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Critiques de Gerd Brantenberg (40)
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Les Filles d'Égalie

Ce roman est un cocktail Molotov : il dénonce la société patriarcale et capitaliste dans laquelle nous vivons en imaginant un monde inversé.

Les femmes qui ont pris le pouvoir se conduisent aussi "mâle" que les hommes. Le héros, Pétronius Brame, subit ainsi les injonctions sociales : type de beauté (il faut être grassouillet et avoir un petit pénis), épilation, accessoires à la mode (ballerines à carreaux, "minaudières"), soutien-verge alias "soutiv". Pétronius se fait violer, frapper, se voit, tout comme son propre père autrefois, refuser l'accès au métier qu'il désire : homme marine-pêcheuse. La deuxième partie du roman relate les luttes des hommes contre l'oppression, la répression par les femmes au pouvoir, les querelles de chapelle entre les diverses tendances, le paternalisme puis l'opposition des "marxistes". Du coup le roman est un peu bancal, entre pamphlet, satire, parodie, dystopie. Il est agaçant par moments, trainaille un peu.

Un de ses aspects les plus intéressants est la dénonciation de la mainmise masculine sur le langage par une féminisation symétrique. Petit florilège : "elle y a", "Julienne Césarienne", "mademoiseau", "être fumain", "clitocrate", j'en ai rien à "cypriner". Là une petite recherche s'est imposée : la cyprine est la lubrification de la femme en cas d'excitation sexuelle, donc tous les variantes du mot dans le roman se réfèrent à "foutre, foutu", etc. (j'aurais préféré personnellement "j'en ai rien à mouiller", quitte à inventer un "mouillu" équivalant à "foutu"). On peut ne pas être d'accord avec certains présupposés ou sous-entendus, notamment sur l'homosexualité refoulée de la plupart des êtres fumains. Mais ça secoue. Quel réveille-conscience !
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Les Filles d'Égalie

Bonsoir,

J’ai lu grâce à l’ Agence La Bande et Zulma Éditions Les filles d’égalie de Gerd Brantenberg.

Un livre qui a été un best seller depuis des années dans plusieurs pays du monde et qui vient seulement d’être traduit en français. La genèse de ce livre date de 1962, où l’auteure commence à écrire ses premiers textes sur le féminisme et la place des femmes dans la société. Il n’est publié finalement qu’en 1977, mais reste assez actuel pour notre époque. L’auteure prend le partie de décrire une société matriarcale où les femmes ont les positions, places et attitudes des hommes. Elles ont les postes de direction, de réflexion, elles dirigent le pays, les grandes instances, les hommes en raison de leur force physique sont limités à des fonctions difficiles s’occuper des enfants, du foyer et pour d’autres nettoyer les sols. Nous sommes dans une société miroir de ce qui existe en réalité. Nous suivons l’évolution de Pétronius, un jeune homme qui va s’insurger contre le système et développer une cause masculiniste. Alors même si j’ai trouvé que c’était parfois long, j’ai beaucoup aimé ce parti pris d’histoire et d’écriture, car l’auteure est allée jusqu’au bout de son idée en féminisant le langage. Si le sujet vous intéresse vous pouvez compléter avec les épisodes disponibles sur Youtube de « Martin, sexe faible »une web série française réalisée par Juliette Tresanini et Paul Lapierre.

Quatrième de couv. Qu'elle fait bon vivre en Egalie ! La directrice Brame préside nuit et jour à la bonne marche de l'Etat, tandis que son époux Kristoffer veille avec amour sur leur foyer. Une effervescence toute particulière y règne : à quinze ans, leur fils Pétronius s'apprête à faire son entrée dans le monde. Car voici enfin venu le bal des débutants. Dans cette société matriarcale, l'adolescent, grand, maigre, qui déroge à tous les critères de beauté, rêve de s'émanciper et de devenir marine-pêcheuse. Mais comment s'insurger contre sa condition d'homme-objet ? La rencontre avec une femme hors du commun lui ouvrira la voie pour conquérir enfin son indépendance...
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Les Filles d'Égalie

Un roman savoureux et rabelaisien qui invente une société matriarcale où chaque détail de la vie sociale place les femmes au-dessus des hommes à l'instar de la société patriarcale qui impose une soumission aux femmes.

