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Critiques de Guillermo Abril (14)
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

Ce photoreportage évoque l'Europe et ses fractures. L'immigration, les montées de haine, d'inquiétude, la multiplication des rapports de force : tous ces évènements anxiogènes qui définissent l'Europe du XXIe siècle.



C'est une bande-dessinée un peu particulière car elle est constituée de photographies. Elles ont un aspect un peu dessiné mais elles gardent toute leur authenticité. Vu le thème abordé, le choix de faire un roman graphique photographique est pertinent car les images dévoilées par les deux journalistes espagnols montrent le travail acharné et l'implication sincère des deux hommes. Leurs reportages retracent parfois des évènements et présentent des lieux dont je n'avais jamais entendu parler.

C'est percutant et alarmant : un document qui nous éclaire sur ce qui se passe dans l'Union européenne.
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

Un très beau roman photo, un reportage sur les frontières de l'Europe qui ne laisse pas indemne. Les photos sont magnifiques, le regard puissant et les propos étayés. Un beau livre qui montre l'absurdité du fonctionnement de nos frontières, les souffrances et aberrations humaines qui y sont liées. Un magnifique travail, plein d'humanité.
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La Fissure

Cet ouvrage est une exception sur ce blog en ce qu'il s'agit bien d'un documentaire photo et non d'une BD. Le blog traite des imaginaires graphiques et pas a proprement parler de journalisme, mais l'éditeur et les auteurs ont souhaité donner à l'ouvrage une forme proche de la narration BD par le découpage des photographies. En outre, un certain nombre d'auteurs de BD documentaires (le tout récent Iran, Revolution publié par mon partenaire les Arènes et que je vais chroniquer prochainement) partent de photographies retouchées dans un style BD. Ce projet, outre le travail graphique sur les photos qui le rend intéressant, est à cheval entre deux mondes.



La fissure c'est celle d'une Europe assaillie de toutes parts; une forteresse dont les marches, éloignées de la tranquillité de l'Europe de l'Ouest doivent faire face aux afflux de migrants fuyant les guerres impliquant des membres de l'Union ou aux velléités d’expansion d'une Russie impérialiste. Pendant trois ans le journaliste et le photographe espagnols vont sillonner les frontières extrême du continent pour témoigner de la réalité de cette fissure démocratique et humaine.



Assez perturbé par le statut de ce livre j'ai mis longtemps à l'aborder, ne sachant ce que j'allais y trouver. Je m'intéresse beaucoup à l'actualité géopolitique et je n'imaginais pas combien cette lecture s’avérerait fondamentale pour le citoyen que je suis. Confortablement installés derrière nos écrans et notre relative sécurité, il y a une marge gigantesque entre entendre parler de ces migrations massives, les voir à la télé... et les vivre au travers de l'objectif de Carlos Spottorno. Car c'est la très grande force de la photo que de supprimer l’événementiel de la captation vidéo (qui peut être montée, orientée, voir perdre de sa force par sa banalisation) en ne posant qu'un unique regard sur la scène, triée, sélectionné, pensée avec un regard journalistique, voir artistique. En cela la photographie peut rejoindre la bande-dessinée dans sa composition graphique et par le message que la composition de l'image peut donner. Légèrement retouchés pour en faire sortir le grain et saturer les couleurs, ces clichés ne sont pas à proprement parler esthétiques mais induisent une vraie démarche artistique des auteurs.



Je reconnais qu'entre des photos redessinées comme on le devine sur le fantastique Saison brune de Squarzoni et celles travaillées je préfère les dernières. Néanmoins la puissance de cet album ne vient pas de son graphisme mais bien de son propos, de la réalité indéniable des scènes et lieux qu'il décrit. Relativement statique, c'est quasiment un reportage géographique qui nous est proposé, nous emmenant de l'enclave espagnole africaine de Melilla, immense bunker barbelé et frontière la plus orientale de l'Europe, aux navires militaires italiens secourant les migrants en pleine mer, en passant par la Grèce, la Hongrie ou la Finlande... Si l'évènement du sauvetage relaté en directe par les deux journalistes est très fort, c'est bien la seconde moitié sur la bordure Est de l'Union qui impressionne, en donnant une réalité que l'on imaginait pas à l'hypothèse d'un affrontement avec une Russie dont les incursions territoriales sont une habitude pour les pays à qui Bruxelles délègue la gestion de ces problèmes. Les anciens protectorats soviétiques connaissent l'ambition de leur grand voisin et ne rigolent pas avec ces tests militaires. Idem de l'enclave de Kaliningrad dont on connaît l'existence théorique mais dont on mesure à la lecture de la Fissure la complexité géostratégique à la fois pour les pays frontaliers et pour la Russie. Enfin ces exercices militaires en Finlande, par -30°C où des piquets matérialisent une frontière que seules quelques tours et caméras thermiques peuvent surveiller.



