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4.11/5 (sur 104 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Hanovre , le 30/05/1892
Mort(e) à : Princeton , le 14/03/1968
Biographie :

Erwin Panofsky est un historien de l'art et un essayiste allemand d'origine juive émigré aux États-Unis.

Erwin Panofsky a étudié à l'Université de Fribourg-en-Brisgau, Berlin et Munich. En 1914, sa thèse de doctorat sur la théorie de l'art chez Dürer est acceptée par l'université de Fribourg. En 1916, il se marie à Dora Mosse, elle-même historienne de l'art. Il travaille à la bibliothèque Warburg et devient avec Warburg l'un des fondateurs de l'université de Hambourg où il entre en 1921 comme chercheur, avant d'obtenir la chaire de professeur d'histoire de l'art en 1927. Il y fréquente le philosophe Ernst Cassirer. En 1933 il est contraint de quitter son poste après l'adoption par le régime nazi des lois sur le rétablissement du système des fonctionnaires de profession et il émigre aux États-Unis. Panofsky avait déjà fait plusieurs séjours aux États-Unis où il enseigne à l'université de New York et plus tard à Princeton (New Jersey).

Panofsky se fait connaître pour ses études sur les symboles et l'iconographie des œuvres d'art dans un article qui date de 1934. Il publie ensuite Les Primitifs flamands. Ses recherches sur ce qu'il appelait le symbolisme caché des choses reste encore très importantes pour la compréhension de l'art de la renaissance nordique

Il s'oppose en histoire de l'art au historien de l'art suisse Heinrich Wölfflin et l'historien de l'art français Henri Focillon qui ne s'appuie que de manière secondaire sur l'érudition . Il est sans doute l'historien de l'art le plus célèbre du XX ème siècle ...

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Source : Wikipédia
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Bibliographie de Erwin Panofsky   (24)Voir plus

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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Les plus anciens historiens de l'art italiens, tels que Lorenzo Ghiberti, Leon Battista Alberti, Giorgio Vasari surtout, pensaient que l'art classique [de l'Antiquité] avait été jeté à bas au début de l'ère chrétienne, et n'avait point repris vie avant qu'il ne servît de fondement au style de la Renaissance. À leurs yeux, cette ruine des arts s'expliquait par les invasions barbares et par l'hostilité des premiers prêtres et érudits de la chrétienté.

En pensant de la sorte, ces anciens auteurs avaient à la fois raison et tort. Ils avaient tort en ce qu'il n'y eut point de rupture absolue de la tradition au cours du Moyen Âge : les conceptions littéraires, philosophiques, scientifiques et artistiques de l'âge classique avaient persisté à travers les siècles, particulièrement après qu'elles eurent été délibérément rappelées à la vie du temps de Charlemagne et de ses successeurs. Pourtant ils avaient raison en ce que l'attitude d'ensemble à l'égard de l'Antiquité subit une radicale métamorphose lorsque la Renaissance prit son essor.

Le Moyen Âge ne fut nullement aveugle pour les valeurs visuelles de l'art classique et prit un intérêt profond aux valeurs intellectuelles et poétiques de la littérature classique. Mais il est significatif qu'à l'apogée même de la période médiévale (aux XIIIe et XIVe siècles), des motifs classiques n'aient jamais servi à la représentation des thèmes classiques, que des thèmes classiques n'aient jamais été exprimés par des motifs classiques.

[...]

