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Critiques de Javier Tomeo (16)
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Le château de la lettre codée

Prenez un marquis. Mettez-le dans un château. Faites-le parler pendant 140 pages.

Donnez-lui un stylo. Et faites apparaître son valet, à qui il va donner des instructions pour qu'un message codé soit remis à son destinataire.

Donnez des consignes au valet, pour qu'il ne soit pas distrait de sa tâche par quelques bûcherons ou autres personnages qui ne devraient rien savoir.

"Déguisez astucieusement la vérité".

Telle sera la maxime pour que le valet déjoue les pièges du transport de la lettre.

Mais peut-être est-ce aussi la maxime de ce récit qui ne ressemble à rien d'autre.

Lisez jusqu'au bout.

Vous trouverez à la fin un auteur qui restera seul ici avec ses insectes, "ces minuscules palpitations de vie qui sont à mi-chemin entre le minéral et l'âme.".

"Peut-être est-ce là mon destin.

Peut-être, mon cher Bautista, si bon, si plein d'abnégation, qu'est arrivé pour moi le moment où les jeux sont faits, comme on disait à Biarritz".



J'ai eu la chance de rencontrer Javier TOMEO qui m'a dédicacé ce livre, en dessinant le château du Marquis sur un petit dessin.

Voilà donc un récit qui ne ressemble à rien que je connaisse, mais qui mérite mille fois d'être lu.

Merci Mr Tomeo.

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La nuit du loup

Confrontation quelque peu farfelue par une nuit de pleine lune entre deux marcheurs qui se foulent la cheville près d'un même ancien abribus dans une lande espagnole délaissée.



J'avais lu du même auteur "La Machine volante", que j'avais apprécié, mais sans plus. Cet opus est un plus disjoncté et donc, plus intéressant à mes yeux.



J'ai en tout cas passé un bon moment de lecture.
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La Machine volante

Relation du procès fictif mené par l'Inquisition d'un homme qui a rêvé de construire une machine volante, procès qui tourne à la discussion philosophique ou pseudo-philosophique, car cela ne vole jamais très haut, c'est le cas de le dire, en ce sens que les débats m'ont semblé assez convenus.



Le texte est court, la fin originale dont je ne dirai pas plus, sauve l'ensemble.



Ceci dit, loin d'être un incontournable à avoir lu.
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La Patrie des fourmis



Après avoir observé le monde obscur des foumis et celui des humains qui gravitent autour d'un hôtel et des bars dans un petit port de la Costa Brava, avec le regard aiguisé de Javier Tomeo, et cela sans avoir été piquée, je peux vous dire que j'y ai pris beaucoup de plaisir ! Mais c'est tout à fait par hasard que ce livre est arrivé dans ma bibliothèque... et c'est un peu à cause de son titre que je l'ai emprunté... car je peux bien vous l'avouer à présent, je suis une fourmi et cela depuis ma naissance, je n'en dirai pas plus. Pour en revenir à ce roman, il m'a un peu fait penser à Gurb, le fameux extra-terrestre de Mendoza égaré dans le monde des humains... humour, observation hors du commun des petits travers de nos semblables ! on se régale.
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Dialogue en ré majeur

Un train, pas comme les autres, avec seulement deux voyageurs. Juan, le narrateur, un personnage rondouillard venu du Sud, joueur professionnel de trombone à coulisse, ne trouve rien de mieux à faire que s’asseoir en face du seul et unique occupant du wagon de queue, et lui faire la conversation. S’ensuit un dialogue de sourds entre deux personnages fort dissemblables, l’un du Sud l’autre du Nord, le second se faisant tout d’abord un malin plaisir à tourner en dérision les propos volubiles du premier. L’échange va tourner à la comédie puis au drame au cours de ce voyage interminable où les rôles s’échangent, le maître devenant valet et réciproquement. Se moquer de plus bête que soi, est-ce risible ? Et quid lorsque la bêtise est largement partagée ? L’auteur se garde bien de trancher, dans ce récit ferroviaire qui rappelle, par son style répétitif et son absence de message, les belles pages de ce que l’on appela, il y a plus de soixante ans, le "Nouveau Roman"…
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Monstre aimé

La Feuille Volante n° 1227

Monstre aimé – Javier Tomeo - Christian Bourgois Éditeur.

