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Citations de Ivan Klíma (45)


Mais à l’époque je m’étais posé la question : qu’advient-il de l’âme humaine à l’épicentre d’une explosion atomique ?
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Elle me demanda : tu crois que tout amour est fait de faux espoirs ? Je compris qu’elle m’interrogeait sur nous deux
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Une ou deux générations, tout au plus, d'un infime pourcentage de l'humanité, ont fini par atteindre un niveau de vie extravagant, mais au prix d'une inimaginable dévastation de la planète, et d'un gaspillage inouï de l'énergie accumulée pendant des millions d'années. On peine à imaginer le prix payé pour cette illusion. Je ne pense pas uniquement aux crimes perpétrés contre la nature, dont nos petits-enfants auront encore à subir les conséquences (si tant est qu'ils survivent...) : il y a pire, bien pire.
Dans ses efforts pour mobiliser le plus de moyens susceptibles de "forcer la nature, "supprimer ses ennemis", "promouvoir "plus de croissance", ou de "défendre l'acquis", notre société moderne a donné naissance à de gigantesques infrastructures administratives, militaires, policières. (...) peu à peu ces structures se sont comportées comme toute personne investie d'un pouvoir délégué, elle l'ont usurpé à leur seul profit, au détriment de tous ceux dont elles le tenaient. (..) Ces instances ne sont plus gouvernées : elles gouvernent, par elles-mêmes. À la différence d'anciens usurpateurs, ces structures de pouvoir n'ont pas de visage, ni d'identité. Elles sont insensibles aux coups comme aux mots. (...)
Mais nous ne nous rendons pas compte qu'ils ont cessé d'agir en notre nom. Impossible de s'en débarrasser. Ils ne reconnaissent aucune divinité au-dessus d'eux, ni le peuple au-dessous d'eux. Ils ne reconnaissent plus qu'eux-mêmes, leur appareil, leurs organisations, et leurs propres lois de fonctionnement, leur prolifération destructrice. Ils ont la haute main sur une technologie qui peut métamorphoser le monde, qui leur fournit les moyens de le dominer, les armes pour le détruire.
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Nous vivons bombardés par des informations et des idées qui se transforment en déchets dès qu'elles sont émises.
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Acte de création, acte de liberté, la littérature s’oppose à toute forme de violence, de totalitarisme.
Ce qui fait naître la littérature, ce n’est ni l’oppression, ni la liberté, ni une situation sociale, pour fascinante qu’elle soit. La grandeur de la littérature est fonction du talent de ceux qui la créent. Tolstoï et Tchekhov ont vécu privés de liberté, Faulkner et Greene étaient libres, Márquez à mi-chemin entre les deux…
Une œuvre littéraire, c’est quelque chose qui défie la mort.
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A un tournant du sentier, je vis apparaître un aide-infir-mier qui poussait un chariot métallique, ce plumier de métal dans lequel on range les morts. Moi aussi, j'avais poussé ce chariot. Je m'écartai de son chemin, mais j'étais obsédé par l'idée qu'il se dirigeait vers le tas d'ordures pour y vider son chargement.
Je retournai au pont de bois.
Tout en bas, le train arrivait à grand fracas, le chapeau se souleva, puis flotta de-ci de-là dans les nuages de fumée.
Papa se mit à rire et je fus soulagé. Nous étions totalement proches, un bref instant de communion qui se dressait au-dessus de nos vies, que rien n'avait effacé ou sali pendant toutes ces années.
Papa se pencha dans les profondeurs, y repêcha le chapeau noirci de suie. Il n'hésita pas à le coiffer, me refit un signe et s'éloigna lentement; il partit en riant.
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Tout comme l'amour, la haine peut permettre à l'homme d'échapper à la solitude. On se trompe lorsqu'on considère la haine comme le contraire de l'amour, en fait elle est du même côté que l'amour et leur contraire c'est la solitude.
Souvent, nous nous faisons accroire que c'est l'amour qui nous attache l'un à l'autre, alors qu'il ne s'agit plus que de haine - mais la haine nous paraît préférable à la solitude.
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Papa avait atteint la frontière de ce que sa raison pouvait concevoir, l'angoisse nocturne du trou noir le glaçait - et moi j'étais incapable de le rassurer. Mon cher Papa, comment pourrais-je l'aider, te préserver de l'angoisse de la chute, moi qui n'ai même pas réussi à brûler ta fièvre ? Je ne suis que ton fils, il ne m'est pas donné de te libérer des ténèbres, de libérer qui que ce soit.
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Je regardais les couronnes colorées des arbres, ils me saluaient de loin, même si personne ne m'attendait à leur pied, même si elle ne m'attendait plus. Je me contente de dire « elle », il est rare que je la nomme lorsque je me parle à moi-même. Les noms se fatiguent et s'usent comme les mots d'amour.
