- Il a une arme, maman. Un revolver. Il tient P.J. J'ai peur.
La terreur me broie la poitrine.
- Qui tient P.J.? Réponds-moi, Augie, où es-tu? Qui a un revolver?
- Je suis dans un placard. Il m'a enfermée.
Dans ma tête, mes pensées tournent à une vitesse folle. Qui pourrait faire une chose pareille? S'en prendre ainsi à mes enfants?
- Raccroche, Augie, tu m'entends? Coupe tout de suite et compose le 911, pour prévenir la police. Sans attendre une seconde, ma chérie... Et ensuite tu me rappelles, d'accord? Tu peux le faire?
J'entends ses reniflements et je répète, plus sèchement:
- Tu peux le faire?
De nouveau, elle laisse passer un temps de silence. Puis elle acquiesce.
- Oui, je peux le faire. Je t'aime, maman, répète-t-elle doucement.
- Moi aussi, Augie. Je t'aime de toutes mes forces.
Je ne suis pas ma soeur! ai-je envie de hurler. Je ne lui ressemble en rien et je ne lui ressemblerai jamais. Mais peu importe. Quoi que je fasse, aussi loin que j’aille, Allison me poursuivra toujours. On me ramène toujours à elle.
Et puis il y a la mère de Joshua. Elle est à des lieues de se douter de ce qui se passe. De ce qui s'est glissé dans la vie de sa famille.
Un mot, un seul, vient me cingler de plein fouet et je pleure.
La façon la plus simple de ne pas perdre la face, c'est de garder la moitié inférieure fermée.
Et c'est à ce moment là que je la vois. Ses yeux vides d'expression sont levés vers moi et son visage en plastique est figé dans un demi-sourire. Je tends la main vers la poupée et je la prends. (...) Sur son torse nu, on a écrit deux mots au marqueur noir, deux mots qui, je le sais, me suivront désormais partout, où que j'aille. "Tueuse d'enfant."
Dieu ne tient pas un cahier d'appel pour noter les présents et les absents. Il y a des gens qui vont à l'église tous les jours et qui sont loin d'être admirables.