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Critiques de Harry Parker (33)
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Anatomie d'un soldat

Pour raconter l'histoire du capitaine Tom Barnes, tragiquement ordinaire pour un soldat au front, le romancier anglais et ex soldat prend un angle profondément original en se focalisant sur les différents objets qui ont assisté ou même participé à sa mutilation:, la scie chirurgicale utilisée pour l'amputation, le sac à main de sa mère au moment où on lui a appris la nouvelle, ses prothèses, le garrot ayant servi à stopper la première hémorragie, le rasoir que son père utilise pendant que le soldat est plongé dans le coma ( au cours de ce qui est la séquence sans doute la plus poignante du roman), la pile ayant provoqué l'explosion...



En tout ce sont plus de 40 objets qui vont donner matière à la souffrance et à l'espoir de ce soldat qui a tant perdu au combat, totalement meurtri dans sa chair, et qui va livrer un combat très dur au prix d'une force morale incroyable



Ces objets parviennent à donner corps aux souffrances, aux émotions, aux deuils et aux espoirs d’une humanité fragile et précieuse, et finalement se révelent plein d'empathie comme la prothèse " quelques jours après nous être unis pour la première fois" ou même l'infection qui s'installe dans le corps du soldat : " j'allais survivre et toi, non. Mais je n'avais pas le choix, sinon l'oubli."



L'auteur, Harry Parker qui a sauté sur une mine en Afghanistan en 2009, connait donc bien son sujet et tient jusqu'au bout cet angle qui permet de rester sur l'intransigeance des faits, qui paradoxalement va conférer pas mal d'humanité à ce récit au départ centré sur le matériel tout en évitant du coup le glauque et le pathos.



Une lecture forcément difficile et éprouvante, mais paradoxalement plein de vie et d'humanité à travers le combat de ce jeune homme, ainsi qu'à travers l'histoire de son ennemi.



Harry Parker reconstitue avec un réalisme saisissant, cette lutte particulièrement apre que ce jeune capitaine anglais va donner une lutte finalement plein de vie par ce récit pas forcément accessible mais d'une belle profondeur et d'une grande sincérité qui un peu comme le très beau Yellow Bird arrive à exprimer l'indicible des guerres.. et nous expliquer que la violence guerrière peut-être vaincue par l'humain...



Que ce message soit affirmé par des objets rend le tour de force d''Harry Parker - et non pas Harry Potter- totalement incroyable et original...
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Anatomie d'un soldat

L'originalité de cette histoire est qu'elle est racontée par des objets : un sac à main, un garrot, une paire de baskets, un téléphone, etc. Pas facile de deviner de quel objet il s'agit. On est loin d'une lecture détente. L'horreur du corps mutilé, les opérations, la souffrance. Je m'arrête au tiers. Pas trop envie de lire ces choses-là en ce moment. En 2009, l'auteur a perdu ses deux jambes en Afghanistan. Je pense que ce texte lui a servi de thérapie, j'espère que cela l'a aidé. Trop pénible pour moi.
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Anatomie d'un soldat

Je suis tombée sur ce livre à la bibliothèque près de chez moi. Le sac rouge a attiré mon regard et puis en lisant la 4ème de couverture j'ai pensé : pourquoi pas?



Dès les premières pages j'ai été emportée par cette narration vraiment originale : pas moins de 45 narrateurs pour raconter l'histoire de Tom mais aussi un peu celle de Latif et de Faridun. Des narrateurs inattendus : les objets du quotidien ou en transit autour des personnages.



Cela étant dit, après plusieurs chapitres... on s'en lasse un peu. Par exemple, en racontant l'histoire les objets s'adressent à Tom en lui donnant du "tu". On pourra dire que cela change du "je" et du "il" mais voilà... c'est un peu déstabilisant (ou agaçant? je n'ai toujours pas décidé).



J'ai trouvé très émouvante la partie avec les parents de Tom. Par contre j'ai trouvé que le personnage de Tom n'était pas assez profond. Ce qui peut s'expliquer par le fait que tout est relaté de l'extérieur... peut-être une façon pour l'auteur de prendre ses distances par rapport à ce qu'il a vécu?



