeu, juste pour passer le temps. La personnalité des héroïnes n'est pas très développée, et ne génère pas d'empathie. Hernandez semble avoir sciemment diminué la sensualité de ses dessins pour être sûr d'être politiquement correct et tout public, en atténuant d'autant le charme. Au final le lecteur a l'impression d'être retombé dans un comics des années 1940, à destination d'un jeune lectorat, avec une intrigue prétexte.



Ce premier recueil de cette série anthologique se laisse lire et contient un portrait multi-facettes de Wonder Woman, dans lequel chaque auteur apporte sa contribution personnelle, sans avoir à s'encombrer d'une continuité contraignante. La lecture en est agréable, avec la limite que ces histoires sont parfois très courtes, et sans conséquence. 4 étoiles pour des récits mettant en valeur Wonder Woman, à partir de plusieurs points de vue.



-

- Contenu détaillé - (s) pour scénario, (d) pour dessins -



- Gothamazon – Gail Simone (s), Ethan van Sciver (d) avec Marcelo di Chiara (d)

- Defender of truth – Amanda Deibert (s), Cat Staggs (d)

- Brace yourself – Jason Bischoff (s), David A. Williams (d)

- Taketh away – Ivan Cohen (s), Marcu To (d)

- Bullets and bracelets – Sean E. Williams (s), Marguerite Sauvage (d)

- Morning coffe – Ollie Masters (s), Amy Mebberson (d)

- No chains can hold her – Gilbert Hernandez (s) + (d)

- Attack of the 500-hundred foot Wonder Woman – Rob Williams (s), Tom Lyle (d)

- Ghost and gods – Neil Kleid (s), Dean Haspiel (d)

- Dig for fire – Corinna Bechko (s), Gabriel Harman (s) + (d)
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Infinite Crisis - Urban, tome 2 : Unis pour..

Deuxième tome de la maxi série Infinite Crisis. Pour ce tome nous avons droit à deux mini séries en 6 chapitres chacun, plus deux chapitres axés sur Superman.



La première mini série, « Rann-Thanagar War » nous conduit très loin de l’intrigue principale et nous narre la guerre entre deux planètes ennemies. C’est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur Hawkgirl et Hawkman et de vivre une bataille intense et épique. C’est un peu brouillon malgré tout et largement dispensable car au final on se demande bien quel lien cela peut avoir avec la série principale.



Par chance il y a la suite, la deuxième mini série « Vilains United » qui est introduite par les deux chapitres opposant Superman et le Dr Psycho. Dans « Vilains United » on ne suit que des vilains, dans deux camps différents. D’un coté, Lex Luthor qui veut en regrouper le maximum en fondant sa « Societé », et d’un autre, un mystérieux inconnu qui en recrute six pour contrecarrer les plans de Luthor.



L’opposition entre les deux n’aura de cesse de se multiplier aux cours des six chapitres, et même s’il y a beaucoup d’action, les personnages sont plus humains, plus réalistes que ceux que l’on a pu voir dans la mini série précédente. Sans doute est-ce due au fait que cela se passe sur terre et que dans un certain sens cela nous touche un peu plus ?



En tout cas, c’est l’occasion de découvrir bon nombre de personnages assez méconnus et loin d’être inintéressants. Hormis Deathstroke et Deadshoot je ne connaissais pas plus les autres et se sont eux qui se sont révélés intéressants.



Un très bon tome, très dense (350 pages) et j’ai hâte de me procurer le suivant, en espérant malgré tout un recentrage sur l’intrigue du premier tome afin de voir comment s’en sont tirés nos héros suite à la toute dernière page.
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Wonder Woman : Contagion

Ce tome comprend les épisodes 40 à 44 de la série commencée en 2006. Il fait suite à "Warkiller" ; il se décompose en 2 histoires.



A murder of crows (épisodes 40 & 41) - 5 marmots s'amusent à amplifier les mauvais sentiments et les craintes des habitants de New York pour inciter à la haine raciale, la pyromanie et la violence gratuite. Ils ont même réussi à asticoter Quetzlotl, un dieu serpent de bonne famille pour qu'il commence à manger les humains. Bien sûr, Wonder Woman ne peut pas le laisser faire et elle s'interpose. Mais elle ne peut qu'essayer de contenir les exactions des individus mal influencés, sans réussir à rattraper ces garnements. Or voilà qu'ils ont réussi à mettre sous leur influence Power Girl.



