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Critiques de Jacques de Lacretelle (40)
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Silbermann

Un court roman publié voilà près de cent ans, en 1922. Et pourtant, quelle actualité dans ce texte!



Plusieurs thèmes sont abordés avec un grand talent : l'amitié d'abord, et à travers elle, la culture littéraire, puis l'antisémitisme, l'altruisme, la volonté du narrateur de remplir une mission en tentant de protéger son ami juif, développant une vénération sous laquelle on sent pourtant percer parfois un dégoût sous-jacent quant au physique de Silbermann, et puis les renoncements.



Deux personnalités, l'une très forte, celle de Silbermann, victime de la haine raciale, de la condescendance forcée des bien-pensants, l'autre bien plus faible, le narrateur, qui voudrait bien devenir un héros et qui reste une pâle figure.



Le jeune Silbermann est magnifique de lucidité, le narrateur voit chez lui de l'arrogance, se convainquant peut-être que celle-ci est dans les gênes de Silbermann, tandis que celui-ci est l'archétype de l'anti-héros aux yeux de ses collègues de classe.



Et puis les adultes, spécifiquement les enseignants et surtout les parents du narrateur, perdus dans un monde carriériste, au point d'être les acteurs du premier renoncement, qui leur vaudra une détestation éphémère de leur fils, le narrateur.



Le livre se termine sur une magnifique tirade de Silbermann sur le pourquoi de l'antisémitisme. L'auteur ne donne pas toutes les réponses mais en effleure quelques-unes.



Et pour conclure, un final superbe. le narrateur qui décrivait si bien "les deux paumes désarmées" de Silbermann, qu'il comparait à celles du Christ en croix, entendra-t-il le chant du coq lorsqu'il proférera, à la dernière page, l'ultime réplique?

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Silbermann

Silbermann, jeune lycéen devient l'objet de persécution parce qu'il est juif. Seul le narrateur va se lier d'amitié avec lui et va se donner pour mission de le protéger. Cette amitié devenue fusionnelle va être brisée par cette montée progressive de l'antisémitisme.

Il n'est pas aisé de dire que l'on n'a pas été touché par cette histoire car le thème est évidemment révoltant mais ici, contrairement à l'ami retrouvé de Fred Uhlman , livre qui est souvent mis en parallèle , je n'ai pas été touchée. J'ai lu ce livre avec une certaine distance. Cela vient du fait que le personnage de Silbermann n'est pas sympathique, son arrogance, son regard et son jugement hautain n'engendrent pas d'attachement. Bien sûr, on comprend qu'il s'agit sans doute d'une attitude lui permettant de faire face aux brimades, une sorte de carapace en soi, mais malgré tout, il reste froid et je n'ai par réussi à avoir de l'empathie pour ce jeune homme.

Malgré cette distance envers Silbermann, Jacques de Lacretelle arrive à créer un climat noir où l'on ressent le danger des persécutions et leur escalade.
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Silbermann

Si vous avez aimé « Alliocha » de Troyat et/ou « L’ami retrouvé » de Fred Uhlmann, vous adorerez « Silbermann » de Jacques de Lacretelle… Et puis même si vous n’avez pas lu les deux autres, vous apprécierez très certainement cette histoire d’amitié entre adolescents…



Deux adolescents, Silbermann et le narrateur ; un juif (Silbermann) et l’autre protestant (le narrateur dont on peut raisonnablement penser qu’il s’agit de l’auteur lui-même) ; un très érudit (Silbermann) et l’autre beaucoup moins…

Témoin des brimades dont est victime Silbermann, le narrateur se liera d’une amitié quasi fusionnelle avec celui qui deviendra en quelque sorte son mentor. D’autant plus que le père de celui-ci, antiquaire se verra accusé de vol par un journal antisémite et que le père du narrateur se verra confier l’affaire en tant que juge…



Un texte remarquable et d’une grande force… même si le thème abordé a souvent été traité avec plus ou moins de bonheur ; mieux un texte visionnaire : écrit en 1922, il anticipe largement les événements futurs de persécusion des juifs.

Un roman qui reçut à sa sortie le Prix Fémina et qui figurera en 1950 dans la liste du « Grand Prix des Meilleurs romans du demi-siècle ».