Certaines scènes sont revisitées plusieurs fois en fonction de l'objet concerné et forcément sous différents angles. C'est vraiment particulier, je n'ai jamais rien lu de comparable. Je dois reconnaître que c'est plutôt innovant : cela m'a sortie de ma zone de confort.



Un bon premier roman.



Challenge multi-défis 2017 (22)



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Anatomie d'un soldat

Un soldat (sans doute britannique), combattant sur un terrain d'opérations extérieures (sans doute Afghanistan) est grièvement blessé par une mine.

Voici planté le décor...



La déflagration va brouiller violemment la narration. Il va falloir reconstituer le puzzle, en trouver les pièces qui s'accordent entre elles, redessiner une chronologie.



Comment exprimer l'indicible: la violence, la souffrance, la peur de la mort omniprésente, la concentration et l'adrénaline des combats? Comment partager avec ses proches ou les en protéger? Et mutilé, comment gérer l'entourage quand il faut se reconstruire?



Ce sont les objets qui nous entourent qui racontent les évènements, nous montrant le décor et les individus tels qu'ils nous voient, avec cette distanciation glaçante du factuel sans sentiment.

Cohabitent indifféremment dans le processus dramatique les possessions matérielles du militaire réduit à un matricule, le matériel médical, les composantes de la préparation de l'attentat, jusqu'aux bactéries qui envahissent le corps mutilé. Ces témoins neutres, jamais nommés, deviennent les observateurs muets et pourtant bienveillants de ce qui se joue dans l'humain. Et ce procédé narratif exacerbe le ressenti du lecteur, mis en demeure de vivre l'événement, de souffrir comme un damné, de se battre en rééducation. Jusqu'à la nécessaire compréhension de l'acte perpétré par l'autre "camp".



Ad nauseam, tout est minutieusement explicité, dans un réalisme non édulcoré.

Si ce cours d'anatomie a été une épreuve de lecture, il n'en restera pas moins un livre marquant par son originalité littéraire.
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Anatomie d'un soldat

Tom Barnes, matricule BA5799, capitaine dans une guerre contemporaine, peut-être l’Afghanistan, saute sur une bombe artisanale. L’histoire d’une vie qui bascule, des événements qui y ont mené, d’une convalescence et d’une reconstruction est ici racontée par 45 objets qui l’entourent : sac, casque, jumelles, lit, sonde, prothèse, médaille... Objets de l’avant et de l’après, d’ici et de là-bas, du camp britannique ou opposé qui se répondent et font avancer la narration. Un tour de force et un coup de cœur littéraires pour une auto-fiction brutale, violente, mais aussi pudique et pleine d’humanité.
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Anatomie d'un soldat

Le capitaine Tom Barnes a posé le pied sur une mine au cours d’une mission. Il a perdu une jambe au moment de l’explosion et on a dû l’amputer de la seconde après un début de gangrène. De retour en Grande Bretagne, il doit apprendre à vivre avec son corps mutilé. De la douleur atroce à la résignation, du début de la rééducation aux premiers pas avec ses prothèses, c’est un nouveau parcours du combattant semé d’embuches qu’il affronte avec dignité et lucidité, entouré par les siens et par des équipes médicales aussi bienveillantes qu’efficaces.





L’auteur, Harry Parker, a lui-même sauté sur une mine en Afghanistan en 2009. Il connait donc son sujet et aurait pu faire de ce premier roman une autofiction dégoulinante de pathos, s’apitoyant sur son sort à chaque page. Il ne l’a pas fait et c’est tant mieux. Car l’histoire n’est pas ici racontée par le soldat Tom Barnes mais par des objets : le garrot ayant servi à stopper la première hémorragie, la pile ayant provoqué l’explosion, la scie chirurgicale utilisée pour l’amputation, le sac à main de sa mère au moment où on lui a appris la nouvelle, ses prothèses, etc. Quarante-cinq objets prenant tour à tour la parole, avant, pendant et après le drame. Du coté britannique mais aussi du coté des insurgés. Quarante cinq chapitres sans véritable continuité temporelle, éclatés comme une bombe, mélangeant passé, présent et désir d’avenir.