Traduit de l'espagnol par Denise Laroutis.



Le sujet de ce roman, bien qu'il n'ait pas été classé ainsi par l'éditeur, et qui a fait l'objet d'adaptations théâtrales facilitées sans doute par des dialogues sur lesquels il repose essentiellement, et dans une ambiance que n'auraient désavoué ni Kafka ni Buňuel, est déconcertant. Dans l'univers clos d'une pièce, il s'agit officiellement, d'une entrevue entre, H. J. Krugger, le directeur des ressources humaines d'une grande banque et un homme d'une trentaine d'années, Juan D. qui souhaite être embauché comme vigile de nuit. Jusque là, c'est plutôt ordinaire, sauf que, d'emblée, le directeur déclare que le candidat devra répondre à toutes ses questions, même les plus intimes. Cela ne ressemble déjà plus à ce qui était annoncé et ce n'est que le début. Ainsi le lecteur apprend-il que Juan a trente ans et souhaite, par ce travail qui sera pour lui son premier emploi, mais qui ne correspond pas du tout ni à ses compétences et ni à ses capacités, s'abstraire de la tutelle de sa mère, une femme abusive et possessive (castratrice?) qui, bien entendu s'oppose à ce changement dans la vie de son fils unique. Ce bureau qui a en principe des fonctions de recrutement ressemble de plus en plus à celui d'un psy tant les questions du directeur sont insidieuses, personnelles, déconcertantes même, puisque de DRH insiste sur des détails apparemment sans importance portant sur la chronologie de faits anodins et qui ont davantage pour but de déstabiliser Juan que d'évaluer ses compétences pour son emploi éventuel. Le recruteur lui tend même des pièges que Juan, cauteleux, déjoue, en répondant à son interlocuteur ce qu'il a envie d'entendre tout en taisant ce qu'il veut garder pour lui. La conversation s'égare parfois sur des sujets qui n'ont vraiment rien à voir avec l'embauche potentielle de Juan. Puis, lui qui était anxieux au départ, prend de l'assurance au point d'être considéré par Krugger, non pas comme un futur employé, mais comme un véritable confident ce qui donne au directeur l'opportunité qu'il attendait sans doute depuis longtemps de parler de sa propre mère. Ce détail les rapproche cependant, Juan désirant enfin couper le cordon ombilical, Krugger vivant dans le souvenir de sa mère décédée quand il avait cinq ans et souffrant de l'absence d'amour maternel. Ces deux histoires parallèles vont donc se décliner, chacun prenant la parole à son tour et suscitant les réponses de l'autre dans un jeu où chacun y va de ses confidences, reprises, commentées et parfois combattues par l'autre. La maïeutique ainsi initiée fonctionne dans les deux sens et même avec une certaine perversité.

Le rapport à la mère est ici traité à travers ces deux discours croisés où chacun cherche, parfois avec violence, à mettre l'autre en difficulté, tout en laissant la parole à la mère de Juan. Ces deux figures de mères sont différentes mais sont un réel problème pour ces deux hommes, l'une étant absente et l'autre trop présente, ce qui n'est pas sans conséquences sur leurs vies respectives. Ils sont tous les deux restés célibataires et leur relation aux femmes est définitivement altérée, provoquant probablement l'’homosexualité et assurément un profond traumatisme.

Je connaissais déjà Javier Tomeo (1932-2013) à travers « Le château de la lettre codée » (La Feuille Volante n° 83). J'ai retrouvé ici, cette dimension absurde et surréaliste, à la fois du côté de Krugger qui veut s'affirmer comme quelqu'un d'important dans cet établissement, que de la part de Juan qui est resté, jusqu'à l'âge de trente ans, bien à l’abri dans sa tour d'ivoire maternelle, une illustration du complexe d’œdipe chez l'un et un combat contre l'infériorité chez l'autre.

