Gianni Pirozzi -
Sara la Noire .
A l'occasion du Quai du Polar 2015,
Gianni Pirozzi vous présente son livre "
Sara la Noire" aux éditions Rivages. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/pirozzi-gianni-sara-noire-9782743628772.html Notes de Musique : © Mollat Découvrez notre site : http://www.mollat.com/ & suivez-nous sur les réseaux sociaux : https://www.facebook.com/Librairie.mo... https://twitter.com/LibrairieMollat http://www.dailymotion.com/user/Libra... https://vimeo.com/mollat https://instagram.com/librairie_mollat/ https://www.pinterest.com/librairiemo... http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ https://soundcloud.com/librairie-mollat http://blogs.mollat.com/
+ Lire la suite
En dernière de couv' je lisais :
"trois acteurs pour une sombre tragédie urbaine, une folle histoire d'amour et d'obsession"
*
**
*
Première pensée après cette nuit blanche de lecture… La pute droguée aime le flic Guillermo et réciproquement. Bon, pourquoi pas après tout c'est somme toute assez banal dans ce genre littéraire…. Non ce qui m'a été le plus insupportable dans ce bouquin … La description systématique des étreintes que subie Hafzia la pute à coup de rapports sado-maso aussi poussives les unes que les autres et le tout proposé au lecteur comme une suggestion insoupçonnable de l'amour entre un homme et une femme. Même avec beaucoup d'indulgence, d'imagination ou une lecture au second degré, désolé je n'y suis pas arrivé.
Bref y'a pas une once d'amour dans les personnages de Pirozzi, d'ailleurs à tout bien considéré encore moins dans son scénario.
*
**
*
Je jette ce livre en pensant à nouveau à sa dernière de couv' :
"un seul acteur pour une sombre tragédie littéraire, une histoire d'obsession"….
Autour de lui, un groupe de loyalistes cagoulés arrête ou non des véhicules. On fait sortir les passagers selon l’attitude qu’ils montrent. Des badauds sur les trottoirs contemplent la scène sans s’offusquer.
– Comment vous procédez ? demande Fraser à voix basse à Evans, incapable de distinguer un faciès de catholique de celui d’un protestant.
– Tu regardes leur domicile, ça dépend du quartier où ils habitent. Leurs papiers aussi. Si tu trouves des trucs écrits en gaélique, tu cognes, c’est des papistes !
Le grognement de sa voix s’étouffe dans la cagoule.
– Pareil si tu vois Falls Road, Ballymurphy ou Turflodge sur leur adresse.
Dans les faits, les frères d’armes de l’UVF ne s’embarrassent pas de subtilité : un accent roucoulant, un nom atypique ou une expression apeurée suffisent à déclencher le coup de crosse.
Evans hoche la tête vers un civil au visage décomposé que l’on fait sortir de sa voiture. D’un bras tremblant, il brandit des papiers.
– Ceux qui n’ont rien à se reprocher, y font pas une tête pareille !
En moins de six mois, il en ferait une fumeuse d'héroïne, une pute supplétive dans la troupe des femmes battues.
p83
Des bandes d’adolescents sont revenues des champs piétinés de Portadown. Dépités, furieux. La veille au soir, Fraser a discuté avec quelques-uns au Rex Bar. Dans le pub enfumé flottait un sentiment de débâcle. Des mômes rasés, en échec scolaire, piercings et maillot de foot, rendus agressifs par la bière et l’effet de meute. Sortir du quartier représentait pour eux un voyage à l’étranger, une épreuve initiatique : faire ses preuves à Dumcree. Leurs discours sont frustes, amers. Le sentiment d’avoir été floués par leur propre camp. Là-bas, la RUC et les paras de l’armée britannique ont ouvert le feu contre les manifestants orangistes, blessant certains à coups de balles plastique. Le vent de l’histoire qui souffle en sens contraire.
Un petit groupe de femmes roms vêtues de couleurs lumineuses les dépassèrent alors, chargées de Tupperware et de cabas en plastique. Silencieuses, le visage mat comme passé à la poudre de cuivre. Elles se dirigeaient avec leur marmaille vers la caravane de Kertesc. Depuis la mort du vieux, par solidarité, les voisines se relayaient auprès de sa veuve pour laver son linge, lui apporter de quoi manger. Poisson cracha par terre :
– Des vagabonds, ça ! Des moins que rien !
Poisson était un itinérant sans héritage tzigane. Il tenait des propos condescendants à l’égard des plus nomades d’entre eux. Pour lui, le mode de vie itinérant était récent. Il suffisait que le grand-père ait pris l’habitude après la guerre de se déplacer en caravane pour suivre des chantiers. Pour d’autres, c’étaient les démêlés avec les gendarmes, le besoin de se faire oublier. Depuis des années, Poisson tournait sur le grand Ouest sans l’avoir jamais vraiment quitté :
– Toute ma génération, elle est née dans le département. Comme qui dirait qu’on habite là… Alors on a nos habitudes ici, on ne va jamais plus loin.
Cousu au treillis, trois initiales brodées en dessous. Incrédule, Craven inspecte les autres corps :
-Celui-là aussi, il en porte un ! Et l'autre, là, pareil ! Des soldats de l'UCK.
-Oh merde ! Mais ... mais on vient d'ouvrir le feu sur les types qu'on est venus aider, hein ?
Répartie en neuf petits tas, une héroïne pure, coupée, recoupée, hachée menu par des cartes de crédit. On mélange le lactose, la caféine, le sucre, le paracétamol pilé. On raffine la poudre à plusieurs reprises dans des tamis chromés de plus en plus fins. Les gestes des femmes sont minutieux et efficaces.
Récupérée à la petite cuillère, la came est mise en dosette. On verse un gramme de poudre dans l’angle d’un sachet en plastique transparent. On vrille l’ouverture du sachet jusqu’à en faire une petite bonbonne – teets – que l’on scelle hermétiquement en brûlant l’extrémité avec un briquet.
Le Djib ment sur son âge, les mineurs ne sont pas acceptés. Il réserve une place pour la nuit. L’accueil est mixte, mais les hommes seuls sont majoritaires. Plus de quarante ans, marqués par la dope, l’alcoolisme, les troubles psychiatriques. Accès refusé aux individus violents ou avinés. Quelques-uns se présentent avec des chiens tenus en laisse, bergers allemands, malinois… Le veilleur, un ancien de la Légion, distribue des muselières.
Il a eu alors un accès de démence. Il n’avait pas touché une femme depuis des années. Les petites Sénègas ont capté, elles ont pris peur. Il s’est mis à les poursuivre, le fils a voulu le raisonner. Des clous ! Il a sauté sur la plus jeune pour lui planter son machin entre les cuisses. Comme elle hurlait, pour la faire taire, Martinez l’a étranglée. Le fils s’est cramponné à son père pour qu’il la lâche. Mais la gamine était déjà morte.
Vous saviez qu’il était sans papiers sur le territoire, votre type ? Qu’un mariage avec une Européenne lui permettrait d’obtenir cash un titre de séjour.