Au travers de témoignages de membres de l'équipage du RMS Titanic ( du commandant Smith, de marins, de mécaniciens, de personnel hôtelier et d'opérateurs radio ) et de passagers (allant du président de la White Star Line à d'autres célèbres passagers de la première classe mais aussi à des voyageurs de deuxième classe et des immigrants de la troisième classe), le journaliste et écrivain Gérard Piouffre fait revivre l'unique traversée de ce paquebot que l'on disait insubmersible. Des premiers essais et de la montée à bord du commandant le 27 mars 1912 au naufrage dans la nuit du 14 au 15 avril 1912, le lecteur suit le déroulement des événements qui ont conduit à l'issue fatale.
Depuis mon enfance, j'ai toujours été fascinée par les grands bateaux de croisière, rêvant même de travailler à leur conception (oui oui, à leur conception et pas à leur bord ! ) C'est donc assez naturellement, pour une personne qui est aussi éblouie par le faste du début du XXème siècle, d'avoir toujours connu une sorte de passion pour le Titanic. Même si le film de James Cameron, bluette romantique, m'a laissée de marbre, j'ai en revanche toujours été intéressée par les documentaires et les expositions, notamment celles où il était possible de voir des objets qui avaient été repêchés de l'épave. Vous comprenez donc pourquoi j'ai choisi ce livre chez Babelio.
La forme choisie par Gérard Piouffre peut sembler intéressante au premier abord. Lire des témoignages de personnes qui ont vécu le naufrage du Titanic m'appairaissait captivant. J'ai commencé à tiquer lorsque j'ai mieux lu la quatrième de couverture et que j'ai vu que certains ne s'en étaient pas sortis. Oui, mais d'où viennent leurs témoignages alors ? Bon, je commence le livre, m'attendant à une explication. Que nenni et c'est de là que vient une de mes réserves à l'égard de ce livre qui se veut être un document. Aucun prologue de l'auteur ne vient expliquer sa démarche. Il délivre de manière brute une série de "témoignages", sans citer ses sources, si ce n'est une bibliographie en fin d'ouvrage et quelques remerciements au début. Un peu léger. Je m'interroge : comment peut-on recueillir le témoignage d'une personne décédée ? Par recoupement d'autres témoignages ? A partir de documents récupérés ? ... Je trouve que l'honnêteté de la démarche de Gérard Piouffre aurait été d'expliquer de quelle manière il a recréé ces narrations au lieu de laisser croire à de vrais témoignages qui peuvent influencer le plus crédule des lecteurs. Cela m'a beaucoup dérangé.
Deuxièmement, le fait que ces déclarations soient justement toutes écrites dans le même style renforcent ce sentiment d'imposture. Comment croire que le commandant et le président de la White Star Line parlent de la même façon qu'un soutier ou qu'un émigrant finlandais ?
Une fois ces défauts acceptés et les premières pages passées, qui traitent surtout des détails techniques des premiers jours de navigation avant que les premiers voyageurs embarquent, j'ai passé un bon moment de lecture, apprenant pas mal de choses édifiantes. Dès le départ, le Titanic a rencontré des déboires : un feu de soute, dû à une mauvaise qualité de charbon, qui n'a pu être éteint que peu après le départ en mer. Une grève des mineurs n'a pu approvisionner le bateau en charbon de qualité et un coup de grisou a été inévitable. Afin d'éviter un nouveau retardement dans le départ, le commandant a caché ce feu et ses possibles répercussions dont la déformation des tôles. Ce qui va bien sûr se produire. Avant de quitter l'Irlande, le Titanic va manquer d'entrer en collision avec un autre navire. En pleine mer, la TSF va tomber en panne. Le vol d'une paire de jumelles très puissantes a aussi pu avoir une incidence sur le travail des vigies qui devaient détecter les icebergs.
Bien sûr, on tremble d'indignation devant la décision des dirigeants qui, sûrs de la fiabilité de leur navire, refusent d'investir dans des canots de sauvetage en nombre suffisant. Une des raisons qu'ils avancent est que cela effraiera les passagers !!! Le commandant, dont la réputation était plus que parfaite, n'apparaît pas sous son meilleur jour. Il semble plus préoccupé par le paraître en compagnie des premières classes que par diriger son navire. Plusieurs bateaux signalent la présence de glaces sur son trajet et il n'a pas l'air de s'en tracasser, sauf au dernier moment quand il est trop tard. Son attitude devient alors irréprochable.
A travers la parole de certains passagers, l'auteur évoque également certaines rumeurs, comme la présence d'une momie à bord du bateau et qui aurait porté malheur au bateau. Ou encore le fait que le chat du Titanic se serait enfuit avant son départ. Mais il ne confirme, n'y n'infirme ces ragots qui appartiennent à la légende. Le lecteur ne sait même pas si ce sont des questions qui sont actuellement toujours sans réponse.
En conclusion, mon avis est en demi-teinte, surtout dû à une absence de démarche scientifique de la part de l'auteur. C'est dommage. Mais j'ai maintenant bien envie de sortir La nuit du Titanic de Walter Lord de ma PAL.
Je remercie Babelio et les éditions First pour ce partenariat.
A noter la très belle couverture dont la conception revient à Hokus Pokus Créations.
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