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Citations de Iman Mersal (100)


“C’était ma camarade de classe à l’école allemande de Bab el-Louk. J’avais dix ou onze ans, et elle un an de plus. Au début je ne l’aimais pas. Elle passait son temps dans la cour à lire, elle n’était pas sociable. Moi j’étais
une petite diablesse, j’aimais le sport, la musique, le gymnase, j’étais une meneuse. L’année suivante, je me suis trouvée dans la même classe qu’elle parce qu’elle n’avait pas passé l’examen. C’est la première personne qui m’a fait aimer la lecture, elle lisait seulement en allemand…
Et puis en 1949 ou 1950, on a lu ensemble le roman
de Youssef al-Sibaï Je m’en vais, c’était le premier livre qu’elle lisait en arabe et on a pleuré
ensemble. Par la suite elle s’est mise à lire davantage en arabe, elle aimait beaucoup Yahya Haqqi.
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“L’image d’Enayat Zayyat ne me quitte jamais. Si elle disparaît un instant, je peux la faire revenir en quelques
secondes. Enayat était une camarade de la première enfance, on s’était connues à l’école, pourtant on était à l’opposé l’une de l’autre. Elle avait l’air sûre d’elle,toujours un livre à la main, elle méprisait les filles qui criaient et se chamaillaient, et moi j’étais à leur tête !
L’année suivante, je me suis assise à côté d’elle, j’ai découvert qu’elle aimait dessiner comme moi, et comme elle était très forte en allemand, je copiais sur elle. L’amitié est passée de l’école à la maison.
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Le choix du prénom n’était évidemment pas une coïncidence : comme Nagla, Enayat était confrontée au
démon de la dépression, et Nadia Lutfi était à ses côtés,malgré sa vie ouverte et bien remplie de nouvelle star du cinéma.
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Pour lui, c’est une belle histoire et il trouve toujours quelque chose à en dire, sans que son point de vue sur son héroïne
évolue avec les années. Ou plutôt, sa relation avec elle évolue après sa mort : ce n’est plus une simple écrivaine
débutante qui sollicite l’avis d’une star de la littérature, c’est une amitié profonde.On comprend des propos de Mansour qu’il a lu L’Amour et le Silence autour de 1960, qu’il a fait des remarques à son autrice avec lesquelles elle n’était pas d’accord. Il n’a pas essayé de publier le roman après son suicide, bien qu’il fût en possession d’une version manuscrite.
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"Les fenêtres s’ouvrent sur une brise plaisante, un parfum nouveau, sur des cris et des révoltes, sur une littérature aux ongles longs qui déchire l’amour, le mal et la vie, qui égratigne l’homme qui donne la liberté à la femme et la lui reprend.” Il la mentionne également à propos de la poèteafghane Nadia Anjuman assassinée par son mari: “[…]
Mon amitié avec Enayat Zayyat fut profonde et durable.
J’ai lu tout ce qu’elle a écrit. C’est moi qui ai publié son unique roman et son triste cri final.
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Qu’une femme se donne la mort – une femme jeune, qui avait un fils, un père,
une amie – pour un livre était une véritable tragédie,mais c’était une tragédie fascinante. Je me la représentais aux prises avec la grammaire arabe, essayant de mettre tout ce qu’elle voulait dire dans un roman, refusant de le publier à compte d’auteur. Elle ressemblait à son
héroïne Nagla, mais la quête d’identité de Nagla dans le travail, l’amour et la conscience politique s’était achevée dans l’espoir, avec la révolution de Juillet et les chars dans les rues où “l’aube commençait à se lever”, tandis que la quête artistique d’Enayat s’était achevée dans le désespoir ; Dar al-Qawmiyya, une des créations de la révolution de Juillet dans le domaine culturel, l’avait rejetée. Je me représentais Enayat en héroïne de son théâtre intime ; l’écriture était son identité, sa seule voie dans la quête de sens : le refus du roman équivalait à mettre en cause cette identité, à anéantir ce sens.Je me demandai si Mansour avait ressenti quelque culpabilité. Mais après tout, elle ne lui avait pas donné son roman une fois achevé, pas plus qu’elle ne lui avait demandé son aide pour le publier ni n’avait eu recours à lui quand Dar al-Qawmiyya l’avait refusé. Elle avait donc décidé de se passer de ses services.
