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Critiques de Gérard Delteil (71)
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Les années rouge et noir

Blog polar du Monde - http://polar.blog.lemonde.fr/2014/02/24/les-fichiers-secrets-des-annees-rouge-et-noir/



Les fichiers secrets des années rouge et noir



Gérard Delteil est un forçat de l’écriture. Une sorte d’Alexandre Dumas des temps modernes, qui, en trente ans, a publié plus d’une soixantaine de livres, relevant tout aussi bien du roman policier pur, de la science-fiction, de l’enquête journalistique, du pastiche, du conte pour enfants… « Speculator » (2010), son précédent roman, se voulait d’ailleurs un hommage à l’auteur des « Trois mousquetaires », sorte de téléportation dans le monde actuel de la finance de d’Artagnan, Aramis, Athos et Porthos. Il publie aujourd’hui, « Les années rouge et noir », un thriller historique qui, en près de cinq cents pages, balaie les « Trente glorieuses », ces années entre 1944 et 1974, où la France vécut un boom économique sans précédent, ainsi que profondes mutations politiques…

Gérard Delteil a toujours eu l’art de brouiller réalité et fiction, mais là, il réussit une gageure, en nous entraînant, à travers l’histoire croisée de plusieurs personnages, dans une reconstitution époustouflante de précision d’une époque à la fois si proche et si lointaine.

Que peuvent avoir en commun Anne Laborde, une résistante gaulliste devenue haut fonctionnaire à la Libération, Alain Véron, un ouvrier de Renault, dont le frère militant communiste a été mystérieusement assassiné en août 1944, Aimé Bachelli, un collabo qui s’est mué en conseiller de l’ombre de Georges Pompidou ? A priori, rien. Dans les années 1950-1960, une grande bourgeoise mariée à un avocat célèbre a peu de chance de croiser un mécanicien homosexuel autodidacte qui ne connaît, lui-même, que de très loin les grandes figures de l’extrême droite… Grâce à Gérard Delteil, ils vont pourtant mener un bout de chemin ensemble à la faveur de circonstances historiques, comme l’Occupation, la Libération, l’arrivée au pouvoir du Général de Gaulle, la Guerre d’Algérie, les événements de mai 68, l’élection de George Pompidou à la présidence de la République. Cela pourrait être artificiel et sombrer dans le procédé. Pas du tout. En s’appuyant sur une solide reconstitution historique, où la précision des détails côtoie une connaissance encyclopédique des arcanes de la vie politique de la IV° et V° République, Delteil a construit une intrigue prenante où les affres quotidiennes des uns (l’amour, l’argent, le boulot) se superposent aux apparitions des autres (Aragon, Sartre, Krasucki, Frachon –Benoît, un leader de la CGT et du PC, pas Alain du Monde-, Malraux…). La petite histoire y télescope la grande…

Chaque personnage renvoie ainsi à quelque chose de précis. Aimé Bachelli, qui, dans le roman, est décrit comme un homme de l’ombre, créateur de réseaux d’influence et grand manipulateur au service d’une idéologie extrémiste, possède ainsi bien des points communs avec un certain Georges Albertini (1911-1983). Ce sympathique garçon démarra sa carrière dans les années 1930 du côté de la social-démocratie, avant de suivre Marcel Déat, dont il fut le bras droit, dans sa tentative de créer un véritable parti national-socialiste français. Collabo patenté, il fut, à la Libération, arrêté, jugé et condamné à plusieurs années de prison. Gracié par son ancien ami socialiste, Vincent Auriol, devenu Président de la République, il créé alors, avec l’appui de la Banque Worms et de l’UIMM (Union des Industries et Métiers de la Métallurgie), plusieurs officines (Institut d’Histoire sociale, Institut Supérieur du travail…) ainsi que des revues (« Est-Ouest », « Histoire et liberté »…) destinées à relayer la lutte anti-communiste. Il y accueille une bonne part des soldats perdus de l’extrême droite, aide à la création de syndicats « indépendants » comme Force Ouvrière, participe à la fondation du SAC ( ce service d’ordre « musclé », qui, pendant la guerre d’Algérie, chercha à s’opposer aux exactions de l’OAS, avant de muer en une sorte de milice). Surtout, grâce à ses anciens réseaux, cet homme d’influence devient, une fois les gaullistes historiques écartés, un des conseillers de Georges Pompidou et surtout un des proches de Marie-France Garaud et Pierre Juillet, qui furent ensuite les mentors de Jacques Chirac… Albertini fut surtout un de ceux qui eurent l’habileté de sortir l’extrême droite de ses démons collaborationnistes pour la remettre dans le jeu politique républicain en lui redonnant une dimension intellectuelle et un visage acceptable, loin des dérives fascisantes des années « noires ».

