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Critiques de Jacques Gaubil (44)
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L'homme de Grand Soleil

Toute l âme du grand nord. Beaucoup de chaleur humaine dans ces grands froids. On a envie d aller voir
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L'homme de Grand Soleil

Je n’aime pas beaucoup les romans, c'est donc avec circonspection que j’ai entamé le premier roman de Jacques Gaubil et pourtant, grâce à une intrigue plausible et des personnages qui ont suffisamment d’épaisseur pour que l’on s’y attache, je me suis laissée entraîner dans son analyse drôle et sans concession des petits et grands travers de l’homme d’aujourd’hui.

Son anti-héros, usé et désabusé (pour une bonne raison que l’on découvre vers la fin du récit), est confronté, après une carrière de médecin généraliste, à une énigme scientifique, humaine voire métaphysique originale.

Le récit est alerte malgré la profondeur de certains thèmes et J.Gaubil, habile y distille une dose subtile d’érudition, sans jamais nous ennuyer ;)

Il s’autorise avec beaucoup d’humour, une description de nos bassesses, nos incohérences, nos absurdités, mais aussi nos fragilités et de temps en temps nos qualités, touchante de lucidité.

J.Gaubil égratigne de nombreux milieux, la recherche, l’édition, les clubs de vacances, les juifs orthodoxes, les réseaux sociaux, les médias...sans agressivité, comme un observateur derrière son microscope. Avec conviction et une touche de moquerie, qui allège le propos, il nous raconte une histoire qui est aussi notre histoire.

Son héros ne juge pas ses congénères, c’est un gentil, il se contente de leur tendre un miroir et cela donne encore plus de force à son propos qu’un manifeste. Il sait aussi nous amuser avec sa théorie des éléments finis, nous faire réfléchir sur des sujets tantôt graves tantôt futiles mais toujours avec assez de profondeur pour que ce soit intéressant et de virtuosité pour que cela reste gai !

J.Gaubil s’amuse avec des mots de tous les jours et un peu de latin, tantôt profond tantôt léger, il critique sans juger et surtout sans condamner la nature humaine … laquelle, comme il tend à le démontrer, s’en charge très bien elle même !







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L'homme de Grand Soleil

Le narrateur, médecin français vivant a Montréal, doit se rendre chaque mois dans le grand bord dans un village où les températures avoisinent les -50° environ et ou la population est plutôt vieillissante.

Lors de l'une de ses expéditions, il fait la connaissance de Cleophas pour lequel il diagnostique un cancer des os.

Afin d'adapter au mieux le traitement, il décide d'examens plus poussés et notamment une analyse de sang. Cette analyse va démontrer que Cleophas possède un ADN qui n'est pas vraiment humain.

Nonobstant la pathologie de son patient, le médecin s'intéresse aussi a sa superbe bibliothèque.



Ce roman est a mi chemin entre le roman philosophique et le roman onirique. Mais c'est aussi quelque part un trait d'humour sur le monde dit civilisé et qui fait un parallèle avec l'évolution de l'homme et ses besoins réels.

Ainsi quand un découverte est faite, est-il judicieux de la partager avec tous ou est il préférable de parfois savoir se taire ?



Très beau roman que j'ai pris grand plaisir à lire et que je relirai pour en saisir toute la substance.



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L'homme de Grand Soleil

« Un homme c’est ce qui tient debout face au malheur. »

Nous voici debouts avec Jacques Gaubil face à l’Homme de Grand Soleil, dans le grand froid nord-canadien, le frette indicible et inexprimable tant qu’il n’est pas éprouvé, à prendre une énorme bouffée d’air impertinent, une baffe frappée-glacée de lucidité, un vent givré d’intelligence vive et instruite, le tout enrobé d’un humour dévastateur, irrésistible et bienvenu pour accueillir le constat amer de notre condition d’homme fini.

Oui pour moi ce livre a brillé un grand soleil au-dessus de mon visage réchauffé pendant ma lecture. J’ai adhéré tout de suite à la parole de ce médecin français un brin désabusé, exilé à Montréal, qui pour avoir le droit d’exercer son métier, accepte toutes les trois semaines de se rendre dans un village reculé du Nord-nord pour une journée de consultations aux quelques habitants du coin dont il ne comprend pas leur mode de survie sous cette latitude meurtrière. « La neige n’est pas un manteau qui nous tient chaud, tout au contraire, la neige est une formidable meurtrière. Elle assassine par paralysie, elle aveugle dans la torpeur, elle étouffe tous les bruits et enfouit toutes les traces de ses crimes. Elle éteint la vie par ensevelissement, c’est une sépulture. Il n’y a que les poètes au sud du quarante-cinquième parallèle pour la trouver romantique. »

J’ai ri, me suis entendue me gausser béatement, beaucoup, souvent, tressauter mes épaules de secousses joyeuses…Et ça n’a déjà pas de prix. Pourtant la légèreté ne courre pas entre ses lignes. La causticité, le cynisme, la vivacité de l’œil qui percute tout de suite et sait avec une langue truculente nous projeter le visuel d’une situation alambiquée ou tout l’absurde de l’existence emportent le lecteur dans un récit drolatique, original et, là est le tour de force, brillant de réflexions.

