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Citations de Ilaria Gaspari (110)


Se reconnaître envieux revient à dire : le monde ne m'aime pas assez.
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Le jaloux fait preuve d'une gaucherie, d'une grossièreté dont le seul salut réside dans la possibilité d'être regardé avec tendresse.
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L'émerveillement est une émotion vitale. Capable de nous rendre - indifféremment de notre statut ou de notre âge -, juste un instant, identique à tous les enfants qui ont un jour fixé leurs pieds éberlués, plié un index, éclaté de rire.
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« La pitié est la tristesse qu’accompagne l’idée d’un mal arrivé à quelqu’un d’autre que nous imaginons semblable à nous8. » Voilà, c’est peut-être dans cette définition, à l’apparence si laconique – presque une lapalissade – que réside la marque secrète qui distingue la compassion de tous les mouvements de l’âme ; qui en fait une émotion différente des autres. Parce qu’en général, les affects que Spinoza rattache à la constellation de la tristesse (tristitia), plutôt qu’à celle de la joie (laetitia), sont des passions qui séparent, ségrèguent, éloignent des autres, tandis que les affects de joie se communiquent, s’additionnent, se multiplient, grâce à la participation des autres. La commiseratio est l’exception. La compassion, pour Spinoza, est certes assimilée à une émotion triste, mais une émotion qui se décline à la première personne du pluriel, un nous qui ne comprend pas seulement, qui suscite et qui éprouve la compassion, mais qui s’étend à tout la potentielle amplitude des infinies ressemblances possibles.
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Depuis la nuit des temps, poètes, dramaturges et philosophes s’interrogent sur ce petit leurre perceptif induit par la compassion. À l’instar de beaucoup d’émotions, la compassion change d’aspect en fonction de la façon dont on la regarde ; et contrairement à ce que l’on pourrait penser, elle ne porte pas toujours un masque rassurant, loin de là : il arrive même que son sourire compréhensif se mue en un rictus inquiétant.
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Chercher à habiter le présent, si tant est que cela soit possible, est une bonne façon de faire taire le ressassement provoqué par l’angoisse, la tentation d’anticiper le pire, de se sentir accablé par les présages, par la peur d’une chose invisible ; il faut faire taire tout ça pour se mettre en condition d’entendre le message profond de l’angoisse. Bien sûr, il existe des cas où il est souhaitable que le traitement de l’anxiété passe par la médecine – des cas où la souffrance excessive se transforme en paralysie. Mais je crois que nous devons avant tout une chose à notre angoisse : l’écouter, la déchiffrer. Ne pas en avoir honte, si c’est nous qui l’éprouvons, ne pas s’en moquer, si elle est éprouvée par l’un de nos proches. Souvent, elle veut nous demander quelque chose. Ne serait-ce que de prendre le temps de nous mesurer au sentiment habituel de notre imperfection .
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L’anxiété, émotion honteuse, m’a pourtant contrainte à y retourner, à repêcher, parmi tant d’autres idées plus présentables et sensées, précisément celle-ci. Je l’ai fait, ce fut ma cure.
Du reste, cura, en latin, signifie « préoccupation ». Et alors, me dis-je, la cure de l’anxiété consiste peut-être à prendre au sérieux sa préoccupation ; ne pas la minimiser, ne pas la cacher. L’écouter et tenter de saisir ce qu’elle veut dire.
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Aujourd’hui que nous avons la chance de pouvoir endormir l’angoisse grâce à des remèdes autrement plus efficaces que de la chair de serpent et des cerneaux de noix, il nous faudrait essayer de lui prêter un peu l’oreille, à cette angoisse, plutôt que de chercher aussitôt à l’évacuer ; comment, sinon, entendre son message ? Voilà pourquoi la psychothérapie est si cruciale dans le traitement de l’anxiété, même en l’associant à des médicaments.
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En notre qualité d’êtres humains, nous savons notre temps limité, mais nous ne pouvons pas pour autant en mesurer les limites. Bien sûr, nous avons aussi des moyens raffinés pour l’oublier, nous avons développé une grande habileté à la distraction, et c’est peut-être pour cette raison que les œuvres d’art sont si émouvantes : parce qu’elles naissent d’une inquiétude saturnienne qui éloigne le tourment en même temps qu’elles lui donnent corps.
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Le terme « anxiété » renvoie également à « angoisse » ; la définition est brève ; mais elle résume très bien la peur indéfinie qui accompagne l’anxiété : « Sentiment de suffocation, de palpitation et de tristesse ; accident d’un très mauvais présage. » Le supplice de Tantale de l’anxieux consiste justement en l’impossibilité de saisir ce présage.
