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Citations de Heide Goettner-Abendroth (16)


13. « - Les sociétés matriarcales agraires se sont développées beaucoup plus tôt que les sociétés nomades d'élevage. Ces dernières sont une forme de société secondaire, qui n'est pas autosuffisante. Elles dépendent des sociétés agraires pour l'alimentation en végétaux. Il ne s'agit pas d'une période culturelle en soi.
- Il est fort probable que les sociétés d'élevage se soient développées à partir des sociétés horticoles et agricoles, et non à partir des cultures de fourrageage (cueilleuses et chasseurs). Les animaux ont d'abord été domestiqués dans les sociétés agraires.
[…]
- Pour ces raisons-là, nous affirmons que les sociétés d'élevage étaient à l'origine matriarcales. Certaines d'entre elles allaient finir par devenir patriarcales, conséquence de la dégradation de leur environnement et de l'influence des sociétés de domination patriarcales institutionnalisées.
- Quelques sociétés d'élevage matriarcales existent encore, comme chez les Tibétains d'Asie centrale, les Goajiro d'Amérique du Sud, les Bedja et les Nubiens d'Afrique de l'Est et les Touaregs d'Afrique du Nord.
- Contrairement aux sociétés patriarcales, les sociétés d'élevage matriarcales placent le soutien mutuel au-dessus de l'accumulation des biens, y compris les troupeaux. Cela montre que l'élevage d'animaux ne mène pas, en soi, au patriarcat. » (pp. 525-526)
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Ce qu'on ne peut nommer ne peut être perçu.
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Un matriarcat qui ne se conforme pas aux stéréotypes de leur conception du monde devient invisible.
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12. « La politique de mariage est un moyen typique d'édifier des royaumes de reine matriarcaux, et elle contraste fortement avec l'usage patriarcal de la guerre pour bâtir un empire. Amis, invités, alliés, résidents autochtones, réfugiés et même esclaves sont intégrés dans les clans – et cela vaut également pour la lignée royale – par le mariage, afin d'élargir les clans et de façonner une société de proches parents. Même sous leur forme la plus complexe de confédération ou de royaume de reine, les sociétés matriarcales sont des sociétés de parenté.
Par conséquent, les royaumes de reine matriarcaux sont en premier lieu caractérisés par le fait d'être des sociétés de parenté. Deuxièmement, ce sont toujours des sociétés sacrées. C'est-à-dire que le matrilignage et la sphère spirituelle et religieuse sont leurs deux principes d'organisation. Troisièmement, il s'agit d'alliances construites par les liens du sang et l'affinité – mais jamais par la conquête (contrairement aux patriarcats). Ces traits spécifiques les distinguent fondamentalement des royaumes et empires patriarcaux. » (p. 463)
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11. « Que dans ces conditions les Gantowisas aient malgré tout réussi à continuer à être les vecteurs de l'identité autochtone de leur peuple atteste de la capacité des femmes iroquoises à survivre. Aux États-Unis, elles ont revivifié les structures claniques matriarcales et se sont de nouveau rassemblées en groupes de travail collectifs, sur les pauvres terres des réserves, afin d'aider leur peuple à s'en sortir. Là où il n'existe pas de réserves, elles forment des sociétés d'entraide, plus discrètes mais tout aussi vitales. Le renouveau perpétuel des sociétés de médecine iroquoises – qui, en dépit d'une grande adversité, demeurent les vecteurs majeurs de la tradition autochtone – a donné au peuple une nouvelle estime de soi.
Aujourd'hui, les membres de la Confédération iroquoise se réunissent de nouveau lors des fêtes autochtones et de conférences internationales, et rédigent des critiques déterminantes quant à la situation des peuples autochtones des États-Unis, et en Amérique du Nord et du Sud, ainsi que dans le reste du monde. Ils comptent parmi les groupes les plus politiquement actifs dans le mouvement pour les droits autochtones. » (p. 381)
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10. « Dans cette culture, un garçon peut souhaiter être une fille plutôt qu'un fils. De ce fait, l'organisation sociale de Juchitán rend possible le choix de genre : si un garçon décide d'être "fille", il sera habillé en fille, éduqué en fille, et s'adonnera à des activités féminines ; c'est-à-dire, au commerce. Il est considéré comme un "muxe" et tenu définitivement pour une femme, y compris dans le domaine amoureux où il peut avoir un partenaire masculin. Il en va de même pour les filles ; si une fille désire être un "fils" – ce qui en général est moins convoité dans une société matriarcale – elle est habillée et éduquée comme un garçon, et en tant que "marimacha" s'en va travailler dans les champs avec les hommes. Et elle aura des femmes pour partenaires sexuelles.