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Le monde compte près de cinq milliards d'êtres humains et chacun croit que de sa vie on pourra tirer au moins une histoire. C'est une idée qui donne le vertige. S'il naissait - ou plutôt si l'on fabriquait - un scribe assez fou pour enregistrer cinq milliards d'histoires et biffer ensuite tout ce qu'elles auraient auraient commun, que resterait-il ? A peine une phrase par destin, un instant comme une goutte dans la mer, l'expérience unique d'une angoisse ou d'une rencontre, un moment de vision ou de douleur [...]
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« Kafka s’est efforcé d’être vrai dans son écriture, dans sa profession et dans son amour. […]
Il ne pouvait être en même temps un véritable écrivain et un véritable amant ou, qui plus est, un époux, même s’il le souhaitait ardemment. Pendant de brefs moments, il se laissait aller à l’illusion répétée qu’il pourrait atteindre à l’un et l’autre état et c’est alors qu’il écrivit la plupart de ses œuvres. Mais à chaque fois, redécouvrant la vérité, il demeurait comme paralysé, immobilisé dans la souffrance. Alors, soit il abandonnait son manuscrit pour ne plus y revenir, soit il rompait tous ses engagements en demandant aux femmes qu’il aimait de lui pardonner. »
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Une ville, c’est comme une personne : faute d’établir avec elle une relation véritable, elle reste un nom sur la carte, une simple forme qui, très vite, s’évanouira de notre esprit. Or, pour créer cette relation, il importe de pouvoir observer une ville, découvrir sa personnalité propre, son moi profond, son esprit, son identité, les circonstances de son cheminement dans l’espace et dans le temps.
(p.45) – « L’esprit de Prague »
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Nous sommes devenus extravagants, nous vénérons la nouveauté, presque religieusement. Nous nous fatiguons des choses bien avant qu’elles s’usent, et, d’ailleurs, elles s’usent plus vite que par le passé. Et même si nous ne nous sommes pas fatigués de ce que nous avons, nous savons que ce sera démodé quelques mois après notre achat. Moi, je vis dans un pays où, loin de sombrer dans l’excès, les gens ont souffert du manque - surtout de liberté. Je vois à présent combien d’entre eux se tournent avec espoir vers un avenir prometteur d’abondance. Il y aura dons plus de biens, et plus d’ordures. Y aura-t-il plus de bonheur ?
(p.108) – « Brève méditation sur l’ordure »
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Vivre sans amour n’est pas le pire, le pire c’est quand l’amour est en morceaux et que ce n’est plus de l’amour mais un écrasant fardeau. Elle est satisfaite d’elle-même, elle a réussi à échapper à un amour qui, c’est sûr, allait devenir un poids mort.
(p.15) – « Exécution d’un cheval »
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Il lui enseignait que quoi qu’il arrive il ne faut jamais désespérer, car la vie nous offre toujours une occasion de laisser une trace, par telle ou telle de nos actions, une occasion de briller, de transcender l’apparente futilité de l’existence humaine. Cette occasion, disait-il, peut survenir à tout instant, et souvent elle passe inaperçue, car il peut s’agir autant d’une décision modeste que d’une action d’éclat.
(p.207) – « Un choix déconcertant »
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Ivan Klíma
Pour en revenir à ce que j'appelle le charme des intrigues fournies par le régime totalitaire - le triomphe de la bêtise, l'arrogance du pouvoir, la violence faite aux innocents, la brutalité policière, la sauvagerie qui envahit le quotidien et qui produit les camps de travail et les prisons, l'humiliation de l'homme, l'imposture et le mensonge devenus mode de vie -, elles perdront de leur actualité, je l'espère, même s'il est probable que les écrivains y reviennent au bout d'un temps. Mais à situation nouvelle (la chute du Mur en 89), sujets nouveaux.

Entretien avec Ph. Roth 1990
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Tout se transforme peu à peu en détritus, en ordures qu’il faut, d’une façon ou d’une autre, éliminer de ce monde dont rien ne peut être éliminé.
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Les méthodes efficaces et économiques pour éliminer du monde les gens encombrants ont été inventés il y a longtemps.
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Je suis de plus en plus convaincu qu’un acte ne peut être libre que s’il est une manifestation d’humanité, s’il sait qu’il existe un juge au-dessus de nous. Impossible de ramener la liberté à des actes d’arbitraires, de haine ou de brutalité, ou à notre propre intérêt égoïste. A notre époque, la liberté dans le monde n’augmente pas, en dépit de ce qu’il nous arrive de croire, ce qui augmente c’est l’inutile brassage d’objets, de mots, d’ordures et de violence. Et, comme rien ne peut disparaître de la surface de la planète, les fruits de notre activité, loin de nous libérer, nous submergent.
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Toutes sortes de gens parlent de liberté ; ceux qui la refusent aux autres parlent le plus fort. Le mot d’ordre de liberté surmontait même l’entrée des camps de concentration de mon enfance.
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