Ces pérégrinations ressemblent à ces images des Etats-Unis bien connues qui montrent qu'entre l'Alaska, la frontière mexicaine et Hawaï le seul lien est la Nation. Or en Europe pas de Nation et l'on se demande plus que jamais ce qui peut unir de tels territoires avec l'évidence que plus que jamais l'exécutif européen et les gouvernements de l'Ouest considèrent les pays frontaliers de l'UE comme des supplétifs, des prestataires de sécurité dont on ne veut pas connaître les problèmes.



Ce livre devrait être lu par un maximum de monde pour prendre conscience de la crise majeur dans laquelle nous sommes et du risque absolument réel d'une dislocation de l'Union Européenne si elle ne donne pas une réponse rapide aux problématiques civilisationnelles qui lui sont posées.
Lien : https://etagereimaginaire.wo..
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

Partout aux frontières de l’Europe s’érigent des murs de barbelés, de vrais murs. Moi citoyenne ordinaire je m’insurge quand j’entends un Trump vouloir construire à la frontière du Mexique, je m’énerve devant les frontières que construit Israël avec les territoires palestiniens mais c’est pareil ici en Europe.

Carlos et Guillermo sont respectivement photographe et grand reporter. Tous les deux sont bardés de prix. Quand ils entreprennent d’enquêter sur les portes de l’Europe et les passages par lesquels les migrants arrivent ils ne s’attendaient pas à passer de l’enclave espagnole de Melilla au Maroc à Ivalo au dessus du cercle polaire en Finlande.



Un rapide tour d’horizon du « pourquoi et du comment » de cette situation installe le décor : guerre de 40, paix entre les anciens ennemis, construction d’une Europe sûre, solidaire avec une monnaie unique. La crise économique de 2008 va réellement signer la fin d’une époque et indigner toutes les populations européennes. Ce mouvement de révolte va déborder vers le Maghreb et le Proche Orient, une explosion démocratique (les printemps arabes) qui va se terminer dans des bains de sang avec comme point d’orgue la guerre en civile en Syrie. A partir de la chute des régimes totalitaire (Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Égypte et Kadhafi en Libye) des vagues de migrants vont essayer de rejoindre l’Europe, cette terre de paix. La Méditerranée frontière sud de l’Europe devient un immense cimetière de migrants.



Avec des photos que le traitement chromatique rend magnifiques, les deux reporters nous montrent preuve à l’appui que l’Europe est entrée dans une grande crise de paranoïa et d’indifférence à l’égard d’humains que les guerres ont jetté sur les routes. Barbelés, police militaire, camps de fortune... tout démontre la peur de l’envahissement. En Espagne, c’est la peur de ceux qui arrivent de l’Afrique Sub-saharienne, en Ukraine l’envahisseur craint ce sont les russes, en Grèce ont bloque les syriens. Bref, les portes de l’Europe sont prises d’une frénésie de fermeture pour autant malgré la violence et le danger des familles entières tentent l’aventure simplement pour survivre.



Si les deux reporters se contentent de montrer et de raconter sans juger, cela n’empêche un sentiment de découragement face à cette absence de politiques intelligentes, à la peur qui tient lieu de réflexion.



En exergue, les auteurs ont choisi une phrase de Stefan Zweig qui fuya le nazisme avant de se suicider découragé devant la marche du monde.



