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Citations de Gaston Bonheur (17)


Gaston Bonheur
La chanson douce

Au vent qui va rêvant
à l’eau qui va seulette
aux rayons du levant
au saule à l’alouette
demande-leur pourquoi
la chanson qu’ils ont faite
la chanson d’autrefois
mettait le cœur en fête
demande-leur pour moi

Une chanson douce
pour mettre à mon cœur
pour mettre à ma bouche
un peu de bonheur

Au talus du chemin
au ciel à la lavande
au grillon dans la main
si tu la leur demandes
aux choux qu’on va planter
au blé à l’hirondelle
à l’herbe du sentier
l’ancienne ritournelle
ils vont te la chanter

Une chanson douce
pour mettre à mon cœur
pour mettre à ma bouche
un peu de bonheur

Aux fleurs du papier peint
à la photo pâlie
à l’ombre du sapin
à ma tante Julie
Et même s’il le faut
interroge l’armoire
demande au pot à eau
il a de la mémoire
de la chanter toute

Une chanson douce
pour mettre à mon cœur
pour mettre à ma bouche
un peu de bonheur

Un air si fragile
qu’il parle tout bas
Un air si facile
qu’on le sait déjà

Une chanson douce
pour mettre à mon cœur
pour mettre à ma bouche
un peu de bonheur