Sans que ce fut réellement utile, le narrateur nous livre, au détour d’une page, dans un entre-deux qui se veut discret, un élément dramatique de son histoire qui tendrait à expliquer, si tant est que ce fut nécessaire, la tristesse, le désarroi ou simplement la lucidité implacable sur le monde et la cruauté de la vie.

« J’aurais pu faire des efforts littéraires et mon récit n’aurait pas cette tournure rigolade. Mais le grotesque, ce n’est pas moi, il vient de la vie. Je ne suis pas responsable du fait que nos existences sont dérisoires. (…)Je n’ai pas choisi de vivre les événements qui me sont arrivés, ils m’ont été imposés. J’essaie d’en rendre compte avec précision, sans mystification, sans poudre aux yeux. »

C’est une légitime colère, non véhémente, de celle qui permet de rester droit et d’être en conscience de ce qui nous entoure, qui se manifeste là en quelques lignes et qui jamais ne prend le pas sur l’humanisme du narrateur. Il taquine, se moque gentiment, souligne nos travers, ironise nos paradoxes, éclaire nos excès mais sans jamais se départir de son humour, d’un sens aigu de l’autodérision et d’une autocritique sévère : « J’ai pu éprouver combien penser à moi suscite de contrariété, me contempler moi-même est un tourment. »

Avec une culture sans bornes, l’auteur nous ballade dans cette histoire hors du commun en nous pailletant de références littéraires et philosophiques qu’il illustre à merveille à l’aide de facétieuses images et de son comique singulier, sans jamais donner de leçon ni nous prendre à revers avec condescendance ou mépris et sans jamais une once d’agressivité malgré le pessimisme dont on pourrait qualifier son analyse.

Ainsi on se sent moins seul à constater notre univers, cette existence à laquelle il est vain de trouver un sens sans pour autant que nous cessions d’en chercher un ! Parce que nous sommes tous des hommes « finis » et que pour puiser du Bon, du Beau, des valeurs, il nous faut sans cesse rejouer la répétition du même, de l’inutile et aussi malheureusement du pire, comme une expérience qui ne sert jamais à ceux qui ne l’ont pas éprouvé, traversé, heurté…

René Char dit : « la lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil ».Cette blessure a rapproché Jacques Leboucher d’un homme de grand soleil et cette fois pour un peu de réconfort. Cette rencontre ne le guérit pas de cette conscience accrue des autres mais aide peut-être à lui trouver un lieu où s’entourer de beau, d’un regard et d’œuvres comme ce magnifique livre ancien lui aussi précieux, lui aussi rareté inopinée, sur lequel se portera un intérêt certain en parallèle des recherches explorées sur notre Homme Cléophas mais que notre monde rapide, efficace et éperdu de rendement ne portera pas aux nues de la foule.

« Etre soucieux, se laisser inquiéter par le monde, me semble une assez bonne définition de la condition humaine et je reconnais donc chez vous un véritable humanisme. (…) Parfois, dans une rivière, un tronc d’arbre s’ancre sur le fond. Tout coule autour, mais le tronc reste, il accroche des résidus et dérange le cours de l’eau. Quelquefois même tout le paysage est modifié. Il me semble qu’il y a dans votre vie un tronc, quelque chose autour de quoi votre vie s’est ancrée, s’est arrêtée. Un point immobile émerge et dérange l’écoulement naturel de l’existence. (…) Je sais depuis toujours que la foi ne se transmet pas, c’est un don. En revanche, les œuvres sont peut-être aujourd’hui la voie la plus puissante et la plus sûre pour concevoir une forme de grandeur extérieure à soi. »

Le narrateur, auteur ?, dit ne pas faire de littérature à des visées consolantes, pour rendre poétique notre existence. La littérature sert à faire repartir la vie qui chancelle, comme lorsqu’il faut redémarrer un ordinateur devenu instable. En ce qui me concerne, j’ai une éthique qui m’interdit de faire croire que la vie est poétique.(…) Je ne fais pas de littérature. (…) » Très humblement, je remercie Jacques Gaubil d’écrire une littérature éclairée, sagace, ingénieuse laquelle, quoi qu’il en dise, ne se prive pas de poésie grâce à son imaginaire au service de la réflexion, à son humour généreux au service de la transmission d’un savoir, d’une sensation et du commun qui nous unit devant notre piètre condition d’humain. Pouvoir en rire, la lire, la penser, se rencontrer dans cet exercice et partager dans la création la sublimation d’un immuable état : c’est un art, la puissance de l’art dans l’endurance ou l’appropriation et/ou peut-être l’amour de la vie. Merci !

« Tandis que j’enlève mes couches de vêtements, la vie d’un oignon m’apparaît familière. »

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