Le coin du bibliophile : mon exemplaire est daté du 30 avril 1927. Il s’agit du N° 1406 sur papier « chiffon de Bruges » filigranné « à la gerbe »

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Le retour de Silbermann

Silbermann, l'écorché-vif si attachant et agaçant à la fois...

Le narrateur en retrouve la trace, le fantôme, par un hasard qui réveille curiosité et remords.

Une histoire de ruines et de déchéance...

Le destin tragique de Silbermann, n'est pas spécial à celui d'un juif: Il est celui d'un homme écartelé jusqu'à la confusion.

Parti en Amérique, Silbermann ne trouve rien aux États-Unis, à sa démesure, et revient en France finir sa brève existence.

Le livre est bref, certes, mais il est haletant, complet, compact: Il me rappelle certains chapitres du Petit Chose et précède certaines scènes de l' Arabe du futur avec cette somme d'espoir, d'exaltation et de déceptions.
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Les vivants et leur ombre

« Silbermann », c’est l’histoire très certainement autobiographique de l’auteur, Jacques de Lacretelle, au collège, à travers l’amitié partagée avec un camarade de classe, rejeté de beaucoup et de quelques professeurs ; une amitié difficile à assumer : Silbermann, le nouveau venu est juif et surdoué…Deux raisons suffisantes à l’époque - on est en 1922 - pour frapper d’ostracisme le duo d’amis.



Certes, le thème n’est pas neuf - voir « L’ami retrouvé » de Fred Uhlmann - mais au delà de ce thème principal se présente, en filigrane un autre thème aussi fort, sinon plus : celui du génie précoce. Silbermann, malgré son jeune âge, est un érudit… un lettré grand amateur et connaisseur de poésie. Le narrateur sera tiré vers le haut, par cet inconscient formateur es lettres…



« Silbermann », un petit récit qui figure au palmarès du Grand Prix des Meilleurs romans du demi-siècle ou figurent notamment Anatole France, Proust, Gide, Mauriac, Malraux, Sartre... en plus du Prix Femina.



Malheureux qui n’a pas connu « son Silbermann »… Le mien avait un an d’avance, en troisième ; il s’appelait Pascal, et avait déjà lu quasiment tout Sartre. Je lui dois probablement ce goût qui me tient depuis lors pour la lecture et les livres et qui me permet ce plaisir indicible de déposer mes modestes contributions sur Babélio.



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Silbermann

Livre limpide où s'exprime l'insupportable souffrance de ce jeune juif, rejeté par cet antisémitisme aussi abject que pernicieux.

Non, Silbermann n'est pas fort sympathique dans sa fierté et son mépris, sa naïveté, son côté "je sais tout"... Sa formule de défense maladroite qui attise l'hostilité et le rend plus vulnérable. Son avidité d'être reconnu comme meilleur, supérieur.

Mais Silbermann fascine le narrateur, fils de juge et protestant qui se donnera pour mission d'être l'ami du réprouvé. Mission noble, exaltée et naïve pour cet adolescent épris d'absolu et de littérature.

Et Silbermann disparaîtra de la vie du narrateur, non sans avoir jeté son cri de dépit face à un pays qui le rejette, dans lequel il a le sentiment de ne pouvoir s'accomplir. Cri de désespoir, qui résume toute l'atroce histoire de l'antisémitisme en France et en Europe.







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Silbermann

Prix Fémina 1922 (oui, le prix existait déjà à cette époque !), ce bref roman nous plonge dans un monde aujourd'hui disparu, celui des lycées de garçons, qui plus est, ici, un lycée parisien très bourgeois, fréquenté notamment par les rejetons des familles catholiques et huppées de la capitale. Le narrateur, dont la famille est, quant à elle, protestante, voit arriver en début d'année un élève plus jeune que ses condisciples mais qui se montrera vite très brillant. Le narrateur découvrira vite que ce camarade, Silbermann, est juif et qu'il est peu à peu ostracisé par la plupart des autres élèves. Ce rejet dont il est victime et les capacités intellectuelles hors du commun de Silbermann, pousseront le narrateur à fréquenter de plus en plus ce jeune homme en dehors des cours et aussi à prendre sa défense, ce qui lui coûtera l'amitié qu'il avait jusqu'alors avec l'un des élèves catholiques.