«Quant aux rechutes dans al barbarie telles que les guerres entre les peuples européens, on y croyait aussi peu qu’aux sorcières et aux fantômes : nos pères étaient pétris d’une confiance persistante dans le pouvoir de la tolérance et de l’esprit de conciliation qu’ils voyaient comme une obligation à laquelle tout le monde serait tenu de souscrire. Ils pensaient sincèrement que les lignes de divergence entre nations et confessions s’estomperaient progressivement pour se fondre dans une dimension humaine commune et que les biens suprêmes que sont la paix et la sécurité deviendrait le lot de l’humanité entière ». Stefan Zweig - le monde d’hier, 1941
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

Les catastrophes naturelles peuvent générer une fissure. La fissure, minime au départ, s'élargit, en génère d'autres qui mettent à leur tour en péril les fondations mêmes de l'édifice. Ici l'édifice c'est la construction de l'Europe unie, rêvée après la deuxième guerre mondiale, amorcée dans les décennies qui ont suivi et accélérée au tournant du XXIè siècle. Les catastrophes naturelles, ce sont les inégalités intérieures et les guerres au confins de l'Europe qui ont créé ces dernières années des flux de populations, Ce que cherchent ces réfugiés potentiels, c'est bien sûr un meilleur avenir pour eux, pour leurs enfants et ils sont prêts à risquer leur vie pour avoir une chance de rejoindre l'Europe qui leur apparaît comme un El Dorado…

On comprend rapidement qu'on est bien loin du rêve initial et qu'après avoir détruit le mur de Berlin dans la liesse, l'Europe finit par en reconstruire d'autres pour endiguer l'immigration illégale. Les auteurs de cette BD documentaire nous font toucher du doigt cette fissure en nous donnant à voir de près plusieurs des postes frontaliers de l'Europe qui n'avait sans doute pas anticipé cette invasion.

En ce sens, les auteurs ont atteint leur but car on est rapidement sensibilisé à la problématique par les images et la narration qui les accompagnent. Par contre, aucune analyse ne transparaît et la lecture devient vite fastidieuse tant on a l'impression de « déjà vu » en passant d'un poste frontière à l'autre. Les images perdent aussi sans doute de leur impact à cause du traitement qui y est appliqué et qui les rapproche des dessins qu'on trouve habituellement dans les BD. De plus, j'ai trouvé l'album très encombrant et difficile à manipuler tant il est épais et lourd. J'y ai néanmoins trouvé un intérêt et en recommande la lecture à quiconque n'est pas familier avec ce problème.

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La fissure : Aux frontières de l'Europe

Une BD-photo passionnante et instructive. Au fil de plusieurs reportages aux frontières de l'Europe, les deux journalistes nous convient à un voyage sur des sentiers seulement battus par les militaires et les migrants. Une photographie très précisément commentée des zones barbelées, bétonnées, obscures et froides du sud et du nord de l'Europe. Des zones où s'amoncelle la misère économique des pays arabo-musulmans, des pays d'Europe de l'Est, et du Moyen Orient. Un voyage édifiant aux confins de nos limites européennes, déjà salement fissurées. Pour une prise de conscience ou un avertissement ?
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

Superbe album. En un peu plus de 160 pages, c'est une présentation percutante et sidérante de la situation aux frontières de l'Europe. Du sud de la Méditerranée aux limites du grand Nord de partout arrivent des hommes, femmes et enfants, terrorisés, perdus, cherchant un havre de paix en Europe, fuyant les guerres, la pauvreté, la terreur. Les deux journalistes nous montrent le dévouement des populations aux frontières pour aider, l'engagement des forces européennes mais également la montée des extrémistes, la volonté de fermer les frontières, monter des murs, refouler cette humanité pour un temps, l"hypocrisie et la lâcheté des grandes nations européennes laissant les pays limitrophes se débrouiller avec peu de moyen (Grèce, Croatie, Pologne, Lituanie,,...). Ils nous alertent sur cette Europe qui se fissurent de partout : "cela fait quelques temps que nous y réfléchissons. En suivant la frontière extérieure; la grande fissure, nous avons trouvé des dizaines d'entailles dans le rêve européen. C'est l"immense faille des réfugiés; les brèches du nationalisme, la fermeture des frontières et l'ombre du Brexit; le populisme et l'islamophobie; la crise qui a opposé le Nord et le Sud; la fêlure d'un bloc de l'Est qui considère Bruxelles comme une nouvelle Moscou; les cassures de la Syrie, de l'Irak, de la Libye. Et puis il y a la Russie, une énorme crevasse..." (pg 109)

