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Citations de Giulia Caminito (134)


Le jour de la rentrée, je découvre que dans les établissements des riches aussi les murs s’effritent, les racines écorchent le goudron des cours et les gymnases puent la vieille sueur.
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Je devrais lui dire que c’est lui qui a tué Carlotta, lui et les garçons comme lui, ceux qui ont lavé leur conscience en se rendant à son enterrement, mais qui avaient honte quand elle leur proposait d’aller prendre une glace ensemble, ceux des cagibis, des recoins et des coulisses, ceux des touche-moi mais reste derrière moi, je ne veux pas voir ton visage.
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Ma seule, mon unique mission est d’éviter les mauvaises notes, de réviser dans le train et, l’après-midi, de montrer à ma mère que je fais ce qui est bon pour moi, éviter qu’elle soit convoquée au collège, parce que sinon elle devrait expliquer pourquoi elle s’y rend seule et puis elle devrait expliquer quel travail elle fait et puis elle devrait expliquer d’où nous venons, et moi toutes ces explications je ne veux pas les donner.
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Quand une menace vient de l’extérieur, nous serrons les rangs, nous brandissons nos boucliers, nous nous défendons, nous mentons pour les autres, feignons des malaises, livrons bataille contre des parents oppressants, des enseignants tyranniques et des mauvaises langues.
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En outre, je ne suis pas faite pour les amitiés, je ne comprends pas leurs dynamiques, leurs malentendus, je ne sais pas quand il faut répondre, quand rester à l’écart, je ne peux pas les inviter chez moi, personne ne peut me déposer chez elles, ma mère dit qu’elle ne m’autorisera pas à sortir l’après-midi avant l’année prochaine, je ne suis pas séduisante, je n’ai rien de nouveau à apporter, je n’ai pas de jeux, pas de maquillage, pas de robes à prêter, je ne peux partager que les sweats de mon frère, les couches des jumeaux, le fauteuil roulant de mon père.
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Nous sommes assez jeunes pour ne pas être encore obsédées par notre corps et celui des autres, mais déjà assez âgées pour pressentir qu’au fil du temps notre façon de nous regarder deviendra une guerre muette, nous appartiendrons à des factions ennemies et nous nous décocherons des flèches empoisonnées dans le dos.
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La première, menue et très blonde, a un sourire lunaire et des cils clairs, elle se plaint toujours de ne pas être assez jolie, elle s’accable de défauts qu’elle est la seule à remarquer, mais elle attire l’attention de tous les garçons de notre âge, et pas seulement avec ses queues-de-cheval hautes et sa peau bronzée, son père a des vaches, des cochons et du fourrage, rester au soleil compte parmi les devoirs familiaux.
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POUR GRANDIR, il faut travailler dur, l’enfance est de courte durée, on ne sera pas défendu, soigné, abreuvé, lavé, sauvé pour l’éternité, pour chacun vient le moment de prendre son existence en main, et le mien est arrivé.
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Nous inventons tour à tour des raisons valables ou de simples fantaisies, tantes nobles, allergies à la pollution, amour des routes de campagne, à Rome il était devenu impossible d’acheter ne serait-ce que des tomates, on aime l’odeur du blé et des vaches, on adore les promenades et les randonnées, un jour on fera le tour complet du lac à vélo.
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Ici, les gens ont la manie de donner des surnoms, ils ont besoin de te rebaptiser, tous ceux qui comptent y passent, le surnom peut venir du travail que tu fais, de l’endroit où tu vis, de l’histoire de ton grand-père, tu peux être le Poissonnier, la Grenouille, le Souillon, et jamais personne ne pourra t’enlever le nom qui t’a été donné, ce sera pour toujours ton habit taillé sur mesure.
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Mon frère n’est pas très grand, mais son corps est tout de nerfs, un courant d’air suffit à l’électriser, il collectionne les rébellions, des petites rébellions domestiques aux grandes rébellions scolaires.
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Ma mère ne porte presque jamais de robes décolletées ou moulantes, elle enfile des bermudas avec des poches sur les cuisses, des T-shirts masculins ras du cou avec des numéros et des logos d’entreprises de bâtiment, mon père dit qu’elle ressemble à un maçon.
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Chacune de nos caractéristiques est pour moi un atroce défaut. Nos taches de rousseur sont pires que de l’acné, nos yeux ne savent être ni vraiment verts ni vraiment marron, notre peau trop claire semble maladive et, surtout, nos cheveux portent la poisse.
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Notre mère ressemble à une héroïne de bande dessinée, à Anna Magnani au cinéma, elle braille, ne capitule jamais, cloue le bec à tout le monde.
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Roberta est une fille silencieuse, parfois elle gargouille, elle se lèche les lèvres, elle dit quelques mots et demande des choses que seule sa mère parvient à déchiffrer, mais elle n’a aucun mal à faire comprendre qu’elle a envie d’être là, au soleil.
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Les livres sont sa grande obsession, surtout depuis que mon père est au lit ou sur son fauteuil, parce qu’à la maison, où nous n’avons pas la télévision, juste une radio, notre seul passe-temps est la lecture et, à défaut de place et d’argent pour nos livres, nous lisons ceux qui sont à tout le monde et nous devons les traiter comme des reliques, il nous faut les empiler soigneusement, ma mère a noté les dates de retour et nous harcèle pour que nous les finissions à temps, elle vérifie que nous ne les avons pas tachés ni froissés, et les fois où ça arrive elle nous traîne à la bibliothèque pour que nous demandions pardon à la bibliothécaire et aux autres enfants puis elle les rembourse, et si on lui dit que ce n’est pas la peine elle répond : oh que si, c’est la peine.
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J’ai une grande fascination pour les fleurs, pas pour celles, si rares, qui poussent spontanément dans notre cour, des petites marguerites printanières très fragiles, mais pour les roses des jardins des autres, le jasmin, les hortensias, que je vois pointer dans la rue et que j’ai envie de cueillir quand je passe devant avec ma mère.
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Moi, mon frère me tolère parce que je ne suis pas une pleurnicheuse et que je l’écoute en silence, le laissant déverser fables et diables sur moi, des histoires noires et terribles, des aventures où la gamine de service meurt à la fin et où le loup gagne toujours. Nous avons quatre années d’écart, c’est énorme pour des enfants, à mes yeux il est adulte, presque antique.
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Selon la théorie maternelle, ceux qui ne te connaissent pas ne t’aident pas, alors nous restons là où les gens savent qui nous sommes, où ma mère peut tisser des liens de protection et d’identification, petits et grands.
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Je pense que nous sommes du matériel de rebut, des cartes inutiles dans un jeu compliqué, des billes ébréchées qui ne roulent plus : nous sommes restés inertes par terre, comme mon père tombé d’un échafaudage inadapté sur un chantier illégal, sans contrat et sans mutuelle, et de là, de l’endroit où nous avons atterri, nous voyons les autres mettre des colliers de pierres précieuses à leur cou.
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