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Henri Meschonnic
Images nuages tête pluie le paysage est dedans j'ai des collines dans les bras la rivière dort dans mes yeux quand je me réveille j'ai des oiseaux dans mes cheveux |
POÉSIE BIBLIQUE - Lart du récit dans l'Ancien Testament (France Culture, 2000) Émission « Tire ta langue », par Jacques Munier, diffusée le 26 décembre 2000 sur France Culture. Invités : Dominique Barrios, responsable de la dernière édition de : "La Bible de Jerusalem" (Cerf) ; Henri Meschonnic, linguiste et spécialiste de poétique, traducteur de : "Les cinq Rouleaux" (Gallimard) et Michel Quesnel, bibliste à l'Institut catholique et coauteur de : "La Bible et sa culture" (Desclée de Brouwer).
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Henri Meschonnic
Images nuages tête pluie le paysage est dedans j'ai des collines dans les bras la rivière dort dans mes yeux quand je me réveille j'ai des oiseaux dans mes cheveux |
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L'obscur travaille de Henri Meschonnic
Chaque visage Est un soleil J’ai mes nuages Comme chacun Mais je vais de soleil en soleil De nuage en nuage À ta rencontre À ma rencontre |
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Henri Meschonnic je fais du feu… je fais du feu quelque chose de moi est dans ce feu la flamme me monte ce feu c’est mon image c’est pourquoi je me regarde dans ce feu |
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Henri Meschonnic
Et la terre coule Extrait 2 j’ai tellement regardé regardé les autres qu’ils sont une part maintenant de mon regard ma peau tout entière est regard mes mains sont des yeux mes yeux sont des mains et je marche visage de vie en vie être le monde n’a pas de fin à mon plaisir j’avance sans savoir plus je suis en moi moins je me fais à l’idée que j’ai de moi tellement j’entre chez tous ceux que j’aime que je suis en chemin d’infini |
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Henri Meschonnic
J'avance avec le silence des arbres je marche avec le rond du ciel je ne parle pas mes mots je les marche et je marche mon silence ça ne commence pas et ça ne finit pas. |
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L'obscur travaille de Henri Meschonnic
Je n’ai rien que des jours A t’offrir mais ensemble Ensemble Ma bouche ta bouche Dans tes mains dans mes mains Ce sont elles qui tournent Autour de l’an pas l’an Qui tourne Mais nous ensemble La ronde de la vie |
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Henri Meschonnic
Extrait d’un entretien Benoît Chantre, Henri Meschonnic, Philippe Sollers Le psaume 133 commence en chanson et est devenu une chanson populaire israélienne : « Vois qu’il est bon et qu’il est doux d’être frères aussi ensemble. » Il faut voir comment d’autres traducteurs s’y sont exercés. Ce n’est pas par arrogance ou par mauvais esprit, mais pour montrer que la petite symétrie, qui ressemblait déjà à une chansonnette, a disparu. Lemaistre de Sacy : « Ah ! que c’est une chose bonne et agréable que les frères soient unis ensemble. » C’est une phrase en prose. Il n’y a pas de métrique, mais c’est une autre rythmique. Ostervald : « Oh ! qu’il est bon et qu’il est doux que des frères demeurent unis ensemble. » Samuel Cahen : « Qu’il est beau, qu’il est agréable lorsque des frères demeurent ensemble ! », Le sens est toujours le même, mais la rythmique est tout autre. Segond : « Voici Ô qu’il est agréable, qu’il est doux de demeurer ensemble ». Le Rabbinat : « Ah ! qu’il est bon, qu’il est doux à des frères de vivre dans une étroite union ». La Bible de Jérusalem : « Voyez ! qu’il est bon, qu’il est doux d’habiter en frères tous ensemble ». la Bible le livre des écrivains Texte fondateur de trois monothéismes révélés judaïsme, christianisme et islam — la Bible apparaît depuis le Moyen Âge comme le « Livre ». Matrice originelle de la littérature et de l’art en Occident, elle est source inépuisable d’images, de symboles, d’archétypes, mais aussi de formes narratives ou poétiques. La Bible représente, inspire, transmet bien au-delà de la croyance qu’elle établit et affirme. C’est cet « au-delà » qu’explorent aujourd’hui des écrivains venus d’horizons très divers : « au-delà » de la mort et du silence de Dieu, « au-delà » de la foi que les rédacteurs du texte biblique cherchaient à transmettre ; la Bible, dans sa langue forte et souvent violente, s’approche plus que tout autre de ce « sacré » que les êtres humains cherchent à atteindre même lorsqu’ils ne se déclarent plus croyants. Des écrivains se sont attachés à revenir aux sources, à apprendre l’araméen pour traduire le texte dont ils nourrissent leur propre travail d’écriture. Autant d’approches nouvelles de la Bible dont ce dossier La Bible, le livre des écrivains. Le même verbe peut signifier « habiter », « être assis », ou bien « être » tout simplement. Dhorme : « Qu’il est bon, qu’il est doux pour des frères d’habiter ensemble », Chouraqui : « Voici ! quel bien, quel agrément, d’habiter, frères, unis ainsi ! » Benoît Chantre. — Redonnez-nous Meschonnic, que nous l’ayons en tête... Philippe Sollers. — « Vois qu’il est bon / et qu’il est doux /// d’être frères aussi ensemble. » On peut être frères sans être aussi ensemble et sans habiter ensemble — [on peut se souvenir des père de Sollers : deux frères ont épousés deux soeurs et vivent dans des maisons contigües et symétriques...] Henri Meschonnic. — L’essentiel, en l’occurrence, c’était deux choses : d’être frères, et d’être ensemble. Le problème ne résidait pas dans le sens. Bien des traducteurs savent l’hébreu certainement mieux que moi. Ce n’est pas un problème de langue, c’est un problème de rythme et de mode de signifier. * Quel tohu-bohu ? Prenez le début de la Genèse. Ce ne sont pas les problèmes qui manquent au commencement du monde. Le mot « tohu-bohu », tóhou/vavóhou, est un couplage expressif. Ce n’est pas une onomatopée, cela n’imite rien. On trouve beaucoup d’expressions expressives dans la Bible. Le problème n’est donc pas celui du sens. Étant donné que nous sommes dans le récit d’une cosmogonie, il y a dans chacun des mots qui sont employés là comme une épaisseur de légendaire. D’après la Bible moralisée, c1250, Vienne, Bibliothèque nationale autrichienne. En 1973, j’avais traduit tóhou vavóhou par « boue et remous ». Je m’étais fondé à l’époque sur des récits akkadiens et babyloniens. J’ai préféré, après lecture de tous les commentaires, « vaine et vide », pour le couplage et plus proche du sens, car il fallait rendre la notion de vide. En 1535, Olivétan est le premier traducteur de la Bible en français à partir de l’hébreu. Jusqu’alors, tous avaient traduit à partir du latin. Mais traduire à partir l’hébreu ne suffit pas. Encore faut-il répondre au défi poétique. Olivétan dit : « indisposée et vide ». Le latin donne : « terra autem erat inanis et vacua ». Philippe Sollers. — Vous traduisez par « vaine et vide ». Cette traduction tient bien. « Vaine » : le Waste land de T. S. Eliot, la terre vaine. Henri Meschonnic. — Il y a d’autres tentatives du même ordre. Dans la Bible de Jérusalem, on, trouve « vide et vague ». Il y a une infinité de manières d’échouer et une infinité de manières de réussir, jamais une seule solution. Il faut faire en sorte que le programme de traduction contienne la prosodie et le rythme. Inanis et vacua ne donne que le sens des mots. L’autre problème est celui de la fin du premier jour, rom e’had, que je traduis par « jour un » et non pas par « premier jour ». Le signifiant est bien un adjectif cardinal et non pas ordinal. En revanche, dans la suite du texte, on a bien : deuxième, troisième, etc. J’ai suivi le commentaire célèbre de Rachi, du XIe siècle. Je