Citations de Gisèle Halimi (314)
On ne naît pas féministe, on le devient.
Enfin, n'ayez pas peur de vous dire féministes. C'est un mot magnifique, vous savez. C'est un combat valeureux qui n'a jamais versé de sang. Une philosophie qui réinvente des rapports hommes-femmes enfin fondés sur la liberté. Un idéal qui permet d'entrevoir un monde apaisé où les destins des individus ne seraient pas assignés par leur genre; et où la libération des femmes signifierait aussi celles des hommes, désormais soulagés des diktats de la virilité. Quand on y songe, quel fardeau sur leurs épaules !
Mais rebellez-vous ! Pensez enfin à vous. À ce qui vous plaît. À ce qui vous permettra de vous épanouir, d'être totalement vous-mêmes et d'exister pleinement. Envoyez balader les conventions, les traditions et le qu'en-dira-t-on. Fichez-vous des railleries et autres jalousies. Vous êtes importantes. Devenez prioritaires.
D'abord, soyez indépendantes économiquement. C'est une règle de base. La clé de votre indépendance, le socle de votre libération, le moyen de sortir de la vassalité naturelle où la société a longtemps enfermé les femmes.
"Regardez-nous, messieurs, et regardez-vous. Quatre femmes comparaissent devant quatre hommes, pour parler de quoi ? De leur utérus, de leurs maternités, de leurs avortements, de leur exigence d'être physiquement libres... Est-ce que l'injustice ne commence pas là ?"
Quelle misère ! Le viol d'une femme par un homme est un crime contre l'amour. Contre cet "instant d'infini" dont parlait Cyrano. Mais pire encore : accompli dans un rapport de force physique, il exprime à la fois le mépris et la négation de l'identité de l'autre. C'est pourquoi je dis qu'il ressemble furieusement à un acte de fascisme ordinaire.
"Mais que voulez-vous ? ai-je lancé un jour au tribunal, excédée. Une femme violée n'est honorable que morte ? Morte de s'être débattue ? Sa crédibilité se paye forcément par sa mort ?"
Le viol est comme une mort inoculée aux femmes un jour de violence. Elle coexiste avec leur vie en une sorte de parallélisme angoissant.
Un procès-explication plutôt qu'un procès-expiation. Un procès-réflexion, subversion, remise en cause des tabous et d'une culture globale qui admet le viol ou plutôt s'y résigne : nature des hommes, malédiction d'être femme.
Ma liberté n'a de sens que si elle sert à libérer les autres.
Les mots ne sont pas innocents. Ils traduisent une idéologie une mentalité, un état d'esprit. Laisser passer un mot c'est le tolérer. Et de la tolérance à la complicité, il n'y a qu'un pas.
Disons que j'ai prêté serment "sous réserve". Car en mon for intérieur, je décidai que mes mots, cette arme absolue pour défendre, expliquer, convaincre, se prononceraient toujours dans la plus absolue des libertés. Et l'irrespect de toute institution.
C'est à ce moment-là que j'ai compris que les livres mes donnaient confiance et force. Confiance en mon avenir. Force pour résister au poids accablant d'être née femme. Un être humain de seconde zone.
Et mon chemin passait d'abord par cet appétit démesuré de connaissances. Et par les livres pour lesquels j'avais une passion. C'était ça, la vraie nourriture ! Je les regardais, les palpais, les humais longuement avant de leur arracher leur secret. Je savais qu'ils m'aideraient à être moi-même.
Dieu avait donc perdu. Il n'allait plus m'encombrer ni me faire peur. Finie, cette contrainte à laquelle nous condamnait ma mère. Évaporée, cette ombre menaçante sur ma vie quotidienne.
Payer pour prendre époux et devenir sa chose ? Ce système, décidément, ne me convenait pas.
Je ne servirais plus mes frères : "Ni à table, ni dans la chambre, ni jamais!" ai-je exigé. Ce fut au fond, ma première victoire féministe.
On sait désormais avec quels filtres l'Histoire fut écrite et combien les hommes furent oublieux de l'apport de femmes magnifiques qui ont contribué à faire avancer l'humanité.
Se battre est un devoir : tendre la main aux autres femmes une responsabilité; convaincre les hommes de la justesse de la cause une nécessité.
Le droit était son instrument, l'insoumission sa marque de fabrique et les mots, maniés avec éloquence, ses principaux alliés.