Citations de Gordon Korman (48)
Si je m'en sors vivant, se promit-il tout bas, je jure d'arrêter de fumer... si je commence un jour !
Sérieusement, ils ne peuvent pas être si irrécupérables, ces Inclassables. (p.16)
Ce n'est que temporaire, me dis-je pour me rassurer. Et, comme mon séjour à Greenwich n'est que temporaire, ça fait temporaire au carré. (p.16)
En bas de la page, je trouve la légende : SSI-3 pour "Section spéciale indépendante de troisième".
Il me dévisage.
- Les irrécupérables ?
- Les irrécupérables ? (p.14)
Qui était-il au juste ? Personne. Qui l’attendait, à New York ? Personne. Maintenant que son père avait disparu, il était seul.
Pourtant, la vie était précieuse.
Paddy ne craignait pas cet endroit. Que risquait-il ? Rien. Aucun cadavre n’avait jamais levé la main sur un humain. Enfin pas à sa connaissance. C’était plutôt du vivant qu’il fallait se méfier.
-Je ne mettrai pas un pied dans cette barque, s’exclama une femme, outrée. Je vais mourir de froid ! Un concert d’approbation s’ensuivit.
-Vous entendez ? s’indigna Mme Rankin. Est-ce qu’on bêle, nous comme des moutons ?
Paddy hocha la tête.
-Les aristos veulent toujours être au centre du monde. Même quand il s’agit de couler.
Pourquoi ne l’avait –il remarqué avant ? … Où était la troisième classe ? Il n’y avait pas que les nantis de première classe au bord du Titanic. Et les passagers de l’entrepont ? Ils étaient au moins sept cents. Où étaient-ils passés ? Des irlandais, des Scandinaves, des Italiens, et des émigrants d’autres pays encore. Ils avaient embarqué dans l’espoir d’une vie meilleure. L’Amérique, le Nouveau Monde ! Qui n’en rêvait pas ? Des femmes et des hommes courageux, des travailleurs. Le terreau d’une nation à venir. Tous avaient droit à la vie, au même titre que le colonel John Jacob Astor.
Alors, pourquoi n’étaient-ils pas sur le pont des embarcations ? Dans l’attente d’une place à bord d’un canot de sauvetage ?
La première classe du Titanic comprenait l’élite mondiale. Les personnalités les plus riches-et dorlotées-au monde. L’équipage entier avait été mobilisé pour s’occuper d’elles. Mais les nantis n’aimaient pas être dérangés. Surtout par des simples domestiques.
Dans un cas d’extrême urgence, l’équipage du Titanic se soucierait-il des prisonniers ? Rien de moins sûr. Encore fallait-il qu’ils se souviennent de ces malheureux.
Lorsque le corps perd une fonction, on dit que les autres compensent.
-Bien vu, madame Bronson ! rugit - il. Je vous félicite ! Je vais finir par défendre le droit de vote des femmes. Si, si ! Je vous assure ! Une belle façon de décorer nos bureaux de vote, tellement sinistres ! Y voir de jolies femmes nous égaiera un peu !
Amelia Bronson garda le silence. Elle fulminait. Faire tapisserie ? Quelle idée abominable ! Rien n’était pire à ses yeux que d’être considérée comme un élément décoratif. Pas même le refus du droit de vote aux femmes.
Il s’engagea dans la cursive. Un homme élégamment vêtu lui lança un regard de désapprobation. Paddy sentit sous ses pieds l’épaisse moquette. Il comprit.
Il se trouvait en première classe. Les murs lambrissés, les luminaires en cuivre disaient le reste. Non pas que ce luxe lui déplaise. Il commençait même à s’y habituer. S’il continuait ainsi, il finirait par y prendre goût. Cela arrivait bien à d’autres, n’est-ce pas ?
La fille aux cheveux noirs l'avait regardé avec un mélange de pitié et de fascination. Un peu comme on examine un oiseau à l'aile cassée. Et la blonde, celle aux boucles d'oreilles en diamants... Eh bien, son nez était si haut perché qu'elle n'aurait sans doute jamais remarqué Paddy. Sauf qu'il était clandestin. Ca forçait le respect. La demoiselle avait daigné baisser les yeux sur lui!
L'avantage d'être pauvre, se fit-il la réflexion, c'est qu'on ne sait même pas ce qu'on rate.
La liste des invités au voyage inaugural comprenait la crème de la haute société : la noblesse européenne et britannique, des capitaines d’industrie, les magnats des affaires. Autant dire des nababs aux yeux d’employés comme Alphonse Huggins. Figurait même John Jacob Astor, peut-être l’homme le plus riche du monde. Peut-être ? C’était cela le plus étonnant. Non pas qu’il soit le plus riche, mais que personne n’en soit sûr. Posséder tant d’argent qu’il était impossible de le compter !
Les passagers de troisième classe s’engouffraient sur l’entrepont. Ils transportaient tout leur bien dans des sacs confectionnés à l’aide de vieux tapis, et maintenus par des cordes. La plupart émigraient. Leurs papiers d’identité et titres de transport étaient systématiquement vérifiés par les officiers de la White Star Line.
Seule la première classe échappait à cette obligation. On ne dérangeait pas ces mesdames et ces messieurs avec ce genre de bagatelles !
La modernité du paquebot outrepassait l’imagination. Le plus nanti des nantis en serait comme deux ronds de flan : le Titanic était incroyablement somptueux. Les éclairages fonctionnaient à l’électricité. Il y avait des ascenseurs électriques. « Pour les plus riches, songea Paddy. L’escalier ne doit pas être assez chic pour eux !
Y a des fois que les gens intelligents sont pas plus malins que les péquenots.
- C'est la première fois que je rencontre quelqu'un de célèbre.
- C'est un nase.
- Il m'a fait plutôt bonne impression.
- C'est un obsédé du pouvoir, dit-il d'un ton dédaigneux. Il ferait n'importe quoi pour passer à la télé. Les années d'élections, je ne te raconte pas ! Je dois jouer les enfants modèles pour parfaire son image. J'ai l'impression de vivre dans un aquarium.
Essaie d'aller aux toilettes quand le père de ta copine a mis ta maison sur écoute !
- Et ton père ? Il fait quoi ? demande Trey.
- Il est... ( Je me crispe.) Il est dans les distributeurs.
- Les distributeurs de Coca ?
- De bonbons, de chips.
Je me sens ridicule, mais je ne peux plus m'arrêter.
- De baume pour les lèvres...
Trey est passionné.
- Et ça paye bien ?
Le racket, plutôt bien, si on se fait pas prendre. Ou massacrer.
- J'ai des problèmes avec ma famille aussi.
- Ne sois pas trop dur avec ton vieux, me conseille-t-il. S'il y a bien un truc que j'ai appris du sénateur A-la-Noix, c'est que rien ne vaut le travail honnête.
J'en qui intimement persuadé. Mais que connaît Anthony Luca au travail honnête ?