Ces changements de rôles de genre se rencontrent également dans nombre d'autres sociétés matriarcales, mais le phénomène n'est pas encore bien étudié. Cependant, il prouve que l'amour homosexuel n'est pas tabou dans les matriarcats, mais envisagé comme une préférence naturelle. Ce qui est conservé dans cette permutation de rôles de genre est l'apparence traditionnelle et les sphères d'activité associées à chaque sexe – la polarité femme-homme n'est pas supprimée. » (p. 312)
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9. « - Les premières sociétés d'agriculture évoluées dans les Amériques sont apparues dans le sud, probablement sur la côte occidentale de l'Amérique du Sud (et sur la côte occidentale de l'Amérique centrale), et se sont propagées à partir de là à la partie septentrionale et orientale du continent.
- La migration de certains peuples agricoles matriarcaux vers le continent sud-américain a eu lieu via les cultures des îles du Pacifique (route du sud).
- Le phénomène de femmes matriarcales dans le rôle de guerrières combattant au côté de leurs compagnons était très répandu, survenant dans les situations où les envahisseurs menaçaient de détruire les sociétés matriarcales.
- Les Pays des Amazones ont bien existé (sur plusieurs continents). Il faut distinguer les Amazones des femmes matriarcales qui combattaient au côté de leurs compagnons : les Amazones étaient, au contraire, des guerrières professionnelles qui ont créé des sociétés d'où les hommes étaient exclus. Les Pays des Amazones sont une variante particulière de l'ordre social matriarcal.
- Les sociétés des Amazones sont nées dans des périodes de transition entre des époques culturelles matriarcales et patriarcales. Il s'agit d'une forme de réponse apportée par les sociétés matriarcales à l'entreprise de conquête des peuples patriarcalisés et leurs sociétés secrètes d'hommes.
- Les sociétés secrètes guerrières d'hommes sont des entités du processus de patriarcalisation. Elles surgissent lorsque la pénurie de terres et le déplacement de populations rendent impératif d'avoir des leaders charismatiques et des combattants professionnels. » (pp. 286-287)
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8. « Le 24 juin 1542, non loin de l'embouchure du Rio Negro, le principal affluent de l'Amazone, ils eurent une rencontre mémorable avec les Amazones elles-mêmes lorsque les habitants des berges en appelèrent à leur reine pour les aider à combattre les envahisseurs. Dix ou douze grands canoës remplis de guerriers s'approchèrent des bateaux espagnols, avec chacun à sa proue une Amazone qui commandait. Ces femmes combattaient si implacablement qu'aucun de leurs sujets n'osait se retirer, et si l'un d'entre eux se mettait à couvert l'Amazone qui commandait ne manquait pas de l'attaquer à coups de bâton, sous les yeux mêmes de Espagnols. Un combat périlleux s'engagea : les bateaux espagnols étaient en si grande difficulté qu'ils "ressemblaient à des porcs-épics, avec des flèches pointant de partout" (Carvajal). Ces Amazones ont été décrites comme grandes et à la peau blanche (probablement peinte en blanc), leurs longs cheveux noirs tressés autour de la tête. Musclées et complètement nues, munies de leurs arcs, elle lançaient des flèches avec une force extraordinaire, et Carvajal affirme que chacune d'elles combattait avec autant de bravoure que dix hommes. Les Espagnols bredouillaient de courtes prières ; ils avaient manifestement besoin du courage dispense par leur Seigneur pour se battre contre les Amazones. » (pp. 274-275)
