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Critiques de Georges Rodenbach (79)
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Bruges-la-morte

J'avais lu ce roman inclassable en prépa et déjà à l'époque il m'avait secouée. Je sors de cette relecture à nouveau bouleversée par l'histoire et la plume de l'auteur. J'ai toujours adhéré à l'idée que notre environnement façonne notre être. Mais personne n'a su mettre des mots sur cette certitude comme l'a fait ici Rodenbach. La ville de Bruges est un personnage à part entière du roman, elle s'infuse lentement dans le personnage guidant ses pas, ses envies, ses péchés, ses repentirs. Les photos contribuent fortement à insister sur sa présence omnipotente. J'ai adoré cette symbiose entre le personnage et sa ville d'adoption. Elle semble prendre possession des pages et nous envoûte. Car c'est bien un envoûtement dont il s'agit, à mi chemin entre le fanatisme religieux et le fantastique fantomatique. Les règles religieuses sont claires mais les brumes du passé invitent à la folie dans laquelle Hugues sombre paisiblement. Un chef d'oeuvre !
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Bruges-la-morte

C'est une histoire tragique qui s'enracine dans un mysticisme mélancolique. Hugues Viane, veuf, est en proie à la tristesse et au désespoir. Il sort de chez lui et une rencontre le bouleverse, celle d'une jeune femme qui ressemble à sa morte. Il la suit.



Il finit par découvrir son métier et fait connaissance avec elle. Démarre une relation passionnelle dans Bruges.



L'auteur réalise une peinture de la ville qui s'offre comme habillée de gris, de paroisses et de tombeaux. La vie d'Hugues va-t-elle rejoindre un désir nouveau ? Qu'est-ce qui l'emportera, au fond, dans Bruges, l'amour ou la mort ?



Hugues vit-il dans une société structurée par un passé, des traditions porteuses d'avenir ou bien sa vie a-t-elle basculé dans un autre monde ? Au fil des pages se révèle le talent de Rodenbach. Une peinture nostalgique de Bruges se dégage.



L'histoire d'amour et de mort que l'auteur décrit n'était peut-être qu'un prétexte, Bruges le personnage principal, le recueillement la finalité.

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Bruges-la-morte

De part ce petit roman lourd de bondieuseries, Georges Rodenbach, nous fait visiter avec délicatesse mais sous un aspect gris la superbe ville flamande Bruges. Le sujet du livre est court: Aimer après la mort de son épouse et se reconstruire auprès d’une rencontre avec le sosie de la personne décédée.
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Bruges-la-morte

C'est au plaisir intact de la relecture qu'on reconnaît les chefs-d'oeuvre. "Bruges-la-morte" en fait assurément partie dès sa publication en feuilleton en 1892. L'auteur flamand livre une oeuvre essentielle de la fin de siècle, aux relents décadents et aux intuitions fantastiques. Il s'agit avant tout d'un poème en prose qui aborde frontalement le thème de la mort et de la manière la plus belle. Rodenbach lui donne le visage de Bruges ; ses canaux tranquilles ; son atmosphère pieuse et brumeuse ; ses nuances de gris ; son catholicisme étouffant. le deuil impossible, le double hitchcockien et le fétichisme des reliques sont les mouvements d'une symphonie mortifère qui bercent le narrateur et les lecteurs. le regard perdu dans les eaux tristes des canaux, on se complaît dans une langueur maladive. le style très littéraire n'est jamais lourd. Il glisse le long des quais, s'insinue dans l'âme, vibre au son des cloches usées. Fidèle à l'original, j'ai une préférence pour les éditions accompagnées des photographies de la ville, une innovation à la fois technique et littéraire pour l'époque, qui met en valeur le texte.
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Bruges-la-morte

Hugues Viane, un veuf éploré, s'est exilé en Belgique dans la ville de Bruges afin de noyer son chagrin loin des lieux emplis de souvenirs. Chaque jour, il marche dans les rues de la ville, seul, tout le poids de sa tristesse sur les épaules. Mais, un soir, au croisement d'une rue, il croise une jeune femme qui lui rappelle fortement celle qu'il a aimé.