L'idée originale de traiter les photos en les colorisants, donne une atmosphère pesante, angoissante, apporte une tension à l'album qui accroît l'impact du message sur la tragédie qui se joue à nos frontières et qui est entrain de désagréger notre Europe et ses 70 ans de paix.
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

le photographe Carlos Spottorno et le journaliste Guillermo Abril partent enquêter aux frontières de l'Europe. D'un côté, les réfugiés de plus en plus nombreux. De l'autre, l'instabilité croissante à proximité de l'anciennes URSS. Entre ces frontières, une Europe qui a perdu ses illusions. Elle se voulait laboratoire de paix et de croissance. Elle se retrouve déchirée, incapable de faire face.

Au fil des pages nous sommes le témoin d'une Europe démunie qui n'arrive pas à concilier des volontés contradictoires. Les auteurs nous font découvrir des réalités méconnues et sordides, depuis la situation absurde de l'enclave de Melilla, la misère des camps bulgares, l'horreur froide de Lampedusa symbolisée par le "musée" d'un habitant qui récupère divers objets rejetés sur la plage, comme autant de traces de refugiés qui ont tenté de rejoindre l'Europe.

Je pense que le but premier de ce livre est avant tout de montrer une réalité qui échappe trop souvent à nos yeux parce qu'avant de comprendre ou juger, il faut observer. De ce point de vue, la Fissure remplit parfaitement son rôle.

Visuellement les auteurs ont opté pour une forme originale, proche du roman-photo. Mais au lieu d'utiliser des photo brutes les auteurs ont choisi de les retravailler. Le but était d'écraser la profondeur des photos pour se rapprocher d'un rendu à mi-chemin de la photographie et du dessin. Le résultat est esthétiquement très intéressant et set plutôt bien le propos.

Tout cela fait de cette fissure une lecture très recommendable.
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La Fissure

Ce n'est pas récent...mais quelle claque, un peu comme Maus ou les bd de Joe Sacco.

Pour tout comprendre des différents parcours des migrants pour entrer en Europe et ce qu'ils nomment La Fissure qui se fait en Europe avec la montée des extrémismes.

Un journaliste et un photographe, leurs images colorisées.

Bim, bam...ESSENTIEL
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

C'est extrêmement bien fait ! Le traitement de la photographie est exigeant, intéressant et permet la juste distance entre le réel dramatique et la narration du reportage.
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

Au regard de l’actualité et de ce navire anti-migrant le C-Star, l’œuvre des deux journalistes n’est plus seulement une suggestion de lecture, mais une nécessité.
Lien : https://www.actualitte.com/a..
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

Entre photo et bande dessinée, l’ouvrage évoque le quotidien d’hommes et de femmes en quête d’une vie meilleure.
Lien : http://www.lemonde.fr/m-moye..
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

(NDRH976) Oui pour le lycée. La Fissure sera un bon point d'appui pour parler des migrations (causes, conditions de vie des migrants, politiques d'accueil). En outre, on notera la grande originalité du graphisme. Pour ces deux raisons, La Fissure aurait toute sa place dans la sélection lycée.

En voir plus : http://www.lemonde.fr/bande-dessinee/visuel/2017/04/01/la-fissure-une-bande-dessinee-pour-raconter-la-detresse-des-migrants_5104200_4420272.html#/chapters/01/pages/1

(MJ976) Oui pour le lycée. Graphisme intéressant. BD d'actualité (assez rare me semble-t-il), qui peut être un appui pour un travail de plusieurs disciplines (histoire géo, français, arts plastiques...)

(IK971) C'est plus un documentaire photo reportage (succession de planches de photos) qu'une BD. Jusqu'à la 100ème page je me suis dit chef d'oeuvre de géopolitique et d'humanité et puis il y a 67 pages de trop! Du coup, ils perdent le lecteur en voulant aller trop loin dans la démonstration surtout dans la partie enquête au cœur des para...! Dommage....En tout cas recommandation pour le fonds des CDI!
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La fissure : Aux frontières de l'Europe

L’ensemble du documentaire est tiraillé entre mouvement et inertie, marche et arrêt, espoir et détention.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
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