Wrath of the silver serpent (épisodes 42 à 44) - 3 Green Lanterns arrivent sur un monde dévasté qui abritait encore une vie charmante et bucolique il y a quelques dizaines de minutes. Une rapide enquête les amène à découvrir une dernière survivante qui leur explique qu'une armada extraterrestre a tout détruit et que des serpents ont mangé tout le monde. Sans surprise, cette armada se dirige vers la terre et attaque la ville de New York. Un quartier est vite isolé par l'envahisseur qui lâche ses soldats et la capitaine descend elle-même pour éradiquer l'opposition représentée par Wonder Woman. Ce qui est plus inattendu, c'est qu'Astarte a des révélations à faire sur son origine et les liens qui l'unissent à Hippolyta, la mère de Diana.



Gail Simone a concocté 2 histoires pour mettre en valeur la princesse Diana et faire aboutir une ou deux intrigues secondaires. En particulier, les vilains garnements de la première histoire sont les rejetons d'un dieu qui a déjà causé bien des soucis à Wonder Woman, rejetons qui était évoqués dans le tome précédent. Simone prouve qu'elle maîtrise la voix de ce personnage en faisant aussi bien ressortir sa composante guerrière que sa composante d'ambassadrice pour la paix. Et elle fait tout aussi honneur à Power Girl qui reste une personne de bonne composition et de bonne humeur, avec une envie compulsive de hotdogs.



Dans la deuxième histoire, Gail Simone continue d'élargir l'horizon des ennemis potentiels de Diana en ramenant une amazone de l'espace. Si la trame de l'invasion extraterrestre n'a rien d'enthousiasmant, la dialectique entre cette guerrière jusqu'au-boutiste et Diana dont l'ardeur au combat est tempérée par sa compassion s'avère moins simpliste que prévue et elle fait briller de mille feux le joyau qu'est ce personnage.



Plusieurs personnes se relaient pour assurer la mise en image. L'épisode 40 est dessiné par Aaron Lopestri qui est en très grande forme avec un savant équilibre entre une Wonder Woman à croquer et à craindre, le tout servi avec un très bon niveau de détails dans les décors et ustensiles. Avec l'épisode 41, les illustrations sont confiées à Chris Batista et Fernando Dagnino pour un résultat un peu moins fin, mais encore tout à fait honorable. Il faut voir pour le croire qu'ils réussissent à faire exister un éléphant à 2 trompes et 3 yeux. Les 2 épisodes suivants sont dessinés par Nicola Scott et Fernando Dagnino, et le dernier par Nicola Scott et Travis Moore, le tout avec de 2 à 4 encreurs par épisode. Je n'en veux pas particulièrement à tout ce monde là, c'est plutôt aux éditeurs qui n'ont pas été capables de fidéliser une équipe pour l'ensemble des 3 épisodes que j'en veux. Globalement les 3 dessinateurs réussissent à assurer une continuité visuelle dans un style réaliste mais pas trop qui reste facilement lisible. Par contre les encreurs ont des visions assez différentes de leur métier et certaines pages jurent par des traits secs, à coté d'encrage plus rond ou plus fin.



Il s'agit des derniers épisodes écrits par Gail Simone, avant que JM Straczynski ne prenne en charge la série. Elle termine en beauté en continuant d'installer en douceur ses thématiques moins consensuelles qu'il n'y paraît, que ce soit la première histoire qui joue sur un aspect maternel plus léger, ou la deuxième qui ne cède rien à l'idée de guerrière. Le lecteur retrouve une grande partie des personnages qui a accompagné la princesse pendant ces histoires : Etta Candy, Steve Trevor, Tolifhar et Achilles. Il ne manque que Genocide. Je regrette d'autant plus que les illustrations aient été sacrifiées pour des raisons éditoriales peu évidentes et peu reluisantes.
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Wonder Woman : Warkiller

Ce tome fait suite à "Rise of the Olympian" et il comprend les épisodes 34 à 39 de la série mensuelle.



Diana a renoncé aux dieux grecs et à Zeus en particulier. Elle a également abandonné Paradise Island, et elle se retrouve bien seule du coup. Elle commence par prendre un peu de recul en allant méditer sur la banquise avec une ourse polaire (scène magnifique) avant de rentrer chez elle où elle est attendu par Thomas Tresser et T.O. Morrow qui la mettent au courant de la position inconfortable de Sarge Steel et du docteur Psycho. Elle décide de demander l'aide de Dinah Lance (Black Canary) pour mettre un terme satisfaisant à cette situation, ce qui donne l'occasion à Gail Simone d'écrire de très belles pages sur leur amitié.