Ce court roman a été écrit par Georges Rodenbach, un poète et auteur belge du 19ème siècle. Son roman "Bruges-la-morte" est reconnu comme son chef d'oeuvre. Ecrit en 1892, il réunit toutes les caractéristiques du symbolisme. le texte est poétique et mélancolique. Le narrateur parle de la femme qu'il a perdu et de celle qu'il rencontre dans une contexte très imagé.



La ville de Bruges est un personnage à part entière. le décor est posé dès son arrivée. L'architecture et les canaux traversants la ville ainsi que son atmosphère paisible sont si bien décrites qu'on s'y croirait.



Le personnage de Hugues s'installe loin de Paris dans cette ville plus calme accompagné de son chagrin et de ses souvenirs. Sa rencontre avec une jeune danseuse apporte un souffle nouveau dans sa vie, mais ce n'est que de courte durée, car cette femme représente celle qui est morte.



J'ai beaucoup aimé cette lecture qui aborde le deuil et l'amour avec mélancolie et désespoir.



Une très belle découverte.


Lien : http://labibliothequedemarjo..
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Bruges-la-morte

George Rodenbach (1855-1898) est un poète avant d'être un romancier. Cela se ressent dans "Bruges-la-Morte" (1892) qui est une ode à la Venise du Nord. Le roman peut être lu comme un long poème en prose.

A cette époque, la ville de Bruges n'était pas la cité touristique d'aujourd'hui. Riche de son passé et à cause de l'ensablement de son port, c'était une cité figée dans le temps, pétrifiée.

Le cadre idéal pour qu'un jeune veuf éploré, Hugues, vienne développer sa mélancolie et son spleen. Dans ce décors sinistre, une lueur d'espoir apparaît: Hugues rencontre le sosie de feu son épouse. Mais comme le disait Héraclite : “Nul Homme ne se baigne deux fois dans le même fleuve car, la seconde fois, ce n'est plus ni la même eau ni le même homme.”.

Bruges-la-morte est le chef d’œuvre de Rodenbach. Il a su développer le thème de la disparition, de l'amour et de la mort à la perfection. C'est une réflexion sur le temps qui passe, sur la mélancolie, la nostalgie du passé et il nous enjoint à profiter du présent car l'avenir ne pourra qu'être sombre et désespéré.

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Bruges-la-morte

M. Berg, postfacier boomer de ce livre, rend un travail typique d’universitarien d’une d’époque fastidieuse et sans génie, être « thématique », d’héritage constructiviste ou formaliste, qui, dès sa première citation, prouve qu’il n’est pas ou n’est plus un philologue. Dans un texte, Rodenbach s’insurgeait de la représentation sculptée d’une danseuse nue sans ornement parce qu’il estimait que l’expression du désir, à laquelle il semblait admettre par principe le but de la danse, impliquait un style c’est-à-dire des effets liés à l’excitation et à la volupté ; voici donc la manière dont M. Berg « traduit » cette pensée : « Pour l’artiste, la réalité n’est délectable que si elle apparaît floue et voilée » (page 131). Il faut convenir que déformer ainsi un auteur est à peu près un comble de mauvaise foi. Ce genre d’homme a pris l’habitude de pérorer en références et interprétations dont la surabondance est supposée le gage d’un esprit vraiment œcuménique, au point qu’il ne redoute pas d’écrie à la suite des énormités comme : « Car il est bien évident que la conjonction de « la morte » (deux syllabes) et du nom de la ville (« Bruges ») ne produit qu’un syntagme impair. » (page 145) – on appréciera le spécialiste de la métrique française qui, pour faire passer un paradoxe un peu fort mais nécessaire à sa thèse, ose prétendre, comme pour s’en persuader, qu’elle est « évidente » (« Bruges-la-morte » : ça compte donc « évidemment » trois syllabes en poésie ?!). Puis, passé cinq lignes – il suffit d’attendre vraiment si peu –, M. Berg d’ajouter : « Ginette Michaux a d’ailleurs démontré que cette configuration impaire, composée de trois termes, conditionne en fait la « logique rigoureuse » de la narration de ce roman scandée par quatre temps » – vous avez bien lu, un roman « impair » en « quatre temps », oui, mais avec une « logique rigoureuse » ! Ma critique est déjà trop longue sur un professeur qui, sans être une exception – c’est par malheur toute l’école d’une certaine faculté de Lettres qu’on a formée à tel moule « admirable » – mérite encore moins de publicité que ce que fournit le blâme, mais cette espèce de rappel est toujours, je pense, de quelque éloquence pour rappeler l’indigence dont font preuve nos spécialistes qui, cependant et il faut le reconnaître, travaillent beaucoup… à quantité d’abstrusions et de faussetés (cela m’évoque ces assemblées générales du service public où l’on réunit des amateurs pour trouver enfin, mais ensemble, quelque chose à dire sur tel sujet vague et improvisé), et qui se résignent, sans en avoir conscience, à une vaste disparition du soi, philistins pour leur absence d’individualité dans l’art, et cuistres pour leurs bavardages de vanité appointés.

