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Citations de Jacques Tournier (63)


Quand ils ne savent rien nous dire
Ils restent là, à nous sourire
Mais nous les comprenons quand même
Les enfants blonds de Göttingen.

Et tant pis pour ceux qui s'étonnent
Et que les autres me pardonnent
Mais les enfants ce sont les mêmes
A Paris ou à Göttingen.

O faites que jamais ne revienne
Le temps du sang et de la haine
Car il y a des gens que j'aime
A Göttingen, à Göttingen
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Ils apprennent vite. Dès qu'elle l'entend dire : "Ouvre toi", elle se découvre, à la renverse sur le lit. Elle oublie que ce corps trop étroit lui a longtemps fait honte. Elle s'offre et se laisse entraîner. Il avance toujours plus loin. Elle avance avec lui, passive et volontaire, stupéfaite de constater qu'il y a tant de désirs à faire naître, tant de plaisirs à éveiller, et qu'elle sait y répondre avec tant d'abandon. Les murs de la chambre semblent basculer, peu à peu. Elle sent qu'il faut se débattre, lutter contre ce qui menace, qui vient de si loin, si intensément, jusqu'au flamboiement qui fait fondre la neige, et les rejette dans le noir, avec l'impression d'étouffer.
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- Il est temps, dit-elle. Elle se lève, touche le mur de sa maison avec un peu d'appréhension, essayant de lui faire entendre qu'elles sont seules désormais, attachées l'une à l'autre, et qu'il faudra se supporter. Pour être tout à fait aveugle, elle se bande les yeux avec un foulard. Elle s'attaque d'abord aux poignées, celles des portes et celles des fenêtres, leur emplacement, leur hauteur. Elle passe ensuite aux commutateurs, plus sournois à localiser. En tâtonnant le long des murs, elle sent de petits renflements suspects, qui s'effritent lorsqu'elle les touche, et c'est un plaisir sous ses doigts. Après les pièces du rez-de-chaussée, elle s'engage dans l'escalier. Elle lève très haut les genoux en comptant les marches une à une. Lorsqu'elle arrive sur le palier, elle cherche sa chambre, s'arrête brusquement, dénoue le foulard. - À quoi joues-tu ? dit-elle avec un petit rire forcé.
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- Il y a un second terrain, plus important encore, sur lequel ta mère s'est battue pendant cet "et après". Celui de votre héritage. J'entends : l'œuvre de ton père. Là, je suis concerné, car j'ai pu assez vite l'aider dans ses négociations avec les éditeurs et la décharger du travail fastidieux de la correspondance. Je signais les lettres par procuration. C'était une entreprise d'autant plus difficile que l'œuvre de ton père est considérable. Il a fallu rechercher les manuscrits, les classer, les dater, les authentifier. Aujourd'hui, grâce à Breitkopf et surtout au charmant André d'Offenbach, ce jeune homme de vingt-quatre ans sincèrement amoureux de l'œuvre de ton père, tout ou presque est accessible. Ce qui lui permet d'occuper cette place dont ta mère parlait l'autre soir, celle qui lui est due : la première.
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Elle ouvre donc sans angoisse le magazine de février, et soudain tout bascule. Après le sang d'un double meurtre, elle entend Nicole hurler à travers la porte d'une salle de bains : "Je ne te demande pas de m'aimer !", et elle se retrouve à Prangins, lit sans y croire les lettres de Nicole, transcrites presque mot à mot de celles qu'elle écrivait à Scott, et finit par se découvrir elle-même, dans la pénombre d'une chambre, défigurée par l'eczéma. C'est au-delà de ce qu'elle peut supporter.