Une fois réglée cette situation, Diana doit également solder ses comptes avec les amazones, et là c'est beaucoup plus compliqué. Le successeur masculin d'Hyppolita règne toujours en maître à Themiscyra, mais une amazone avec un point de vue très particulier lui a mis le grappin dessus et le manipule comme un enfant. Troy (Donna Troy) est également sur place avec ses propres griefs contre Wonder Woman. Hyppolita a été destituée. Artemis est de retour et elle a un point assez tranché sur le nouveau régime politique en place. 5 amazones sont enceintes sur l'île. Et Ares semble toujours aussi dangereux malgré son décès.



Ça fait vraiment très plaisir de voir que Gail Simone continue de tisser sa toile d'intrigues et de changements autour de la princesse d'une manière aussi organique (par opposition à artificielle). Simone ne se contente pas de verser dans un pathos sentimentaliste ou de s'adonner à l'excès à la continuité rétroactive. En fait, la plupart des intrigues secondaires, ou des faits qui ne semblaient pas significatifs jusqu'alors continuent de s'assembler dans une dynamique de changement aussi inexorable que novatrice. Gail Simone aborde de front et avec intelligence chacune des situations dérangeantes qu'elle a bâties petit à petit. Diana finit par avoir une discussion à coeur ouvert (et cette expression prend un sens entièrement nouveau dans cette séquence grâce au lasso de vérité) avec ThomasTresser au sujet des différences relatives à la notion d'amour entre la culture occidentale et la culture des amazones. Elle ose également ramener l'une des ennemies les plus ridicules de Wonder Woman : Giganta et faire de leur rencontre un moment d'introspection pour la princesse.



Les illustrations sont signées d'Aaron Lopestri pour 5 épisodes et Bernard Chiang pour l'épisode 38. Je dois avouer que j'apprécie vraiment leurs styles respectifs. Les 2 croquent des images dans un registre très traditionnel pour les comics, avec un encrage légèrement plus soutenu que la moyenne et une quantité de détails également plus importante que la moyenne. Ils prennent soin l'un et l'autre de ne pas en rajouter sur les attributs féminins de la princesse. Elle porte un costume plutôt révélateur mais ils n'en rajoutent pas sur le décolleté ou sur une forme de culotte exagérément révélatrice. Gail Simone se permet d'ironiser gentiment sur la taille de la poitrine de Diana comparée à celle de Power Girl. Et elle insère un petit commentaire en coin légèrement acide sur les fans fétichistes amateurs de statuettes révélatrices à l'effigie de l'héroïne (bien vu). Aaron Lopestri est également chargé de créer 2 nouveaux costumes (le temps de 2 épisodes) pour Diana et Dinah en s'inspirant des déguisements des catcheurs mexicains, et c'est vraiment bien vu aussi. Sur le même plan, l'apparence d'Ares avec les séquelles de ces derniers combats fait froid dans le dos.



Les combats sont clairs et facilement lisibles, ils réussissent à mêler force et grâce : une vraie mise en valeur des spécificités de Wonder Woman. Aaron Lopestri sait décrire l'influence de la culture grecque dans l'aménagement des espaces publics de Themyscira, sans tomber dans des visions simplistes et ridicules de naïveté et d'ignorance.



Et cette histoire a fini de me combler quand j'ai découvert que Gail Simone n'a finalement pas abandonné les conséquences de l'allégeance de Diana à Kane Milohai, un dieu d'un autre panthéon.
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Wonder Woman: Rise of the Olympian

Ce tome regroupe les épisodes 26 à 33 de la série mensuelle (ainsi que 3 pages de DC Universe 0) et il fait suite à "Ends of the Earth". C'est le troisième écrit par Gail Simone et elle a encore placé la barre plus haut. Ces 8 épisodes forment une seule histoire.



Zeus et le panthéon de dieux qui lui est associé sont de retour dans l'Olympe où quelqu'un s'est servi de la salle du trône comme de toilettes. Il souhaite réinstaller les amazones sur Themyscira pour une retraite bien méritée et il crée une nouvelle race (d'hommes cette fois-ci) qu'il implante sur Thalarion (une nouvelle île proche de celles des amazones) avec à leur tête un illustre guerrier grec.



Pendant ce temps, Wonder Woman doit faire face à une adversaire d'une puissance dévastatrice au nom évocateur : Genocide. Dès leur premier combat, Diana finit blessée et entravée par des fers à béton. Et Genocide s'est emparée du lasso magique qu'elle se fait greffer dans l'organisme (oui, ça fait mal).