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Aristote, dans ses Problèmes, soutient que tous les hommes hors du commun sont mélancoliques, et il établit un parallèle entre bile noire et vin, qui, bu en petites quantités, peut cependant altérer, et alléger, l’état de mélancolie.
Le remède préféré des Romains est la mandragore, dont la racine, selon les conseils d’Aulus Cornelius Celsius, doit être placée sous l’oreiller pour favoriser le sommeil.
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Elle est une façon d’avoir peur. Seulement la peur est une émotion immédiate : elle se déclenche face à un danger, réel ou imaginé, mais en tous les cas présent. Un enfant qui se réveille en pleine nuit et voit des tentacules s’échapper de son armoire ressent véritablement ce danger. La peur est immédiate, tangible, et les parents se précipitent hors de leur chambre pour venir consoler l’enfant, même si en fait de monstre, il ne s’agissait que des manches d’un pull-over tombé par terre.
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C’est l’insomnie, l’étouffement. C’est la responsabilité qui écrase Électre, c’est le dégoût du lit dans lequel nous ne trouvons pas le repos, c’est la colère d’avoir à porter un poids seul ; c’est se tourner et se retourner dans ses draps tandis que tout le monde dort ; ce sont les larmes, les palpitations et la tachycardie, c’est le bégaiement insensé, douloureux ; c’est ruminer des phrases jusqu’à ce qu’elles deviennent des litanies, comparées par Électre au chant du plus triste des volatiles, le rossignol progné, condamné à pleurer la mort de son petit en un éternel gazouillis de douleur.
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J’admets que l’étymologie n’est pas très engageante. « Anxiété » vient du latin tardif anxia, qui dérive à son tour du verbe « angere », « serrer », « suffoquer » (et qui a également fourni sa racine à « angoisse »). On devine aisément le lien physique, palpable, entre l’anxiété et l’air, entre l’anxiété et l’acte instinctif, vital, involontaire, de respirer, qui dans la crise d’angoisse se transforme soudain en une difficulté insurmontable : par un effet d’illusion, bien sûr, mais l’effet est parfaitement convaincant, alimentant à son tour l’angoisse, l’augmentant, lui prêtant le flanc.
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Il vaut peut-être mieux souffrir que jouir.
Ou peut-être que cela revient au même. La neige aussi
Est plus belle que le soleil. Mais l’amour…
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Apprendre à vivre avec le regret, et le remords, n’est pas une mince affaire ; ce n’est pas facile d’accepter ce pacte tacite qui stipule que pour vivre vraiment, il faudrait nous dissiper, renoncer à une version possible de nous-même à chaque fois que nous devons faire un choix. Comme pour toute émotion profonde, le défi le plus dur et le plus urgent est d’éviter que le regret se transforme en ressentiment ; et pour l’éviter, le seul moyen consiste à prendre conscience de tout ce qu’on éprouve, même la douleur ; de ne pas chercher à s’en débarrasser, à la cacher sous le tapis, mais à la regarder dans les yeux, quitte à pleurer un coup, ou même plusieurs.
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Parce que bien sûr, le temps fera son œuvre ; d’autres amours se présenteront et nous nous dirons : c’était pour le mieux. Mais, pour chaque fois où nous aurons aimé puis vu l’amour s’enfuir, la voix de Sapho ravivera en nous le souvenir d’une ancienne plaie – Sapho qui pour apercevoir une seule fois son Anactoria perdue est prête à tout donner, tout, le plus beau et le plus précieux. Et nous pleurerons aussi devant le final de Nos plus belles années , quand les deux protagonistes qui se sont tant aimés malgré leur incompatibilité retombent l’un sur l’autre, comme deux inconnus, et que d’un coup prend corps, mais juste un instant, le fantasme de ce qui aurait pu être mais n’a pas été et ne sera jamais, parce qu’à présent leur histoire se conjugue au futur antérieur, le temps dans lequel aucun futur simple n’est plus possible.
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Ainsi le regret est-il une émotion littéraire par excellence, féconde de manière presque excessive, comme la jalousie, la nostalgie ; plus encore, sans doute, que l’amour. Exception faite de l’amour perdu, bien sûr, qui est un vecteur de regret.
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La vie, quand elle débute, est immunisée contre le sentiment de l’irréparable. À tout le moins l’ignore-t-elle facilement, comme exprimé dans cette très belle poésie de Sandro Penna : « Peut-être jeunesse n’est-elle que cet / amour sans fin des sens, et ne rien regretter.»
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Nous serions tentés de croire que le regret s’apparente à la nostalgie, et pourtant je suis convaincue qu’il s’agit d’une chose bien différente.
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