Gerd Brantenberg créé la nation d'Egalie, entièrement gouvernée et commandée par les femmes où les hommes sont au mieux des pères au foyer, au pire des bêtes de somme dans les mines, et ne bénéficient d'aucune possibilité d'ascension sociale. L'autrice imagine cette civilisation matriarcale dans les moindres détails, depuis les instruments de la vie quotidienne jusqu'à sa mythologie. Le scénario n'est pas le plus intéressant. Ce qui est très amusant c'est le parti-pris de trouver l'exact opposé de la société patriarcale. C'est assez grinçant et parfois scabreux , par exemple un jeune homme est violé par trois femmes dans une forêt sombre.
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Les Filles d'Égalie

Les filles d'Egalie est une satire de notre société. C'est une société imaginaire et inversée par rapport à la nôtre, un matriarcat où les femmes détiennent le pouvoir , oppriment les hommes qui sont le sexe vulnérable et les dominent jusque dans la langue. Elles utilisent des arguments biologiques pour assoir leur « maîtressise » sur les hommes. Etant donné qu' ils sont plus forts qu'elles, leur sont assignées les tâches les plus pénibles comme la garde des enfants et toutes les tâches ménagères. Les femmes sont ,quant à elles, mieux adaptées aux travaux non physiques comme gouverner le pays ou occuper des postes de décision.

Les hommes minaudent et se pomponnent afin d'obtenir des femmes un PPP ( Pacte de Protège Paternité) qui fait d'eux les esclaves de leur épouse mais leur assure une vie confortable à l'abri du besoin. Ils doivent pointer tous les mois au planning paternel et avaler leur pilule contraceptive sous la surveillance de deux femmes fonctionnaires.

Imaginer un monde où des jeunes hommes sont obligés de porter un soutiv (soutien verge) et d'attendre patiemment, au bal des débutants, qu'une jeune fille daigne les inviter à danser. Un monde où les garçons qui veulent devenir « marines pêcheuses » ont l'obligation de rester à la maison pour élever les enfants et répondre aux moindres désirs de leur femme quand elle rentre du travail.

C'est le cas de Pétronius, le fils de Ruth Brame, Directrice du « Directriçoire » de la société coopérative d'Etat et de Kristoffer, que nous allons suivre. Il a quinze ans au début du roman et s'apprête à faire son entrée dans le monde au bal des débutants et rêve de se libérer de sa condition « d'homme objet ». Il va mener un mouvement de révolte et de contestation contre cette société qui ne laisse aucune place à ses semblables.

« Les filles d'Egalie » est un roman un peu déstabilisant à lire au début mais , somme toute, agréable, malgré quelques longueurs en seconde partie. L'auteure est allée jusqu'à jouer sur la langue pour inverser tous les cas où le masculin l'emporte, tels : « Elle était une fois », « si elle vous plait » pour s'il vous plait, les « fumains » pour humains, le « reinaume » pour royaume, « Oh ma Déesse » pour « Oh mon Dieu », tous les métiers sont au féminin. L'ouvrage relève des défis considérables de traduction. Une fois les nouveaux codes acceptés, on comprend à quel point la langue est le reflet et le moteur de la pensée et quel est son impact sur la société.

Malgré sa première parution en 1977, ce livre n'a pas pris une ride et arrive à point nommé dans une société où les débats linguistiques et les revendications féministes sont légion .

Une belle découverte que ce roman culte Norvégien écrit 45 ans plutôt, traduit dans le monde entier et enfin arrivé chez nous en 2022.