"Rise of the Olympian" est une histoire très ambitieuse dans laquelle Gail Simone secoue fortement le statu quo. Les 6 premiers épisodes sont magistraux, tant sur le plan des péripéties que sur celui des illustrations. Wonder Woman est malmenée comme elle l'a rarement été. Beaucoup de personnages apparaissent à bon escient avec des relations personnelles bien exposées : la reine Hippolyta, Donna Troy, Etta Candy, Steve Trevor, Sarge Steel, la Justice League (Vixen, Black Canary, Firestorm, Red Tornado et John Stewart), Barbara Minerva, doctor Psycho, Phobia, Shrapnel, Felix Faust, etc. Et même la relation entre Diana et Thomas Tresser (Nemesis) acquière une épaisseur qui lui permet de gagner en nuances et en ambivalence. Gail Simone ose faire de Diana une femme qui soit autre chose qu'un héros masculin avec une poitrine (ce qui n'est pas si courant que ça dans les comics de superhéros). Et elle commence à évoquer par petites touches la véritable nature du pouvoir du lasso magique. Elle va jusqu'à évoquer la question de la maternité, une provocation sans précédant, une interrogation téméraire et révolutionnaire.



Le seul regret que j'ai eu à la lecture est que Gail Simone mène à leur terme quelques unes des intrigues dont certaines de façon brutale et peu satisfaisante. En particulier l'allégeance de Diana à Kane Milohai (un dieu d'un autre panthéon) tourne court alors qu'elle plaçait Diana dans une position inédite.



Coté dessins, 7 épisodes sont illustrés par Aaron Lopestri et 1 épisode par Bernard Chang. Leurs planches se lisent très facilement. Ils n'abusent ni l'un ni l'autre des angles de vue exagérant l'anatomie de la princesse ou des autres personnages féminins. Ils se placent dans un registre réaliste avec une simplification des détails. Leurs rendus des éléments mythologiques n'ont rien de ridicule et ils réussissent à immerger le lecteur dans le monde de Diana. Les combats dégagent une forte énergie et font mal : griffures de Cheetah, coupures à la tiare, etc. Wonder Woman a vraiment l'allure d'une guerrière. Et au fur et à mesure que Genocide la pousse à bout, son langage corporel évolue.



Malgré une ou deux scènes frustrantes, cette histoire de Wonder Woman rétablit enfin cette princesse au rang des héroïnes qui comptent et dont la féminité ne se limite par à leurs rondeurs généreuses. Gail Simone continue de respecter ce personnage dans le tome suivant "Warkiller".
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Wonder Woman: Ends of the Earth

Après un premier tome agréable "The Circle", Gail Simone continue d'emmener dans Diana Prince dans des contrées inattendues dans ce recueil qui comprend les épisodes 20 à 25 de la série mensuelle. Il se décompose en 2 parties.



Dans la première partie (épisodes 20 à 23), l'agent Diana Prince rencontre un être sans âme qui l'attire dans une autre dimension pour qu'elle unisse ses forces à 2 autres guerriers Beowulf & Claw the unconquered, pour vaincre une entité maléfique assimilable au diable. Pendant ce temps là, l'agent Thomas Andrew Tresser (Nemesis) découvre que la maison de Diana Prince est envahie par des gorilles albinos, et Sarge Steel voit en la présence de Diana une infiltration des forces amazoniennes après le revers qu'elles ont subi lors de "Wonder Woman: Amazons Attack!".



Dans la deuxième partie, Wonder Woman se rend à Hollywood pour savoir si le film en préparation sur sa vie et ses exploits mérite son soutien, ou si au contraire elle doit s'y opposer. Elle va se retrouver confrontée à la Queen of Fables (sans relation avec la série de Bill Willingham) qui personnifie tout le Mal des contes de fées.



Alors là, moi je dis, Gail Simone, c'est une femme qui en a (' de l'audace bien sûr). Elle assume toutes les innovations introduites par Allan Heinberg et Jodi Picoult (et même celles d'Amazons attack). Elle invoque tout l'héritage des incarnations de Wonder Woman : l'avion robot invisible, le coquillage flottant, Themyscira, Hercules, Etta Candy, Hippolyta' Elle n'oublie pas les personnages qu'elle a introduits précédemment : le groupe de gorilles albinos, le dieu K'ne Milohai et l'agent Tresser.



Elle emmène Wonder Woman dans une dimension parallèle pour la confronter à d'autres héros de Sword & Sorcery et pour la mettre sous l'emprise d'un sort qui lui fait perdre son âme. L'effet est saisissant : cette situation de contraste et de miroir déformant permet de mettre parfaitement en valeur les traits de caractère qui rendent Diana unique. Elle évoque la question d'une potentielle maternité de Diana d'une manière ni mièvre, ni gratuite (la scène où Diana présente Thomas Tresser à sa mère est un moment d'anthologie). Et elle se paie le luxe de confronter Diana à une version hollywoodienne de son personnage pour mieux cerner son profil psychologique.