J’ai craint un texte purement descriptif, froid et désincarné. Les objets n’ont pas de sentiments, ils n’ont pas le moindre affect, ils se contentent de décrire les événements, point barre. A la longue le procédé, relevant de l’astuce narrative, serait forcément tombé à plat. Mais Harry Parker a su donner de la consistance et une véritable profondeur à son roman grâce aux dialogues. Car les objets restituent ce qu’ils entendent. Et à travers leurs échanges, les personnages disent la peur, la douleur, la colère, l’angoisse, la honte, l’espoir. Ils expriment leurs différences, leurs divergences, leur compassion et leur incompréhension.





Certes, les objets tiennent le plus souvent le lecteur à distance, ils restent neutres, ils ne sont pas dans le jugement. Ils exposent les faits, décrivent des comportements, rien de plus. Mais parfois les descriptions prennent un tournant inattendu et offrent de purs moments d’émotion, comme cette scène où le père rase avec application son fils tout juste sorti du coma. L'équilibre entre description et émotion donne une force phénoménale à ce texte qui ne dénonce pas la guerre, qui ne donne pas non plus ou dans la glorification des soldats blessés et qui n’exige pas réparation.





Un premier roman lumineux, ambitieux et parfaitement maîtrisé, qui cherche la reconstruction après l’éclatement, la réappropriation d’un corps disloqué par un homme à jamais traumatisé.


Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Anatomie d'un soldat

Un roman dont le traitement est original. L'auteur raconte le combat d'un jeune soldat Tom Barnes en Afghanistan d'où il reviendra blessé, à travers 45 objets qui l'accompagnent. Il peut s'agir d'un garrot, d'une paire de baskets, d'un tuyau pour respirer, d'un sac à dos.... L'histoire est donc racontée à travers ces objets. En revanche, j'ai trouvé que c'était long car il y a 45 chapitres et pour moi, c'était à la limite du supportable tellement certaines scènes sont crues et choquantes. C'est donc le sujet qui m'a gênée.

Mais c'est juste mon avis !
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Anatomie d'un soldat

Merci à Christian Bourgois !

Anatomie d'un soldat raconte l'histoire du capitaine Tom Barnes. Envoyé en mission dans une zone de conflit, il marche sur un engin explosif... Grièvement blessé, il est rapatrié en Angleterre, où il va devoir subir plusieurs lourdes opérations. Il va devoir à la fois surmonter sa peur, le fait d'avoir été amputé physiquement, mais surtout d'apprendre à dépasser l'événement et à avancer.

Le point intéressant d'Anatomie d'un soldat est sa manière de présenter l'histoire. En effet, Harry Parker utilise différents objets, que ce soit un sac, un fauteuil roulant, une prothèse, des baskets, et bien d'autres, pour raconter la vie de Tom Barnes et des personnes qui l'entoure. Cette forme de narration aurait pu être mal utilisée ou périlleuse ; mais heureusement, grâce au style d'Harry Parker et à sa sensibilité, Anatomie d'un soldat se révèle bouleversant et émouvant ! On ne peut que compatir à la vie de Tom Barnes, à sa situation... C'est un homme qui – comme beaucoup d'hommes – se penchait intouchable et fort, mais qui va malheureusement être rattrapé par le sort. Le chemin va être long pour l'accepter, sa récupération et sa guérison va prendre du temps. Il va s'adapter difficilement, mais peu à peu il va finalement ouvrir les yeux sur sa situation.

(Mon avis complet sur mon blog.)
Lien : http://chezlechatducheshire...
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Anatomie d'un soldat

BA5799, c'est son matricule militaire. Tom Barnes, c'est son nom. Après avoir été grièvement blessé lors d'une patrouille, il est rapatrié en Angleterre pour se reconstruire...

Cette histoire de soldat est racontée d'un point de vue inédit : celui d'objets (une quarantaine) concernés de près ou de loin. Basket, fauteuil roulant, pile, lettre, prothèse... De manière réaliste et parfois même très crue , chacun d'entre eux raconte la guerre, la lutte, la mort, la survie, le retour.

Un procédé diablement original et parfois déconcertant (déroutant d'adopter le point de vue d'une... chaussette) qui, une fois qu'on s'y est habitué, reconstitue brillamment le puzzle d'une vie, de la même manière que les chirurgiens (dont les dialogues ne sont pas sans rappeler des scènes d'"Urgences") s'efforcent de reconstituer au mieux l'anatomie du soldat. Le portrait d'un homme courageux et résilient.
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Anatomie d'un soldat

Quel dommage!

