AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jacinthe Mazzocchetti (46)


« Jessica

Elle s’est levée un matin. Les yeux grands. Le regard clair. Elle a ouvert l’armoire, rempli le sac, enfilé ses bottines. Elle a serré monsieur Jo contre son coeur, soulevé le couvercle de la poubelle, tué son enfance. Elle a enterré le rose terni de la peluche sous les déchets. Elle a pris un pull, fouillé le vieux portefeuille de la mère, chiffonné un billet de vingt dans le fond de sa poche. Elle s’est dirigée vers la porte. Les respirations douces de Coralie et de Nathan l’ont retenue un instant. Et puis tout s’est refermé. La pluie de la rue. Désormais.



Jessica avance. Son petit trente-six dans les flaques, sa silhouette frêle entre les gouttes, ses quinze ans en valise. Le vide d’une rue endormie. Il doit être cinq heures. Elle trébuche sur le chaos des pavés. Un chien aboie. Elle se presse. Une fois sortie de la cité, elle sera hors d’atteinte. Personne ne la connait au-delà. Un peu tôt pour une écolière. Une voyageuse. Anonyme. Libre.

Elle sourit, le nez dans son écharpe. Encore un tournant avant la chaussée. Un dernier coup d’oeil sur les façades tristes et les ruelles jonchées de cannettes. La rue est à nous. L’accordéon résonne.

Rejoindre la ville la plus proche. Première étape. Ne pas se faire remarquer, ne pas prendre de risques. Marcher sur le bas-côté. Baisser la tête au passage des rares véhicules. Sept kilomètres à parcourir.