Les dessins d'Aaron Lopestri sont détaillés, avec ce qu'il faut de personnalité et de style pour avoir du goût et du relief. Ses cases sont un peu surchargées à mon goût ce qui alourdit la lecture. Wonder Woman est agréable à regarder sans qu'on ait pour autant l'impression de feuilleter un magazine de charme. Je préfère le style de Bernard Chang (si seulement quelqu'un pouvait rééditer ses épisodes de "Second life of Doctor Mirage") qui est un peu plus léger, un peu trop dans le deuxième épisode qu'il ne semble pas avoir eu le temps de peaufiner.



Ce qui me retient d'attribuer une cinquième étoile, c'est que malgré toutes ces bonnes intentions le résultat est affligé d'un rythme haché qui gâche une partie du plaisir de la lecture. Je prendrai avec plaisir des nouvelles de la princesse dans le tome suivant "Rise of the Olympian".
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Wonder Woman, Tome 2 : Le cercle

Après "Qui est Wonder Woman ?" par Allan Heinberg et "Love and Murder" (en anglais) de Jodi Picoult, Diana Prince a droit à une troisième chance avec ce tome qui regroupe les épisodes 14 à 19 de la série mensuelle. Ce tome comprend deux histoires distinctes.



La première histoire (dont le présent volume tire son titre, en 4 épisodes) met en parallèle une attaque sur l'île de Themiscyra et une révélation relative à des événements survenus à l'époque de la naissance de la princesse. Captain Nazi (Albrecht Krieger) est maintenant entouré de plusieurs aryens ayant les mêmes pouvoirs et il a décidé de bâtir un nouveau Reich sur l'île de Themiscyra qui n'est plus habitée que par Hyppolita. Wonder Woman doit trouver un moyen de circonvenir l'interdiction qui pèse sur elle de mettre pied sur l'île et elle trouve un allié en la personne de Kane Milohai, une divinité hawaïenne. Et elle sera aidé par un commando de singes parlants.



Dans la deuxième partie, Wonder Woman est recrutée de force par l'empire des Khund (des extraterrestres belliqueux) pour sauver leur planète menacée par une étrange race extraterrestre. Là bas elle sera confrontée à un Green Lantern avec des motivations très conflictuelles.



Ce tome est considéré comme le renouveau tant attendu de la série. Les scénarios sont confiés à Gail Simone qui a déjà fait ses preuves sur la série des Birds of Prey (Birds of Prey, en anglais) et sur celle des Secret Six (en anglais). Gail Simone propose une interprétation très construite et cohérente du personnage, à la fois guerrière et ambassadrice de paix. Elle assure la continuité avec les 2 tomes évoqués ci-dessus (Nemesis, Diana Prince son alter ego mortel) et elle réussit à élargir l'horizon des aventures de Wonder Woman, tout en intégrant à petites doses l'historique de l'héroïne (Hyppolita, Etta Candy). Ce premier tome constitue une agréable lecture ; la première histoire est plutôt sombre, la deuxième est dans une veine plus légère.



Coté dessins, les époux Dodson (Terry et Rachel) assurent une partie des illustrations avec leur style si rond et si plaisant à l'oeil. Suite à une blessure de Terry Dodson, Ron Randall signe quelques pages pénibles à regarder. Et la deuxième histoire est illustré par Bernard Chang dans un style plus superhéros que réaliste, professionnel sans être vraiment remarquable.



C'est avec plaisir que j'ai retrouvé une Wonder Woman en pleine possession de ses moyens, avec une vraie personnalité intégrée et pas schizophrénique, au milieu de tribulations intéressantes et sortant de l'ordinaire. En plus, DC Comics a laissé le temps à Gail Simone de s'installer dans la série et on la retrouve à l'écriture du tome suivant "Ends of the Earth" (en anglais).
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Batgirl, tome 2 : Knightfall descends

Ce tome fait suite à The darkest reflection (épisodes 1 à 6), le nouveau début du personnage, après remise à zéro baptisée "New 52". Il comprend les épisodes zéro, et 7 à 13, tous écrits par Gail Simone, parus en 2012.