Je me garderai bien de dévoiler la chute de ce court roman mais je dirai seulement qu'elle est assez surprenante et en particulier les tout derniers paragraphes. La dernière phrase m'a vraiment interpellé.



La lecture de ce livre peut être aujourd'hui dérangeante car, même s'il manifeste une volonté de passer outre aux différences entre les religions et les comportements, il n'est pas sans utiliser des clichés pour dessiner le portrait du jeune juif Silbermann, notamment dans ses caractéristiques physiques et son comportement orgueilleux . En me renseignant un peu plus sur l'auteur, j'ai découvert (via Wikipedia) que Jacques de Lacretelle apportait, semble-t-il, un certain crédit aux thèses nauséabondes de Gobineau sur les "inégalités raciales". D'où découle, peut-être, l'ambigüité de certaines pages de ce roman et tout particulièrement de sa chute qui peut être interprétée de différentes façons.



C'est néanmoins un livre intéressant qui témoigne du fort antisémitisme présent dans la société européenne, et notamment en France, en ce début du XXe siècle.
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Silbermann

Quelle surprise que cette écriture ciselée pour raconter la défaite d'une amitié adolescente sacrifiée sur l'autel de l'antisémitisme.

Roman très actuel, bien que le récit se déroule dans les années 20, qui dérange et déconcerte : il anticipe les exactions du régime de Vichy et les tacites complicités de respectables notables, il véhicule des stéréotypes (la supériorité intellectuelle de la judéité engendrant la haine d'une société confrontée à sa médiocrité) et il s'achève sur un reniement. La chute est remarquable par sa parabole qui nous rappelle que la lâcheté est souvent le chemin le plus aisé à emprunter.

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Silbermann

Presque 100 ans et toujours d'actualité...Toujours malheureusement !

Rentrée scolaire dans un lycée...que les gamins découvrent...ils entrent en troisième. Beaucoup, dont le narrateur, viennent de Saint-Xavier, collège religieux sans doute que j'ai perçs comme tenu par des jésuites...Un élève est remarqué, personne ne le connaît, il est décrit comme un gamin "petit et d'extérieur chétif" dont la figure est "assez laide" ...Dès les premiers cours le gamin attire les réactions hostiles des professeurs et de ses camarades, par sa prétention et son langage. Bref il est assez peu sympathique.

Le narrateur sympathise toutefois avec lui, Silbermann, dont on ne connaîtra pas le prénom. Silbermann qui lui avoue qu'il est juif. ce qui ne manque pas d'attirer les remarques racistes des autres élèves, remarques racistes qui deviendront des coups, parce que le gamin ne fait rien, bien au contraire pour attirer l'amitié.

Il dispose chez lui d'une bibliothèque de livres rares, qui lui permettent de briller en classe et d'écraser (un peu trop) ses camarades et professeurs.

Le narrateur sera également rejeté, parce qu'il a un camarade juif, rejeté par ses camarades et réprimandé par ses parents aux conditions modeste...Là-dessus se greffent des soupçons de malversations financière sur le père de Silbermann. Normal on en n'attend pas moins d'un Juif, diront certains.

Livre aussi sur l'amitié de ces deux gamins, amitié suspecte aux yeux des parents du narrateur.

Cette histoire d'amitié sur fond de racisme reste toujours d'actualité, il suffit de se référer à l'actualité, qui nous confirme que ce mal franchit allègrement les siècles, à tel point qu'on court, aujourd'hui encore, le risque de se faire tabasser sur certaines lignes du métro quand on lit ouvertement un livre écrit par un auteur juif.

Petit livre vite lu, car court, mais bigrement dérangeant. Dérangeant parce que le thème du racisme l'est. Dérangeant parce que bien qu'écrit il y a une centaine d'années il conserve toute son actualité. Dérangeant enfin, parce que l'auteur en décrivant ce gamin ou sa famille riche, nous permet de voir ces sinistres affiches nazies ou pétainistes alertant contre "le complot juif" ... Tous les poncifs caricaturaux repris en 1942, figurent dans la description physique de Silbermann et dans celles des affaires de son père...