Cela dit, le livre refermé, ce texte m'a laissé quelque peu perplexe. Juan rentrera chez lui après cet entretien et retrouvera sa mère qui continuera de veiller sur lui comme elle l'a toujours fait, une illustration de la solitude qui est une constante dans l’œuvre de Tomeo. Il continuera de l'aimer comme avant, regrettant peut-être sa tentative d'émancipation. Krugger lui continuera d'aimer cette mère qui lui a tant manqué et sa décision à propos de la demande d'emploi de Juan me paraît justifiée non pas tant à cause de ce dialogue long et parfois labyrinthique, mais à cause de l'accusation violente et infondée de Juan. Krugger aime sa mère comme Juan aime la sienne, avec leurs défauts et qualités, et c'est là une facette paradoxale de l'amour humain. L'amour d'une mère ne se discute pas même si on n’'adhère pas forcément à cette réalité. Ces femmes sont-elles des monstres ? Assurément dans l'esprit de l'auteur mais cette manière de présenter les choses, restrictive et misogyne, ce qui n'est guère dans l'air du temps, me paraît pouvoir être élargie à l'espèce humaine en général tant elle est critiquable. Tomeo joue sur la dualité « absence/prégnance » mais à la fin, chacun des deux personnages reprendra sa place dans cette ville imaginaire, comme si cette parenthèse n'avait jamais eu lieu et n'avait pas secoué leurs certitudes. En sortiront-ils indemnes ? je n'en suis pas sûr cependant mais notre société n'est pas idéale comme ne le sont pas non plus nos destins qu'on accepte ou qu'on refuse, en nous demandant quand toute cette comédie va se terminer, espérant qu'elle ne se transforme pas en tragédie. La patience, l'abnégation, le fatalisme voire la curiosité ou le masochisme font aussi partie de ce jeu que nous jouons au quotidien pour que la vie existe et perdure. L'amour d'une mère, comme l'amour en général, est quelque chose d'irrationnel qui illumine ou détruit nos existences, entre apparences hypocrites et réalités dont on s’accommode, entre compromis et compromission, parce que c'est dans l'ordre des choses, qu'on n'y peut rien ou qu'on trouve avantage à une situation qui s'arrêtera avec la vie.

Je ne suis pas bien sûr d'avoir suivi le cheminement de l'auteur, ni même de l'avoir compris et partagé son voyage dans l'absurde mais ce livre, bâti avec des phrases courtes et simples, fut pour moi un bon moment de lecture et de réflexion.

© Hervé GAUTIER – Mars 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com





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Histoires minimales

« Nous autres Aragonais avons, sans aucun doute, la tête dure. Au moins aussi dure que celle qu'en France ont les Bretons. Je suis venu avec ma famille à Barcelone et c'est à l'université dans cette ville que j'ai étudié le droit et la criminologie. La proximité de la grande mer a adouci avec les années la rudesse de mon caractère. Et je suis toujours là, à pied d'œuvre. »



Ainsi se définit lui-même Javier Toméo, dont l’un des nombreux paradoxes est qu’il est l’un des auteurs contemporains espagnols les plus joués au théâtre en Europe alors qu’il déclare ne s’être jamais intéressé au genre théâtral.



Histoires minimales est pourtant un recueil de sketches très courts, écrits tous sous la même forme : un nombre de personnages limités (souvent deux) désignés par leurs titres sans plus de précision : « le fils » et « la mère », « le matelot » et « le capitaine » ou même tout simplement « le guerrier A » et « le guerrier B ». Dialogues absurdes entre un philosophe et un marmiton, un phoque et un chameau, le clown et le dompteur, le fou et le docteur, ou encore le toréador et le taureau. Dans ces scénettes, les didascalies sont au moins aussi importantes que les dialogues, témoin ces introductions très symptomatiques de son style :