Si nous nous demandons la raison de cette curieuse séparation entre des motifs classiques chargés d'une signification non classique, et des thèmes classiques exprimés par des personnages non classiques, dans un cadre non classique, la réponse qui d'emblée se propose paraît tenir à la différence entre la tradition par l'image et la tradition par les textes. Les artistes qui se servaient d'un Hercule pour représenter le Christ, ou d'un Atlas pour représenter les Évangélistes, agissaient sous l'influence de modèles dont ils avaient l'image sous les yeux, soit qu'ils eussent copié directement dans un monument classique, ou imité une œuvre plus récente, dérivée d'un prototype classique par l'intermédiaire de toute une série de transformations. Les artistes qui représentaient Médée sous l'aspect d'une princesse du Moyen Âge, ou Jupiter sous l'aspect d'un juge du Moyen Âge, traduisaient en images une simple description fournie par des sources littéraires.
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Nous savons qu'en Egypte la statue funéraire n'avait pas pour "intention" de simuler une vie qui lui appartînt en propre, mais de servir de substrat matériel à une autre vie, celle de l'esprit "Ka". Pour les Grecs, l'effigie sculptée commémore un homme qui a vécu ; pour les Égyptiens, c'est un corps qui attend d'être rappelé à la vie. Pour les Grecs, l'œuvre d'art existe dans un monde d'idéalité esthétique ; pour les Égyptiens, dans un monde de réalité magique. Pour les Grecs, le but de l'artiste est l'imitation ; pour les Égyptiens, la reconstruction.
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Mais qu'est-ce qu'une œuvre d'art ?
Une œuvre d'art n'est pas toujours créée dans le but exclusif de procurer un plaisir, ou pour employer une expression plus philosophique, d'être esthétiquement perçue. "La fin de l'art est la délectation", cette maxime de Poussin avait une portée révolutionnaire ; car les écrivains jusqu'alors avaient toujours insisté sur l'idée que l'art, quelque plaisir qu'on pût y prendre, était aussi, en quelque façon, utile. Mais toujours une œuvre d'art possède une signification esthétique (à ne pas confondre avec la valeur esthétique) : qu'elle ait ou non servi une intention pratique, et qu'elle soit bonne ou mauvaise, elle demande à être esthétiquement perçue.
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Dans la mesure où sont en cause une connaissance solide et des procédés méthodiques, deux artistes-théoriciens de la Renaissance italienne, deux seulement, ont accompli des progrès décisifs pour porter la théorie des proportions au-delà des normes médiévales : Leone Battista Alberti, le prophète du "nouveau et grand style" en art; et Léonard de Vinci, qui l'inaugura.

