Gillian Flynn

Il y a quelque chose de perturbant à se sentir glacé alors qu'on évoque un souvenir heureux.

Je connais des femmes dont le personnage est entièrement le résultat d'une médiocrité tiède. Leurs vies sont une suite de petites défaites : le petit ami ingrat, les cinq kilos en trop, le patron méprisant, la sœur calculatrice, le mari volage.

Elle riait avec moi et elle me faisait rire, elle ne me contredisait pas systématiquement et n’essayait pas toujours d’anticiper mes réactions. Elle ne me parlait jamais avec hargne. Elle était facile à vivre. Tout était tellement facile, bon Dieu! Et je me suis dit : l’amour vous donne envie d’être un homme meilleur -- d’accord, d’accord. Mais peut-être que l’amour, l’amour vrai, vous donne aussi la permission d’être tout bonnement celui que vous êtes.

Elle avait un esprit à la fois large et profond, et être avec elle me rendait plus intelligent. Et plus attentionné, plus actif, et plus vivant, et presque électrique, parce que, pour Amy, l'amour était comme la drogue, l'alcool ou le porno : la progression ne s'arrêtait jamais. Chaque prise devait être plus intense que la précédente pour parvenir au même résultat.

C'est bien d'avoir au moins un homme qu'on peut utiliser pour n'importe quoi.

C'était comme si j'avais la responsabilité de son bonheur.

Est-ce que je dois laisser mon âme dehors avant d'entrer?

Les gens aiment bien s'imaginer qu'ils connaissent les autres : les parents veulent croire qu'ils connaissent leurs enfants. Les femmes veulent croire qu'elles connaissent leurs maris.

Je n'ai même pas l'impression d'être quelqu'un : je suis quelque chose qu'on peut charger et décharger, comme un canapé ou une horloge qu'on peut jeter à la casse, jeter dans la rivière, si nécessaire. Je ne sens plus ma propre réalité. J'ai l'impression que je pourrais disparaître.

Je ne comprends pas pourquoi il faut que je te prouve mon amour en me rappelant exactement les mêmes choses que tu te rappelles, exactement de la même façon. Cela ne signifie pas que je n’aime pas notre vie ensemble.

C'est humiliant, de devenir exactement ce qu'on méprisait le plus autrefois.

P109
Je me rappelais cette lourde odeur de pourriture quelques heures à peine après le massacre. Avait-elle empiré, après toutes ces années de décomposition ?

P75
Diondra sa nana avec son nom qui lui évoquait des princesses ou des strip-teaseuses, il ne savait pas trop. Elle était un peu les deux: riche mais louche.
(..)
Merde, il n'était bon à rien. Il était trop jeune quand son père est parti. Il n'avait jamais eu l'occasion d'apprendre le moindre truc pratique.
Il voyait les mecs qui bossaient sur des motos, des tracteurs et des voitures. L'intérieur des moteurs étaient l'intestin de métal d'un animal qu'il n'avait jamais vu auparavant.

P71
A la maison sous les lumières vives de ma cage à hamster, de nouveau en sécurité, je me suis répété que Ben était coupable (il fallait qu'il le soit, il le fallait)), principalement parce que je ne pourrais affronter aucune autre éventualité.

Il y a une différence entre aimer vraiment quelqu'un et aimer l'idée qu'on se fait de quelqu'un.

L'amour inconditionnel est un amour sans discipline, et, comme nous l'avons tous vu, l'amour sans discipline est une chose désastreuse.

Faire semblant d'être calme, c'est être calme, en un sens.

J'ai besoin d'être prise par surprise, au dépourvu, comme un chacal sauvage de l'amour.

Ma mère nous disait toujours : si vous vous apprêtez à faire quelque chose et que vous voulez savoir si c'est une erreur, imaginez l'effet que ça ferait si on l'annonçait noir sur blanc dans le journal.

Il fait partie des gens qui proclament : je suis très tactile, et ne prennent jamais la peine de demander si c’est aussi votre cas.