Grace Lin

Face au dragon, Minli resta bouche bée. Il était rouge, du même rouge qu'un lanterne porte-bonheur, avec des moustaches et des cornes vert émeraude, et une boule grise sur la tête. C'était tout ce que Minli voyait de lui. Le reste de son corps était enserré par des cordes dont on l'avait étroitement ligoté, et baignait dans le lac argenté que se larmes avaient formé autour de lui.
Minli avait toujours pensé que ce serait excitant de rencontrer un dragon, et aussi assez effrayant. Dans les histoires de son père, les dragons étaient puissants, majestueux, et d'une grande sagesse. Mais celui-ci était ligoté, et il pleurait ! Il ne l'impressionnait pas du tout. En réalité, elle avait plutôt pitié de lui.

Ce n'est pas juste. Pour les Américains, je suis trop Chinoise et pour les Chinois, je suis trop Américaine. Je suis supposée être laquelle des deux ?
- Ni l'une ni l'autre, et les deux à la fois. Tu n'as pas à être l'une plus que l'autre, tu es SinoAméricaine
- Ou Twaïwano-Américaine, ai-je gémi. C'est compliqué.

Chère Ma et Ba,
Je me rends à la montagne éternelle pour demander au Vieil Homme de la Lune comment changer notre condition. Ce sera peut-être long, mais ne vous inquiétez pas. Tout ira bien. A mon retour, nous pourrons remplir la maison d'or et de jade.
Aimez votre fille obéissante,
Minli

- Tu crois que je pourrais être Dorothée ? ai-je demandé à Becky.
Elle m'a regardée, stupéfaite.
- Tu ne peux pas être Dorothée. Dorothée n'est pas chinoise.
Le monde entier est devenu silencieux d'un coup. Comme une pointe de glace en train de fondre à une fenêtre, mon rêve de jouer le rôle de Dorothée s'est brisé par terre.

Minli gabed at the dragon in front of her. It was brilliant red, the color of a lucky lantern with emerald-green whiskers, horns and a dull stone-colored ball like the moon on his head.

Minli, signifiant "esprit vif", petite fille des rizières vit dans une extrême pauvreté avec ses parents dans un village misérable au pied de la Montagne stérile et la Rivière de Jade. Elle aime que sa mère lui raconte les légendes de son pays, des histoires incroyables de Dragons, de Fortune miraculeuse., le vieil Homme de la Lune...., puis un jour elle rencontre un mystérieux colporteur qui lui vend un poisson rouge...celui-ci se mettra bientôt à parler et lui révèle des secrets. Minli décide aussitôt de partir, aidée par son ami le poisson qui la guide dans son périple : elle veut trouver une solution pour faire revivre son village et ramener le bonheur et la prospérité.

On se plaît à se laisser bercer par cette hisoire et à écouter ces légendes d'autrefois......la magie opère, ..on plonge avec Minli et son poisson dans ce conte très imagé ! Agréable lecture!

- Elle pourrait réussir, leur assura le marchand d'un ton calme. Et trouver le moyen d'améliorer votre sort.
- Pensez-vous ! Elle veut aller à la Montagne éternelle ! Et poser des question au Veil Homme de la Lune ! Elle n'y parviendra jamais ...
- Oui, ajouta Ba, c'est impossible.
Le marchand regarda Ma et Ba pour la troisième fois, et ce regards-là les troubla. Ils se sentirent mis à nu, comme des oranges fraîchement pelées, et en oublièrent ce qu'ils voulaient dire. Sans savoir pourquoi, ils avaient honte.

Mais en fait, je ne suis pas vraiment chinoise. Je m'y perds un peu. Mes parents sont venus de Taïwan. Certaines personnes pensent que Taïwan fait partie de la Chine, alors dire que je suis chinoise n'est pas complètement faux. Pour d'autres personnes, Taïwan est un pays indépendant et il faut dire que je suis taïwanaise. Et comme mes parents parlent à la fois chinois et taïwanais, cela ne nous aide pas à y voir plus clair.

- Et quand on me demande ce que je suis, qu'est-ce que je dois répondre ? ai-je un jour interrogé maman.
- Que tu es américaine, m'a-t-elle répondu sans aucune hésitation.

Loin d'ici, le long de la Rivière de Jade, une montagne noire se découpait dans le ciel, telle une pièce de métal déchiquetée.

Les poissons rouges apportent le bonheur dans une maison.