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7. « Les relations sociales ont changé de façon plus radicale dans les zones du Rantau, conséquence de l'industrialisation et du capitalisme liés à l'influence occidentale sur les villes de Sumatra. Malgré tout, les femmes minangkabau et leurs Panghulu ont trouvé le moyen de se servir de la modernisation pour renforcer l'Adat, au lieu de l'affaiblir, dans leur terre mère originelle. Ainsi, nombre d'émigrants reviennent chez eux, dans leurs clans, en tant que "migrants de retour", remplissant leurs devoirs et versant leurs gains à la maison maternelle. En particulier dans une ville étrangère, il est impératif pour les Minangkabau d'affirmer leur identité en tant que membres d'un Darek prospère. Aussi le clan finance-t-il les maisons des familles nucléaires sur les terres appartenant aux femmes du clan ; ces maisons appartiennent aux épouses (uxorilocalité) – ce qui les protège en cas de divorce. Même lorsqu'elles partent s'installer dans des villes afin d'avoir accès à l'éducation et à une formation, les femmes minangkabau possèdent leurs propres maisons, grâce à l'aide de leurs clans. En outre, les lois régissant l'héritage stipulent que la propriété privée qu'un homme aurait acquise dans le Rantau ne peut être détenue que pendant une génération, en tant que don fait à ses enfants ; ensuite, elle revient au clan de sa mère – c'est-à-dire entre les mains des femmes de son clan. » (p. 219)
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6. « L'institution de chamanes familiales est étroitement liée aux pratiques du culte des ancêtres ; et il est instructif de constater que le chamanisme ne découle pas – contrairement aux affirmations habituelles – de la prétendue "chasse magique" propre aux hommes, mais des anciens cultes funéraires familiaux pratiqués par les femmes, pratiques intimement liées aux concepts de renaissance. Preuve en est que dans le chamanisme original le rituel majeur implique la vivante incarnation des membres défunts de la famille dans le corps des plus jeunes lors de la fête des morts ; l'aïeule est incarnée dans sa petite-fille, l'aïeul (le frère de la mère) est incarné dans son petit-neveu (selon les termes européens de la parenté). […] Dans les cultures matriarcales, la petite-fille est nettement plus importante, puisque c'est elle qui incarne en ligne directe la renaissance. Pour cette raison, elle endosse le rôle de chamane, et son voyage de transe dansé lui permet de ramener les âmes charnelles des morts de l'Au-delà.
[…]
En raison de leur faculté à catalyser la renaissance, seules les femmes pouvaient pratiquer le chamanisme, dans sa forme originale. La situation a changé avec l'avènement de la patrilinéarité, où fils et petits-fils ont endossé le rôle de chaman et où les femmes ont perdu leur droit exclusif à accomplir les fonctions sacerdotales. Avec pour conséquence de faire perdre au chamanisme sa vieille signification, celle d'aller chercher les âmes des ancêtres. Au lieu de quoi, c'est en qualité de guérisseurs que le chaman, à la recherche de l'âme d'une personne malade, se rendait dans l'Au-delà, où un démon retenait l'âme prisonnière. C'est sous cette forme, fort éloignée de sa signification originale, que les anthropologues ont rencontré le phénomène du chamanisme [...] » (pp. 164-165)
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5. « Aujourd'hui, parmi ces peuples, la situation est en train de changer rapidement. Nous avons pu le constater par nous-mêmes : le gouvernement central a ouvert, en 1983, les villages du lac Lugu au tourisme de masse masculin chinois ; cette opération a entraîné l'apparition d'une économie monétaire et une augmentation des conflits familiaux chez ce peuple hospitalier. Cela représente la liquidation de leur culture et l'humiliation publique pour les femmes mosuo, qui sont considérées comme étant sexuellement disponibles. En même temps, le départ des jeunes Mosuo – qui, influencés par la télévision et l'internet, s'en vont rejoindre les villes chinoises – menace la survie de la famille matriarcale. De plus, les conditions requises pour les activités agricoles deviennent toujours plus difficiles, car l'avidité de l'industrie chinoise, dans les basses terres, pour les matières premières conduit à la déforestation dans les régions montagneuses. » (p. 156)