L'idée de départ de donner la parole à tous ces objets était très intéressante.

Malheureusement, nous restons à l'extérieur de ceux-ci. On ne devient pas ces objets; ce garrot, ce sac, ces bottes... On assiste au récit, on est des spectateurs...on demeure loin de tout.

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Anatomie d'un soldat

Lors d’une mission dans un pays jamais nommé, le capitaine Tom Barnes pose le pied sur une mine artisanale. Gravement blessé et ayant perdu une jambe, il est rapatrié en Angleterre où les médecins sont obligés d’amputer son autre jambe.



Au lieu de passer par un récit classique, l’auteur fait parler des objets. Quarante-cinq en tout "conçus pour assister, observer ou nuire" pour raconter l’histoire de ce soldat : le drame, la convalescence et la reconstruction. Sans suivre une linéarité et sans pour autant perdre le lecteur, à travers quarante-cinq chapitres, chaque objet (garrot, mine, sac à main de sa mère, une paire de baskets d’un jeune insurgé, gilet pare-balle, , prothèse, engrais ayant servi à la construction d’une mine) rend compte des comportements et des sentiments. Et on se prend des émotions en pleine figure ! La peur, la douleur, l'acceptation, les moments de doute l’espoir mais aussi de l’humour.

Raconté du point de vue des soldats mais aussi des insurgés et de la population, il n’y pas de vainqueur ou de héros. Juste des hommes.

Sans pathos, intense, j’ai eu la gorge serrée d’émotions), ce livre est lumineux car c’est un homme qui au-delà des difficultés rencontrées ( physique, psychologiques) se reconstruit.



Un premier livre absolument maitrisé, réussi et puissant! Anatomie d'un soldat et pour moi la bonne surprise de cette rentrée littéraire. Un roman qui sort des sentiers battus par son approche et par la qualité du style. J'ai été plus que touchée !



L'auteur Harry Parker a perdu ses deux jambes en sautant sur une mine en 2009 en Afghanistan.


Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Anatomie d'un soldat

L’absence de parti pris des choses pour dire la guerre, la destruction et la survie. Un tour de force époustouflant et paradoxalement d’autant plus poignant.



Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2018/03/01/note-de-lecture-anatomie-dun-soldat-harry-parker/
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Anatomie d'un soldat

Anatomie d'un soldat, c'est l'enchevêtrement de trois récits différents narrés selon le point de vue d'objets du quotidien en temps de guerre et après, lors de la reconstruction. Ces objets ne sont jamais cités, il revient au lecteur de deviner de quoi il s'agit, ce qui n'est pas toujours aisé. Cependant, ce point de vue ne fait des objets des êtres à part entière, nous ne sommes pas dans une fable. Il s'agit simplement d'un procédé narratif pour le moins original et intéressant.



Ainsi, les chapitres se succèdent pêle-mêle alternant les bribes de vie très fragiles des insurgés, du capitaine Tom Barnes sur le terrain avec ses pairs et de sa reconstruction, physique puis psychologique, d'abord à l'hôpital puis chez lui.



Au-delà de son écriture atypique, le récit amène à la réflexion et le choix du style permet d'installer une distance naturelle qui se dissipe peu à peu. Ainsi, au début, le soldat n'est nommé que par son matricule BA5799 et son nom ne sera mentionné qu'après la lecture de quelques chapitres. Les sentiments perçus par la mère de Tom Barnes sont traduits à travers son sac à main rouge. Cela a permis, à mon avis, à l'auteur de ne pas tomber dans le pathos et le sentimentalisme tout en laissant cette part une sensation d'angoisse, de douleur et de mal être au lecteur. Et j'ai particulièrement apprécié le chapitre du miroir, très court mais tellement efficace.



Si l'intention de l'auteur est de désorienter le lecteur, alors c'est totalement réussi. Ce côté déroutant nous plonge dans l'incertitude et dans le flou, comme c'est le cas pour un solda au front ou alors en convalescence, après un traumatisme de guerre. Rien n'est limpide, on avance à tâtons et on reconstitue, au fur et à mesure de la lecture les éléments jusqu'à compléter le puzzle.