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Il y a une curiosité qui s’empare de nous devant un écrivain inconnu, surgi de nulle part, dont on ne sait rien, ni ses dates de naissance et de décès, ni à quel groupe ou courant littéraire le rattacher, qui étaient ses pères ou ses mères dans l’écriture. Les écrivains sont des individus autonomes, certes, mais ils travaillent dans une langue qu’ils partagent avec leurs pairs et leurs prédécesseurs ; on ne
peut concevoir une écriture sans s’interroger sur ce qui la relie à d’autres.
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"Ce livre délicat, L’Amour et le Silence, est le premier et le dernier de l’autrice inspirée Enayat Z“ayyat, décédée alors qu’elle n’avait pas trente ans. Les souffrances de son cœur sublime et de son humanité tourmentée lui étaient insupportables. Que les bénédictions les plus chastes aillent sur son âme pure et son art élevé.”
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Il arrive qu’un livre vous ébranle sans que pour autant ce soit une œuvre essentielle dans l’histoire de la littérature ou le meilleur livre que vous avez lu de votre vie, mais parce que, de manière purement fortuite, il vous envoie un message qui vous aide à comprendre ce par quoi vous passez exactement au moment où vous en avez besoin, sans même que vous sachiez que vous en avez besoin.
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Le cœur lourd. Tout est vieux à mes yeux. Les gens sont des feuilles jaunes, mouillées, leurs traits et leurs vêtements extérieurs ne m’émeuvent pas. Je me sens prisonnière de ce mode de vie. J’aspire à de nouveaux horizons, je voudrais m’arracher de la glu de cet environnement, aller vers un monde plus vaste, plus grand. Je suis lasse des ciels purs de mon pays. J’ai envie d’autres ciels, sombres et opaques, de promesses qui suscitent en moi peur et surprise.
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Il y a dans L’Amour et le Silence une fraîcheur, une
vigueur dans l’écriture, tantôt froide, tantôt affectueuse,
tantôt laborieuse comme si elle était traduite d’une autre
langue. Tantôt marquée par l’atmosphère du roman sentimental qui dominait à l’époque, tantôt moderne, fantastique, transparente, unique. C’est un premier roman
par excellence, où les tons se juxtaposent et se marient
sous l’empreinte d’une écrivaine de talent.
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Ce n’est pas l’intrigue du roman qui me l’avait fait aimer ; je savais déjà, en 1993, que l’intrigue ne suffit pas à faire un bon roman, et je n’aurais pas relu un roman en raison de la “conscience” de la femme ou de la société qui s’y manifestait, fût-il écrit par une femme dans les années 1960. À l’époque, mes amis et moi nous
gaussions de ceux qui jugeaient la qualité d’une écriture
à l’aune de la “conscience” qui s’y exprime, ou louaient une œuvre littéraire pour la seule raison qu’elle reflétait la réalité, défendait une classe sociale ou une cause politique ou nationale ; rien n’était plus risible à nos yeux que la défense de valeurs élevées dans des écrits médiocres.
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L’écrivaine
qui a commencé son parcours avec une voix feutrée et
très personnelle, contemplant une rue déserte depuis la
fenêtre de sa chambre, et qui a conservé ce ton, même
s’il a évolué au fur et à mesure des expériences et des
dialogues avec les autres, l’abandonne soudain au profit d’une voix impersonnelle et grandiloquente dans les
dix dernières lignes du roman.