« LA GRANDE SALLE DU PALAIS du DUC de B. Le DUC, assis en face de la fenêtre, derrière laquelle languit un soir automnal, nuancé de rougeâtres et lointains éclats. C’est un être minuscule, une aristocratique microscopité, qui doit utiliser de petits souliers de plomb pour que le vent ne l’emporte pas. Sur son visage, on peut lire toute la fatigue et toute la mollesse des races antiques, empoisonnées par un sang pourri, mais, envers et contre tout, jalousement transmis de génération en génération. Allongée au pieds du DUC, comme un chien de salon, la COMTESSE de K. Le PETIT DUC soupire profondément, sans détourner son regard du crépuscule. »



En général dans ses sketches Javier Toméo procède par une accumulation de détails illogiques jusqu'à l'introduction de l'absurde au milieu de la réalité la plus quotidienne. Ainsi ces deux squelettes qui s’encouragent mutuellement dans l’attente de « retourner à la chair » mais quand l’un des deux crie « Haut les cœurs » l’autre ne peut s’empêcher de faire remarquer au premier qu’ils n’en n’ont plus ….



Mais derrière ces sarcasmes, il y a une vraie tendresse pour les déçus de la vie, les ratés, les oubliés, les moches, les décrépis ou les célibataires. Nous sommes au royaume de l’absurde, dans un univers que certains apparentent à Beckett, Ionesco ou Kafka. Ou bien encore, sachant que Javier Toméo est aragonais, un univers qu’on peut rapprocher d’autres aragonais, comme Goya, Gracian ou mieux encore de Buñuel.



Javier Toméo dévoile toutes nos petites bassesses, nos conventions sociales, religieuses ou politiques, et notre incommunicabilité flagrante. Est-ce parce qu’il a commencé par une licence de Droit et de Criminologie à l'Université de Barcelone ? Toujours est-il que sous sa plume l’espèce humaine semble observée comme à travers la lentille d’un microscope.

Beaucoup de ses protagonistes en effet sont des personnages solitaires, autistes ou du moins avec des problèmes de communication. Il déteste en général les moyens de communication (la télévision par-dessus tout) et préfère défendre l’animalité, les instincts et la monstruosité des êtres humains.



Auteur de plusieurs romans traduits en français, « le château de la lettre codée », « le chasseur de lions » ou »Monstre aimé » publié aux Editions Christian Bourgois, son style est sobre, minimaliste avec des phrases courtes. Pas d’envolée lyrique sous sa plume, mais plutôt la langue populaire espagnole qui fait partie du quotidien, qui est vraiment la langue parlée par tous dans la vie, à la fois brutale et élégante.



C’est aussi un maître du conte, qu’il rassemble en collections selon leur forme, comme dans ses Histoires minimales ou selon leur thématique comme dans Histoires naturelles.

Dans « le chasseur » , un homme s'enferme pour toujours dans une pièce de sa propre maison comme un ermite et n'a plus de contacts qu'avec sa mère. On pense à Lydie Salvayre et à la « Méthode Mila ». Ou encore à une autre Lydia, portugaise celle-ci, Lydia Jorge et à son univers ubuesque comme dans « la dernière femme ».



Javier TOMEO est donc un auteur très imaginatif, qui possède un univers bien à lui, mais qui possède également comme le dit son éditeur « un goût pour le fort, l’étrange et l’absurde, un humour en lame de rasoir, un œil qui sait voir. De la voracité, mais à distance. » Un auteur à découvrir pour illustrer l’absurdité de la vie – ou pour chercher à lui trouver un sens – à chacun le sien, assurément.
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Le regard de la poupée gonflable

Voilà un récit un peu déjanté : amoureux de sa poupée gonflable, Juan traîne son mal de vivre. Ses amis affichent des bizarreries pour le moins incongrues. Les relations sociales sont réduites au minimum : parler de ses angoisses, regarder par la fenêtre le monde, améliorer son introspection.

Témoin de ses sentiments, la poupée agit comme un double de lui-même puis devient inutile.

On peut ne pas aimer
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Le château de la lettre codée

N°83 - Octobre 1991.



LE CHATEAU DE LA LETTRE CODEE - Javier TOMEO - Éditions Christian Bourgois.