Le livre fut toutefois récompensé par le Prix Fémina en 1922

Les boites à livres vous font souvent découvrir des livres dont personne ne voudrait, mais quelques fois vous y dénichez des petites pépites oubliées, des vieux livres aux pages jaunies, d'un autre siècle...

Ce fut le cas avec "Silberman" réédité dans cette éditions de 1980...

Livre d'un auteur oublié (en tout cas méconnu de moi), mais académicien

Il va retrouver sa vie d'errance dans une autre boite à livre...et faire le bonheur, comme il fit le mien d'un autre lecteur. Je l'espère.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Silbermann

"Il avait été deux fois premier lors des compositions. Ce succès avait suscité des jalousies parmi les rangs des bons élèves. Et comme il lui échappait quelquefois une ironie méprisante à l’adresse des cancres, il n’y avait pas moins d’animosité contre lui aux autres degrés de la classe. Les choses commencèrent par des taquineries assez innocentes; elles furent un peu encouragées par l’insouciance de la plupart de nos professeurs qui, malgré ses bonnes places, n’aimaient pas Silbermann."



Un superbe livre pour de multiples ressentis.



Silbermann est juif et le narrateur, protestant. Nous sommes au début du vingtième siècle : leur amitié est difficile mais point inéluctablement.



J’en ai connu des Silbermann, version cancre. Beaucoup. Un m’a marqué. Ce livre m’y a paradoxalement fait penser.



J’étais en 4ème (système français) et il y en avait un, qui faisait tout pour bien se faire voir mais qui, en raison de quelques boulettes de comportement, était un véritable bouc-émissaire. Le cercle vicieux de l’injustice aidant, il commençait vraiment à déraper…



Je tenais à ce moment-là, attention, accrochez-vous, le CLUB LECTURE de mon collège qui, en gros, choisissait les livres que la bibliothèque (CDI) devait acheter. Nous étions un petit groupe et chaque semaine nous présentions à l’oral et à l’écrit nos lectures de la semaine… Je l’ai convié à plusieurs séances… et il a fini par venir tous les jours. A la fin de l’année, il était devenu mon second. il passait plus de temps au Club lecture qu’ailleurs… Le plus grand paradoxe de cette histoire ? Sa réputation n’a pas faibli d’un poil. Mais lui, allait mieux et c’est bien là l’essentiel.



Un livre fort car bon, nous avons tous connu notre Silbermann.



Finem Spicere,



Monsieur Touki.


Lien : http://monsieurtouki.wordpre..
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Silbermann

Publié il y a tout juste 100 et une année, ce minuscule mais puissant roman est d’une troublante modernité.

L’amitié entre deux jeunes gens, le ravage de l’antisémitisme (déjà), l’exaltation de la sensibilité adolescente par de la très bonne littéraire portés une plume classique mais si élégante, voilà les ingrédients d’un roman à mettre entre toutes les mains. Lu hier, à lire aujourd’hui et demain, à faire lire et découvrir au plus grand nombre. Un bijou de justesse et de concision.

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Silbermann

Jacques (le narrateur) est un adolescent qui rentre de vacances. Il reprend le chemin de l’école et retrouve son ami Robin, son meilleur ami. Seulement, il se rend compte que les choses ont changé et la complicité qui l’unissait autrefois à son ami n’est plus la même. Dans le même temps, un nouvel élève est arrivé. Il s’agit de Silbermann, un jeune juif, qui va très vite se révéler comme un brillant élève. En le rencontrant par hasard et en discutant avec lui, Jacques se rend compte que Silbermann est passionné par les livres. Les deux jeunes gens vont alors se trouver des points communs et devenir amis. Mais si Jacques est bien accepté par la famille de Silbermann, celle du narrateur voit plutôt cette amitié d’un mauvais œil. De plus, en montrant sa supériorité intellectuelle à ses camarades, Silbermann crée l’hostilité. Chahuté, harcelé, il résiste à l'oppression, par les sarcasmes, ou par des lâchetés provisoires que permet sa certitude de vaincre plus tard. De son côté, Jacques est bien décidé à l’aider. Mais c’est sans compter l’antisémitisme et les phantasmes véhiculés sur les Juifs de la part de son entourage, à commencer par ses parents.