Un témoignage fort et puissant, qui sort de l'ordinaire. Je le conseille vivement même si je pense qu'il n'est pas accessible à tous.
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Anatomie d'un soldat

La première fois que j’ai entendu parler de ce livre, j’étais fermement décidée à ne pas le lire, car j’avais peur de ne pas supporter son contenu. Alors que l’armée recrute et que nombre d’entre nous connaissent des gens désireux de s’engager, je craignais cette lecture immersive qui me donnerait une idée de la réalité de ce que risque un soldat.



Et puis j’ai changé d’avis, à la lecture d’un article de Livres Hebdo qui expliquait que ce livre était bel et bien un roman démontrant de réelles qualités littéraires. La curiosité et la volonté d’affronter la vérité, même si Harry Parker romance ici son histoire en se projetant dans le capitaine fictif Tom Barnes, m’ont poussée à n’inscrire que ce titre dans ma sélection Masse critique. Je dois donc remercier Babelio et Christian Bourgois éditeur de m’avoir permis de me plonger dans cette lecture.



Je ne peux pas vraiment dire que ce fut une expérience agréable : j’ai dû interrompre ma lecture à plusieurs reprises car le sujet était trop dur, le traitement trop cru ou l’émotion trop forte. Je crois que la dernière fois qu’un livre m’avait mis dans des états similaires, il s’agissait du Complexe d’Eden Bellwether. Moi qui affectionne particulièrement la littérature française, je dois reconnaître un immense talent à la jeune génération d’auteurs britanniques. Mais à la différence du roman de Benjamin Wood, celui d’Harry Parker s’inspire de faits réels, et produit donc un effet encore plus saisissant. Je préfère prévenir les âmes sensibles : on ne ressort pas indemne de cette lecture.



Pourtant, l’auteur a bien pris soin de ne pas tomber dans le pathos en adoptant une stratégie aussi habile qu’admirable : celle de donner la parole à quarante-cinq objets qui racontent tour à tour des moments-clés de l’histoire de Tom, au camp militaire avant le drame puis durant sa rééducation, mais retracent aussi le parcours des insurgés qui ont posé la bombe responsable de l’explosion. Si ce traitement nous plonge au plus près des faits, au cœur de l’action, de façon parfois assez cinématographique, il permet aussi de déconstruire l’ordre des événements en constituant une sorte de puzzle dont les pièces s’assemblent peu à peu. Une façon pour l’auteur de ne pas livrer une vérité univoque mais plutôt de rendre compte de la difficulté pour un être humain de se positionner dans un conflit qui le dépasse. J’ai été frappée par la capacité d’empathie de Tom, qui ne semble pas en vouloir à ceux qui ont causé son amputation, mais aussi par le recul de l’auteur qui parvient à se glisser dans la peau des insurgés, au point de faire ressortir les similitudes entre Tom et les jeunes combattants ennemis. Ce qui frappe le lecteur, c’est la futilité apparente de cette guerre qui ne semble apporter que des douleurs pour toutes les forces en présence et ne régler aucun problème, et, à travers cette situation dramatique, la fragilité des vies et des choix humains. Mais aussi, bien sûr, l’extraordinaire force de vie et capacité de résilience – pour employer un mot à la mode – d’un homme qui a dû accepter de se voir mourant, diminué, changé, pour reconstruire sa vie de manière différente. Le soldat Parker a disparu, au profit d’un écrivain de talent, qui a utilisé son expérience pour produire une œuvre romanesque puissante et bouleversante. On a envie de lui dire bravo, de lui souhaiter le meilleur…et de lire les prochains livres sur lesquels il est déjà en train de travailler.



Aussi sur le blog :
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Anatomie d'un soldat

Il y a quelques mois, j’ai croisé à plusieurs reprises ce roman sur les blogs. J’étais assez rebutée pas tant par le sujet mais par le procédé choisi par l’auteur. Raconter une histoire par le biais des objets, quelle idée saugrenue ! Je ne sais donc pas vraiment pourquoi je l’ai déposé dans mon sac à la bibliothèque. Et j’ai bien fait !