Dans un livre de 207 pages, Bruges-la-Morte est un récit qui en tient une soixantaine si l’on excepte les photographies de la ville censées aider à en visualiser une certaine atmosphère ; c’est donc plutôt une nouvelle, et sa structure narrative, avec resserrement d’intrigue, limitation des personnages et intention de chute, confirme cette appellation. Hugues Viane y est un veuf inconsolable, errant en fantôme dans les rues belges, et dont les habitudes rangées signalent une neurasthénie profonde et une mentalité de recueillement : son existence depuis des années se constitue fidèle et prisonnière comme en un interminable culte de la morte, hommage et rituel posthume, tribut perpétuel et mémoire sacralisée dont il résulte une paralysie du temps laissé à ne rien faire. Au cours d’une de ses promenades – d’ordinaire sempiternelles et monotones –, il croise une femme qui est le sosie troublant, incroyable, de son épouse défunte, et il est aussitôt saisi, foudroyé : il la suit, la rencontre, s’en sert pour reformer le couple d’origine sans rien lui dire de son passé et en se persuadant d’être pur d’infidélité puisqu’ainsi il sent honnêtement que c’est la morte qu’il honore. Intrigue astucieuse, sans révolution : on s’attend évidemment à ce que l’artifice ne dure pas, la femme de substitution étant condamnée, du moins en une intrigue vraisemblable, à n’être pas la copie durable de la trépassée, cette morte dont l’époux a conservé sous cloche la chevelure blonde, chevelure chérie qui, toute semblable chez la vivante, est ici par exemple une chevelure teinte.

L’amour constitué avec cette femme demeure elliptique et inconsistant, et son caractère de vivante évolue sans anecdotes, reste assez stéréotypé, par nécessité d’intrigue pour ne pas la présenter d’emblée comme une absolue imitation de la morte et pour en indiquer peu à peu les différenciations : artifice, bien sûr – comment faire autrement sans passer par le fantastique ? Ce couple, constitution et entretien, n’est point le souci de Rodenbach. Elle, Jane Scott, une actrice, acquiert progressivement les défauts imputables typiquement à sa profession, et l’on ignore toujours comme ce pauvre hère de Viane, falot, pitoyable, atrophié, comme anémié et interrompu d’existence, d’un très faible élan, s’y prit pour conquérir une si vive personnalité. Raccourci qui est opportunisme d’écriture : on admet que l’homme la veut parce qu’il souhaite prolonger une sorte de résurrection, alors il faut qu’il l’ait obtenue, quelle que soit la manière, pour permettre l’expérience ; ce n’est, pour ainsi dire, pas le sujet : l’idée forte commande, plus impérieuse que les détails, alors la vraisemblance cède. Pour la chute, que je tais mais qui n’est pas inattendue ni étonnante, Rodenbach n’a pas non plus prolongé son concept en un au-delà génial, et, d’ailleurs, je trouve la dernière partie – plus d’une page décalée du reste par un blanc – particulièrement superflue ; elle n’est utile qu’à rappeler en clausule le thème véritablement novateur du livre, à savoir la correspondance d’une ville et d’un esprit.

« Hugues songeait : quel pouvoir indéfinissable que celui de la ressemblance !

Elle correspond aux deux besoins contradictoires de la nature humaine : l’habitude et la nouveauté. L’habitude qui est la loi, le rythme même de l’être. Hugues l’avait expérimenté avec une acuité qui décida de sa destinée sans remède. Pour avoir vécu dix ans auprès d’une femme toujours chère, il ne pouvait plus se désaccoutumer d’elle, continuait à s’occuper de l’absente et à chercher sa figure sur d’autres visages.