L’histoire de Silbermann nous plonge dans le contexte de l’époque, avant la Seconde Guerre mondiale, alors que certains journaux attaquent vigoureusement les juifs. L’antisémitisme est virulent et les écoliers ne dérogent pas à la règle.

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Silbermann

Le narrateur (on peut supposer que celui-ci se prénomme Jacques puisque, bien que n'étant jamais cité dans l'ouvrage, ce dernier est largement inspiré de la vie de l'auteur) a 14 ans et, aux côtés de son ami Philippe, il fait sa rentrée scolaire. Il va très vite se lier d'amitié avec un jeune nouveau,du nom de Silbermann. Ce dernier est très surpris que Jacques veuille bien de son amitié étant donné qu'il est sujet aux critiques de ses autres camarades qui le dénigrent en raison de sa religion : Silbermann est juif. Le narrateur, lui, ne comprend pas pourquoi il devrait lui refuser son amitié étant donné qu'il le trouve extrêmement brillant, intéressant et tout ce qu'un ami peut posséder comme qualités. Les deux amis deviennent très vite inséparables jusqu'au jour où M. Silbermann, le père, est accusé de vol et c'est le père de Jacques, juge d'instruction à l'époque, qui est chargé de l'affaire. Cette dernière finit par bien se terminer puisque l'accusé est innocenté mais chez Silbermann, quelque chose s'est brisé et il décide alors de s'exiler chez son oncle en Amérique.

Une magnifique histoire d'amitié entre deux enfants, qui sont au-delà des barrières sociales, raciales ou encore religieuses. L'écriture de Jacques de Lacretelle est fluide, facile à lire et pure puisqu'écrite à travers les yeux d'un enfant. A découvrir !







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Silbermann

3 étoiles = bonne lecture



Silbermann est un garçon intelligent, nettement plus que tout le monde. Au cours du livre il adopte un comportement arrogant presque dédaigneux envers ses camarades. Il est difficile de s’attacher à ce personnage à cause de son attitude. Le seul fait qui nous relie à lui est l’empathie, il est difficile de ne pas en avoir quand une personne subit des maltraitances vis à vis de sa religion et que son attitude n’est qu’au final une protection, même si ça nous agace.

Jacques m’a paru comme un garçon perdu. Avant sa rencontre avec Silbermann il avait une petite vie tranquille et ne se souciait pas des problèmes qui l’entouraient. Il était complètement aveugle aux injustices et notamment sur la condition des juifs. Quand Silbermann est devenu son ami, il a dit : « désormais je ferai pour toi tout ce qui sera en mon pouvoir » (p.29). Jacques se répète souvent que c’est sa « mission ». Silbermann lui a aussi appris le goût du français, Jacques s’est épris de littérature en écoutant parler son amie et redécouvre, en quelques sortes, le monde autour de lui, jusqu’à admirer les architectures des églises.

Ce roman est basé sur une amitié sur fond de racisme. Ce racisme présent durant l’intégralité du livre est dérangeant, de par le fait que cela soit toujours d’actualité quoique moins (je l’espère) mais aussi par le fait que nous pouvons voir les deux facettes. En effet, nous pouvons observer du côté de Jacques des affiches nazies et une propagande dirigé par le parti « Les français de France ». Alors que du côté de Silbermann il y a les conséquences de tout ça, nous voyons sa famille tourmentée par des problèmes créés par des antisémites et le moral baissé petit à petit.

Ce roman ce lit vite parce qu’il est petit mais aussi entraînant. J’ai été piquée dans ma curiosité quant à savoir ce qui allait se passer, le dénouement final. Ce n’est certainement pas un livre rempli d’action, de rebondissement et encore moins de romance. Au contraire il y a de l’orgueil et de la tristesse. Ce mélange ne donne pas un livre poignant ou déchirant mais simplement réel. Il n’y a pas de surprises, il relate l’Histoire.
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Silbermann

Ils ne pourraient être plus différents, les deux amis de « Jacques » – le jeune narrateur aux traits autobiographiques dont nous apprenons pas le nom –, en troisième de son bourgeois lycée Parisien : l'un, Philippe Robin, fils de notaire aux loisirs sportifs et manières viriles, et l'autre, David Silbermann, fils d'antiquaire, chétif, de teint jaune et aux yeux noirs, dédaigneux de la force et de l'agilité à l'exception de celle de l'esprit. L'un, tendant l'oreille ne qu'à son oncle Marc, de goût violent et d'orientation nationaliste, et l'autre, prodige précoce, venant de sauter une classe de lycée. Mais l'un, imprégné par les ressentiments antisémites des Français de France, déteste l'autre, juif, forçant le narrateur de se décider, entre une amitié facile mais dont il ressent la distanciation, et une autre, plus stimulante, qui met à l'épreuve sa conscience protestante.