Un soldat britannique marche sur une bombe artisanale et perd ses deux jambes. Le sujet est grave et émouvant, d’autant plus que l’auteur s’est inspiré de sa propre histoire. Mais jamais il ne tombe dans l’auto-apitoiement. L’angle de narration choisi permet une certaine distanciation puisque ce sont des objets qui, à travers 45 courts chapitres, nous racontent cette histoire.

Des objets médicaux (qui d'ailleurs s'adressent directement à Tom), des objets militaires, des objets du quotidien, des objets servant à fabriquer la bombe, des objets appartenant à d'autres personnages,... Des objets qui ont ici une voix et nous racontent ce qui se déroule devant eux. A travers eux, nous assistons à la blessure du capitaine Barnes, aux différentes interventions qu’il subit, à sa rééducation. Nous le suivons aussi dans son quotidien de soldat, nous sommes aux côtés de sa mère lorsqu’elle apprend sa blessure, nous faisons connaissance avec les insurgés qui fabriquent et posent la bombe qui le blessera.



Je craignais d’être lassée par la succession de ces objets, mais cela n’a pas été le cas. Ces différents objets (jamais nommés mais que l’on devine par leur utilisation), ces différents points de vue et ces allers-retours entre l’avant et l’après, pourraient perdre le lecteur, bien au contraire, cela donne du rythme au récit. Harry Parker parvient à transcrire les pensées et sentiments de ses différents personnages, et s'il ne verse jamais dans le pathos, l'émotion est bien présente.



Difficile après cette lecture de ne pas poser un autre regard sur tous ces objets qui nous entourent et qui pourraient raconter tous les détails de notre vie s’ils étaient dotés de parole !



Un roman exceptionnel !
Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Anatomie d'un soldat

Un livre passionnant, d'abord par son sujet, le quotidien d'un soldat en guerre, et par ses angles de narration qui sont remarquablement originaux. On est saisi d'entrée par le suspense que l'auteur maîtrise et par le côté documentaire de la vie de ces soldats engagés dans des opérations mineures mais quand même très dangereuses. La lutte pour la survie est présente du début à la fin. Haletant et magnifique !
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Anatomie d'un soldat

Anatomie d’un soldat relate l’histoire du capitaine britannique Tom Barnes qui perd ses deux jambes en sautant sur un engin explosif improvisé lors d’une mission. La grande originalité du roman est qu’il est raconté à chaque chapitre par des objets : instruments médicaux, matériel militaire, vélo, baskets, sac…



Certes, le point de vue des objets et la construction éclatée du roman sont perturbants et il faut le temps au lecteur pour s’y faire. J’ai eu parfois du mal à m’y retrouver, à identifier précisément l’objet dont il était question ou la chronologie des évènements. D’ailleurs, tous les chapitres ne m’ont pas captivée. Mais contrairement à ce que l’on pourrait craindre, le récit est loin d’être neutre ni dénué de sentiments. En exposant les faits, les objets apportent une certaine distance qui rend l’histoire d’autant plus bouleversante, car ils nous décrivent la scène de l’extérieure comme si l’on y assistait. De plus, pour ne pas tomber dans la froide objectivité, l’auteur a eu la bonne idée d’introduire beaucoup de dialogues et de faire dépeindre les pensées du personnage par ces objets qui l’accompagnent dans son quotidien de soldat et sa reconstruction. On le suit ainsi dans l’intimité de son vécu et de sa souffrance.



On va donc vivre avec Tom Barnes son amputation, ses douleurs et la pose de ses prothèses qui lui permettront de remarcher au prix d’immenses efforts. Je voudrais ici lancer un avertissement : âmes sensibles s’abstenir. La description des blessures, des opérations chirurgicales et des prothèses est parfois très cru et, même sans images, particulièrement frappante. En lisant le roman, on ne peut qu’être impressionné par le travail incroyable des médecins et touché par ce qu’endure le soldat au cours du long chemin de reconstruction. Car au-delà de l’aspect militaire, le roman nous parle du handicap, des choses de la vie quotidienne qui deviennent des obstacles, du regard des gens qui ne peuvent s’empêcher de dévisager et de poser des questions, des proches que l’on cherche à rassurer. La première étape pour le personnage va être d’accepter sa nouvelle situation. On ressent avec lui sa rage d’être dans cet état, sa faiblesse, sa vulnérabilité, sa dépendance. On imagine sa frustration, encore plus grande pour un sportif, de ne plus pouvoir courir, sauter, s’entrainer, et, en somme, de ne plus être un homme comme les autres. Dans les jours qui suivent ses opérations, il doit gérer le sentiment que cette prouesse technique accomplie par les médecins pour le ramener à la vie est contre-nature, qu’il n’aurait jamais du survivre à l’explosion. Il va devoir se battre pour retrouver sa dignité et son identité, pour ne plus être ce corps meurtri mais redevenir un humain à part entière.



