Citations de Gérard Delteil (53)
- Tu écoutes Eddy Mitchell, maintenant?
Véronique faisait partie de ces femmes qui s'accordent un droit de regard sur la vie de l'homme qu'elles ont quitté.
La préparation me passionne : repérer une victime, établir son emploi du temps, choisir le bon moment, le lieu le plus favorable ; le tout sans se faire remarquer ; convenez qu'il y a de quoi exciter l'imagination.
Prenez la petite de la R.A.T.P. par exemple.
La proie idéale qui prend toujours la même route déserte, à la même heure, pour rentrer chez elle après la fermeture du métro : pas de problème.
Mais on ne rencontre pas tous les jours des victimes pareilles.
La première chose qu’il remarqua en approchant du rond-point, ce fut une affiche. Elle avait été réalisée à partir d’une capture d’écran de la vidéo diffusée par Yann Brégon. On y voyait la matraque du lieutenant Lapeyre s’abattant sur la nuque de Claire. La différence de gabarit entre le policier et sa victime faisait apparaître la jeune femme comme une petite chose fragile en proie à la violence d’une brute déchaînée. On distinguait d’ailleurs le profil du lieutenant et son expression haineuse. (...). Ceux qui avaient imprimé ce placard avaient sans doute estimé l’image assez forte pour se passer de slogan.
Gabriel avait encore sept heures devant lui pour réfléchir au problème. Il était tout à fait inutile de s'affoler à l'avance. Il se carra profondément dans son fauteuil et ferma les yeux. (p.75)
Tout ici, des tableaux de maître au piano à queue, respirait la vieille bourgeoisie, celle qui n’éprouve plus le besoin de changer son mobilier et sa voiture pour paraître. (p. 252).
À votre âge, on préfère charger sabre au clair avec la cavalerie, au grand soleil d’Austerlitz, que de se livrer à d’ingrats travaux de sape. Mais les charges de cavalerie se font parfois faucher très vite par les canons ennemis, vous en avez fait l’expérience.
Les deux tueurs rentrèrent tout simplement en métro, chacun de son côté.
- Je casse la tête au premier qui essaie d’entrer ! cria Tommy, d’une voie avinée.
- C’est nous ! Cesse de faire le con et ouvre ! commanda Delafère.
- Ces salauds de Croates menacent de me couper un doigt, dit-il. Ce sont des tricheurs !
- Tu peux le prouver ?
- Comment veux-tu avoir une preuve ? Tous les autres sont dans la combine, ils me prennent pour un pigeon.
- Tu es un pigeon. Il ne fallait pas jouer avec eux. Pourquoi n’as-tu pas arrêté quand tu as vu qu’ils trichaient ?
- J’espérais tricher mieux qu’eux, mais dans leur genre, ce sont des pros.
- Oui, et tu as sniffé, si je ne m’abuse ?
- Juste une ligne … (p. 82)
Au moment où a été découvert le corps du docteur Pellegrin, nous nous trouvions à Garges-lès-Gonesse, où un petit dealer s'était fait trancher la gorge : on l'avait trouvé baignant dans son sang, dans un escalier d'une HLM de La Muette. Les sixcollègues du commissariat local avaient toutes les peines du monde à écarter les curieux de toutes les couleurs qui se pressaient devant l'immeuble. Les mômes du quartier défilaient l'un derrière l'autre en racontant qu'ils habitaient le bâtiment, pour convaincre le gardien en uniforme placé devant la porte de les laisser monter. A mon arrivée, le gardien en question m'a donc pris moi aussi pour un touriste et a commencé par m'engueuler.
Pour utiliser une image symbolique, l’eau venait à la poitrine du Zouave du pont de l’Alma en 1910, aujourd’hui elle monte jusqu’à son menton
Il ne serait pas juste qu’on assiste à une sélection par l’argent des Français qui ont la possibilité de disposer des produits de première nécessité en période de catastrophe nationale…la solidarité nationale doit permettre à tous de faire face aux difficultés engendrées par cette crue dans les meilleures conditions
Sa silhouette me rappelait quelqu'un. Je ne parvins pas à me souvenir qui.
Depuis qu'on incarcère les préfets, les PDG, les députés et les ex-ministres... Au train où vont les choses, la Santé risque de devenir bientôt le dernier endroit dont on cause.
Ainsi, deux univers aussi différents n'étaient séparés que par quelques centaines de mètres. D'un côté, la souffrance, les privations, la torture et la mort, de l'autre la joie de vivre et l'abondance. (p. 65).
Personne ne demandait de comptes à personne. Chacun venait et restait le temps qu'il lui convenait sans que soit établi un roulement. Le départ du lieutenant ne fut pas davantage remarqué que son arrivée
Au moment de ranger ma voiture, je remarquai que mon emplacement réservé, à côté de la Mercedes de Vigier-Lelièvre, était occupé par la Renault 18 d’un malotru, et me promis de faire passer une note de service à ce sujet. J’en fis la réflexion au gardien, un militaire retraité qui traîne la patte.
— Ce n’est pas quelqu’un de l’usine, monsieur Durupt, m’expliqua-t-il, sur le ton de la confidence ; ce sont les polyvalents.
Allons bon ! Si les polyvalents viennent fouiner chez nous... On racontait que le patron y avait été un peu fort deux ans auparavant, et qu’il risquait un gros redressement, mais on raconte tellement de choses... Comme je vous l’ai dit, les finances, ce n’est pas ma partie.
En fait, trois balles de 11,43 l’avaient frappé en pleine poitrine. Ce qui lui laissait peu de chance de s’en sortir. Je ne sais pas s’il est mort sur le coup, mais quand je me suis penché sur lui, il avait bel et bien passé l’arme à gauche. Une vilaine flaque sombre s’élargissait sur le sol. Il était tombé à la renverse et son expression, les yeux grands ouverts, ne pouvait pas laisser le moindre doute.
A l’instant même où le type atteignait le trottoir de la brasserie, une voiture, une grosse Volvo ou quelque chose comme ça, lui a carrément foncé dessus. Ventron a fait un bond de côté pour l’éviter. Ce mouvement brusque l’a déséquilibré et il s’est étalé sur le bitume. Du moins c’est ce que j’ai cru sur le coup.
Les gens agissent avec un sans-gêne invraisemblable ! Mais je n’avais qu’à m’en prendre à moi : pourquoi ne pas l’avoir fait éconduire par le larbin ? Je me préparais quand même à raccrocher, sans grossièreté inutile, on ne sait jamais à qui on a affaire, quand le type insiste, avec une drôle de voix :
— Monsieur Durupt, je vous en prie, c’est très sérieux...
— Mais enfin, monsieur, qui êtes vous à la fin ?
— René Ventron, je suis journaliste indépendant...
La script a eu l’idée d’emprunter le chat du gardien de l’usine, un modeste gouttière moins photogénique mais plus vorace. Ici j’ai dû intervenir, car un de nos slogans dit que « Délices du Félin », c’est le mets du chat qui a de la classe ! » — le Fauchon du matou si vous préférez. Alors, non, ce monstre couvert de croûtes, à moitié borgne, ça n’allait pas du tout. Et le patron m’a approuvé.
Consternation.