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Critiques de Georges Picard (31)
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Merci aux ambitieux de s'occuper du monde à m..

Picard prend certes par­fois la pose : il a l’invective un peu gran­diose du sur­booké râleur ou du sar­cas­tique par­fois cau­te­leux. Néan­moins, son livre est robo­ra­tif : il fait aimer la soli­tude de celui qui joue le mariole en toute luci­dité et le flem­mard qui ne l’est pas. Der­rière l’idiome gen­darme, le nar­ra­teur est moins ver­sa­tile tatillon qu’empêcheur de tour­ner bien rond. Il règle ses comptes aux obtus cocar­diers et aux bobos chi­chi­teux. Bref, Picard reste un joyeux drille qui ne manque pas d’air. Avec lui, Œdipe est aviateur.
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Merci aux ambitieux de s'occuper du monde à m..

La fête joyeuse recouvre aujourd'hui ses lettres de noblesse grâce à la plume tantôt alerte, tantôt nonchalante de Georges Picard.


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Merci aux ambitieux de s'occuper du monde à m..

Titre racoleur, mais l'éditeur, le format, la sobre présentation inspirent confiance. D'autres titres de Georges Picard font ce genre d'œillade : "Du malheur de trop penser à soi", "Le génie à l'usage de ceux qui n'en ont pas", "Le vagabond approximatif", "L'hurluberlu ou la philosophie sur un toit". S'il ne s'y expose pas de la philosophie de haut vol, beaucoup en feront la leur, si ce n'est déjà le cas.



L'auteur a jadis fréquenté avec zèle les Hegel, Kant et Derrida, les philosophes qui "se mêlent de nous conter des fictions théoriques dans un langage de bête à concours", les "textes à lire le crayon à la main". Il leur doit de beaux moments de spéculation et de rêverie, mais il considère aujourd'hui que cette philosophie "peut combler ceux qui ne se font pas trop d'illusions sur les vérités qu'elle prétend établir". On le comprend vite, après quelques pages, Picard ne décolle plus vers ces hauteurs, pour se contenter de dire ce qu'il pense à soixante ans, ou si l'on préfère, ce à quoi il ne croit plus guère, à la manière d'un râleur misanthrope, pourfendeur d'intellectuels péremptoires et autres cuistres bavards instruits.

[...].



Lorsqu'il tente de s'attacher des idées, Picard est embarrassé devant les questions difficiles et "reste au milieu du gué", non par indifférence mais tenaillé par les remords de conscience. Il remarque que la plupart des gens qui vont au bout des leurs commencent par les conclusions pour inventer les arguments qui y mènent. Pas de quoi être épaté.

Il voudrait, par exemple, que les peuples sous-développés sortent vite de leur misère, mais ne veut pas que l'atmosphère planétaire sature en CO2. La croissance en même temps que la décroissance. Il ne sait pas croire à une croissance non polluante, car il fonde peu d'espoir sur la cupidité et la bêtise humaine.

Le quidam Jean Foutre – vous connaîtrez aussi le fonctionnaire Connard Fini si vous prenez ce livre – n'aime pas les immigrés venus s'ajouter aux chômeurs déjà nombreux chez nous. Mais ce monsieur fait travailler en noir un ouvrier syrien sans papiers, car il doit bien vivre, non ? Et puis la TVA est élevée. "Crétin qui applique comme tout le monde les règles d'une logique à plusieurs entrées. À son médiocre niveau, c'est un exemple de la difficulté de penser."



Gouverné par une paresse qui n'est pas sybaritisme, sous les auspices de Montaigne qui préfère l'examen du cas particulier à la pompeuse certitude idéologique, ce livre, ni essai ni journal ni roman – un peu des trois ? – est une lettre à un ami de longue date, Martinu, auquel il répond après des années de silence, prétexte pour faire le point. À ses côtés, sa femme Isa, journaliste qu'il admire voir démonter une affaire de corruption, et à laquelle il donne sa lettre à lire, à défaut du livre qu'elle voudrait lui voir écrire (facétie de l'auteur, nous l'avons entre les mains). Puis il fréquente Lydie, jeune poétesse dont il apprécie l'enthousiasme lyrique et la détermination détachée des ambitions. Pour démentir son propos général, Picard croit en ces gens-là.



