Jan-Philipp Sendker

Les robustes et les vigoureux ne voulaient rien savoir des malades et des moribonds. Comme si ces deux mondes-là n'avaient rien en commun. Comme si un faux pas sur de la glace trop mince, comme si une bougie oubliée ne suffisaient pas pour vous arracher d'un des mondes pour vous expédier dans l'autre.

Pardonnez-moi si je me répète. Ce n'est pas parce que je suis simple d'esprit mais parce que vous êtes si belle.

Peut-être devrais-je tenter quelque chose pour m'apercevoir qu'en réalité je désirais autre chose

Le plus grand trésor que l'on puisse posséder, c'est la sagesse de son propre cœur

Nous ne voyons que ce que nous savons déjà. Nous projetons nos propres valeurs - les bonnes comme les mauvaises- sur l'autre. Ensuite, nous reconnaissons pour de l'amour ce qui, d'emblée, correspond à l'image que nous nous en faisons. Nous souhaitons être aimés comme nous-mêmes nous saurions aimer.

Il y a des blessures que le temps ne guérit pas, mais il les réduit à un encombrement acceptable.

Le bonheur pouvait trouver à se loger chez tout le monde.

Parfois on se lie dans la joie On ne fait plus qu'un dans le bonheur : l'espace de quelques précieuses secondes, on ne forme plus qu'un seul être, parce qu'une personne seule ne peut tout simplement pas supporter l'intensité de ce moment Et d'autres fois, on se lie dans la douleur On ne fait plus qu'un dans la peine : l'espace de quelques précieuses secondes, on ne forme plus qu'un seul être, parce qu'une personne seule ne peut tout simplement pas supporter l'intensité de ce moment

Que savons-nous de nos parents et que savent-ils de nous? Et si nous ne connaissons même pas ceux qui nous accompagnent depuis notre naissance - et si eux ne nous connaissent pas non plus - , alors, que pouvons-nous espérer savoir de tout un chacun? (p.109)

(...) j'ai vécu trop longtemps avec un coeur désaccordé. Je n'ai aucune envie de recommencer. Je ne pourrais plus l'endurer, même pour une seule journée.
Même pour une seule.
Une personne, une fois qu'elle a été abandonnée, porte éternellement ce deuil.

parfois, il faut chercher loin pour trouver ce qu'on a sous la main.
quoi que chacun porte en soi, nous sommes responsables de nous-mêmes, de nos actes et de notre destin. Il n'existe aucune captivité dont nous ne puissions nous délivrer nous-mêmes.

" Ce n'est pas parce que tu ne vois plus l'eau qu'elle a pour autant disparu. La végétation se nourrit de cette eau. Les bananes que nous mangeons. Les fruits du sorbier qui nous empoisonnent. Rien ne se perd. Même les pensées entraînent des conséquences " P.187-188

Pourquoi? Est-ce obligatoire d'avoir parcouru le monde? Dans ce village, dans chaque maison, dans chaque cabane, vous trouverez toute l'étendue des émotions humaines: l'amour et la haine, la peur et la jalousie, l'envie et la joie. inutile de partir à leur recherche ailleurs.

Je me demandais pourquoi, au cours de toutes ces années, je n'avais jamais réussi à le revoir, alors que je nous avais promis à tous les deux, en partant, que je serais de retour quelques mois plus tard. Pourquoi lui, à qui je devais tant, avait-il de nouveau disparu de ma vie ? Pourquoi remettons -nous toujours à plus tard ce qui compte le plus pour nous ?

Pour pardonner, il faut aimer et être aimé. Seuls ceux qui pardonnent peuvent être libres. Quiconque pardonne n'est plus prisonnier.

Le souffle court, elle sentit la peur s’emparer d’elle, de son âme, de son esprit, de son corps. Son ventre et ses entrailles se contractèrent comme si un géant les tordait à deux mains. De plus en plus fort. Elle ne parvenait plus à respirer. Elle s’entendit gémir. Elle s’entendit supplier. Elle s’entendit implorer. Que ce ne soit pas vrai. »

Me plaindre de quelque chose me paraissait gênant, que ce fût au restaurant, à l'hôtel ou dans une boutique. N'empêche, ces choses-là m'importaient plus que je ne voulais l'avouer. Elles me restaient sur le cœur et souvent, après, j'étais fâchée contre moi-même de m'être montrée aussi timorée. Avec mon père, c'était différent. Son silence face à pareille situation était sincère. Pour lui, ça n'avait vraiment aucune importance. Il souriait quand il voyait quelqu'un le doubler dans une queue. Il ne recomptait jamais sa monnaie. Ma mère, elle, vérifiait chaque cent. J'enviais le sang-froid de mon père. Pour ma mère, c'était une attitude incompréhensible. Elle était aussi stricte envers les autres qu'envers elle-même - mon père uniquement envers lui-même.

Il y a des souvenirs auxquels on ne peut pas échapper. On les emporte avec soi où qu'on aille, aussi loin qu'on aille, que ça nous plaise ou non. Ils nous poursuivent ou nous escortent dans les bons moments et dans les mauvais. Nous sentons leurs odeurs. Nous entendons leurs bruits. Ils sont source de plaisir ou de crainte. Jour et nuit.

La véritable essence des choses n'est pas visible à l’œil

U May lui avait répété encore et encore que, en dépit de tout, la vie est don que nul n'a le droit de dédaigner.
La vie, avait t-il insisté, est un don plein de mystères où se mêlent inextricablement douleur et bonheur.
Toute tentative pour avoir l'un sans l'autre est inévitablement vouée à l'échec.