Jean Yves Rochex - Henri Wallon. Acte, pensée
Car c'est un fait que la réalité existe et c'est un fait qu'elle est le résultat de forces qui s'affrontent et dont elle traduit l'équilibre du moment.
L'homme est un être biologique, il est un être social et c'est une seule et même personne. L'objet de la psychologie, c'est de faire connaître l'identité de l'homme sous ses différents aspects.
Dans la succession de ses âges, il est un seul et même être en cours de métamorphoses.
Gesell a pu comparer deux jumeaux homozygotes, c'est-à-dire deux êtres dont la ressemblance est aussi complète que possible: l'un est exercé à monter un escalier dès l'âge de 46 semaines et l'autre seulement à 53; en deux semaines, le second a rattrapé son frère. Les actes étudiés ont toujours été, bien entendu, des actes naturels, tels que picorer, marcher, saisir, parler, dont l'acquisition est constante pour tout individu normal vivant dans un milieu normal. Des stimulants, des circonstances appropriés sont assurément nécessaires pour qu'ils se produisent, mais leur utilisation ne devient véritablement efficace qu'au moment où les conditions biologiques de la fonction arrivent à maturation.
Ce que nous connaissons des choses ne peut consister dans les sensations variables qu'elles nous procurent. C'est une structure qui se ramène à une construction intellectuelle.
Ce qu'il apprend à exprimer et par suite à connaître de ses désirs, ce n'est en somme que leur aspect socialisé.
Il en résulte une image vacillante des choses, qui rend difficile de les identifier entre chacune et facile de les mêler entre elles. L'idée de leurs métamorphoses possibles, loin d'être réduite par le contact de la réalité, y trouverai plutôt son fondement. Ainsi les fantasmagories auxquelles l'enfant est crédule ont-elles moins lieu de nous surprendre.
Le caractère est ramené à des termes qui relèvent beaucoup moins de ce que l'individu peut être en lui-même que de l'opinion.
Pourquoi a-t-on donné à ces activités diverses le nom de jeu ? Evidemment par assimilation à ce qui est le jeu chez l'adulte. Il est d'abord délassement et, par là, s'oppose à l'activité supérieure qu'est le travail. Mais ce contraste ne peut exister chez l'enfant qui ne travail pas encore et dont le jeu est tout l'activité.
C'est ce qu'on a appelé "croyance magique". Elle n'a rien de magique chez l'enfant, en ce sens qu'elle n'a rien d'un rite et qu'elle est toute spontanée. Elle est le simple effet de l'indifférenciation qui persiste entre les plans mentaux et moteurs de l'action, entre le moi et le monde extérieur.