Je débarque bien après tout le monde, mais j'avais dû flairer l'arnaque. On m'a prêté ce livre, avec un vague "tu me diras ce que tu en penses", il y a bien plus d'un an, et depuis je repoussais, soupirais, me trouvais des tonnes d'excuses valables.
Puis il a bien fallu que je m'y colle, et j'ai rarement autant souffert avec un bouquin.
Dieu que c'était long.
Je n'aime ni les polars, ni les thrillers, soit. Mais j'ai suffisamment de curiosité et de bonne volonté pour être, en général, capable de lire rapidement quelque chose qui à priori n'est pas mon style, ne serait-ce que pour pouvoir me dire "Ca, c'est fait!" et passer à autre chose, l'esprit libéré. Chaque page de "Tout est sous contrôle" a pourtant été une épreuve. J'en étais à compter ce que je lisais le soir, à calculer dans combien de jours je verrais enfin le bout du tunnel. Si le livre avait fait 100 pages de plus, j'en aurais peut-être été réduite à graver des petites croix sur le montant de mon lit, une par jour. Fort heureusement pour moi et mon mobilier, cela nous a été épargné. Et c'était déjà bien assez long comme ça.
Mais entrons plutôt dans le vif du sujet: qu'est-ce que je lui reproche, à ce fichu bouquin?
Le style, d'abord. Une blague, c'est drôle. Une blague toutes les deux phrases, voire toutes les phrases, c'est un peu lourd, mais ça peut être drôle. Une blague qui n'apporte absolument rien, sinon l'impression de lire le scénario du concours du roi de la vanne, c'est juste insupportable. D'une part, le rythme est continuellement brisé par ces petites interventions inutiles; d'autre part, inutile de vous dire que la crédibilité du personnage en prend un coup. Un mec à qui il arrive toutes les misères du monde et qui se retrouve au centre d'un complot peut certes garder un certain sens de l'humour et relativiser. Ce serait même tout à son honneur. Mais là, on a simplement l'impression qu'il ne mesure pas l'ampleur de ce qui se passe: je ne parle pas d'un certain détachement flegmatique, plutôt d'un retard mental. En plus de l'humour douteux, n'oublions pas les phrases courtes et les précisions inutiles. Bref, vous l'aurez compris sans peine, je n'aime pas la manière dont c'est écrit.
"Les soupes sont arrivées, Paulie a goûté la sienne, l'a jugée potable et, tirant sur ma chaise de l'autre côté de la table, je me suis penché sur son oreille. Je n'avais pas prévu de faire appel à ses lumières puisqu'à cette heure-là, pour être honnête, l'éclairage était encore morne. Toutefois je ne voyais pas ce que j'avais à perdre." (p.51)
Les relations entre les personnages sont laissées, pour la plupart, à la libre appréciation du lecteur. Un petit exemple? L'un des personnages secondaires s'appelle David Solomon, et débarque un beau matin pour faire son petit déjeûner au héros avant de le conduire au Ministère de la Défense. Ils ont l'air de se connaître, et on apprendra plus tard qu'ils ont fait l'armée ensemble. On nous précise que "A l'exception de ses supérieurs, Solomon appelle tout le monde "monsieur" ", pourtant il appelle le héros "Maître" tout le reste du bouquin (on ne sait pas pourquoi), en le tutoyant ou le vouvoyant alternativement (on ne sait pas pourquoi non plus). Il réapparaît périodiquement, sert d'intermédiaire à quelques occasions, et voilà. C'est tout. Pourquoi, comment, sont-ils vraiment amis, tiennent-ils l'un à l'autre, peut-on avoir des détails? Apparemment non. Avec mon vocabulaire de gamer, je pourrais conclure que c'est un PNJ.
Allez, un dernier point pour la route: la construction de l'intrigue. Un rebondissement, c'est intéressant. Plusieurs, c'est surprenant. Un toutes les dix pages, c'est un peu la reproduction des feux de l'amour version thriller, et personnellement ça me fatigue beaucoup. Au final on s'embrouille, on perd le fil, et reprendre la lecture s'apparente à un chemin de croix le temps que les pièces de ce puzzle se remettent en place.
Notons que le roman date de 1996, avant que Hugh Laurie n'interprète le Dr House et ne devienne mondialement connu, et n'a bien sûr été traduit que quand il est devenu bancable, comme on dit. La pub pour les coffrets DVD sur un des volets de la couverture finira de convaincre que c'est un nom qu'on vend, non un talent.
Mais une chose me met en joie: j'ai fini de le lire! Je vais pouvoir passer à de vrais bouquins!
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