Épisode zéro - Il y a 4 ans, Barbara Gordon était une étudiante qui vénérait son père et qui avait obtenu de réaliser des entretiens au commissariat central pour un devoir à faire pour le lycée. Lors de cette visite, en compagnie de son frère James junior, elle a revêtu pour la première fois un costume avec l'emblème de la chauve-souris pour arrêter un tueur en série essayant de s'enfuir.



Épisodes 7 & 8 - Batgirl intervient lors d'un gala pris en otage par un criminel costumé se faisant appeler Grotesque, dont les hommes de main dépouillent les invités de leur possession. Parmi eux, elle reconnaît l'un des 2 individus qui accompagnaient le Joker lors de l'agression qui l'a laissée paralysée. James Gordon junior refait son apparition.



Épisodes 9 - Alors que Gotham est plongée dans la Nuit des Hiboux (Night of the Owls), Batgirl se bat contre l'un des Talon (serre), Mary une combattante muette hors pair. Épisodes 10 à 13 - Batgirl doit faire face à un groupe d'individus disposant de superpouvoirs (Bleak Michael, Bonebreaker et Katharsis) et décidés à tuer les criminels, en commençant par le bas de l'échelle. Ils sont menés par une femme se faisant appeler Knightfall. Batgirl sauve Ricky (un voleur de voitures) de leurs griffes, et s'en sent responsable. Ces affrontements vont l'amener à croiser la route de Batwoman (épisode 12) et à recroiser celle de Melody McKenna (une inspectrice de police qui la prise en grippe), ainsi que celle de Charise Carnes une héritière au caractère bien affirmé.



Avec l'épisode zéro, Gail Simone montre au lecteur comment Barbara Gordon a franchi le pas d'une admiration pour Batman, à porter un costume avec le symbole de la chauve-souris. Elle s'en sort plutôt bien en incluant une partie des pensées de Barbara dans des courtes cellules de texte. Le lecteur peut accepter que cette jeune femme puisse terrasser un tueur en série bâti comme une armoire à glace, grâce à son intelligence et son agilité. Simone introduit un élément imprévisible en la présence de James Gordon junior (le petit frère de Barbara) sur les lieux. On a bien sûr droit au premier face à face entre Batgirl et Batman. Ed Benes (le dessinateur et encreur de l'épisode) compose une mise en scène satisfaisante pour ce huis clos dans les parties communes et la cage d'escalier du commissariat, avec son style toujours dérivatif de celui de Jim Lee (en beaucoup moins détaillé), même si les décors disparaissent parfois une page durant.



Par la suite, Simone confronte Batgirl à une série de supercriminels brillant par leur manque d'originalité, que ce soit pour les pouvoirs, les costumes ou les motivations (difficile de faire plus générique et poussif que Grotesque : surnom sans imagination, superpouvoir générique lié à l'énergie, etc.). Dinah Drake (Black Canary) et Barbara ont une conversation sèche sur le fait que cette dernière n'a toujours pas surmonté la blessure infligée par le Joker dans The killing joke et le lecteur peut déjà avoir l'impression d'une redite par rapport au tome précédent. À l'évidence la blessure reçue par Barbara exige du temps pour dépasser le traumatisme correspondant, mais ce dialogue donne l'impression de relire un dialogue déjà lu. Le combat contre le Talon correspond à la participation obligatoire au crossover du moment. Simone a beau faire des efforts pour lui donner une origine qui sort de l'ordinaire, cet épisode n'apporte rien au personnage de Batgirl.



Arrivé à la dernière histoire, le lecteur sent comme une langueur s'abattre sur lui, née de la déception de ces épisodes fades. Cela semble empirer avec encore plus de d'opposants insipides, et une chef des criminels pour laquelle Simone ne fait même pas l'effort de masquer son identité, ou au moins d'entretenir un doute. De la même manière le retour de James Gordon junior s'inspire de très près ce que Scott Snyder avait fait avec le personnage dans The black mirror, au point que l'on peut parler d'imitation moins réussie.