D’autre part, le goût de la nouveauté est non moins instinctif. L’homme se lasse à posséder le même bien. On ne jouit du bonheur, comme de la santé, que par contraste. Et l’amour aussi est dans l’intermittence de lui-même.

Or la ressemblance est précisément ce qui les coïncide en nous, leur fait part égale, les joint en un point imprécis. La ressemblance est la ligne d’horizon de l’habitude et de la nouveauté.

En amour principalement, cette source de raffinement opère : charme d’une femme nouvelle arrivant qui ressemblerait à l’ancienne !

Hugues en jouissait avec un grandissant délice, lui que la solitude et la douleur avaient dès longtemps sensibilisé jusqu’à ces nuances d’âme. N’est-ce pas d’ailleurs par un sentiment inné des analogies désirables qu’il était venu vivre à Bruges dès son veuvage ? » (pages 49-50)

Toute l’originalité tient finalement dans cette idée : Bruges est la ville morte, faite pour un climat de deuil et pour un temps arrêté – j’ignorais cela avant ce livre. Il s’agit d’une cité qui fut florissante au Moyen Âge, constituée de nombreux canaux et reliée par un bras de mer à la mer du Nord, le Zwin, qui permettait des commerces lucratifs et permit ce développement. Mais aux XV et XVIe siècles, le Zwin s’étant ensablé, la ville cessa de s’étendre et fut relativement désertée, conservant assez largement son architecture d’époque sans innovations notables, ainsi que son atmosphère religieuse, clochers et béguinages. Apparemment, une austérité mystique et froide, néanmoins cancanière comme celle des recluses, y subsiste – Rodenbach la dépeint à la fin du XIXe –, commerces rares, peu habitée, noyée en un silence d’eau et de sonnailles nostalgiques – les photographies accompagnant le texte sont en cela éloquentes. C’est une ville éteinte et morne, déprimante, un endroit élu par Viane justement pour sa griseur d’enterrement et de méditation atermoyée et infertile.

Là se situe la nouveauté de Rodenbach : faire de Bruges, presque sans interruption, un personnage du récit. Par sa présence, ses influences, ses épiages, par ses traditions et par ce qui pèse de son inlassable dureté sur le protagoniste, Bruges devient l’entité spectrale qui appelle et conforme, qui prévient et qui fige : elle a trouvé une incarnation en Viane et résiste à le laisser revivre. Lui-même, stylé à ce lieu et complaisamment attaché à lui par les routines endeuillées qu’il y a acquises, s’extrait difficilement de cette gangue, culpabilise de sa liberté, questionne ses mœurs, se sent en loin fautif, cherchant des prétextes à ses exceptions morales chaque fois qu’il croit échapper à l’emprise aqueuse de la ville glacée. Il a besoin de la ressemblance de la femme vivante à la morte pour ne pas cesser de se croire respectueux, soumis à l’obéissance, à l’obédience, à l’observance. C’est en cela un récit de l’homme tel qu’il s’attarde, se résigne et se lie, souvent sans autre raison que le sentiment d’être « à sa place » à force d’y avoir été, assujetti à un arbitraire lot de convenances comme la stupide période de viduité, tandis qu’il n’est perclus en vérité que parce que le mouvement et l’événement sont pour lui plus ardus à entraîner et à poursuivre – il faut s’ébrouer alors et ne dépendre de rien, cela engage des forces et une autonomie, on doit s’obliger à contredire des dogmes et à déplaire à des représentations. C’est le récit de l’être ordinaire et de bonne conscience dont la volonté ne passe pas l’infirmité très humaine de la permanence, de ce confort des lamentations ou des immuables, qui s’obstine à s’engluer, à s’enferrer dans des souvenirs améliorés, hagiographiques, divinisés comme ici de la morte, que caractérise ce qu’on pourrait nommer l’inertie béatement indécise. Viane en est aliéné de sa vitalité, comme minéralisé par le fil des choses passées dont les effets se prolongent en humeurs et en adéquations, homme plutôt fou lié que fou à lier, en particulier à cause de Bruges qui le rend captif de sa propre douleur qu’elle évoque d’abord puis qu’elle lui symbolise.