À se montrer non constructif, à forcer le trait, Picard finirait par prendre la pose. Lorsqu'il dénonce, à propos de la télévision, "la bêtise arrogante qui s'y étale", lorsqu'il pouffe en y écoutant "les donneurs de leçons médiatisés", il a raison mais la vision simpliste est en contradiction avec ses difficultés pour apprivoiser des convictions. Je ne crois pas que la télévision, qui plus est aux heures de grande écoute, soit le lieu pour entendre des analyses politiques ou idéologiques fines. L'écran médiatique, devenu pur divertissement, n'est pas (plus) l'endroit.



Ce sera l'une des nuances mais lorsque ses imprécations atrabilaires ennuient, deux pages plus tard, à propos de sa nouvelle résidence à la campagne, Georges Picard écrit "...la solitude n'est nulle part, nous devons la gagner sur tout, même sur le désert et le silence." Et l'on se réconcilie avec l'adorable misanthrope, presque contrit de l'avoir dénigré...

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Merci aux ambitieux de s'occuper du monde à m..

Un retraité sexagénaire établi à la campagne retrouve une lettre qu'un ami de jeunesse, Martinu, lui a adressée quinze ans auparavant, et entreprend de lui répondre, dans une longue confession-bilan de sa vie vieillissante. Contrairement à Isa, son épouse journaliste engagée, le narrateur avoue qu'il coule une existence désormais éloignée de la philosophie, détachée des plaisirs du débat et même de presque toute forme de sociabilité qui l'animait jadis : une vie retirée et paresseuse, qu'il présume dissemblable de celle de son ami, et assurément méconnaissable par rapport à celle de leurs années communes. Son désengagement de la politique et de la pensée argumentative possède des traits qui par moments semblent aigris, presque atrabilaires, de vieux ronchon en colère contre le monde et deux archétypes de voisins – Jean-Foutre le raciste, et Connard Fini, le rond-de-cuir procédurier – mais par moments simplement distants, de vieux sage, dont l'admiration est sincère du caractère encore pugnace de sa femme, en même temps que d'une jeune poétesse réservée, Lydie, qui devient amie du couple. Par contre, Michel, un collègue d'Isa, loquace, optimiste à outrance, sans doute adepte de la psychologie contemporaine du bonheur, représente son antagoniste.

De divagation en digression, d'anciennes lectures en descriptions de la vie villageoise, de méditations sur les temps qui changent en réflexions sur ses propres transformations psychiques et caractérielles, le narrateur s'attarde dans un monologue adressé à cet ami peut-être à présent étranger, peut-être même décédé, en sachant que sa femme lit, et peut-être Lydie lira aussi son texte dont la rédaction, parfois interrompue, s'étend sur plusieurs mois.



Je suis familier et grand admirateur des petits livres de Picard, à la prose ciselée à l'extrême, qui se situent à un point d'intersection toujours légèrement déplacé entre la fiction, l'essai philosophique, le pamphlet et l'autobiographie. L'acuité de sa réflexion ainsi que le soin qu'il apporte à sa langue sont intacts ; cependant j'ai regretté de ne plus retrouver, cette fois, son admirable et précieuse ironie que je recherche par-dessus tout dans ses écrits.
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Petit traite a l'usage de ceux qui veulent ..

Absolument parlant, ce Petit traité est un vadémécum post-moderne d’art rhétorique, voire de sophisme ; post-moderne en ceci, que l’ampleur de notre relativisme de bon aloi peut atteindre ou outrepasser le seuil du scepticisme quant à l’existence même du vrai. D’autre part, une position vaguement contradictoire l’anime, au fil des courts chapitres qui seraient presque des entrées d’encyclopédie s’ils étaient rédigés en ordre alphabétique, au sujet de la question de savoir si les opinions défendues par chacun sont modifiables par la discussion, si tant est qu’elles sont tenues pour vraies. Ce qui ne fait pas de doute, pourtant, c’est qu’un gagnant et un perdant sourdent de toute joute ; les questions du nombre de participants, de l’arbitrage, des circonstances, de la gravité du sujet ainsi que du contexte étant essentielles mais non déterminantes. Tout ce qui est déterminant, au contraire, est contenu dans les analyses-prescriptions que les soixante-trois chapitres adressent au duelliste, qui, comme tout un chacun, est légitimé à s’estimer détenteur perpétuel de la raison, et à apprendre l’art et la technique d’en persuader autrui.