Passé l'épisode zéro, Ardian Syaf devient le dessinateur régulier de la série pour les épisodes 7 à 9, 11 et 12, aidé par Alitha Martinez (dessins épisodes 7 à 10), et Vincent Cifuentes (dessins épisode 8, encreur épisodes 7 à 12). Ed Benes revient pour dessiner et encrer l'épisode 13. Globalement ces dessinateurs ont approche similaire du dessin : réaliste sans être photographique, un soin plus important apporté aux personnages qu'au décor, une dramatisation de chaque mouvement lors des affrontements, un gros effort pour respecter les détails du costume de Batgirl. Cela donne des pages agréables à lire, avec une forte présence des personnages, et une tendance à avoir des combats se déroulant comme déconnectés de l'environnement dans lequel ils prennent place. Toutefois, en prêtant un peu plus d'attention, le lecteur peut apprécier que Syaf, Benes et Martinez respectent la relative jeunesse de Barbara et s'astreignent à lui dessiner une taille de poitrine normale (et pas hypertrophiée comme la plupart des superhéroïnes). Ils fournissent également un effort visible pour lui dessiner un visage assez juvénile sans être enfantin (avec un usage un peu trop exagéré du rouge à lèvre). Ardian Syaf fait un effort méritoire pour introduire Batwoman dans une double page dont la composition évoque les savants arrangements de JH Williams III (par exemple dans Hydrology). Il est également possible d'apprécier que ces dessinateurs font l'effort de donner des mouvements spécifiques à Batgirl, plutôt que de se contenter de reproduire les poses de Batman sur une silhouette plus fluette avec une chevelure rousse apparente.



À condition de supporter la fadeur générique des opposants de Batgirl, il est également possible de remarquer que Gail Simone continue d'enrichir la thématique principale de la série : la notion de victime. Si le premier apport n'est pas très convaincant (surmonter le traumatisme de la blessure infligée par le Joker), l'introduction de l'un de ses 2 hommes de main dépasse la simple exploitation du legs d'Alan Moore pour montrer comment Barbara gère ses faiblesses et ses appréhensions. De la même manière, les épisodes 10 à 13 explorent un trait de caractère de Barbara qui fait d'elle une héroïne bien plus humaine que la majeure partie de ses collègues. Elle prend en pitié un jeune délinquant et lui vient en aide contre vents et marées. Mine de rien, Simone s'éloigne du schéma classique du superhéros contre le supercriminel du mois ou de l'histoire, pour oser décrire une personne dont le comportement ne se limite pas à surmonter tout les obstacles en tapant (comme un sourd ou intelligemment) sur ses opposants.



Gail Simone continue de développer le personnage de Barbara Gordon, à sa manière bien à elle, mêlant supercriminels génériques et fades, avec des thématiques que les auteurs de comics de superhéros ont tendance à éviter, voire à fuir comme la peste. Les illustrations continuent à être dérivatives de celles de Jim Lee, sans en avoir la vivacité, ni la précision, mais en restant d'un niveau acceptable, avec quelques moments mémorables, et une volonté affichée de ne pas réduire Batgirl à une pâle imitation féminisée de Batman. Si vous n'avez pas d'attirance particulière pour le personnage, cette série vous semblera un peu fade (= 3 étoiles). Si vous avez une affection particulière pour Batgirl, vous serez content de découvrir des aventures qui mettent en valeur sa personnalité et ses caractéristiques (= 4 étoiles).
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Batgirl, tome 1: The Darkest Reflection

Ce tome comprend les épisodes 1 à 6 de la série lancée en 2011, dans le cadre de la remise à zéro de l'univers partagé DC, opération baptisée The new 52. Mais le cas de ce personnage est un peu particulier puisque le redémarrage n'a pas totalement effacé sa continuité précédente, en particulier les événements de The killing joke restent valides. Le scénario est de Gail Simone, les illustrations d'Ardian Syaf, aidé par Vincente Cifuentes qui assure également l'encrage.



Épisodes 1 à 4 - Un supercriminel tout de noir vêtu avec une grande cape (et se faisant appeler Mirror) élimine des individus dont il a écrit le nom sur une liste. Ses victimes ont la particularité d'être les seuls survivants d'accidents ou de massacre. Batgirl (Barbara Gordon) fait irruption (par la fenêtre bien sûr) dans un appartement où un tueur en série et ses 2 acolytes s'apprêtent à torturer et tuer un couple. Après ce sauvetage, elle annonce à James Gordon (le commissaire principal de police de Gotham) qu'elle déménage pour reprendre son autonomie. Elle partage un appartement en rez-de-chaussée avec Alysia Yeoh qui est serveuse dans un bar, et artiste à ses heures perdues. Son excursion suivante en tant que Batgirl la met face à Mirror (Jonathan Mills) et elle est incapable de sauver Douglas Paulson, un policier, partenaire de Melody McKenna. Épisodes 5 & 6 - Cette fois-ci, Batgirl essaye de mettre fin à la carrière criminelle de Gretel (Lisly Bonner) qui manipule l'esprit d'individus pour qu'ils s'entretuent. Ses premières cibles étaient des membres du crime organisé, la suivante s'appelle Bruce Wayne.