Tous deux partageaient une même détermination : élever la théorie des proportions au niveau d'une science empirique. Insatisfaits des données inadéquates de Vitruve et de leurs prédécesseurs italiens, ils se détournèrent de la tradition vers une expérimentation qui prît appui sur l'observation attentive de la nature. En Italiens qu'ils étaient, ils n'envisagèrent pas de remplacer le type idéal, unique, par une pluralité de types "caractéristiques". Mais ils cessèrent de déterminer ce type idéal en se fondant sur une métaphysique harmonique ou en acceptant les données de sacro-saintes autorités : ils s'enhardirent à affronter la nature même, ils abordèrent le corps humain vivant au moyen de compas et de rapporteurs - à cette réserve près que parmi une multitude de modèles ils sélectionnèrent ceux qui, à leur propre jugement et de l'avis de conseillers compétents, étaient réputés les plus beaux. Leur intention fut de découvrir l'idéal en vue de définir le normal; et au lieu de déterminer les dimensions de manière sommaire, dans la seule mesure où elles étaient apparentes sur une surface, ils tâchèrent d'approcher l'idéal d'une anthropométrie purement scientifique en les vérifiant, avec une extrême exactitude et la plus grande attention à la structure naturelle du corps, non seulement en hauteur, mais aussi en largeur et en profondeur.
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L'expérience religieuse de la basse Antiquité était si étroitement liée à la mystique des astres, et si profondément pénétrée par la foi en la toute-puissance du dieu-soleil, qu'aucune idée neuve en religion ne pouvait trouver audience à moins d'être revêtue d'emblée de connotations solaires (comme ce fut le cas pour le culte de Mithra) ou d'acquérir de telles connotations ex post facto (comme ce fut le cas pour le culte du Christ). L'histoire voulut que le Christ l'emportât sur Mithra ; mais même lui, s'il put l'emporter, ce fut après que (ou plutôt parce que) son culte s'était assimilé quelques uns des éléments vitaux du culte solaire, depuis la date de sa naissance (25 décembre) jusqu'à la tempête qui l'éleva au Paradis (dans l'Apocalypse).
[...]
Saint Augustin dut combattre vigoureusement la tendance à l'identification entre Christ et Soleil jusqu'au point où elle eût ramené vers le paganisme. Mais ces mêmes implications païennes que comportait la formule "Sol Iustitiae" la dotaient d'un pouvoir émotif hors de pair ; à partir du IIIe siècle elle devint l'une des métaphores les plus populaires et plus efficaces dans la rhétorique ecclésiastique ; elle joua un rôle de premier plan dans les sermons et cantiques ; de nos jours encore elle garde sa place dans la liturgie.
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Le terme d'humanitas avait eu au cours de l'histoire deux acceptations nettement distinctes : la première naissait d'une opposition entre l'homme et ce qui est en deçà de l'homme ; la seconde entre l'homme et ce qui est au-delà de l'homme. Dans le premier cas, humanitas désignait une valeur, dans le second une limitation.
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C'est ce qui permet de comprendre aussi en quoi s'accordaient à l'idéal platonicien les oeuvres des peintres et des sculpteurs égyptiens, qui non seulement semblaient bien s'être immuablement tenues à des formules solidement établies, mais repoussaient aussi la moindre concession faite à la perception optique; et en fin de compte, pour Platon, ce n'était pas l'artiste mais le dialecticien qui avait mission de dévoiler le monde des Idées. Car, tandis que l'art se cantonne dans la production des images, la philosophie possède le suprême privilège de n'utiliser les "mots" que comme les premiers degrés conduisant à ce chemin de la connaissance qui demeure interdit à l'artiste, justement parce que celui-ci ne produit qu'une "image".
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PERSPECTIVE (CINQUIÈME LIVRE)
La philosophie médiévale ne conçoit pas les œuvres d'art en relation avec un objet naturel qu'elles chercheraient à imiter mais en relation avec le processus de formation par lequel elles accèdent à l'être, c'est-à-dire la projection d'une forme invisible dans une substance visible et tangible. Il n'existait pas de différence fondamentale entre l'architecte qui construit une maison et le sculpteur ou le peintre qui fait l'image d”une rose " en accord avec l'image qui est dans son âme " selon les termes de Maître Eckhart ; et, dans les cas exceptionnels où la procédure des arts "d'imitation" était considérée dans sa relation avec un modèle visuel, ce dernier était, de façon tout à fait significative, conçu non comme un objet naturel mais comme un "exemple" ou "semblable", c'est-à-dire comme une autre œuvre d'art lui servant de prototype. Selon saint Thomas, "un artiste conçoit la forme selon laquelle il souhaite travailler à partir d'une œuvre qu'il a vue" ; saint Thomas place ainsi le sculpteur ou le peintre, qui représente son objet en se souvenant d'autres sculptures et d'autres peintures, exactement sur le même plan que l'architecte, qui conçoit une église en se souvenant d'autres églises.
La Renaissance au contraire établit et accepta à l'unanimité ce qui semble le dogme esthétique le plus simple et se révèle en fait le plus problématique : une œuvre d'art est la représentation directe et fidèle d'un objet naturel.
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Galilée, père de la mécanique moderne fut moins un démiurge qu'un explorateur dans le champ de l'astronomie, tout en incarnant un curieux mélange de discernement prophétique et d'académisme dans son attitude envers les arts.
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Au Moyen Âge, une peinture (qu'il s'agisse de fresque murale, d'enluminure, de tableau ou même de vitrail) était conçue comme une surface matérielle, impénétrable, sur laquelle personnages et objets étaient dépeints. Avec les pères du Trecento, notamment Giotto et Duccio, l'on commence déjà à penser l'œuvre de peinture, selon la doctrine qu'allait formuler Leone Battista Alberti vers 1435, comme une fenêtre imaginaire, transparente, à travers laquelle nous dirigeons notre regard vers une section de l'espace.
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