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Elle adopte peu à peu ses opinions sur le colonialisme, la pauvreté, la corruption du roi, mais aussi sur la cupidité de sa propre classe sociale et sa responsabilité dans cette situation. Le moment où elle découvre combien ce frère mort, l’étudiant bourgeois gâté, était égoïste et superficiel est peut-être l’expression la plus forte de son détachement vis-à-vis de
la mort de Hicham.
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J’ai regardé son visage, je ne croyais pas que Hicham pût mourir. Ce n’était qu’un visage endormi ; simplement, aucune respiration n’agitait sa poitrine. Sur le coup, il m’a semblé que c’était un détail sans importance pour Hicham, qu’il pourrait maintenant se lever, courir et rire, il était plus fort que n’importe qui, il n’avait pas besoin de cette respiration dérisoire pour vivre. J’ai tendu la main pour le toucher, peut-être à son contact ouvrirait-il les yeux pour moi, Nagla, sa sœur. Mais son visage est resté inerte, de glace.
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Il ne m’est pas venu à l’idée, hier soir, tandis que je ruminais ma colère, qu’il puisse y avoir un lien entre le décès de Faten Hamama et la disparition de Paula. C’est
peut-être cela le monde auquel, enfant, j’aspirais. Il est pourtant de notoriété publique que Paula a emprunté son nom de scène au personnage de Nadia Lutfi que
joue Faten Hamama dans Je ne dors plus. Ne m’a-t-elle pas raconté comment Enayat et elle s’étaient entichées de Faten Hamama, comment son mari et elle étaient allés avec Enayat voir le film au cinéma Miami, à sa sortie en décembre 1957 ?
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Je ne sais
même pas ce que je ferai des photos et des papiers que
Paula m’a promis, si je réussis à les obtenir. Est-ce que
je joue à un jeu, ou est-ce que je fuis ma propre vie en
cherchant un fil qui me mette sur la trace de la vie d’une
femme qui a écrit un roman et qui est morte trop jeune ?
N’ai-je pas déjà lu et relu son roman ? Est-il important
au point d’enquêter sur son autrice ? Est-ce sa décision
précoce de mettre fin à ses jours qui me pousse vers elle,
ou les potentialités non advenues de son avenir d’écrivaine ?
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Les films proposaient une autre géographie, une vie différente, avec ses péripéties dramatiques : la ville des années 1950 et 1960, les filles révoltées et perdues qui tenaient leur journal intime sur des cahiers à motifs floraux et tombaient toujours amoureuses des mauvais hommes – trop vieux, trop riches, trop pauvres. Avec leurs secrets que les autres révélaient toujours avant la fin du film. Les hommes voués à l’éloignement, mutés en Haute-Égypte ou partis étudier en Europe, toujours prêts à croire les délateurs pour que les amoureuses souffrent, ou qui parfois mouraient à la guerre. Les films étaient une fenêtre sur l’amour, la malchance et le châtiment. Parce qu’il y avait toujours un châtiment, de la société ou, à défaut, du ciel.
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Je suis désemparée, perdue, je sens qu’une main
anonyme me pousse vers un destin inconnu, je sens que
j’ai besoin de quelqu’un à mes côtés, d’un être humain
qui me guide et me montre le chemin qui mène à bon
port. Mais je ne trouverai personne. Parce que je ne peux
demander conseil ni à mon père ni à sa femme… Je me
sens seule, aussi seule qu’avant. J’ai peur de Mustafa, il
est plus fort que moi, plus âgé, plus expérimenté… Et
si je faisais demi-tour ? Oui, il faut que je fasse demi-tour !
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Je ne cherchais
pas à être voyeuse, mais il y avait un spectacle à chaque
pas. J’étais d’une humeur étrange. Ce n’était pas de la
déception : Enayat m’avait appris depuis longtemps que
rien d’elle ne s’obtenait facilement. Je n’étais pas particulièrement affectée par la dégradation des tombeaux
anciens, ni moralement choquée par l’insulte faite aux
restes des morts. Je ne sais plus lequel de mes amis a un
jour décrit son humeur comme “un genre de picotement”. J’avais bien aimé l’image.
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