Il existe, enfin, une dernière catégorie de moraliste de l'art, ceux qui pensent que l’œuvre d'art véritable constitue un absolu, soustrait aux influences superficielles de l'époque . Pour eux, il convient de distinguer entre la production courante des œuvres de série, au niveau de la société, et le surgissement sporadique des chefs-d’œuvre, qui se situent hors du temps et de l'espace, dans le domaine immuable, éternel, de la pure Beauté, univers mystérieux où Phidias est contemporain de Raphaël et Chagall de Giotto.
La perception de l’oeuvre d’art repose non pas sur un processus de reconnaissance mais de compréhension. L’oeuvre d’art est le possible et le probable, elle n’est jamais le certain.
Artiste très doué, connaissant à fond toutes les ressources de son métier, eût-il su s'élever à de vastes conceptions? Eût-il su coordonner son oeuvre à celle de ses émules? On peut se le demander, car, malgré tout, sa personnalité ne se dégage pas complètement. Il faut bien le dire, une part très importante de l'oeuvre de Girardon est à Versailles et Versailles est varié, mais un.
A ne considérer que le fait matériel, bibliographique, ce livre était utile, puisqu'il n'existait pas de monographie de Girardon, mais il n'est pas seulement intéressant pour ce sculpteur ni même pour l'histoire de l'art français, il intéresse l'histoire générale de l'art elle-même, puisque, une fois de plus, il pose le problème des rapports du génie et de la règle, de la discipline imposée aux arts.
Si l'on n'a pas consacré de livre à Girardon, c'est que, dans l'esprit des historiens de l'art, il est englobé dans les «artistes de Versailles », et que pour ceux-ci, quand on a prononcé le nom de Le Brun, on croit généralement avoir tout dit.