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Les Filles d'Égalie

Véritable coup de coeur. Ce roman sorti pour la première fois en 1977 en Norvège est encore terriblement et tristement d'actualité. Il s'agit d'une satire sociale (un peu jubilatoire il faut l'admettre) où les rôles sont inversés : les hommes sont le reflet des femmes de notre société, des objets réduits à leur sexualité et à la paternité. On les pousse à avoir honte de leur corps, ils sont violés, moqués, interdits d'exercer certains métiers (ou du moins fortement dissuadés et humiliés lorsqu'ils essayent) absolument tout est le reflet de notre patriarcat. Et moi qui suit pourtant éveillée depuis plusieurs années sur les questions d'égalité homme/femme je me suis pris plusieurs uppercuts dans la figure face à la pertinence et l'intelligence de cette satire. Et notamment, à plusieurs reprises, je me suis sentie horrifiée à l'idée qu'on puisse infliger ça à des hommes et c'est là que prend sens tout le formatage que nous subissons, parce que les hommes nous le font effectivement subir, c'est notre réalité et ça ne semble pas les écœurer, eux, puisqu'ils sont sourds à nos revendications. (pour rappel, le roman date de 1977 !)

Je crois que j'ai enfin trouvé le livre qui permettrait à n'importe qui de se mettre à notre place, les hommes devraient le lire et les femmes aussi pour mieux réaliser les injustices. L'autrice a été jusqu'à retourner les discours naturaliste et avec une intelligence telle que le discours est aussi cohérent (et donc incroyablement injuste et stupide) que celui qu'on nous sert pour nous expliquer pourquoi nous sommes faîtes pour la maternité et rien d'autre. Dans ce roman c'est leur sexe qui est honteux, qui doit être caché, leurs poils qui sont écœurants, leurs corps qui doivent correspondre à des standards, c'est à eux qu'on coupe la parole, qu'on accorde ou non protection et richesse. Ce sont les hommes qui ont disparus des manuels d'histoire, qu'on ne prend pas en compte dans les sondages, les statistiques, à qui on ne donne pas la parole etc.

Dans ce livre, l'autrice réinvente entièrement la langue pour la féminiser par exemple on ne dit plus "il n'est pas vrai de dire" mais "ELLE n'est pas vraie de dire" et le féminin l'emporte évidemment toujours sur le masculin, c'est un peu perturbant les premières phrases puis ça devient jouissif, j'ai d'ailleurs décidé désormais de changer mon vocabulaire légèrement, c'est à dire par exemple de dire "nom de déesse !" plutôt que "nom de dieu" ou encore : je suis hyper emballée par l'expression "j'en ai rien à cypriner !" elle passe crème (sans mauvais jeu de mots ahah)

L'autrice inverse complètement les rapports sexuels et là aussi ça fait une petite déflagration dans le cerveau. Avec ses mots on se rend compte à quel point c'est évident, limpide : les hommes sont de mauvais baiseurs parce qu'ils ne pensent qu'à leur plaisir, on le sait aujourd'hui (du moins pour le peu qu'on s'y intéresse), on en parle de plus en plus mais là, quand elle décrit un rapport sexuel initié par une femme égoïste pour son unique plaisir, et que l'homme se retrouve à notre place pour sa première fois, excité mais frustré et déçu on se dit "mais putain mais c'est ça !" Je ne saurais même pas comment l'expliquer, il faut le lire pour comprendre.

Ce livre est édifiant à tout point de vue. C'est un must have pour la réflexion, un excellent point de départ pour n'importe qui voudrait ouvrir les yeux un temps soit peu. LISEZ-LE !
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Les Filles d'Égalie

🎭 Le féminin l'emporte.