Ce n'est pas la première fois que Gail Simone écrit les aventures de Barbara Gordon ; elle l'avait déjà fait dans la série Birds of Prey quand l'héroïne était en fauteuil roulant et utilisait l'identité d'Oracle. Sur ce point, ce tome contient en passant et de manière rapide (pour ne pas dire expéditive) l'explication de la guérison de cette paralysie. Le peu de place consacré à cet élément de continuité est cohérent avec la volonté de disposer d'un récit accessible par les nouveaux lecteurs. La question de l'âge de Barbara Gordon dans cette histoire est également un peu épineuse. Il est évident qu'elle a pris le nom de Batgirl parce que celui de Batwoman est déjà pris par Katy Kane, et parce qu'elle l'a déjà utilisé auparavant. Mais il apparaît qu'elle est adulte, sortie de l'adolescence. Enfin la question de son lien de parenté exacte avec James Gordon semble être celui de père-fille (et non plus celui d'oncle-nièce et père adoptif), mais avec quelques incertitudes.



Une fois dépassées ces questions oiseuses de continuité mouvante, le lecteur découvre des histoires assez simples, avec des criminels masqués peu originaux (Mirror, Gretel), et une héroïne enjouée et agréable, avec une place très spécifique à Gotham. Gail Simone fait le nécessaire pour marquer l'identité de Batgirl et ses spécificités par rapport à Nightwing (une scène dans l'épisode 3) et par rapport à Batman (une scène dans l'épisode 6). Elle met en place de nouveaux personnages secondaires tels qu'Alysia Yeoh et Melody McKenna. Elle ramène une personne de son passé qui promet des relations savoureuses dans les prochains tomes. Enfin, elle établit un point de contact avec The court of Owls lorsque Bruce Wayne organise une conférence de presse pour annoncer ses projets de requalification d'espace urbain.



Et fort heureusement, elle insère dans le récit des thèmes qui transforme une gentille histoire de gentille superhéroïne, en quelque chose de plus consistant. Le handicap de Barbara Gordon et sa période de 3 ans en fauteuil roulant ne sont pas de simples détails glissés sous le tapis dès qu'elle a retrouvé l'usage de ses gambettes. Au travers des criminels et des situations de danger, Simone développe sans avoir l'air d'y toucher plusieurs thématiques qui se répondent sur la culpabilité du survivant, la victimisation, et les troubles générés par les stress post-traumatiques. Ces thèmes restent à la surface, mais leur entrecroisement donne une épaisseur significative à Barbara Gordon. Elle parvient même à créer une correspondance entre l'histoire du personnage et les criminels qu'elle combat, pour faire apparaître ses motivations à revêtir un habit de superhéros. En particulier contre le tueur en série sadique, Batgirl refuse la victimisation des innocents, de la même manière qu'elle n'a jamais voulu être réduite à l'état de victime du Joker.



Au fur et à mesure des planches, il devient évident que les éditeurs ont demandé à Ardian Syaf de coller au style de Jim Lee et Tony S. Daniel. Évidemment, c'est un but impossible à atteindre, mais le résultat est plaisant. Sa mise en page est dynamique, les décors sont présents avec une régularité satisfaisante, l'encrage est fin et précis. Bien sûr les dessins n'ont pas l'efficacité de ceux de Jim Lee, ou leur énergie. Malgré tout, Syaf délivre un boulot honnête : découpage simple, lisibilité immédiate, personnages tous dotés d'une identité visuelle importante, décors assez réalistes. Les expressions des visages ne sont pas toujours justes, et les poses des superhéros sont parfois stéréotypées. Mais Batgirl est vive et rapide, et surtout il n'exagère pas ses courbes (elle a une taille de poitrine normale !), il n'y a pas de gros plans racoleurs sur son postérieur. Rien que pour ça, Ardian Syaf a fait du bon travail, respectueux du personnage et de ce que Gail Simone souhaite qu'elle représente.



C'est avec plaisir que le lecteur retrouve Gail Simone au meilleur de sa forme, comme lorsqu'elle écrivait Wonder Woman et Secret Six. Elle réussit à donner une personnalité entière à Barbara Gordon par le biais de petites touches discrètes.
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Cette artiste-peintre à la personnalité indépendante fut cofondatrice du mouvement impressionniste. Sa toile "Le Berceau" (1872) a marqué un tournant dans sa carrière. A l'initiative de Renoir, elle accepte d'organiser avec Monet et Sisley une vente aux enchères de leurs œuvres à l'hôtel Drouot à Paris le 24 mars 1875 au cours de laquelle elle fut insultée, ce qui ne l'empêcha pas de continuer à vivre de son art et pour son art. Il s'agit de:

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