C’est cela qui est réussi dans Bruges-la-Morte, cette tentative originale qui, tenue durant tout le récit – et même, comme je l’ai signalé, trop artificiellement après le dénouement –, lui valut son succès : une curiosité digne d’intérêt et que Rodenbach parvint à souligner d’un style sans appesantissements descriptifs tels qu’on eût pu s’y attendre, sans d’ostensibles arrêts de la narration qui auraient rendu l’exercice forcé et académique, avec une science sensible du dosage et de la poésie. C’est une œuvre où les respirations d’hommes rejoignent le fantasme du souffle ancien des rues et des eaux dans la vibration du retentissement infini des cloches médiévales. L’idée est fixée, la place magistralement prise : écrivains confrères, il est trop tard ! tout effort d’incarner une ville en ses torpeurs et en ses brumes vous associera catégoriquement à ce récit et ne présentera certainement plus à son lecteur que l’intérêt atténué d’un pastiche ; la référence est faite, bien établie, vous passeriez toujours après. D’aucuns croient que les idées préexistent en l’air et appartiennent au premier qui les attrape : vision antique ou romantique, pas sérieuse, présentant l’avantage facile d’épargner les peines de la recherche ; pourtant, il me paraît que certaines trouvailles même assez générales ferment définitivement l’accès aux autres auteurs dans l’éventualité où ils aspireraient à se réclamer du génie, c’est-à-dire s’ils nourrissaient l’espoir d’être non seulement exemplaires – ce qui reste possible – mais surtout originaux : or, sentir que c’est dorénavant et définitivement manqué !
Lien : http://henrywar.canalblog.com
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Le carillonneur

Bruges est à l'image des deux filles de l'antiquaire Van Hulle, la sanguine Barbe, héritière de sang espagnol et la spirituelle Godelieve aux cheveux de miel.



Le carillonneur Joris Borluut succombera aux deux soeurs mais, investi dans la rénovation authentique de sa ville, il combattra les promoteurs de travaux gigantesques destinés à en refaire un port de mer.



L'écriture est très belle mais reste accessible.

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Bruges-la-morte

En visite à Bruges la semaine dernière, j’ai acheté un petit guide touristique. Deux pages sont consacrées à l’histoire de la ville des origines à nos jours. Cela m’a donné envie d’en apprendre davantage et de relire ‘L’enfant de Bruges’ de Gilbert Sinoué.



Le roman de Georges Rodenbach (1892) y est évoqué. Grâce à lui, la richesse patrimoniale de Bruges a été redécouverte après 4 siècles de déclin qui a commencé avec la mort de Marie de Bourgogne en 1482.







Une belle découverte, j’ai aimé reconnaître les endroits évoqués. L’histoire n’est pas très joyeuse mais j’ai pris plaisir à la lire.









Challenge XIXe siècle 2022
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Bruges-la-morte

Les histoires belges ne sont pas toujours drôles.

Lors d’un récent séjour en Belgique pour un rappel BCG (Bières – Chocolats – Gaufres), j’ai voulu trouver un mobile à ma gourmandise en m’attaquant à ce classique symboliste, très « fin de siècle », de Rodenbach, publié en 1892.

Le titre est un bon indicateur de l’atmosphère macabre qui règne dans ce récit. Rangez les sourires et les rayons de soleil. Ce n’est pas la folle ambiance d’une soirée mousse au Musée de la frite.

J’ai lu que Rodenbach est mort en 1898, la même année que le Maître du symbolisme : Mallarmé. Rodenbach, lui, tire un peu à blanc. Oui, c'est lourd, mais cela me fait marrer.

Hugues Viane, est un veuf inconsolable qui s’est installé à Bruges, ville aussi morte que sa défunte épouse et si triste pour lui que ses canaux sont des joues sur lesquelles les eaux pleurent. Désolé, la poésie morbide est contagieuse.

Plus soucieux d’entretenir son chagrin que de le fuir, l’enjoué Viane vit reclus et s’accorde quelques rares promenades dans les rues mornes de la ville qu’il suit comme les allées d’un cimetière. C’est au cours de l’un de ses marches somnambules qu’il croise Jane, qui ressemble trait pour trait à sa défunte. Il va la suivre, la fantasmer, lui tenir compagnie et l’entretenir, redécouvrant les mondanités etle théâtre. Il va faire porter à cette jeune danseuse les robes de la morte, sombrant peu à peu dans un fétichisme qui flirte aussi avec le masochisme.

