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Citations de Jacques Ancet (224)


                  CHANT 9


Extrait 2

le même jour toujours, toujours différent, et l’air
qui bouge dans les feuilles, la lumière un peu grise
autour du tronc obscur qui semble ne pas bouger
mais qui bouge, imperceptiblement, au plus profond
de sa matière, on ne voit rien et pourtant il bouge
autant qu’herbe, nuages, corneilles, tout autour,
mais dans un temps trop lent pour qu’y entre le regard
et trop rapide pour l’attente de la montagne,
chacun son rythme, disait l’autre, puisque le monde
est un faisceau de rythmes croisés entrecroisés
jamais synchrones, celui de l’étoile et du sang,
du mur et du vent, du silex et de l’araignée,
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                  CHANT 9


Extrait 1

On tourne, on vire, on a fermé les yeux sans savoir,
on se tient là au bord des choses, un peu en retrait,
comme le chêne ou la clôture, le jour posé
en équilibre, un instant, avant que tout bascule
sur la pente du soir, le chat qui passe en silence,
il ne dérange rien, on aimerait être un chat,
moustaches et pattes blanches sur le fil du présent,
quelque chose vibre, est-ce son passage ou l’éclat
brusque des couleurs, on cligne des yeux, on s’arrête,
sans savoir pourquoi on regarde sur la fenêtre
le même paysage, avec toute la beauté,
arbres et ciel sans images, qu’on ne sait pas saisir,
les doigts croient toucher la table, ils ne la touchent pas,
on écoute, on ne comprend toujours pas cet appel,
cette sorte d’impatience parfois minuscule,
toujours présente, même si c’est un jour de plus,
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JE M’ACCROCHE…


Je m’accroche. Je m’agrippe à ce rien que je vois.
Tache de lumière, vert du pré, genoux croisés — et
cette heure de l’horloge que je n’arrive plus à lire.
Entre-temps, tout a basculé. La tache de lumière, le
vert du pré, les genoux l’heure ne sont plus les
mêmes. Ni les yeux qui les fixent. Ni cette bouche
qui articule mes mots. Ni ce je qui un instant les
fait tenir ensemble.
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En attendant. On s'est remis à compter :
les têtes et les feuilles, les heures et les ombres.
Les livres, eux, ressemblent aux livres
sauf si on les ouvre. Dans les yeux
le monde est une goutte de feu.
Des noms y brûlent. Quand ils s'éteignent
on a cru voir quelque chose.

(Les travaux de l'infime)
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On écrit les dates. La neige les couvre.
Les choses sortent d'une lueur pâle.
Elles sont nettes et montrent leur face
cachée. On les reconnaît à peine.
Terre et ciel ont échangé leurs noms.
Des oiseaux tombent comme des pierres.
Le silence ressemble à la peur.

(Les travaux de l'infime)
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Le nom


Extrait 1

Tranquille vienne ton pas
Sur la terre, où
Brille d’une ombre rouge
Ce hêtre, et proche
Avec son ombre d’or
Ce châtaignier, sous la caresse
De la lumière même. Passe
Cette heure avec toi-même
Seul à seul, comme si c’était
La dernière heure,
La première, peut-être
Seuil de mort ou de vie,
Tandis que l’après-midi tourne
Indicible douceur
Et beauté indicible.
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                        LAISSER DIRE


                             I
Extrait 3

On voudrait que ça ne cesse de parler. Comme des vagues, une à une,
Qui déposeraient sur le silence tout ce qu’on n’a pas su dire, ces petits
  riens,
Ce cri de la vie multiplié qu’on entend là- bas, ici, hier, demain, dehors,
  dedans,
De partout et nulle part et qui vous traverse tellement que vous n’avez
  plus de bouche.

*
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                        LAISSER DIRE


                             I
Extrait 1

On ne sait pas laisser dire. On dit ou on laisse. On ne fait pas les deux.
La nuit, par exemple. Laisser dire la nuit. La lueur de la pierre et l’étoile.
Laisser dire ce qu’on ne voit pas mais qu’on entend, si près qu’on l’a sur
  le bout de la langue.
Quelque chose grignote les heures. On aurait cru l’inverse, mais non.
On ferme les yeux. On laisse dire.