ne fais pas mienne son explication, mais il justifie l’adjectif cardinal par le fait qu’au début Dieu est seul dans son univers. Philippe Sollers. — C’est tout à fait juste. Henri Meschonnic. — Mais c’est aussi parce que, au moment où cela se passe, la série n’a pas encore commencé. Cela ne peut donc pas être traduit par « premier ». C’est le jour un. La plupart des traductions ont traduit par l’adjectif ordinal. Au verset 5, Lemaistre de Sacy : « et du soir et du matin se fit le premier jour ». Ils ont tous traduit par « premier jour ». Philippe Sollers. — Ils sont très pressés qu’il y en ait d’autres. Henri Meschonnic. — Oui. Mais pour le sixième jour, c’est une autre syntaxe qui se présente et j’ai traduit par « Jour, le sixième ». Il faut reconnaître que tout ce début n’est pas du langage ordinaire. C’est une cosmogonie. C’est une syntaxe très simple, par rapport à celle des Gloires. Mais le problème poétique est ailleurs, il est celui de l’atmosphère du divin. Je crois qu’elle est perdue avec la traduction de Jean Grosjean, qui en fait du français ordinaire, même si je comprends très bien pourquoi Jean Grosjean traduit ainsi : « C’était le premier jour », en ponctuant avec des « et voilà. » Philippe Sollers. — Il y a là une dé-divinisation très grande. Cela me fait penser à quelqu’un, le vieux Joseph Haydn. Beethoven dirige son oeuvre La Création. Quand tout le monde s’est mis debout pour applaudir, il a levé les bras au ciel pour signifier que cela venait de là-haut. + Lire la suite |
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Modernité, modernité de Henri Meschonnic
Contre toutes les poétisations, je dis qu’il y a un poème seulement si une forme de vie transforme une forme de langage et si réciproquement une forme de langage transforme une forme de vie.
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Henri Meschonnic
Combien de noms les morts sont couverts de mots mes mots sont pour ceux qui vivent ils ne ferment pas une vie je ne fais que commencer de les dire des bouts de mots qui sortent à peine de nos bouches tant ils sont mêlés à nous que la phrase à dire c’est nous elle n’est pas pour les pierres je ne sais pas ce qu’elle dit elle continue si on s’arrête se tait si on parle trop on avait enterré un cimetière pour le sauver les pierres plus fragiles que nous depuis qu’on les dresse vers le ciel pour qu’elles tournent avec les astres qu’elles nous portent dans les temps nous n’avons pas ce temps mais nous sommes le temps du temps et les pierres ne portent plus que des mots dont l’air s’est perdu on les déchiffre on écoute l’absence c’est nous sans nous la force de ce qui n’est pas écrit la main touche les lettres et passe oui c’est moi qui manque aux mots non les mots qui me manquent j’ai dû dormir quand il ne fallait pas je n’étais pas présent quand on leur a fait dire ce que je ne voulais pas depuis je travaille pour le silence j’amasse l’absence des mots je laisse une place vide dans tout ce qui est dit c’est la place du mot à dire pour que la mer s’arrête les pierres montent je suis le vide de ce mot nous du temps que nous parlions aux pierres nous avons pris leur sens leur temps et maintenant leur mémoire est en nous elle marche dans nos pas elle bouge dans notre chaleur nous ne faisons plus la différence entre ce qu’elles disent et nous le temps des pierres c’est nous et nous sommes pleins de cris que nous laissons sur nos passages comme des pierres en nous tenant l’un à l’autre pour trouver parmi elles notre chemin. + Lire la suite |
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Henri Meschonnic
Je suis l’enfant je suis la foule… Je suis l’enfant je suis la foule qui pousse ses mains comme un arbre sort de moi et plein de cris je m’ouvre sans comprendre ce qui vient |
En quoi est métamorphosé Horace Slughorn, lorsque de sa première rencontre avec Harry?