Des entrepreneurs du ghetto. Ouvre les yeux Colin, notre île n’est plus le pays des saints et des érudits. Nous sommes une nation d’entrepreneurs. Tout le monde veut en être, même ces tarés de trafiquants de drogue. Ils ont compris le jeu des parts de marché. Comme ils ne peuvent pas s’adresser à la justice pour faire respecter leurs fusions et leurs rachats, ils recourent aux armes.
Bien sûr, c’était un danger pour la société. Comme la plupart des gens qui se retrouvent derrière les verrous, pourtant on ne peut pas tous les boucler. Mais c’est le métier qui veut ça. Si quelqu’un meurt après qu’on l’a cogné, la loi ordonne qu’on arrête le cogneur et qu’on le fasse passer devant monsieur le juge. Il vaudrait mieux l’inculper de stupidité et de scoumoune, mais il n’existe pas de lois contres ces deux forfaits, de sorte qu’homicide est encore ce qui cadre le mieux dans le tableau.
… et qu’on sait que le plus proche guette vos erreurs… tout le monde peut en commettre une, peut-être dans un moment de faiblesse… et, quand on connaît effectivement ce moment de faiblesse, ce dont on a surtout besoin, c’est d’un collègue, d’un camarade… de quelqu’un de proche, à qui on peut faire confiance et qui se tienne à vos côtés pour vous aider à reprendre le droit chemin.
Le problème avec Frankie Crowe, c’est que c’est un gagne-petit qui s’ignore. Ce genre de coups, ce n’est pas dans ses cordes.
Il parlait de son magasin tantôt comme d’une plateforme de lancement, tantôt comme d’une vache à lait. Il financerait son premier pas vers la prospérité. Une affaire dans laquelle quiconque déciderait d’investir un million au petit déjeuner serait assuré d’en retirer un et demi à l’heure du déjeuner.
Clubs de remise en forme… partout où l’on pose les yeux, on voit des gens en train de courir, de s’étirer, de soulever des poids pour essayer de perdre leur graisse et de paraître à leur avantage dans les pubs ou les restaurants.
Certains indics ne balancent qu’une seule fois après leur arrestation, poussés par la panique et prêts à vous vendre n’importe qui et à vous fourguer n’importe quoi dans l’espoir d’alléger la lourde peine qui pèse sur leur tête.
Mieux vaut aucun alibi qu’un alibi éventé. Fournissez un alibi aux jurés et ça les impressionne. Mais trouez-le comme une passoire et ils commenceront à se demander pourquoi le lascar s’en était forgé un.
Les gens ont besoin de croire en quelque chose de transcendant et il faut bien que quelqu’un le leur donne. Nous sommes à peine des êtres conscients. Les plus sophistiqués d’entre nous sont à la merci de leur tempérament et de leur cupidité. Si les gens ne se persuadaient pas qu’il existe une puissance supérieure à la leur, ils ne connaîtraient plus aucune limite à leurs exactions et croiraient pouvoir toujours s’en tirer. Guère mieux que des bêtes.
Il n’y a pas que les empreintes digitales pour nous distinguer les uns des autres. Vous allumez la télé et on donne un match de foot. Avant même que le commentateur n’ait ouvert la bouche, et même s’il ne s’agit que d’un petit point noir cavalant au bout du terrain, vous savez déjà s’il s’agit de Ronaldo, de Beckham ou de Lampard ; sans même y réfléchir, rien qu’à sa façon de pivoter, de courir ou de se tenir.