Il choisit le Juif, Silbermann, dont il devient l'oreille et le second, lui défendant même contre les brimades de leurs camarades de classe, au risque de se voir lui aussi frappé d'ostracisme, pourtant ne pas si inconnu à ce descendant huguenot. Plus qu'une simple amitié entre lycéens, « exalté par la perspective du sacrifice », leur relation devient pour le narrateur une mission, quoique récompensant moralement comme intellectuellement.

Silbermann, lui, a peu d'estime pour les métiers lucratifs mais fin connaisseur des belles-lettres françaises, en dépit de son jeune âge, il rêve d'une carrière littéraire : « être Juif et Français, je ne crois pas qu'il y ait une condition plus favorable pour accomplir de grandes choses ».

Hélas, situé en 1922, à mi-chemin entre la réhabilitation de Dreyfus et les lois anti-juives du régime de Vichy, une calomnie juridique organisée par les nationalistes dont le père du narrateur est le juge d'instruction et celui de Silbermann la victime, force l'exil américain de cet ami « dépravant » et met fin aux rêves de celui-ci autant qu'à leur amitié fertile : « Ils triomphent, les Français de France ! Songe donc : un Juif de moins auprès d'eux !... »

Pour le lecteur s'identifiant avec sa cause, la fin du récit à la manière de « le retour de l'enfant prodigue » vient un peu comme un choc, mais la moralité que le narrateur, alors âgé de 14 ans, applique à lui-même et contre son entourage se révèle peut-être trop sévère pour durer ; en même temps elle exprime un certain pessimisme du côté de l'auteur qui lui semble propre.

Avec un oeil observateur et un style aussi élégant comme emportant, Jacques de Lacretelle traite avec l'antisémitisme un sujet fort osé dans son deuxième roman qui allait connaître un immense succès à l'époque (prix Fémina 1922) et paraît toujours d'actualité même près d'un siècle plus tard : « Vois-tu, chaque pays a les Juifs qu'il mérite... ».
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Silbermann

J'ai étudié ce texte au collège, je ne sais plus en quelle année car j'ai eu le même prof de français trois années de suite. Je n'ai aucun souvenir de l'étude que nous en avions faite, mais je me souviens du malaise que j'avais ressenti à la lecture de ce livre. J'ai rapatrié il y a quelques mois les livres qui me restaient chez mes parents, et depuis je tergiverse sur une possible relecture de ce Silbermann. Depuis ce week-end, c'est chose faite, et j'ai ressenti le même malaise qu'à l'époque. Je suis en fait effarée de me dire que ce livre nous a été proposé par un prof que pourtant j'estime beaucoup.



Silberman, jeune lycéen du début du XXème siècle dans un établissement parisien huppé est un élève brillant et qui aime briller. Il se retrouve très vite aux brimades de plus en plus vachardes de ses camarades du fait de sa judaïté. Le narrateur, qui lui n'est jamais nommé, est un camarade de classe qui prend fait et cause pour Silberman. Vu comme cela, ce livre est une dénonciation de l'antisémitisme qui s'épanouit alors dans la société française, et c'est bien ce qu'il est et ce qui lui a valu le prix fémina l'année de sa publication, en 1922,

Mais il n'y a pas que cela. Silberman, avec sa manie de se mettre en avant, de systématiquement chercher à briller, est finalement assez antipathique. Impossible de s'attacher à lui. Vous me direz, une personne n'a pas besoin d'être sympathique pour mériter que l'on ne fasse pas preuve de racisme à son égard. C'est tout à fait vrai, mais si l'on fait de ces caractéristiques des traits de sa judaïté, que l'on ajoute à cela tous les traits physiques que l'on associe aux juifs, cela en devient malsain. On ne doit pas être antisémite parce que ce n'est pas bien, mais en même temps, les traits physiques et comportementaux prêtés sont loin d'être positifs et justifient presque qu'on les prenne en grippe.