La petite danseuse n’étant pas un modèle de vertu, l’affaire va mal tourner. Une dramaturgie digne d’un opéra aux décors gothiques et aux passions surjouées. Rangez les coupettes en crystal.

Cette œuvre fit polémique en son temps car l’auteur avait tenu à intégrer des illustrations de la ville (pas très belles – genre cartes postales envoyées à son patron) au fil du récit. Il matérialisa ainsi le cahier des charges du symbolisme qui entendait associer une image concrète à une abstraction, en l’occurrence, son texte, qui délaisse le réel et les descriptions de la vieille cité flamande que je refuse d’appeler la petite Venise du Nord, surnom touristique ridicule. Je déteste cette manie de qualifier la moindre ville traverser par un canal ou une rigole d'eaux usées, de petite Venise du Nord, du Sud ou du bout de ma rue. On en compte près d’une dizaine en France. Qualifier Sète de Venise languedocienne ou Salies-de-bearn de Venise béarnaise relève de la contrefaçon. Ils ont dû acheter le label à Vintimille. Autant mettre un vaporetto dans sa baignoire et se gondoler dans une flaque d’eau. Je m’emballe.

Tous les joyeux drilles de ce courant de comiques (Huysmans, Verlaine…), qui rejetaient le romanesque et le naturalisme, adoraient le flou, la mort, les cauchemars et la neurasthénie. Les paysages n’étaient là que pour refléter le spleen des âmes. Ils ont adoré Bruges-la-Morte. Jules Renard un peu moins, qui avait qualifié ce roman de « littérature de cave humide ». Je ne saurai mieux dire, ni médire à vrai dire.

A titre personnel, j’ai trouvé Bruges magnifique et les idées noires de Rodenbach, parues d’abord sous forme de feuilleton dans Le Figaro ne m’ont pas gâché la visite.

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Bruges-la-morte

Les phrases sont bien construites en soit, mais leur longueur m'a souvent agacée, soit parce que j'en perdais le fil, soit parce que l'auteur se perdait dans des métaphores que je ne comprenais pas.

Je ne m'attache pas du tout au personnage principal. Si ce pauvre Hugues me faisait de la peine au début, ça n'a plus été le cas du tout à partir du moment où il a rencontré "l'apparition".

Ce qui m'a fortement déplu, c'est sa façon de transformer la femme en objet, en une chose qu'il cherche à posséder jalousement. Il lui impose certaines conditions, comme si elle n'était pas bien capable de faire ses propres choix, comme si la vie de cette femme lui appartenait par sa simple ressemblance (que dis-je! à sa ressemblance au cil près!!) avec sa défunte épouse. Je ne comprends pas vraiment pourquoi elle s'est laissée faire en premier lieu et a accepté de telles conditions, de ce fait elle est un peu étrange elle aussi... Bref, je n'ai pas aimé, mais libre à vous de vous faire votre propre opinion.
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Le carillonneur

On retrouve dans "Le Carillonneur", comme dans "Bruges-la-Morte", à l'avant-plan plutôt qu'en toile de fond, la ville de Bruges. le caractère dominant de la ville dans le récit est d'ailleurs bien reflété dans l'édition illustrée par Louis Titz (disponible sur Gallica), pour ainsi dire dénuée de représentations humaines. L'histoire débute par un concours organisé pour élire la personne qui succédera au défunt carillonneur de la ville. C'est l'architecte Borluut qui, inopinément, remporte le titre grâce à une prestation propre à faire revivre l'esprit flamand. Car Borluut fait partie des nostalgiques des temps alors révolus d'une Flandre puissante se distinguant par la richesse d'une culture qui lui est propre. C'est principalement la sauvegarde de la Beauté de l'art flamand, a fortiori architectural, que défend Borluut, plus modéré que ses amis rêvant d'une Flandre autonome. Tous se réunissent hebdomadairement chez l'antiquaire van Hulle où Barbe et Godelieve, ses filles, sont les fidèles spectatrices des entretiens enflammés du groupe. Ces présences récurrentes font tour à tour naître chez Borluut le désir et les sentiments amoureux, partagé entre l'attraction de la sensualité et la tendresse de la pureté. C'est dans la perte que le véritable amour de Borluut se révèle en fin de récit, que le lecteur connait l'identité de celle qui lui est indispensable.