Quant au frère d’Anne Laborde, Jean-Pierre, qui, dans le roman, est un ancien de la division SS Charlemagne, tête brûlé de l’OAS, fondateur d’Occident, créateur d’un syndicat patronal chez Simca, il ressemble furieusement à François Duprat (1940-1978), ne serait-ce que les circonstances identiques de leur mort, dans l’explosion de leur voiture. Duprat, numéro 2 du Front National, était un des principaux théoriciens du renouveau nationaliste…

Avec un art consommé de l’intrigue et un sens aigu du suspens, Delteil se sert du roman « noir » pour démonter les mécanismes qui ont permis à une bonne partie de l’extrême droite de sortir du ghetto et de se construire une respectabilité loin des dérives fascistes des années 1940.

L’écrivain décortique également avec subtilité les tiraillements au sein de la gauche et des syndicats, notamment lors des grandes grèves à Renault Billancourt, en 1947, menées par des militants trotskystes de la future Lutte Ouvrière et échappant aux permanents staliniens. L’impact de l’insurrection à Budapest contre l’URSS, ainsi que celui du soutien au FLN lors de la guerre d’Algérie, sur les militants communistes français, sont également traités avec une jolie maîtrise du sujet. À chaque fois, ces profonds débats qui ont traversé l’ensemble de la société française, sont abordés par le prisme de la vie au jour le jour d’individus qui pourraient être tout le monde. Un point commun les lie pourtant : ils refusent d’être de simple spectateur des événements et veulent en être des acteurs…

Gérard Delteil a écrit là un livre tout aussi ambitieux que bluffant, qui se lit d’une traite. C’est sans doute son meilleur. En tout cas, une belle preuve que le roman noir est au sommet de sa forme lorsqu’il nous raconte le monde dans lequel nous vivons.

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Yann Plougastel



Gérard Delteil, « Les années rouge et noir », Le Seuil, 464 p., 22 euros.
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Colonia tranquilidad

Dès le premier chapitre nous savons que cela va se terminer par un carnage et cependant cette intrigue bâtie sur une histoire de secte est si bien menée qu'il est diffficile de la quitter, le suspense étant habilement maintenu jusqu'au bout.

Dommage que le texte soit parsemé de fautes d'orthographe ou d'impression qui ne sont pas du meilleur effet... un mauvais point pour l'éditeur...!
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Noir de taule

J'ai trouvé ces nouvelles globalement bien écrites, et très prenantes.

Certaines histoires carrément de science-fiction, d'anticipation ou de dystopies m'ont plus intéressé que les fictions, mais cela montre surtout que je me retranche et me cache pour être moins touchée, et finalement me soustraire un peu de la question dérangeante des prisons dans le monde.
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La femme du ministre

Gérard Delteil signe là encore un très bon polar, qui nous entraîne dans les coulisses du pouvoir, et ce n'est pas bien reluisant. Les conseillers en communication, l'entourage des ministres, les barbouzes de la République, exécuteurs des basses œuvres : derrière la façade démocratique et policée, l'hypocrisie règne en maître, et ça tourne au vinaigre dans les hautes sphères du pouvoir d'État !
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Piège sur Internet

tout y est : un voyage scolaire époustouflant, les gratte-ciels, New York donc, internet, et une traque...

un vrai suspens, un vrai premier polar pour ado.
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Fenêtre sur route

Ce roman noir est une "étude" sociale sur nos contemporains quand ceux-ci se trouvent dans les embouteillages d'un 31 juillet. Le microcosme que devient l'autoroute des vacances avec ses 8 millions de personnes "enferaillees" est le trame de cette histoire...

On se double, on se fait doubler, on revoit X fois les mêmes visages dans les mêmes bagnoles, on se dispute, on s'observe, on se lie d'amitié...voir plus...et l'ennui débride l'imagination... De la à s'imaginer que son voisin automobiliste a pu commettre un crime...
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Coup De Coeur

De même que les écrivains dont le style, ou l'écriture, sont décrits comme "fluide", ceux qui provoquent avec une incroyable facilité, des "coups de coeur" me donnent envie de vomir tout mon quatre-heures (composé généralement d'un sandwich rillettes-reblochon arrosé de bouillon de poule) instantanément.