Imaginez une société où le féminin l’emporte ? Gerd Brantenberg vous souhaite la bienvenue en Égalie ! Vous allez suivre le quotidien de Petronus qui rêve de s’émanciper de sa condition d’homme pour devenir marine-pêcheuse. Mais qui imagine un homme prendre la mer ? Quelle femme acceptera que son mari ne se consacre pas entièrement à élever ses enfants ? Et puis les combinaisons ne sont pas équipées de soutien verge, c’est impensable…



🎭 Une satire puissante.

Vous l’avez compris, dans ce roman le masculin et le féminin sont inversés.

Cette inversion des genres, de la langue, des clichés, de la morale, des injonctions montre combien le monde dans lequel nous vivons est oppressant pour les femmes et surtout combien il peut être absurde. Ces travers mis en lumière, personne ne peut rester indemne.

Au début de ma lecture, le comportement des femmes me choquait alors que je ne vis pas à mille lieux des enjeux et de la cause féministe, cela prouve la puissance du procédé satirique, les amateurs d'Orwel ou Swift ne diront pas le contraire. 😉



🎭 Un travail d'orfèvre sémiologique.

L’autre point fort de ce roman est le travail fait sur l’inversion totale du langage. Dans nos langues, le patriarcat est partout, le masculin l’emporte, mais pas seulement, il se trouve aussi dans nombre d’expressions que nous utilisons au quotidien. Mais aussi dans certaines que nous n’utilisons pas comme “garce” ou “damoiseau” car jugées péjoratives. C’est un travail remarquable auquel s’est livrée l’autrice dans sa langue natale et par Jean-Baptiste Coursaud pour nous l’offrir en français. Cela vient appuyer considérablement la force du récit.



🎭 Un roman toujours d'actualité.

Paru en 1977, ce classique de la littérature féministe nous parvient enfin. Nos sociétés ont considérablement évolué depuis les années 70, sur certains points le roman nous montre que nous avons eu des avancées et sur d’autres, il nous rappelle qu’il reste du travail à faire.



Je me suis vraiment régalée à découvrir ce roman, il est à mettre dans toutes les mains.
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Les Filles d'Égalie

En Egalie, les femmes détiennent le pouvoir et oppriment les hommes qui ne sont bons qu’à rester à la maison s’occuper des enfants. Elle en va ainsi. Les êtres fumains sont égaux mais surtout les femmes. Petronius, le fils de la toute puissante directrice Rut Brame veut devenir marine-pêcheuse mais sa mère ne veut rien entendre. Petronius va devoir procréer et donc paterner. Il ne pourra pas courir plusieurs hases à la fois. C’est irréaliste. Rut Brame voudrait bien lire son journal tranquillement, heureusement le potelé Kristofer son mari est aux petits soins pour elle. Mais, nom de Déesse, la révolte gronde chez certains hommes qui en ont marre d'être des citoyennes de seconde zone. Marre de porter des soutien-verge, de ne pas accéder aux métiers réservés aux femmes, d’être considérés comme des objets sexuels par celles-ci. Autour de mademoiseau Tapinois, le professeur martyrisé par ses élèves et de Petronius, une poignée d’activistes vont créer un cercle masculiniste pour tenter de faire valoir leurs droits au bonheur et à l’égalité sexuelle. Mais le chemin est long et semé d’embûches dans une société où le sexe fort fait la loi…

Sorti en Norvège dans les années 1970, Les Filles d’Egalie eut un grand retentissement mais il ne sera traduit en français qu’en 2022. Gerd Brantenberg renverse les valeurs dans cette société imaginaire dominée par le matriarcat jusque dans la langue utilisée, tout est écrit au féminin. C’est un miroir que nous tend l’autrice, regardez comment est le monde quand un sexe domine l’autre. Le procédé pourrait être casse-gueule mais fonctionne étonnamment bien car tout est justifié par des arguments biologiques et par le poids de l’Histoire (elle en a toujours été ainsi) et la lecture du roman s’avère aisée, agréable mais surtout grinçante et très drôle. Une pépite !
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Les Filles d'Égalie

Quelle lecture extra-ordinaire, au sens propre du terme !