Personnellement sensible à la plume de Rodenbach qui, souvent, donne envie de s'arrêter sur une phrase, de la consigner avec d'autres pour y revenir encore et encore, et appréciant le déroulement de l'histoire, j'ai pourtant ressenti le besoin d'entrecouper ma lecture d'une pause. Est-ce le fait de la pesanteur de l'ambiance d'une vie remplie de regrets, de la montée en tension des oppositions entre partisans du patrimoine flamand et défenseurs de la modernisation, d'un style malgré tout un peu chargé ? Quoiqu'il en soit, "Le Carillonneur" est pour moi un livre qui, bien que court, gagne à être lu par parties.

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Bruges-la-morte

Hugues Viane, après le décès de sa femme avec laquelle il a vécu pendant dix ans, décide de se retirer à Bruges, «la plus grande des Villes Grises», et d’y vivre jusqu’à la fin de sa vie. Voilà déjà cinq ans qu’il y réside lorsque le récit commence, quand un soir lors de l’une de ses promenades crépusculaire quotidienne, Hugues rencontre le sosie de sa défunte femme, Jane Scott.Le thème du double est bien évidemment présent mais ce qui est évoqué est surtout le « sens de la ressemblance », où le héros élabore des arguments à ce sujet.Est-ce parce que Hugues pense qu’il ne peut pas sortir de son veuvage et retrouvé les joies de la vie ou alors est-ce une vengeance de la ville et de sa femme ? Le livre ne nous donne pas de réponse.
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Bruges-la-morte

Bruges est la Venise du Nord, et si Georges Rodenbach a choisi cette ville pour son roman : c'est pour son romantisme légendaire et sa beauté, mais aussi parce qu'il voulait valoriser cette cité ou, d'ailleurs il n'a jamais vécu !

Rodenbach est un écrivain, un poète qui avec Mallarmé sont des représentants du symbolisme au XIX ième siècle, c'est pour cette raison que son roman ressemble beaucoup à un tableau en évoquant en toile de fond les canaux, les églises, les clochers, le béguinage de Bruges avec des" fondus" de gris, de tons sombres et diffus.

Hugues Viane son anti-héros est veuf, inconsolable, ténébreux et a décidé de s'installer dans cette ville car elle convient à son deuil ! Il erre le long des quais, sans but et, Rodenbach qui inaugure le récit-photo, interpose tout au long du roman des " clichés " de la ville .

Quand il aperçoit une silhouette qui ressemble à celle de sa bien aimée : illusion ou réalité ? il la suit, la rencontre, la fréquente et, ne voit en elle avec ses cheveux longs blonds que la réincarnation de son amour. Jane est une danseuse qui va profiter de cette ressemblance et de cette transposition d'amour pour le faire accéder à tous ses caprices. Il ira même, contre la volonté de Barbe la pieuse servante jusqu'à la laisser pénétrer dans le" mausolée" ou se trouvent les objets intimes de la défunte et, en particulier sa tresse ! Hugues, face à cette réalité et à la confrontation avec l'illusion qu'il a bercé, la tue !

Bruges la grise, Bruges la fervente, Bruges la morte vient de vivre un drame de l'amour !

L.C thématique d'août 2021 : un nom de ville dans le titre.
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Bruges-la-morte

Ce roman est le sommet de l'oeuvre de Georges Rodenbach. Un livre marquant parce qu'il sinscrit dans la veine symboliste si chère à l'écrivain mais parce qu'il parle d'amour d'une façon sublime et inattendue. la question est ; l'amour peut-il être éternel, au-delà de la mort ? La préciosité du style et de l'écriture 'empêche jamais d'entrer dans ce récit cruel. Un veuf croit retrouver la défunte en une danseuse un chouia catin. malheureusement, il déchante fort vite face à la vénalité de cette femme. Il y a aussi la présence oppressante de la ville de Bruges et le sentiment de progression inéluctable vers le drame final. Le thème de la solitude est merveilleusement traité aussi !
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Bruges-la-morte

Ce roman est une petite merveille de la fin du XIXe siècle !