Le coup de coeur fait partie du vocabulaire des agents immobiliers qui tentent de vous faire croire qu'un minuscule 2-pièces au quatrième sans ascenseur avec vue sur la déchetterie est une affaire exceptionnelle, "à visiter absolument", "beaucoup de cachet, très lumineux, proche commodités, beaux volumes, ....un vrai coup de coeur!"

Le visiteur risque plutôt un arrêt du coeur en montant les 4 étages et en découvrant un affreux galetas "à rafraichir"..

Ô lecteur, méfie-toi des jaquettes et des critiques fleuries qui en veulent à ton palpitant et à ton portefeuille, essayant de te fourguer de la prose industrielle à coup de promos et de baratin de salon. Méfie-toi des plateaux de télé littéraires où l'invitée répond par un "c'était juste pas possible!" ( hier soir vers 21 heures) qui te fait regretter Les Dossiers de l'Ecran.

C'était notre rubrique : après ton coup de gueule, va boire un peu d'eau de Vichy, c'est bon pour le foie.
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Gombo

Rien que la couverture me plait : j'aime beaucoup cette simplicité, cette neutralité "chic" et cette jeune femme que je trouve vraiment très, très jolie ! Je ne pouvais pas ne pas en parler :)



Cela dit, l'histoire est très bien aussi ! J'aime beaucoup la façon dont Gérard Delteil nous plonge dans l'univers Camerounais avec ce vocabulaire, ces expressions qui nous sont inconnues en France et qui sont très jolie : j'aime notamment le faire d'utiliser le mot "pétiller" pour dire que l'on boit du champagne. Je trouve ça très mignon.







C'est un vrai voyage au Cameroun que l'on fait : on s'inquiète beaucoup, l'histoire est noire, on parle beaucoup de corruption, d'arnaque... Je n'ai aucune idée de la proportion de vérité présente dans cette histoire, mais je ne doute pas que ce soit le cas. En tout cas, c'est très réaliste et parfait pour un roman policier.



Les personnages sont attachants et l'on retrouve certain aspect de leur personnalité et de leur vision du monde que l'on retrouve dans les reportages TV : la quête du blanc, le racisme contre les européens, la contrefaçon... Je ne me suis pas sentie particulièrement proche d'eux : je ne vis pas en Afrique, ne pense pas comme eux, ,os objectifs dans la vie ne sont pas les mêmes et je dois dire que ça veut malheureusement dire beaucoup. Mais cela ne m'a pas empêcher de les apprécier ! Au contraire :)







J'ai très envie de me replonger dans le monde de Gérard Deteil : j'ai cru comprendre qu'il avait écrit une cinquantaine de livres, je devrais facilement pouvoir redécouvrir son univers !



Gombo est vraiment un policier à découvrir :)
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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L'inondation

Si ça continue comme ça, une nouvelle catégorie de livres verra bientôt le jour sur ce blog : celle des "livres-catastrophes naturelles"



Après "D'eau et de feu", dont je vous ai parlé en décembre, j'ai lu la semaine dernière "L'inondation" de Gérard Delteil.



Beaucoup moins catastrophiste que le roman anglais, j'ai bien aimé la précision des détails sur les modes de propagation de l'eau dans les immeubles modernes (sous-sols explosés, tuyauteries devenant geysers ... ) qui m'ont rappelé un docu fiction vu il y a quelques années à la télé.



Dans ce roman, quelques individus sont bien évidemment mis en exergue : le cadre supérieur, le directeur d'entreprise qui craque, les terroristes, les amoureux, et ceux qui ne le sont plus ...



On y retrouve aussi des petits malfrats qui veulent réaliser le casse du siècle, les hauts fonctionnaires qui se savent fusibles dès le début, les politiques qui ne sortent pas grandis, les trafiquants en tous genres, ...



En bref, des personnages bien campés, une histoire qui tient la route et un roman bien plaisant à lire ....



Enfin, pas en période de crue, si vous habitez en zone inondable ou pas loin d'une rivière ;)



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Bugs

Quelles que soient nos réserves sur cet outil, l'ordinateur est en passe de devenir un accessoire incontournable de notre quotidien. Démarches administratives diverses et (a)variées ; réservations de titres de transport, achats et ventes ; recherches d'informations, d'un emploi ou d'une âme sœur, c'est un fait de plus en plus de choses se font en ligne.



Gare à ceux qui seront pas en capacité de se mettre à la page car ils auront de moins en moins voix au chapitre et seront ipso facto exclus de pans entiers d'activités. La rapidité avec laquelle cette technologie évolue a d'ailleurs décidé le gouvernement à se doter d'un secrétariat d'Etat chargé de la Prospective et du Développement de l'économie numérique.