Quoi de plus parlant pour mesurer l'absurdité d'une situation que de l'envisager à l'inverse totale ?



C'est ce que permet ce roman dystopique et satirique qui nous embarque dans une matrie où les êtres fumains vivent heureuses. Nous y suivons l'itinéraire de Petronius, la garson de la directrice Brame, qui depuis son bal des débutants et son premier soutien-verge, est amené à remettre en cause l'oppression matriarcale subie par les garsons et à participer à l'essor du ViVi, le virage viril.



L' autrice revisite les thèmes théoriques et pratiques où se structure ideologiquement et s'exprime concrètement l'oppression patriarcale (même si le roman date des années 70 le sujet n'a pas beaucoup évolué): injonctions esthétiques, sexualité, prise en charge du foyer, organisation du travail...



L'Egalie à été pensée comme une société égalitaire puisque les caractéristiques biologiques des hommes considérés comme plus forts physiquement que les femmes sont réduits dans une forme d'esclavage et ramenés à gérer le foyer et les enfants, tâche ô combien épuisante. L'oppression d'un genre sur l'autre a juste changé de camp.



Au delà c'est toute la langue dans laquelle le roman est écrit qui inverse la perspective puisque le féminin l'emporte sur tout et le traducteur a dû bien s'amuser à créer des néologismes pour transcrire le texte original norvégien dans cette édition française, tardive mais précieuse !



Au final cela donne une expérience de lecture vraiment très amusante et qui donne à penser pourvu qu'on aie quelques prises de conscience féministe et beaucoup de second degré.
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Les Filles d'Égalie

Avant tout, merci à Babelio et aux Editions Zulma pour ce bel envoi lors d'une opération Masse Critique. C'est mon premier Zulma, et certainement pas le dernier !

Cette histoire, écrite entre les années 60 et les années 70, se déroule en Egalie, dans une société matriarcale où les femmes dominent les hommes, qui sont de pauvres choses fragiles. Les femmes travaillent, les hommes s'occupent des enfants puisque c'est par eux que s'effectue l'acte de procréation.

Mais le mouvement masculiniste prend de l'ampleur, et de plus en plus d'hommes réalisent qu'ils sont exploités par les femmes.

Roman satirique, parodique, qui inverse tout : les rapports de force, le vocabulaire (on dit "elle était une fois"), les tournures de phrase, la façon de penser. Et c'est édifiant ! En effet, les hommes qui se font agresser, les hommes qui s'occupent des enfants, les femmes qui travaillent et sortent boire un coup le soir, le trait est exagéré mais pertinent, et permet une vraie prise de conscience par le lecteur (ou la lectrice).

Du point de vue de l'histoire, l'intrigue traine un peu en longueur, et j'avoue avoir été lassée par les discours un poil trop politiques dans la deuxième partie, mais l'effet voulu est là : ce roman permet une vraie prise de conscience, et est très novateur pour son époque d'écriture.
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Les Filles d'Égalie

Le pays d'Egalie est dirigé par une femme, la directrice Brame, tandis que son mari veille avec amour sur leur foyer et leur fils Pétronius. A 15 ans, celui-ci s'apprête à faire ses premiers pas dans le monde, le soir du bal des débutants. Mais le jeune homme, long et maigre, dont l'apparence est à l'opposé des canons esthétiques en vigueur, refuse de rester cantonné à sa condition d'homme-objet et rêve de devenir marine-pêcheuse. Mais comment pourra-t-il échapper aux conventions et aux règles draconiennes qui régissent cette société matriarcale ?