Anatomie d’un soldat est largement autobiographique. Harry Parker, fils de militaire, a été officier dans la British Army. Lors d’une mission en Afghanistan en 2009, il saute sur une mine et doit être amputé des deux jambes. Il s’est depuis reconverti vers des occupations artistiques (écriture et arts plastiques). Alors certes, il s’agit d’ un roman sur la guerre écrit par un militaire. Mais on est loin d’une vision fantasmée de la guerre. Pas d’héroïsme, pas de glorification, juste l’histoire d’un soldat gravement blessé qui raconte son calvaire. Et le personnage rejette précisément les hommages à son courage : car quel mérite y-a-t-il à avoir sauté sur un engin explosif et en être ressorti à moitié mort ? Rien de glorieux là-dedans. L’auteur ne tombe pas non plus dans l’apitoiement ou dans la dénonciation.



Le roman est construit en puzzle, les chapitres nous renvoyant tour à tour en Afghanistan aux côtés des soldats ou de la population, à l’hôpital où est soigné le capitaine, chez lui lors de son retour à la maison ou encore avec le kiné en charge de la rééducation. Ce procédé entretient le suspens et renforce l’aspect dramatique, puisque que ce n’est qu’à la fin que l’on apprend les circonstances exactes de la blessure et que l’on assiste à la scène.



On se projette réellement dans la réalité de ce que vivent les soldats en Afghanistan. On suit le quotidien des patrouilles et les moments à la base. On sent la fatigue des militaires et leur ras-le-bol de la chaleur et du double-jeu joué par certains habitants. Les objets nous décrivent l’adrénaline, la peur, la recherche des bombes et des mines, la vigilance constante et la méfiance envers les Afghans parmi lesquels se cachent des combattants. On a également le point de vue de la population et des talibans. C’est d’ailleurs sans doute avec cela que j’ai eu le plus de mal : être placé dans la peau des poseurs de bombe. Mais l’auteur ne cherche pas à porter un message idéologique, il nous livre les choses comme elles sont, souvent complexes, et sans conformisme.
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Anatomie d'un soldat

Ce roman venait d'arriver à la bibliothèque de ma ville quand je l'ai emprunté. Le titre m'a surprise, la couverture aussi. Je n'ai pas lu le 4e de couverture et je me suis lancée.



Roman ? pas vraiment puisqu'il s'agit d'un récit largement autobiographique. Mais peut-on parler d'une autobiographie quand le narrateur n'est pas celui dont on parle ? Car en effet le narrateur change à chaque chapitre, et le narrateur est un objet qui va être présent dans l'histoire de ce jeune soldat anglais envoyé en Afghanistan et qui va perdre ses deux jambes à cause d'une bombe artisanale.

Ce narrateur peut être un sac, un gilet pare-balle, un fauteuil roulant, un vélo, un sac d'engrais.... et cet objet va décrire l'histoire de ce jeune soldat mais aussi de deux jeunes Afghans.



Pas de pathos, pas d'auto apitoiement dans ce livre. Intéressant, précis (voire froid dans certaines descriptions : pas de sentiment mais au final le ressenti est encore plus fort puisque justement l'auteur ne joue pas sur la corde sensible mais uniquement sur les faits).

Une très bonne lecture.
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Anatomie d'un soldat

Ce livre c'est le récit étonnant d'objets appartenant à un soldat, à un père, à une mère, à un jeune garçon…

Ce récit c'est l'histoire de BA5799 (Tom Barnes), un soldat anglais dont la vie est chamboulée par une explosion, mais aussi l'histoire de bien d'autres personnes que la guerre a affecté.