Le rouge et le bleu des guirlandes habillent les devantures des portes. Par les tentures entrouvertes, elle aperçoit le doré des sapins. Elle avance, les souvenirs agglutinés dans son bagage. Le coin du feu. Le petit arbre bleu. » (p. 7-8)
Commenter  J’apprécie          80
"Je pense que la fonction de modèle ne doit pas être sous-estimée. Ainsi, quand une enfant de cinq ans pense qu'elle doit d'abord devenir blanche pour pouvoir être institutrice, cela veut dire qu'il y a quelque chose qui ne va pas dans le système."
Chika Unigwe
Commenter  J’apprécie          50
Subi une violence.
Quand le miroir m'a envoyé l'image
de cette jeune femme morte, quand je me suis
levée, que j'ai claqué la porte, j'ai oublié.
J'ai oublié pour avancer.
J'ai oublié parce que t'offrir la mémoire est déjà trop.
J'ai oublié, mais mon corps... Sous des couches
d'armures, à mon insu, il a gardé, le long
des sentiers de mes veines, des pores de ma peau
nue, il a gardé trace de tes allées et venues.
Quand je me suis effondrée, bien plus tard,
d'accumulation de fatigue d'une vie tu cours
sans tête, quand je suis effondrée,
mon corps s'est mis à gronder, mugir, rugir, hurler,
que je l'entende, que je prenne le temps,
enfin, de l'écouter.
Et sous les maux, sous les vertiges,
les vomissements, les étourdissements, je t'ai trouvé.
Tu étais là, tapi, fantôme sous-cutané,
gravé d'encres noires sous le nu de mon écorce.
Commenter  J’apprécie          20
Et même si s'installe la durée, nous sommes encore dans l'oeil du cyclone, dans l'oeil de la pandémie, de ses multiples inconnues, de ses boires et déboires, dans l'incapacité de nous projeter ni non plus de regarder en arrière, d'analyser sereinement, avec recul, ce que nous avons vécu. Dès lors, quels éclairages apporter? Depuis quelle place, avec quelles données, parler? Comment ne pas ajouter du bruit au bruit ambiant assourdissant d'informations, de désinformations, de chiffres, d'opinions tranchées et rapides, mais aussi de pensées conspirationnistes en réponse aux sentiments et aux vécus d'impuissances, nourries également de ce climat de défiance à l'égard des médias, des intellectuels et des politiciens, bien souvent amalgamés, qui s'est installé dans nos sociétés... Ce bruit diffus, dont le flux virtuel est plus intense encore qu'à l'habitude, qui lui aussi nous empêche de penser.
Commenter  J’apprécie          20
J’ai beau creuser mes souvenirs, les déposer dans mes cahiers, la nuit n’a qu’une seule vérité , celle de ta mort.
Commenter  J’apprécie          20
Je voudrais m’asseoir au coin d’un feu, maman et que tu sois là, que tu joues du piano.
Commenter  J’apprécie          20
On entend souvent dire que l’on ne connaît rien ou si peu de ses parents.
Commenter  J’apprécie          20
Je me rends compte avec une peine infinie que j’ai passé ma vie à courir
Commenter  J’apprécie          20
T’écrire pour rester en lien. T’écrire pour te raconter à tes petits-enfants. Pour moi aussi, me raconter des histoires pour mieux dormir
Commenter  J’apprécie          20
Tu me manques, maman, tu lui manques. Les fêtes de famille sont trop calmes. Les fêtes d'école sans remous. Les repas fades et les soirées ternes. Comment faire dans cette vie sans toi ?
Commenter  J’apprécie          10
On ne s'enfonce pas dans le ressentiment. On affronte les faiblesses, les siennes comme celles des autres, et puis voilà.
Commenter  J’apprécie          10
L'écriture m'a pourtant jusqu'à présent sauvée de tout. Par la poésie, les histoires que je conte, les déchirures de mes personnages, les récits récoltés, partagés, recollés, je me suis tenue debout. Encaisser les chaos de mon chemin et de ceux dont j'ai croisé la route. Survivre aux déséquilibres du monde.
Commenter  J’apprécie          10
C'est étrange comme l'absence est envahissante. Lierres. Rosiers sauvages. Orties. Chardons. Ronces. Elle s'infiltre, brise les portes, les fenêtres. Ses tentacules forcent le passage. Détruisent. Pénètrent chaque fêlure. Impitoyable.
Commenter  J’apprécie          10
qui de nous ou de nos enfants nous façonnent ?
Commenter  J’apprécie          10
Je sais seulement que c'est ta jeunesse que tu as avortée et que je suis là, seule, moi aussi, malgré ceux qui m'entourent. De cette solitude que j'aime et que je redoute, qui jamais ne me quitte.
Commenter  J’apprécie          10
Ma mémoire est en lambeaux. Elle n'est que d'esquilles imprécises. Photographies jaunies. De quoi les souvenirs sont-ils les restes ? De nos rires, de nos peurs ?
Commenter  J’apprécie          10
Que les humains sont maladroits avec l'amour. Je suis là, accroupie devant ta tombe. Je pleure.
Commenter  J’apprécie          10
"Les autres gens, eux, me disent que je vis comme une Africaine. J'aime la vie, pas trop de stress, je souris beaucoup... Je ne le savais pas moi-même, mais apparemment pour les autres c'est clair que ce n'est pas une philosophie européenne..."
Elodie Ouédraogo
Commenter  J’apprécie          10
"On ne dit pas celui-ci est blanc ou noir, je ne veux pas le voir. Non. C'est comme dans la cuisine. Tu ne peux pas dire que tu n'aimes pas les choux de Bruxelles alors que tu n'as même pas gouté."
Hortense Massakwe
Commenter  J’apprécie          10
"On fait des choix. Quand je me rends compte que la montagne est énorme, je ne m'acharne pas à me battre contre le rocher. S'il y a des combats qui sont bons par l'objectif qu'ils poursuivent, il y en a qui détournent de l'essentiel. Il y a plusieurs voies pour arriver à un même résultat. L'essentiel est d'agir et d'agir de sa place, de là où on peut changer les choses avec les armes qu'on possède. Je connais les miennes. Je n'ai pas la prétention de transformer les foules, mais je trouve que chacun de nous a, de là où il se trouve, la liberté de réfléchir et le devoir de faire réfléchir."
Clémentine Faïk-Nzuji Madiya
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jacinthe Mazzocchetti (34)Voir plus

Quiz Voir plus

Céleste ma planète

Céleste est une ...

... planète
... fille
... sorcière
... princesse

9 questions
331 lecteurs ont répondu
Thème : Céleste, ma planète de Timothée de FombelleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}