Bruges dont la mer s'est retirée et qui est laissée pour morte, Bruges dont le béguinage est lui-même une ville de silence dans la ville morte ("si vide, si muette, d'un silence si contagieux qu'on y marche doucement qu'on y parle bas comme dans un domaine où il y a un malade"), Bruges ne pouvait être que la seule ville où Hugues, après avoir perdu sa jeune épouse, a pu venir réfugier son prégnant veuvage. Il erre le long des canaux et la mélancolie du lieu l’imprègne si profondément que la ville devient comme un personnage plein de compassion pour celui qui, inconsolable, a perdu son âme sœur.



Soudain, est-ce un rêve, une hallucination ? Une femme, ressemblant à s'y méprendre à la disparue, croise Hugues sur le chemin d’une de ses tristes promenades nocturnes. Vous lirez la suite...



Le charme de ce texte réside dans la capacité experte de son auteur à rendre l'atmosphère de la ville ; si vous vous y êtes trouvé un soir d'hiver après que la circulation automobile a cessé et que le bruit dominant soit le silence transpercé par les notes des carillons, si vous avez vu les perspectives ouatées des venelles et canaux dans la brume formant "un amalgame de somnolence plutôt grise", vous referez au long de ces pages une promenade pleine de réminiscences.



Dans son avertissement, Georges Rodenbach (ami de Villiers de l'Isle-Adam, des Goncourt et Daudet), précise que "cette Bruges qu'il nous a plu d'élire, apparaît presque humaine... Un ascendant s'établit d'elle sur ceux qui y séjournent". De même, par l'alchimie de l'écriture, ce très court roman exerce par contagion sur son lecteur un effet agréable et durable malgré la dominante sombre du décor et du récit.
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Bruges-la-morte

C'est un livre qui, pour l'époque, était représentatif du symbolisme. J'ai apprécié sa lenteur et la beauté de l'écriture. Il y a aussi ce thème de l'obsession pour l'être aimé et disparu et le besoin de la retrouver dans une autre femme, qui lui ressemble mais dont le caractère diverge complètement. Naturellement, on ne revit jamais deux fois pareille passion et cela ne peut s'achever que dans le drame.
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Bruges-la-morte

Ce roman est presque un poème.

Il y a pas mal à dire sur la figure du double, sur la passion et la culpabilité, mais l'essentiel est plutôt dans la Ville, comme personnage à part entière.

Il y a de très belles descriptions des atmosphères, du béguinage, des églises, de la procession du Saint-Sang. Bruges est présentée avant tout comme "morte" (la mer s'en est retirée), habitée seulement de vieilles bigotes. La religion y est omniprésente, les rumeurs et le qu"en-dira-t-on" aussi. Finalement, l'image de la ville est essentiellement triste et mélancolique. Elle agit sur les personnages: Viane était venu s'y réfugier parce qu'elle lui ressemblait (elle est morte, il est en deuil), et elle a fini par le récupérer: l'amour et la vie n'y ont pas de place, seule la mort et la piété y sont permis.

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Bruges-la-morte

Je me souvenais vaguement des poésies de George Rodenbach lue à l'école mais je n'avais aucune idée de ce que pouvaient être ses romans . Quelle découverte ! Un véritable travail d'orfèvre qui fait de récit une histoire intemporelle . L'amour tour à tour perdu puis déçu peut être notre lot à tous . Et puis derrière Hugues Viane et ses amours il y a la merveilleuse description de Bruges , joyau flamand encore aujourd'hui .

On est littéralement dans les pas de Hugues et comme lui on ressent la ville vivre , ses clochers tinter et le suit dans ses ruelles emplies de brume. On sent la ville vivre au fil de ses mots . Classique de la littérature mais surtout chef d'oeuvre complet et indémodable .
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Bruges-la-morte

J’ai du lire ce livre quand j’étais en secondaire, je ne l’avais pas apprécié.

Étant aux études supérieures, il m’est de nouveau demandé de le lire dans le cadre de mon cours sur la littérature belge. Et cette fois-ci j’en suis conquise. Je comprends enfin ce roman avec le recul et la maturité nécessaire.

Hugues Viane est ténébreux, en deuil. Nous percevons son mal-être. La personnification de la ville est vraiment intéressante.

Je ne regrette pas d’avoir redécouvert ce roman
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