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4. « La polyandrie de frères, dans laquelle une femme épouse plusieurs frères, est particulièrement fonctionnelle d'un point de vue économique : elle limite le nombre d'enfants. Une femme ayant plusieurs hommes réduit la somme de leur potentielle fertilité en ce qu'elle n'a pas plus d'enfants […] qu'elle n'en aurait si elle avait un seul homme. La forme la moins fonctionnelle est la polygynie de sœurs, dans laquelle un homme marié à plusieurs femmes peut potentiellement engendrer une progéniture illimitée, et la famille augmente jusqu'à comporter de nombreux enfants. […] Une autre raison de sa popularité [de la polyandrie] tient peut-être au fait que, quand plusieurs frères subviennent aux besoins d'une femme et de ses enfants, leur travail collectif permet d'assurer un meilleur niveau de vie que lorsqu'un homme doit travailler pour plusieurs sœurs et leurs enfants. […] Mais c'est uniquement par la mère, et non par les pères, que les enfants nés de cette forme de mariage sont considérés comme étant sœurs et frères : cela renvoie à l'ancienne matrilinéarité. » (pp. 139-140)
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2. « En résumé, cette définition structurale pose que les sociétés matriarcales sont :
- Au niveau économique, des sociétés qui créent une économie équilibrée dans laquelle les femmes distribuent les biens, toujours en quête d'une économie de partage ; une économie de ce type présente des caractéristiques communes avec une "économie du don". Par conséquent, je les définis comme "sociétés d'économie de partage fondées sur la circulation des dons".
- Au niveau social, des sociétés fondées sur une parenté matrilinéaire, dont les caractéristiques sont la matrilinéarité et la matrilocalité, dans le cadre d'une égalité de genre. Par conséquent, je les définis comme "des sociétés horizontales et non hiérarchisées de parenté matrilinéaire".
- Au niveau politique, des sociétés fondées sur le consensus. La maison clanique est le lieu des prises de décision, tant au plan local que régional, et est représentée à l'extérieur par un délégué (souvent) masculin ; les processus politiques de strict consensus sont à l'origine non seulement d'une égalité de genre, mais d'une égalité au sein de la société tout entière. Par conséquent, je les définis comme des "sociétés égalitaires fondées sur le consensus".
- Au niveau spirituel et culturel, des sociétés fondées sur une attitude de totale spiritualité, qui considèrent le monde entier comme divin, créé par la Divinité féminine ; cela engendre une culture sacrée. Par conséquent, je les définis comme des "sociétés sacrées et des cultures de la Divinité féminine". » (pp. 20-21)
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1. « Le paradigme matriarcal a été soutenu et encouragé par le mouvement des femmes contemporain, mais il va au-delà de tous les féminismes occidentaux, qui ont tendance à rester prisonniers du mode de pensée européen et occidental. Il ne se cantonne pas à la situation des femmes et ne se rallie pas à un antagonisme essentialiste entre les femmes-en-général et les hommes-en-général. Dans l'optique du paradigme matriarcal, de telles généralisations anhistoriques sont contre-productives ; elles oublient la très grande diversité des sociétés et les contextes historiques dans lesquels les questions de genre sont enracinés. À l'inverse, les Recherches matriarcales modernes s'attachent à la structure globale de la société – les femmes et les hommes, les personnes âgées et les jeunes, la nature humaine et non humaine. » (pp. 13-14)
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De part leur politique axée fondamentalement sur la paix, les sociétés matriarcales sont des modèles importants pour les sociétés futures, justes et pacifiques, au-delà du patriarcat.
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3. « Selon ce système matrilinéaire, les hommes n'ont traditionnellement aucun rôle important en tant qu'époux et ils ne sont pas reconnus en tant que pères […]. Ce n'est pas que l'homme soit tenu en moindre estime, mais dans son clan matriarcal il n'a aucun lien de parenté avec les enfants de son épouse. Son rôle parental est celui qu'il occupe en tant que plus proche parent des enfants de ses sœurs – ses nièces et ses neveux. Les enfants de ses sœurs sont pour lui ses filles et ses fils parce qu'il porte le même nom de clan qu'eux. » (p. 89)
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