L'« anatomie d'un soldat » traite de faits graves, les conséquences de la guerre, sans parti pris et d'une manière totalement originale.



La première originalité vient de la chronologie des chapitres, puisque les faits décrits se déroulent soit avant l'explosion soit après. Ils présentent de manière morcelée la vie de soldat de Tom Barnes sur le front, ou son combat pour reprendre son autonomie. Ce découpage assez aléatoire peut gêner la lecture puisque les récits sont parfois enchâssés entre eux.

J'ai mis pour ma part quelques secondes avant de m'y retrouver dans la chronologie des événements à certains moments, mais en définitive cet aspect désarticulé du récit donne au livre plus de poids et rend paradoxalement l'histoire de ce soldat plus réaliste.



La seconde originalité de ce livre, et la plus frappante, c'est l'identité des narrateurs, des objets en tout genre « conçus pour assister, observer ou nuire » qui nous transmettent sans jugement le récit des événements. La nature de ces narrateurs n'est parfois pas explicite ce qui rend d'autant plus curieux leurs récits et peut déstabiliser si on ne reste pas concentré. Ces objets n'ont pas pour seule fonction de décrire les événements dont ils sont les spectateurs ou les acteurs ils sont aussi le relais des pensées et états d'âme des personnes auxquels ils appartiennent. Certains passages pourront peut-être rebuter certains, puisque les actions sont décrites sans fioriture et sans fard, ce qui peut surprendre, .

L'auteur par cette narration déconcertante nous livre, dans ce premier roman, un peu de son vécu sans tomber ni dans le pathos ni dans le sentimentalisme.



Je ne suis pas une grande adepte de ce type de roman et je ne pense pas que j'aurais eu la curiosité d'ouvrir ce livre si l'opération Masse critique de ce mois de septembre ne me l'avait pas fait découvrir. Je remercie donc l'équipe de Babelio et la maison d'édition « Christian Bourgois éditeur » pour cette lecture que j'ai vraiment appréciée.

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Anatomie d'un soldat

Garrot. Sac d'engrais avec NH4NO3. Chaussure de combat spéciale désert. Engin explosif improvisé. Sonde médicale. Sac à dos vert olive. Sac à main rouge. Basket blanche Nike. Zygomycète. Jumelles à vision nocturne. Boîtier médical d'appel.Balai. Scie chirurgicale oscillante. Pile. Radio émetteur-récepteur. Poche de transfusion sanguine. Montre digitale fabriquée en Thaïlande. Béret kaki militaire. Sonde urinaire. Rasoir. Lit de camp pliant. Feuille de parier imprimée. Photo aérienne prise par satellite. Tapis. Lettre. Fusil. Fauteuil roulant. Miroir. Balle. Lit. Vélo. Prothèse de la jambe. Avion de combat. Goutte d'eau. Brouette. Billet de banque américain. Médaille militaire. Verre de bière. Gilet pare-balles. Prothèse high-tech. Casque. Explosion. Double médaille matricule. Drapeau. Jambe artificielle pour le sport.

= 45 objets.

= 45 objets narrateurs. Et c'est là que se trouvent l'originalité et l'audace littéraire de ce premier roman : le retour à la vie d'un soldat blessé au Moyen-Orient, de l'accident à la survie puis à la reconstruction physique et psychologique, racontée par 45 objets qui réussissent le défi de non seulement raconter, par leurs prises de paroles, mais de révéler émotions et pensées des différents personnages, quel que soit leur camp.



Précision : l'auteur, dont c'est lepremier roman, a lui-même été blessé en Afghanistan en 2009.



Bémol : peut-être un peu long. Peut-être qu'une trentaine d'objets auraient suffit. Et âmes sensibles s'abstenir : des scènes crues et violentes, sanguinolentes, chirurgicales, avec un sens du détail poussé à l'extrême, qui parfois sont nécessaires et dont parfois nous pourrions nous passer même si elles renvoient à une horrible réalité.



Néanmoins, le récit, totalement explosé dans sa chronologie, se construit, se tient et est un témoignage totalement saisissant.
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