C'est dire si les enjeux sont d'importance !



Mais n'y-a-t-il pas un tant soit peu de fumée dans le plasma de nos écrans ?



Facebook est-il comme le soutient le romancier Jérôme Leroy la concrétisation du rêve d'Obrien, le tortionnaire du Ministère de l'amour dans 1984 puisque les citoyens-consommateurs viennent, de leur propre chef, donner en pâture le détail de leur vie qui n'a de privée que le nom ? En tout cas bon nombre de Directeurs de ressources humaines n'hésitent plus à s'en servir pour recruter ce qui donne un nouvel écho aux pratiques discriminatoires.



De même, la maîtrise de la toile donne-t-elle la tentation de falsifier l'histoire comme dans le roman de George Orwell ? Le Canard enchaîné du 12 août 2009 révélait comment "on" avait cherché - en vain - à caviarder un passage désagréable de la biographie d'Alain Marleix, secrétaire d'état au ministère de l'intérieur en charge du redécoupage de la carte électorale, d'abord depuis l'Élysée et ensuite depuis la place Beauvau.





A contrario, bon nombre de mouvements contestataires du monde entier ont su tirer profit de cette révolution numérique - même si elle manque de sueur selon No one is innocent - pour tisser leurs réseaux militants et donner un plus large écho à leur propagande à peu de frais.



En un clic, des informations que les autorités du monde entier de l'Iran aux Etats unis d'Amérique auraient préférées étouffer peuvent faire le tour du monde.



Aussi l'intérêt du recueil Bugs de Gérard Delteil est de nous permettre de porter un autre regard sur ce silex moderne aux arêtes plus ou moins tranchantes.



Publiées en 1999, ces nouvelles abordent en effet plusieurs thématiques en phase avec l'actualité : politiques commerciales agressives des firmes qui produisent les logiciels pour assoir leur monopole et faire cracher les utilisateurs au bassinet aussi souvent que possible par le biais des hotlines ; fiabilité toute relative de la numérisation des données ; traque des perversions sexuelles ; effets pernicieux des réseaux intranets au sein des entreprises ; enfermements pathologiques dans des univers virtuels ; politiques sécuritaires couplées aux intérêts de la société de consommation. Le tout avec mordant, morgue et un réel soucis de vulgarisation pour les non initiés aux terminologies abconses du cryptolangage des informaticiens.



Par ailleurs, au delà de ces sujets ô combien contemporains, l'ancien crayeur - dessinateur de trottoir - n'hésite pas dans deux nouvelles drôlatiques à imaginer la réorganisation du Purgatoire par Bill Gates et un Belzébuth voulant vivre avec son temps et cherchant comment mettre en place la numérisation de ses pactes diaboliques.



Trois autres nouvelles du recueil sont plus spécifiquement tournées vers l'anticipation. Dans Rude journée, Gérard Delteil se demande comment serait gérées les quelques tâches pénibles que l'automatisation ne serait pas encore parvenue à éviter à l'humanité ? A contrario dans Fiche N°18972394 le romancier dépeint une société où l'informatique est totalement proscrite suite à l'arrivée au pouvoir en 2014 du Parti révolutionnaire pour le retour aux libertés individuelles après des émeutes contre le fichage informatique. Cette nouvelle ne sera pas sans vous évoquer d'une part le Jihad Butlérien de la saga Dune de Franck Herbert et les pompiers dans Fahrenheit 451 de Ray Bradbury d'autre part. Rupture aborde un sujet plus délicat. Est-ce que l'informatique couplée à des combinaisons capables de simuler toutes les sensations pourraient soulager la détresse des personnes atteintes d'un handicap dans le cadre d'un programme d'assistance sentimentalo-sexuelle géré par la sécurité sociale ?



Pour finir, Il suffit de s'y mettre, la dernière nouvelle pour être la plus longue n'en est pas moins une des plus intéressantes car elle est le théâtre d'une vendetta contre un escroc via l'informatique qui vous permettra de mieux comprendre le principe d'un trojan, ces chevaux de Troie du 21ème siècle.
Lien : http://muet-comme-un-carpe-d..
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Gombo

Fruit d'un séjour au Cameroun, Gombo présente ce pays d'Afrique Centrale sous des aspects bien réel : corruption, cynisme des nations européennes mais aussi pose un regard sur la vie quotidienne. Rien n'échappe à l'œil de Gérard Delteil et on a l'impression de vivre à Douala pendant 200 pages...
Lien : http://opoto.org
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