[à propos de Tendre est la nuit]
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Egorova la conduit à la barre, lui saisit la jambe, la tire vers elle en tordant la cuisse et Zelda pleure. Mais de soulagement. Elle touche enfin la frontière de son royaume. D'une leçon à l'autre, la douleur devient plus intense. Elle a des bleus aux genoux, là où les muscles ont été torturés. Chaque soir, elle se frictionne longuement les jambes avec un onguent. Pendant les premières semaines, elle s'attache les pieds aux barreaux de son lit et dort, les orteils tournés vers l'extérieur. Détestant sa difficulté à faire bouger son corps, elle s'oblige à le dompter dans un effort désespéré, et se lance frénétiquement dans des kilomètres de pas de bourrée. C'est ce qu'elle peint de toile en toile, à travers ces corps disloqués, aux mains difformes, aux pieds tordus, aux mains démesurées.
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Article un : ne plus jamais chercher son crâne. Article deux : reprendre mon prénom. Article trois : écrire ce que je peux comme je peux. Article quatre : ne jamais penser qu'il écoute et qu'il juge.
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Je n'ai pas d'âge quand j'écris. J'écoute ce que l'Amour commande et je n'exprime que les mots que j'entends prononcer en moi.
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Au printemps, tu verras, je serai de retour
Le printemps, c'est joli pour se parler d'amour
Nous irons voir ensemble les jardins refleuris
Et déambulerons dans les rues de Paris
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-Est-elle entière? demande-t-elle en l'entendant crier.
-Toute entière, répond la sage-femme en riant, avec ce qu'il faut de bras et de jambes.Je vois même de petits ongles et de jolis orteils.
Mais elle veut s'en assurer elle-même,comprenant enfin d'où venait cette terreur qui la réveillait chaque nuit-que cette semence d'infirme n'engendre qu'une infirmité.
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Il faut que vous lisiez leurs lettres. Elles prouvent à quel point ils se sont aimés, avec quel courage, quelle constance, quelle compréhension mutuelle, d'un amour souvent déchiré mais intense
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Chéri, le livre est grand, l'émotion de plus en plus forte, (…) on a les larmes aux yeux en découvrant comment le monde en mutation réduit à néant leur faculté de décision personnelle. C'est le but que doit se fixer un grand livre et toi, tu l'as atteint. C'est subtil, délicat, d'une telle beauté d'écriture qu'on ne peut que s'incliner devant elle, une contribution majeure à ce que les écrivains vont être obligés de créer dans les années futures.
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Nos années de jeunesse ont été des années joyeuses, des années où le libre arbitre était notre seule religion, des années de fête et de grâce.
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Celà me permet, écrit-elle, de rêver à des faits, des idées, des écrits du passé et même d'à présent, qui font aussi partie de l'invisible choeur refusant de venir, à la moindre sonnerie, occupper le devant du théâtre.
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"Habitants de Vienne, vous connaissez et admirez les œuvres du divin Mozart : La Flûte enchantée, Don Juan, La Clémence de Titus. Augmentez donc votre plaisir en venant découvrir une œuvre vivante de ce grand maître : son propre fils. Cette œuvre-là, qui suscite partout un grand enthousiasme, saura vous toucher l'âme avec autant d'émotion que les autres."

Il relit le texte deux fois.

— Œuvre vivante de mon père? Êtes-vous sûr que ce soit décent?
— Croyez-moi, monsieur, ça fait vendre.
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A tout ce que j'entreprends désormais, se mêle un bruit secret, le pas du temps.
W. Shakespeare
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Sans encore se laisser convaincre, Guido Polenta se demandait où se situait très exactement la frontière entre l'amour d'un père et la raison d'état.
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Je cherche à retrouver ce que préserve la mémoire d'une amitié sans heurts, à la fois présente et légère, mais toujours attentive aux orages, et elle s'offrait la première à vous tendre les mains.
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C'est ce que je tente de faire dans cette maison du thé, si calme en fin d'après midi. Si je n'éveille que des ombres, c'est qu'elles sont dans ma besace et je les emporte souvent avec moi.
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Brooklyn Heights, son odeur de jardin, ses trottoirs plantés d'arbres, où la saison se lit à la couleur des feuilles. J'y ai marché longtemps, dans l'éternité du XIXe siècle, entre des façades à balcon de fer, écoutant la sirène voilée des navires sur l'East River et sur la mer. C'est un quartier du bord de l'eau, traversé par le vol des mouettes. J'ai cherché Middagh Street. C'est une rue très courte, qui n'avait que quelques immeubles lorsque Carlson y habitait. Elle est plus courte encore aujourd'hui, tranchée à vif par une voie express ouverte en contrebas, qui a effacé la maison.
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