C'est cette ambivalence du propos, que l'on retrouve aussi dans le caractère exalté du narrateur, qui n'est expliqué que par son statut de protestant, nécessairement très sensible aux questions d'honneur et de sacrifice, qui m'a dérangé et me dérange encore.



Avec une grille de lecture moderne, qui ne pouvait être celle des lecteurs de l'époque, j'ai la sensation que ce livre est une belle illustration de la notion de « racisme ordinaire ». Jacques de Lacretelle dénonce l'antisémitisme et il ne fait de manière convaincante, mais dans le même temps, il continue à associer des traits de caractère ou des traits physiques à un groupe donné, les renvoyant à leur appartenance à ce groupe (religieux ou culturel ici) avant de leur reconnaître une personnalité propre. Et c'est cela, je crois, qui définit ce racisme ordinaire qui peut être le fait de personnes se disant et se croyant non racistes. En furetant sur internet, j'ai vu que Jacques de Lacretelle, qu'on ne peut certes pas qualifier d'antisémite, était sensible aux thèses de Gobineau, ce qui me fait penser que mon analyse n'est pas complètement infondée.

Finalement, Silberman est un livre que je ne recommanderais probablement pas (et certainement pas pour être étudié dans les écoles), mais je suis contente d'en avoir fait cette deuxième lecture qui m'a permis, avec mon regard d'adulte, de mieux comprendre ce qui s'y joue et ce qui me dérangeait déjà il y a presque trente ans.
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Silbermann

Ce livre a 100 ans. C'est une réussite. Si l'antisémitisme est évidemment le thème central, de Lacretelle parvient à 'utiliser de façon inspirée pour mettre en scène, en peu de pages, plein de subtilités-facettes de l'humain. Essentiellement un camaïeu de ses limites : peureux, lâche, opportuniste, conformiste, faillible, grégaire, brutal, jaloux...

Mais il faut le lui pardonner à cet humain. Faire de son mieux.

100 après, je ferais encore lire ce livre à tous les jeunes lycéens. Il r.est.e inspirant. L'inverse d'une de ces briques assommantes que trop de professeurs infligent aux "chères têtes blondes".

Pour qu'un jour...



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Silbermann

Ce livre publié en 1922 est révélateur d'une époque ou l'antisémitisme parait banal à travers le harcèlement d'un jeune lycéen. Rejet des camarades , des professeurs qui jugent Silberman trop intelligent, trop arrogant mais aussi une belle amitié avec Jacques le jeune narrateur.

La fin du livre est cruelle et cynique et annonciatrice de toute l'horreur des années à venir.

Une belle écriture.
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Silbermann

Très court livre intéressant qui montre que l'antisémitisme le plus stupide était ancré dans beaucoup d'esprits, en France, - livre publié en 1922 - même 15 ans après la réhabilitation de Dreyfus, et près de 20 ans aussi avant les lois anti-juives de Vichy. Dans son lycée parisien, Silbermann est persécuté par ses condisciples. Un seul de ses camarades le défendra, mais se trouvera dans une impasse personnelle, du fait des conventions sociales. Et Silbermann, pourtant épris de culture française, renoncera à son rêve Français pour fuir ses persécuteurs et rejoindre l'Amérique. Ce court roman est intéressant, mais il ne justifie tout de même pas son inscription, pourtant bien réelle, dans une liste des meilleurs romans de la première moitié du 20° siècle !
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Silbermann

L'amitié entre deux adolescents au tout début du XXe siècle.

Silbermann est juif, le narrateur , lui, est protestant.

Jacques de Lacretelle nous raconte , dans ce récit à tendance autobiographique, comment les élèves d'un lycée malmènent un jeune juif érudit auquel le narrateur se lie d'amitié.

Un court roman qui se lit facilement.

Les réflexions littéraires de Silbermann m'ont plu (j'ai découvert l'existence de Charles de Saint-Evremond, auteur du XVIIe siècle).

Malheureusement, je me suis parfois ennuyé.

A lire pour découvrir Jacques de Lacretelle mais ce ne sera pas ma lecture de l'année.
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