Citations de Geoffrey Chaucer (26)
Le charpentier venait juste d'épouser
Une fille qu'il aimait plus que sa vie.
C'était une jeunesse de dix-huit printemps.
Jaloux, il la tenait sous clé, en cage,
Car elle était vive et jeune, et lui, vieux:
Il craignait donc de devenir cocu.
Toujours Fortune viendra frapper, détruire d'un coup imprévu les royaumes altiers. Quand on se fie à elle, elle se dérobe et cache son sourire sous un noir nuage.
Sénèque a raison, d'autres avec lui, de regretter le temps plus que l'or: perte de biens peut être réparée mais perte de temps cause notre ruine.
- Maintenant John, croyez-moi, dit Nicolas: j'ai découvert, grâce à ma science astrologique, en regardant la lune quand elle était pleine, que lundi prochain, au quart de la nuit, à peu près, la pluie va tomber à torrents, si violemment que ce sera deux fois pire qu'au temps du déluge de Noé. Ce monde, dit-il, en une heure, pas plus, sera horrible, et l'humanité périra, ainsi que toutes les créatures vivantes.
La pauvreté contente est une honnête chose,
Qui fait vivre de peu, de soi-même dispose ;
Qui s'estime content malgré sa pauvreté
Est riche, quand bien même il n'aurait de chemise ;
Mais celui dont la vie est une convoitise,
Et qui voudrait en vérité
Avoir tout ce qu'il voit, ce n'est qu'un pauvre hère
Dont la richesse même est abjecte misère.
Le proverbe aussi dit : Celui-là seul est sage,
Qui de ne se hâter sait avoir le courage ;
Jamais il n’advient de profit
À qui laisse sans frein galoper son dépit.
Ne le crains pas, ne lui aie point de respect
car même si ton mari est armé de mailles,
les flèches de son éloquence acerbe
lui perceront la poitrine et même le ventail,*
tiens-le aussi, je te le conseille, par la jalousie,
et tu le feras se tapir comme caille.
*On ne semble pas avoir compris l'intention de ce vers ironique : le "ventail" se trouvant à la hauteur de la bouche. Chaucer veut dire que le traits de l'éloquence féminine non seulement frapperont le mari à la poitrine, mais, comme une flèche, lui cloueront la bouche.
Il n'y a de pire fou que l'amoureux.
Écoutez-moi donc tous, de parler me dépêche,
Voici comment un homme à chaque moment pèche.
Il pèche quand il mange un peu plus qu’il ne doit,
Il pèche quand aussi plus que de droit il boit ;
Il pèche quand il parle avec trop d’abondance,
Il pèche quand au pauvre il ne donne assistance,
Il pèche, sain de corps, quand il ne veut jeûner ;
Il pèche quand dormant sans en rien se gêner,
Il s’en vient pour cela bien plus tard à l’église ;
Il pèche quand son sol il ne le fertilise,
...
Je peux vous absoudre, puissant ou manant,
Quand de votre corps l'âme s'en ira.
A l'hôtelier, je pense, de commencer,
C'est le plus enfoncé dans le péché.
Approche, Hôtelier ; mets d'abord ton offrande
Et tu embrasseras toutes les reliques,
Tout ça pour un liard. Vite, dégrafe ta bourse.
- Que non ! Plutôt mourir excommunié !
(Le Vendeur d'indulgences)
Les richesses jamais ne furent des vertus !
Certes de nos aïeux recevant l'héritage
Nous pouvons nous targuer d'être de haut parage,
Mais dites-moi, ces bons aïeux,
Peuvent-ils les léguer à leurs petits neveux,
Ces vertus, qui, vivants, en firent de grands hommes,
Et qui les fit depuis appeler gentilshommes ?
Pauvreté me semble une paire de lunettes qui nous permettent de voir nos vrais amis.
Notre vraie noblesse est une grâce, ce n'est pas une chose qui nous est léguée avec notre situation sociale.
Lorsque vous me parlez d'une noblesse qui descend d'une ancienne richesse et que vous dites que c'est comme cela qu'on est des gens de noblesse, je dois vous dire que votre arrogance ne mérite même pas une poule. Cherchez celui qui, en privé comme en public, est constamment le plus vertueux, celui aussi qui cherche constamment le mieux à accomplir les nobles actions en son pouvoir ; c'est celui-là qu'il faut considérer comme le plus noble de tous. Nos ancêtres nous donnent peut-être tout leur héritage, nous permettant par là de revendiquer un haut lignage, mais leur existence vertueuse qui leur a valu d'être dits nobles et qui nous a incités à les suivre dans leur rang, cela, ils ne sont toutefois absolument jamais arrivés à le léguer à aucun de nous.
Nous sommes de l’avis de Chaucer ; dans notre pensée Jésus est le fils de Marie, des faits de Joseph. Une autre Conception ne serait qu’un cocuage prétendu divin, impossible à admettre. – Note du Traducteur.
Car le sage nous dit : ’ Tu n’auras de repos
Si tu luttes avec un sot, un imbécile,
Soit qu’il tempête, ou rie, ou son venin distille. ’
Et le prophète dit : ’Si tu n’as feu ni lieu,
Console-toi dans ta détresse,
Mieux vaut être un brave homme et n’avoir un écu,
Plutôt que d’être riche, et d’être un malotru.’
On dira au gueux ses quatre vérités
Pas au puissant, même en train de se damner
P247
« Or quand vous dites que je suis immonde et vieille
Eh bien ! tant mieux pour vous, ne ferez point cocu
Car vieillesse et laideur, et ce n'est pas merveille,
Sont les plus sûrs veilleurs, dit-on, de la vertu.
Toutefois connaissant vos goûts et vos délices
Je dirais même vos caprices
Je ne décline pas votre appétit mondain,
Et le satisferai dans ce qu'il a d'humain.
Choisissez maintenant une de ces deux choses,
De m'avoir vieille et laide, et ce, jusqu'à la mort,
Mais fidèle et soumise en tout état de causes,
Et ne vous donnant jamais tort,
Ou bien de m'avoir jeune et belle,
Et de prendre chance, » dit-elle,
« De recevoir chez vous des gens qui, par ma foi,
Viendront très peu pour vous, viendront beaucoup pour moi :
Je vous donne à choisir, choisissez, mon beau sire,
Et de votre pensée au moins daignez m'instruire. »
Tu disais aussi que j'étais comme une chatte,
Parce que chatte à qui l'on a brûlé la peau
Est chatte qui jamais ne sort plus du logis;
La chatte dont la peau reste luisante et belle
Ne passe à la maison pas la moitié du jour,
Mais elle s'en évade avant le point du jour
Pour étaler sa peau et aller au matou.