Le ton léger et primesautier qui caractérise la prose de Georges Picard, et naturellement le titre du volume, m’avaient incité à ranger celui-ci dans la catégorie « humour ». Je m’en suis vite repenti, considérant la profondeur des contenus traités. L’auteur eût pu se laisser tenter par la dérision ou par le cynisme, le second étant peut-être une forme de la première. La lecture des intitulés des chapitres le laisse supposer. Mais ce n’est que goût de l’aphorisme (cf. : « Un bon mot vaut mieux qu’un mauvais discours » !) et maniement habile des paradoxes. Le relativisme qui est le nôtre se garde bien de revêtir un quelconque caractère moralisateur, pas même sous la forme de la condamnation de la société du spectacle : peut-être déplore-t-il juste son conformisme. Les analyses du statut de la vérité dans notre temps ne font pas l’objet de l’essai, pas plus que les exemples tirés de l’actualité (il n’y en a, me semble-t-il, qu’un seul, célèbre et daté d’ailleurs : celui du dernier débat télévisé entre les candidats Mitterrand et Chirac avant l’élection présidentielle de 1988).

Je relève enfin l’excipit de l’ouvrage, qui traite du « conflit larvé entre auteurs et lecteurs » et qui « est aussi classique que celui qui oppose automobilistes et piétons » ; il nous concerne tout particulièrement ici :

« C’est équitable. La vanité qui pousse à publier se voit rabrouer par la vanité critique qui pousse à juger ce qui a été lu, et à juger afin de se donner l’illusion de la supériorité sur un individu assez présomptueux pour prétendre nous occuper deux ou trois heures durant. »

… le calcul des heures est sans doute une ultime petite tentative de victoire de l’auteur sur le lecteur : ça s’appelle de la fausse modestie !

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Petit traite a l'usage de ceux qui veulent ..

Etant quelqu’un qui ne cherche pas à avoir continuellement raison, je savais que j’avais tord de l’acheter, et pourtant j’ai eu raison de le prendre !



Dans ce petit traité, l’art d’avoir toujours raison est en fait beaucoup de rhétorique, ce qui lui donne l’avantage d’enseigner cet art quasi oublié. Les chapitres sont très courts mais touchent à tout un tas de sujets différents, j’ai aimé ce sens de l’humour qu’à l’auteur pour avoir raison même qui il se dit en tort. Ce n’est pas un livre d’humour mais peut le devenir si vous savez appliquer quelques conseils énoncés au fil des chapitres. C’est bien écrit, les explications sont limpides, ce petit livre est utile en toute circonstances.

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Pour les yeux de Julie

Si une lecture amusante est aussi utile à la santé que l'exercice du corps, comme disait Kant, paraît-il, voilà un élixir, un remontant, un tonifiant. Histoire abracadabrante construite autour de personnages loufoques - à moins que la part de dérision de nos mœurs ne soit prépondérante -, ses jeux de mots (assonances, polysémies, antinomies, sauts de registre), ses jaillissements de l'imprévu de la pensée et autres imprévisibles de l'imaginaire s'y enchaînent sans solution de continuité et sans ratés.

S'il fallait trouver un thème principal, unissant la succession rocambolesque des pyrotechnies, ce serait l'amour:

"L'amour n'est pas un enfant de bohême, comme a essayé de nous le faire croire une tradition qui trouve ses sources dans les maisons closes du Paris préhaussmannien. L'amour n'est pas non plus un gosse de riche conduisant sans permis la Jaguar de papa. Ainsi pourrait-on décliner interminablement l'ensemble vide des identités de l'amour, comme je ne sais plus quel ontologiste s'amusa à le faire au sujet de Celui dont il n'y a rien à dire, ce qui n'empêche pas les bavards d'en parler plusieurs fois par jour dans les églises, les temples, les synagogues et les mosquées. Au fond, une relative unanimité (si ce centaure existe) pourrait s'établir autour du fait que l'amour est surtout un sujet de conversation." (p. 60)

Encore un Picard qui a beaucoup pour me régaler...
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Tous fous