*
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Tard - III


MAIS C’EST PARCE QU’IL EST TARD…
Extrait 2

Tu dis : le rideau, la chaise.
Tu dis : matin, feu, balcon.
Quand tu dis tu te retournes,
tu prends ce qui n’est plus là
tu le mets devant toi
et tu vois : le retard
est dans les noms : murs, doigts,
voyage, branches, visages.
Le bleu tombe avant le bleu :
c’est toujours tard dans la bouche.
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Il reprend. Le fil ne casse pas.
Mais rien ne vient. Sur la vitre
l’hiver s’installe. Le grand tronc noir
sectionne le paysage.
Ombre et lumière s’affrontent
encre et vapeur blanche. Il ne va pas se taire.
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Il continue. Il voudrait comprendre.
Le jour est clair. Sur la vitre des visages
ou des nuages, un balancement
de mains ou de feuilles, un signe obscur
qu’il distingue mal mis qui appelle.
À chaque fois il croit retrouver son nom.
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Écrivant la date, il sait qu’il ne pourra
l’habiter, qu’il est déjà trop tard.
Chaque objet se perd dans une attente
où il ne voit pas la sienne.
Un pâle soleil touche la vitre,
arrive la géométrie des ombres.
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le poème, et pour quoi faire, on se demande, remplir le temps comme une bouteille, vivre la vie, se compenser quand rien ne va plus, vider le trop-plein, remplir, vider, frotter les mots pour s’y voir mieux avec tout le paysage, avec l’enfant qui vient vous tirer par la manche, le crépitement des pommes de terre sautées, les titres à la une, les vieux papiers qui traînent, poème, miroir où un instant les fragments se rassemblent, ombre portée du pays intérieur, piège à mots piège à temps, piège, chemin pas à pas suivi entre les haies de pins noirs, les labours couleur de brique, frôlés de ciel, crevés du cri des pierres sous l’ombre verte des bois traversée de lumière oblique, avec toujours l’espoir de ne jamais en voir le bout, de découvrir autre chose, un vallon solitaire où vivre quand tout toujours débouche sur la route du même
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Parler de sa vie aujourd'hui est, pour lui, un acte étrange et difficile. Dès qu'il essaie de fixer sur elle son regard mental, il la voit s'éloigner, s'éparpiller en un désordre d'images qui toutes viennent se dissoudre dans l'unique certitude qu'il peut en avoir, celle de son corps ici et maintenant : ce froid aux extrémités des doigts tandis qu'il écrit, la table, la lumière de la lampe et, dehors, un jour gris comme une photo en noir et blanc, un peu ternie... Tout le reste n'est qu'une histoire qui ne le concerne plus. Alors, parler du sens de sa vie ne peut être que plus difficile encore. Car il n'en voit aucun, lumineux et lointain, vers lequel s'en iraient ses jours comme le fleuve vers la mer. Á moins, bien sûr – et cette très vieille image du fleuve coulant vers la mer l'y conduit – de voir dans le non sens même – la mort –, le vecteur et le point de fuite de toute existence.
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c’est à présent une chambre obscure, je marche, tu pleures sur mon épaule, je sens contre moi cette chaleur terrible, je te parle doucement, je ferme les yeux, cela pourrait-il se passer de mots, cette émotion, souffles croisés dans l’ombre, si loin pourtant, ces années entre nous, tu gémis, je ne sais plus,
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c’est à présent une chambre obscure, je marche, tu pleures sur mon épaule, je sens contre moi cette chaleur terrible, je te parle doucement, je ferme les yeux, cela pourrait-il se passer de mots, cette émotion, souffles croisés dans l’ombre, si loin pourtant, ces années entre nous, tu gémis, je ne sais plus,
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toujours tu refais ce pas, toujours je m’émerveille, ta main se tend, saisit la mienne ou est-ce ma main prenant quels autres doigts, geste à l’infini qui se répète, le monde vacille, s’ouvre, tu ris, je ris, il est cinq heures midi ou huit heures, ton pied se lève, se pose lourdement, tu chancelles, tu ne tombes pas, des millénaires marchent avec toi, des hordes titubantes,
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de vagues rumeurs me parviennent à travers l’épaisseur d’un silence où je suis bien, frissons, flux et reflux de la phrase, pour un instant je rejoins ta paix de sang tiède, écume, sillage d’un geste dans l’obscur, nuée pâle du visage, je t’enveloppe d’une membrane de syllabes, ma phrase est rouge, elle ondule jusqu’à toi, tu t’en nourris, par elle tu respires, tu pressens le feu soudain de la lumière, l’air froid qui s’adoucit déjà au milieu d’une rue où je marche, remontant le courant des corps, cette rumeur de vie qui n’est pour toi qu’un souffle à peine comme la mer lointaine où tu flottes,
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pour que dure l’instant, construisant un présent dilaté où je suis bien, où tout ce qui m’atteint devient silence, blancheur, toute parole brille et s’efface, chaque objet flotte et se dissout ne laissant que ce vide où je t’imagine, rose à peine dans la lumière, forme comme montant du fond, mais il n’y a pas de fond, tout est présent et nous déborde infiniment, montagnes poussière feux tournant, caillou crevant le noir, doigts, silences impénétrables, ressacs de l’espace et du temps, l’eau, cette souffrance qui me poursuit, malgré moi, ce vertige, et toi, au bout,
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Ces « Cercles en méditation » accompagnent, en effet, les concrétions intenses des poèmes d'une manière de murmure, de basse continue, où la description minutieuse d'états douloureux et confus, la célébration des beautés du monde (fleurs, couleurs, astres), la remémoration d'instants heureux, viennent se confondre dans la trame serrée d'une prose lente, obstinée, fascinante dans ses intermittences mêmes. (à propos de Jacques Roubaud)
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