Bienvenue en Egalie ! Ou plutôt en Inégalie. En effet cette société prétendument égalitaire est tout le contraire : aux femmes le pouvoir, les postes-clés, les décisions, le droit de se promener torse nu, les bars réservés, l'amour à la hussarde, le choix d'opter pour un partenaire à qui elles proposeront un "pacte protège-paternité". Aux hommes l'idéal domestique, l'éducation des enfants et les activités frivoles, la mise en plis de la barbe, les rondeurs si délicieuses et l'obligation, à l'adolescence, de porter un soutien-verge que l'on va exhiber sous la robe chasuble. Renversement des rôles donc, qui n'est pas sans rappeler les années où, en France, une femme ne pouvait ni travailler ni ouvrir un compte en banque sans l'aval de son mari.



En Egalie, la domination féminine est si puissante que la langue elle-même s'est féminisée : "elles" l'emporte au pluriel pour désigner des femmes et des hommes, "elle" est évident que la fumanité doit sa survie à la femme car "ce sont les hommes qui procréent" – à eux d'ailleurs de prendre la pilule. J'ignore si le norvégien comporte de tels marques genrées que le français, mais la traduction est une réussite, qui montre parfaitement à quel point la domination d'un sexe dit "fort" sur l'autre appelé "faible" ou "beau" est devenue parfaitement acceptée et inconsciente. Au-delà de l'histoire de Pétronius et de ses copains, qui entament leur révolution masculiniste, ce récit, écrit en 1962, montre bien les préjugés à l'œuvre dans l'inconscient collectif et illustre, de façon parfois amusante, parfois grinçante, le long chemin que les femmes ont dû suivre pour faire craquer les coutures de leurs corsets – et qui n'est pas encore achevé.


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Les Filles d'Égalie

« Les filles d’Égalie » de Gerd Brantenberg est une dystopie, sortie en 1977 en norvégien et en 2021 en français.

L’Égalie est une société inversée (d’après nos standards) ; les femmes occupent les métiers de direction, ce sont elles qui procréent donc elles ont le pouvoir, et les hommes s’occupent des enfants et de la maison, les métiers les plus pénibles parce qu’ils ont la force.



Ce livre est très déstabilisant, perturbant, dans sa façon d’aborder les choses et son écriture ; tout est écrit au féminin : Qu’elle fait bon vivre en Égalie !



À mettre entre toutes les mains…

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Les Filles d'Égalie

Totalement jubilatoire !

Imaginez un monde où la moitié de l’humanité serait réduite au statut d’objet, dont la seule raison d’être serait la satisfaction de sa famille, dont la parole ne vaudrait pas plus que celle d’un enfant (et encore, un enfant à qui on ne prêterait pas grandes capacités de réflexion) et dont le quotidien serait rythmé par les tâches domestiques et l’obsession de l’apparence…

Ne vous y trompez pas : nous sommes en Egalie, pays du matriarcat triomphant, où les poitrines s’affichent fièrement en plein air, tandis que la gente masculine se voit contrainte de porter quotidiennement soutien-verge sous robe-chasuble et chevelure affriolante… Ici, ce sont les femmes qui font la loi, boivent du whisky en se racontant des blagues graveleuses et veillent à ce que leurs époux ne quittent pas le foyer, sous peine de se faire trousser dans un buisson.

Écrite à la fin des années 70, la farce de la Norvégienne Gerd Brantenberg n’a été publiée en France qu’en 2022… par les Editions Zulma, « déesse soit louée », comme on dirait en Egalie ! Car la domination féminine y règne… jusque dans la grammaire et l’orthographe : et c’est encore là qu’est le tour de force ! Quel travail remarquable du traducteur, Jean-Baptiste Coursaud, et du, de la ou des correctrices et correcteurs de ce roman !

Les Filles d’Egalie est férocement drôle, il interroge et, en renversant les perspectives, nous pousse dans nos retranchements. Malgré la langue « féminisée », la lecture est fluide, preuve que le français ne se dénature pas à épouser de nouveaux engagements… vaste débat !

