"Il n'y avait plus de véritable symbole sexuel masculin depuis que James Dean est mort et que Marlon Brando a pris du ventre", écrivait Howard Smith, le journaliste hip du Village Voice. "Les battements de coeur de Dylan sont plutôt cérébraux et les Beatles ont toujours été trop jolis pour être vraiment sexy. Maintenant arrive Jim Morrison, des Doors. Si mes antennes ne s'égarent pas, il y a longtemps qu'il n'y a rien eu d'aussi fort pour s'emparer de la libido des masses."
L'histoire que vous allez lire peut vous sembler tragique, mais pour moi c'est le récit d'une libération. Quoi que Jim ait pu subir pendant ses derniers jourss, de déception et de tristesse, je crois qu'il a aussi connu la joie, l'espoir et la tranquille certitude qu'il était presque arrivé au but.
Peut importe comment il est mort. Peu importe aussi, au fond, qu'il nous ait quittés si jeune. Ce qui importe c'est que Jim Morrison à vécu [...]
Si les portes de la perception étaient purifiées, chaque chose apparaîtrait à l'homme comme elle est, infinie. William Blake
"Hé, les gars, dit-il au bout d'une minute, il y en a un qui a lu ce que dit de nous Gene Youngblood ?"
Les autres levèrent la tête. Jim faisait la bouche en coeur.
"Il dit, je cite : "Les Beatles et les Stones sont là pour vous envoyer en l'air, les Doors sont faits pour après, quand vous êtes déjà sur orbite."
Jim et les autres Doors voulaient qu'on les prenne au sérieux. Du coup, leurs interviews ressemblaient plutôt à des exposés universitaires. Un bon exemple, ce fut quand ils rencontrèrent un envoyé de Newsweek à Los Angeles en octobre, à leur retour de New York. " Il y a des choses qu'on sait, dit Ray en citant Jim, et des choses qu'on ignore, le connu et l'inconnu, et entre les deux il y a des portes - c'est nous." Cette phrase, un jour, sera attribuée à William Blake.
"C'est une quête, disait Jim, c'est ouvrir une porte après l'autre. Il n'existe actuellement ni philosophie ni politique cohérentes. Pour l'instant le mal et la sensualité sont des images qui nous attirent, mais voyez cela comme la peau d'un serpent qui un jour s'en dépouillera. Notre travail, nos spectacles poussent à une métamorphose. En ce moment je m'intéresse avant tout au visage noir de la vie, au mal, à la face obscure de la lune, à la nuit. Mais dans notre musique il me semble que nous recherchons, que nous nous efforçons de parvenir à un domaine plus propre, plus libre.
C'est comme un rite de purification, au sens alchimique du terme. D'abord on a une période de désastre, de chaos, le retour au lieu du désastre primordial. A partir de là, on purifie les éléments et on obtient une nouvelle semence de vie, ce qui transforme vie, matière et personnalité jusqu'à finalement, il faut l'espérer, pouvoir émerger et réconcilier tous ces dualismes et ces contraires. Alors on ne peut plus parler de bien et de mal, mais d'une pureté, d'une unité. Nos musiques et nos personnalités telles qu'on les voit dans nos spectacles sont encore plongées dans le chaos, dans le désordre, avec peut-être un élément de pureté naissant qui se met à venir. Ces derniers temps, quand on est monté sur scène, cela commençait à se fondre dans un ensemble.
Venice, pour Jim, c'était l'idéal. Cette petite communauté d'artistes attirait de plus en plus de cheveux long , d'errants et d'artisans en tous genres. La plage était couverte de corps, les tambourins répondaient gaiement aux douzaines de transistors, les chiens couraient après les Frisbees, des cercles de blue- jeans assis en tailleur de l'herbe, la headshop locale vendait ouvertement du LSD. San Francisco avait le Haight, Los Angeles avait Venice. Le temps des Hippies commençait à peine.
...Richard Goldstein consacra une fois de plus une grande partie de sa rubrique à leur groupe, appelant Jim un "chamane sexuel", disant "Les Doors commencent là où les Rolling Stones abandonnent".
Au mois de juin, Ray et son groupe avaient été engagés pour accompagner Sonny and Cher au bal du lycée, à la remise des diplômes. Mais un des musiciens les quitta. Ray prévint l'école qu'ils seraient cinq au lieu de six, et on lui répondit qu'ils seraient six, comme le disait le contrat, ou qu'ils ne seraient pas payés.
« Hé,mec, dit Ray en voyant Jim, ça te dit de faire un bal avec nous ? »
« Je ne sais jouer de rien, Ray. »
« Ça ne fait rien, t'as seulement à rester là en tenant une guitare électrique. On fera passer le fil derrière un ampli. On ne le branchera même pas. »
Plus tard Jim dit n'avoir jamais gagné d'argent si facilement.
Je ne suis pas fou
Je m'intéresse à la liberté
Bonne Chance
J.Morrison
Toutes les années qu'il passa à l'école G.W, Jim obtint les meilleurs notes avec le minimum d'effort et figura deux fois au tableau d'honneur. Son Q I était de 149. Ses notes le mettent au dessus en mathématique ( 528 la moyenne étant de 502,) et nettement au-dessus en expression orale ( 630 au lieu de 478).