Interview de Sue Grafton par Barbara Peters. 1/6
Non sous-titré.
L'expérience m'ayant prouvé que les banques sont les institutions les moins coopératives du monde, la seule perspective d'avoir à interrompre ce que je faisais pour rectifier une erreur me déprimait.
Chaque mort violente représente le point culminant d'une histoire, à partir duquel plusieurs scénarios peuvent se dérouler. Mon travail consistait à écrire une fin appropriée au conte, et ce n'était pas évident après tout ce temps.
Je suis menteuse de nature; c'est un de mes modestes talents, mais je le cultive. J'en sais probablement plus long en matière de boniments que la moitié des habitants de la planète.
Quand quelqu'un qui vous est proche est assassiné, vous voulez que le reste du monde en soit affecté. Vous voulez que tout le voisinage entre en ébullition et que l'on fasse quelque chose.
En tout cas, soyons lucides, la vie est dérisoire et je crois que le fait de mourir ne rend pas les mourants plus sages pour autant.
Rien de plus efficace que des excuses pour me faire choir de mes grands chevaux. Je battis en retraite aussi vite qu'elle et nous passâmes les quelques minutes suivantes à nous lisser mutuellement les plumes avant de reprendre.
Les gens adorent qu'on les complimente sur leur chien. Ils se sentent importants.

- C'est plus fort que moi, Poussinet. Je sens que j'aurai des remords tant que je ne lui aurai pas expliqué moi-même.
Poussinet ?
Elle se dirigea vers le tabouret où je m'étais perchée, saisit ma main droite et la serra très fort dans les siennes.
- Je suis terriblement navrée. Puis-je espérer que vous me pardonnerez pour les paroles si dures et injustes que j'ai eues à votre égard ?
Elle s'exprimait d'une voix tellement contrite que je crus que Poussinet allait écraser une larme. Elle me regarda droit dans les yeux tandis que deux de ses bagues s'incrustaient lentement dans mes doigts. Elle avait retourné les chatons côté paume de façon à ce que les pierres fassent un maximum de dégâts durant sa poignée de main.
- Je vous en prie, c'est déjà oublié, déclarai-je avec un large sourire. N'y pensez plus.
Et pour lui prouver que j'étais la générosité même, je descendis de mon tabouret et lui entourai les épaules de mon bras, exactement comme Henry. Elle eut droit à la même petite bourrade affectueuse, à la seule différence que pendant ce temps mon talon vint lui écraser consciencieusement le pied gauche. Elle tenta de se dégager, mais je ne lâchai pas prise et on resta quelques secondes à se fixer mutuellement. Finalement elle relâcha la pression de ses doigts et je soulevai mon pied après avoir constaté que deux ronds rouges étaient apparus sur ses pommettes.
- Pour moi, les hommes sont comme des boites-échantillons de chocolat. J'aime bien gouter un peu de tout avant que la boite entière ne se gâte.
L'ennui quand on est célibataire, c 'est qu'on veut toujours avoir raison.