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Les Filles d'Égalie

Dans cet excellent roman, l'auteure nous dresse le portrait d'une société matriarcale où les hommes sont enfermés dans des rôles prédéfinis et destinés à obéir aux femmes, à les servir. Caricature de la société patriarcale dans laquelle nous vivons, ce roman pousse la comparaison à son maximum, parfois même de manière exagérée mais n'en reste pas moins plein de vérités. Un livre à lire absolument!
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Les Filles d'Égalie

Cette dystopie se passe en Egalie, une société imaginaire où les femmes ont le pouvoir sur les hommes - genre faible et opprimé. Dans ce matriarcat, le protagoniste Petronius va tenter de s’insurger contre cette oppression.

Ce récit très illustratif dénonce par l’absurde le principe de société inégalitaire. L'autrice fait une critique de notre société par le biais d'une transposition extrême des rôles : jusqu'à féminiser l'ensemble du vocabulaire. Ici c'est le féminin qui l'emporte sur le masculin jusque dans la grammaire !



Une satire extrême, très (trop?) caricaturale avec une touche humoristique mais un récit qui manque d'action avec des personnages qui évoluent peu et des passages souvent répétitifs. Malgré tout, un livre qui aide à se rendre compte de la façon dont une société opère pour ôter toute la liberté d’un être, uniquement du fait de son genre.
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Les Filles d'Égalie

L’idée est fabuleuse : dénoncer le patriarcat en renversant les rôles, vraiment tous. Ainsi l’autrice a imaginé les hommes soumis à l’organisation matriarcale que ce soit en politique, dans le travail, dans la vie privée comme dans la vie de famille. Dans les violences et sexismes ordinaires comme dans les plus abjects. Dans cette dystopie, la critique vire en satire. C’est extrêmement bien pensé, illustré par de multiples exemples, terrifiants, absurdes et drôles. L'autrice féminise tous les mots, les objets (le soutien verge m'a bien fait rire).

Néanmoins, je n’ai pas apprécié ma lecture. Les personnages m’ont agacé car trop caricaturés, j’ai ressenti trop de répétitions dans les faits là où j’attendais plus d’actions et de développement des personnages. En cela la seconde partie était plus intéressante.



Alors oui, c’est un roman qui dénonce, nous montre les choses sous l’angle complètement opposé et fait réfléchir...j’en attendais peut-être trop.

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Les Filles d'Égalie

Avec Les Filles d'Egalie, roman de 1977 enfin traduit du norvégien, je complète ma collection de romans ayant pour thème une société à domination matriarcale. Ce roman se situe dans une société comme la nôtre, mais dans laquelle les femmes domineraient. Le ton est assez parodique, pour souligner l'absurdité de toutes les justifications appuyant la domination masculine dans notre société.
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Les Filles d'Égalie

Lecture stoppée au bout de 4 ou 5 chapitres, impossible pour moi de continuer. Je n'ai pas accroché au style d'écriture, je devais m'y reprendre à plusieurs fois pour comprendre une phrase. Et l'intrigue ne m'a pas plu du tout, je ne saurais même pas vous dire dans quels lieux se passait l'action …
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Les Filles d'Égalie

"Les filles d'Egalie est une satire. Dire quelque chose en disant totalement autre chose. Adresser une critique à une société par le biais de son reflet parodique.

L'Egalie est une société imaginaire où les femmes détiennent le pouvoir et oppriment les hommes."
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Les Filles d'Égalie

Il est difficile de croire que les lecteurs francophones soient passés à côté de cet exploit littéraire pendant 45 ans. D'autant que Les filles d'Égalie, de la Norvégienne Gerd Brantenberg, a été un succès international dans tous les pays où il a été traduit dans les années 1980.
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Les Filles d'Égalie

Ce roman présente un équilibre parfait entre militantisme et humour. La traduction est particulièrement réussie, la forme du texte participant complètement au message. Il est à mettre entre les mains d'un maximum d'hommes, qui réaliseront pas mal de chose sur leur condition.

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