(in Œuvres poétiques)
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Cependant, dans l'ombre, la République comptait les siens.
Qu'elle était belle, sous l'Empire !
C'était une voyageuse de la nuit, traquée par la police, dissimulée dans les plis de sa vieille cape élimée.
Rares les maisons fidèles qui lui ouvraient la porte et lui accordaient un peu de paille au grenier jusqu'à la nuit suivante.
C'est alors qu'elle se fit connaître sous ce mystérieux prénom qui lui est resté :
- Marianne -
Il lui servit d'état-civil dans la clandestinité.
Il fut le mot de passe de la société secrète des républicains.
Aux rendez-vous de l'ombre, il fallait échanger ces répliques qui m'enchantent :
- Connaissez-vous Marianne ?
- de la Montagne.
- L'heure ?
- Elle va sonner.
- Le droit ?
- Au travail.
- Le suffrage ?
- Universel
L'affaire était menée de Londres par un comité qu'animait Ledru-Rollin.
Comment ne pas admirer, rétrospectivement, l'endurance de ces entêtés ?
Combien de fois redirent-ils ces mêmes mots dans l'interminable nuit ?
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Le cyprès était l'arbre de prédilection d'Alban. C'est un arbre strict, réfractaire ou discipliné, suivant l'humeur, s'isolant en ermite au sommet de sa propre colonne ou s'alignant en sombres communautés qui ont la rigueur des ordres monastiques. Il livre, ici et là, un mystérieux combat contre le vent qui passe et affirme, pour qui sait voir, son extraordinaire victoire qui s'exprime dans son refus de se courber. Les autres espèces disent le vent dominant, où penche leur tête. Lui se veut droit, ne se veut que droit, tend toutes ses forces vers cette droiture et cette rigueur, ne livrant de son épuisant effort ou concourent les flammes et les fouets qu'une pensée recuite, rabougrie, en forme de boule écailleuse, qui a l'odeur amère des choses mortes.
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Voici la question : "Un français, au fond, qu'est-ce que c'est ?
De quoi a-t-il peur ? De quoi a-t-il en vie ? Quelle idée se fait-il du monde ?"
La réponse se trouve dans nos premiers livres de classe. Je vous invite à revenir avec moi à l'école enchantée des souvenirs, où ma mère était institutrice, et où vous attendent, cocasses ou attendrissants, Clovis au bras de Clothilde, Bernard Palissy brûlant sa salle à manger, Parmentier inventant la pomme de terre et le singe Joli Coeur en grande tenue de général....
(quatrième de couverture de l'édition parue chez "Robert Laffont" en 1963)
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Je voudrais mettre en un seul livre tout ce qui fait qu'elle est une espèce de religion : ses textes sacrés, ses prophètes, ses apôtres, ses saints, sa liturgie.
Et qu'on puisse la voir d'un seul regard, avec ses jeunes tambours et ses vieux guerriers, comme Rude a si bien réussi à le faire.
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La vie est faite.
Cette soudaine détresse qui vous étreint le cœur dément l'éclat du jour et vous annonce que c'est déjà le soir.
La fée de l'adolescence a vite usé tous ses sortilèges. Les palais s'effritent, les feuilles mortes se ramassent à la pelle, les serpentins du bal sont poussés au ruisseau, la jolie marraine de Cendrillon s'est pliée en deux et tâtonne avec sa canne.
Foin du carrosse, voici Carabosse !
On ne peut rien dire des femmes, sans parler des fées. Celles-ci se penchent sur leur berceau, sur leurs amours, sur leur ouvrage. Et puis ?
Il semble qu'une dernière métamorphose, au soir de la vie, les transforme encore. A leur tour elles se penchent sur d'autres berceaux, d'autres amours, d'autres ouvrages.
Les femmes deviennent-elles fées ?
C'est la question que nous nous posons tout au long de cet ouvrage....
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C'était un lieu où il se plaisait, un désert tiède où il aimait venir lézarder. Certes, l'abri de tous les jours était sur le versant Nord, derrière la muraille de cyprès, passée la porte du vent. Ici, c'était plutôt comme un dimanche. Le vaste plateau blanchâtre, incliné au Midi, avait perdu au cours des siècles sa mince couche de terre végétale et ne montrait plus que des flaques de roc, couleur d'ossement, où le peu de limon qui restait dans les pores suffisait à nourrir des plantes rares aux fleurs subtiles.
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Voici la question : " Un français, au fond, qu'est-ce que c'est ? De quoi a-t-il peur ? De quoi a-t-il envie ? Quelle idée se fait-il du monde ?"
La réponse se trouve dans nos premiers livres de classe. Je vous invite à revenir avec moi à l'école enchantée des souvenirs, où ma mère était institutrice, et où vous attendent, cocasses et attendrissants, Clovis au bras de Clothilde, Bernard Palissy brûlant sa salle à manger, Parmentier inventant la pomme de terre et le singe Joli Coeur en grande tenue de général...
(quatrième de couverture de l'édition parue chez "Folio" en 1976)
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Le français est le fils naturel d'une cigale et d'une fourmi. Son atavisme gaulois, ses moustaches conquérantes, son coup de rouge, son grain de folie, ses chansons, son esprit, sa cocarde : c'est son côté cigale. Et le cœur sur la main.
"Que faisiez vous au temps chaud ?
- Je me battais.
- J'en suis fort aise..."
C'est l'été, en effet, que, d'habitude, il va à la guerre. Mais l'hiver venu, il traîne sa jambe de bois et sa mauvaise humeur.
(quatrième de couverture de l'édition parue chez "Folio" en 1976)
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Une autonomie du Sud serait-elle concevable ? Sur le plan militaire, oui. Personne n'a envie d'en découdre, en face. Les banlieusards sont incapables de creuser des tranchées. Quand on est belliqueux et rustique, la victoire est dans la poche. Quel sera le contour de ce nouveau pays ? Certes, on peut concevoir une grande Occitanie, de l'Océan aux Alpes et remontant presque jusqu'à la Loire. Mais il ne faut pas avoir les yeux plus grands que le ventre. Ce qui m'intéresse, c'est le domaine des comtes de Toulouse , entre Garonne et Rhône.
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En mémoire de ma mère et de l'institutrice qu'elle fut, j'ai déjà écrit le livre de l'école communale. Je lui ai donné pour titre la question par excellence de notre catéchisme laïque : "Qui a cassé le vase de Soissons ?".
C'était le livre des souvenirs de tout le monde et beaucoup s'y sont reconnus.
J'ai déjà fait entendre, à travers la cloison de ma chambre d'enfant, la respiration de l'horloge municipale, et comme elle s'ébrouait longuement avant de sonner dans la nuit. Je vais passer de l'autre côté de la cloison pour écrire le livre de la République.
L’École et la République vivent sous le même toit.
Ce second livre s'est imposé à moi pendant que j'écrivais le premier.
Les personnages que j'avais dû appeler dans ma mémoire, pour redevenir écolier, restaient là. Les lieux aussi. Comme insatisfaits.
Et toute une partie des livres du grenier dont j'avais secoué la poussière....
(extrait de l'introduction du volume paru aux éditions "Robert Laffont" en 1965)
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C'était bien un bijou de famille, d'allure un peu cathare. La colombe symbolique, en or blanc avec deux brillants en guise d'yeux, déployait ses ailes sur une roue de rubis sertis dans de l'or brun, le tout, de la grandeur d'un écu, suspendu à une chaine à lourdes mailles. [...]
- Cela fait un peu trop "croix de ma mère", vous ne trouvez pas ? (chap. 3)
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Comme toujours chez ls frères prêcheurs, on avait laissé la bride sur le cou au plus farfelu de l'Ordre, celui qui militait pour faire béatifier Le Corbusier. Il avait prétendu illustrer, dans cette verte banlieue toulousaine où l'arcade de brique pousse toute seule, les trois voeux que chacun prononce solennellement, d'obéissance, de pauvreté et de célibat. Et cela ressemblait finalement à un poste d'aiguillage de la S.N.C.F. Il y avait plus de religion dans le moindre hangar à foin du Lauraguais que dans cette architecture glacée.
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La fusillade avait mis à mal l’éclairage, et le carrefour était devenu presque obscur. Des jeunes filles accroupies entouraient le blessé et essayaient de relever sa tête. Il leur souriait.
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- Vos idées d'Occitanie indépendante ne sont pas tout à fait folles, mais vous devriez étudier un peu mieux la stratégie des nationalismes. [...] Il faut mettre en jeu trois forces s'appuyant toutes les trois sur un foyer plus ardent au midi : une force provençale animée par les Corses, une force du Languedoc soutenue par les Catalans et une force gasconne talonnée par les Basques. Trois ponts de chemin de fer à faire sauter, celui de Libourne, celui d'Argenton sur Creuse, celui de Vienne.
Le reste, c'est de la rigolade. (chap. 9)
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Elle n'était pas belle mais elle avait avait la beauté, le grain, le poli, l'étrangeté de ces épaves que la mer a longtemps chéries et qu'elle abandonne l'hiver sur les plages du littoral.
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Ici, le temps ne passait plus. Ce vaste plateau parfumé et tiède, ignoré des hommes, était comme un échantillon d'éternité et se situait si loin du vent et des soucis qu'on y oubliait le temps et le monde. On s'y sentait aussi heureux que mort, et Alban s'y retrouvait souvent, surpris par la nuit, allongé près d'un buisson, sentant sous ses reins la chaleur accumulée par la roche et considérant jusqu'au vertige les étoiles ensorcelées de son ciel natal.
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