L'auteur de De la connerie, Tout m'énerve, trop méconnu, nous entraîne avec une gaillarde tonicité et avec humour dans un réjouissant parcours à une époque où même les vaches sont folles. Conclusions ? "L'utopie d'un peuple entièrement sain, sans individus déviants, s'effondre sous son propre poids, faute de référent négatif.
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Tout le monde devrait écrire

ecrire, ecrire, ne pas publier, dilemne torture et baume pour les lecteurs invétérés, pitiés pour les arbres décapités, les décervelés, tout va bien, je respire
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Tout le monde devrait écrire

Ce court essai très substantifique requiert une lecture aussi exigeante que celle qu'il défend, une méditation de chaque phrase. Une dialectique à multiples rebondissements s'y met en place autour de trois grands thèmes :

1 - les bienfaits de l'écriture (intime et pas nécessairement destinée à la publication), dans l'optique renversée de l'acte "d'écrire pour penser plutôt que penser pour écrire", voire d'écrire pour mettre à l'épreuve sa propre pensée. Dans ce contexte, il est intéressant de relever qu'écrire n'est pas "communiquer" : "Devant sa page, l'écrivain n'a pas d'autre interlocuteur que lui-même. Le lecteur n'est qu'une hypothèse." (p. 146).

2 - sa propre écriture et le sens qu'il y attache. De ce thème, je relève principalement sa critique contre l'analyse littéraire qui prétend, sans jamais l'épuiser ni même l'atteindre, avoir son mot à dire sur le sens de toute création intellectuelle ; d'où la préférence de l'auteur à l'égard d'un lecteur (bienveillant c'est-à-dire non jugeant par le critère de l'ennui qui relève de lui-même et non de l'oeuvre) qui aborde les livres sur un mode "érotique". (p. 23) Mais sa critique s'adresse aussi à la psychanalyse (ou plutôt à l'auto-analyse, me semble-t-il), toujours pour la prétention, de l'auteur cette fois-ci, de réduire sa démarche à un corpus de significations claires. Il préconise au contraire l'idée d'une dynamique réciproque de création entre auteur et texte, qui se renouvelle à chaque livre. (p. 33 et ss.)

3 - sa conception du devoir-être de la littérature, et les péripéties de sa valeur, notamment par rapport à son "édulcoration médiatique" à une époque de "démocratisme ulcéré" (p. 81). Sur ce thème, son discours se fait plus amer, plus polémique tout en étant sans doute plus consensuel (au moins, je suppose, pour ces fameux 11% de Français lecteurs de plus de deux livres par mois, si bien représentés à l'Agora). Il faut dire que son idéal spinozien - "Tout ce qui est précieux est difficile autant que rare" - mêlé à un lucide scepticisme sur les résultats de l'action pédagogique, le conduisent tout naturellement à un "élitisme assumé", et à un dégoût pour les ouvrages portés par "les sirènes du marketing et de la publicité", et en général pour toute littérature "digeste". Encore qu'il laisse un soupirail de possibilité de bon usage (très personnel et très hypothétique) de celle-ci...

Car enfin le rapport entre lecteur et auteur est fait de "cette complicité intime [...] qui tient d'une sorte de chaleur communicative, de confiance quasi fraternelle s'établissant au fil des pages et des livres, sans qu'il soit besoin de la fonder sur autre chose qu'un certain pouvoir de suggérer." (p. 22), ou encore :

"Les raisons superficielles d'une telle complicité sont toujours décevantes. Il faudrait pouvoir descendre dans les inconscients, mettre en évidence les similitudes des rythmes vitaux, des respirations intérieures, des palpitations intellectuelles." (p. 102).

Où l'on comprend que ce qui a été dit pour l'écriture ne régit pas la lecture...!

Mais je note aussi que, entre Georges Picard et moi, cette complicité s'est bien installée.
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Tout m'enerve

De quelque côté qu'on le prenne, le "Tout m'énerve" de Georges Picard suscite la glose. Si bien qu'on craint d'en réduire sa portée en ne pointant que l'un des motifs d'énervement de l'auteur. Et comme on s'en voudrait de le courroucer par quelque raccourci, forcément intolérable, on s'en vient à s'irriter de tant de talent.
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