Si, livre en mains, vous prenez la peine de lire les quelques lignes de présentation qui emportent souvent la décision du lecteur dubitatif, vous ne manquerez pas de remarquer que la traductrice de cet ouvrage l'annonce comme un roman formidable. Je partage, pour ma part complètement cet avis tant le flot de mots qu'on peut y lire entraîne le lecteur presque malgré lui dans le sillage du marquis en une multitude de situations pour la remise d'une hypothétique lettre dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle est bizarre (codée!), un comte qui ne l'est pas moins, par son domestique de qui il attend un dévouement aussi aveugle qu'anachronique.

Il a l'obligeance de l'avertir de tout ce qu'il risque dans cette entreprise, de tout ce qu'il doit éviter de faire et de dire pour ne pas encourir les foudres du dangereux comte.

Cette lettre, loin d'être un message n'est qu'un prétexte puisqu'elle est incompréhensible et indéchiffrable, c'est à dire le contraire d'une missive qui se respecte. Sous couvert d'expliquer l'inexplicable, l'auteur qui par ailleurs observe la traditionnelle unité de temps, de lieu et d'action (ou d'inaction) cultive admirablement la digression, et, dans un espace de fatrasie surréaliste où les fadaises le disputent aux poncifs promène le lecteur dans une sorte de soûlerie de mots (salutaires soûleries de mots qui valent bien, je vous en réponds les libations vinicoles!)

Ce long monologue du marquis, naufragé volontaire de la société pendant vingt années derrière les murs de son drôle de château est entrecoupé de silences circonstanciés (ou seulement évoqués) du valet. Il consiste en une sorte d'évocations plus illogiques les unes que les autres, émaillées de propos oiseux sur les insectes et les batraciens, des proverbes et autres apostilles mais cachent seulement le poids très fort de la solitude à moins que ce soit le plaisir de se laisser aller, devant la page blanche, aux délices de l'écriture automatique guidée par une imagination fantasque. Il se pourrait même que le château n'existe pas plus que la lettre... Il resterait au moins le livre, unique et bien différent de ce qu'on n'a pas l'habitude de lire. Cela vaut son pesant d'humour et au moins c'est original.



Hervé GAUTIER
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Monstre aimé

Voilà un entretien comme personne ne voudrait en passer un... Imaginer un Directeur des ressources humaines qui vous prévient qu'il a des méthodes d'entretien peu orthodoxes. Mais que vous n'avez pas le choix, il va falloir répondre à toutes les questions, même si elles semblent intimes. Et surtout ne pas oublier les détails. Vous arrivez un peu à imaginer ? Vous voilà prêt à accompagner ce pauvre Juan D.



Et c'est pour cette raison qu'on va découvrir au fil de ces pages, l'histoire de cet homme, qui n'a jamais travaillé de sa vie (alors qu'il a 30 ans) à cause de sa mère - très - possessive. Ce détail va rapprocher les deux hommes, car ce fameux directeur semble avoir perdu sa mère alors qu'il avait 5 ans. Et va se tisser tout au long de l'histoire, le parallèle entre un homme qui veut couper le cordon ombilicale à tout prix et un autre, qui aimerait bien connaître l'amour maternelle.



Le plus brillant dans ce livre reste la maîtrise parfaite du langage rapporté. On assiste à un ping-pong entre les questions de l'un et les réponses de l'autre. Les histoires se croisent, se superposent parfois, se mélangent aussi, mais ne nous laissent à aucun moment sur le bord de la route. Un très, très bon moment de lecture !
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La nuit du loup

L’homme est-il un loup-garou pour l’homme ? Macario va-t-il se transformer en loup-garou pour dévorer Ismaël ? La lune va-t-elle inspirer à ce paisible retraité des intentions de lycanthrope ?

Javier Tomeo n’a pas perdu une once de son humour noir. Dans La nuit du loup deux hommes se retrouvent face à face, ou plutôt non loin l’un de l’autre, Macario, qui habite dans une campagne isolée, et Ismaël un courtier en assurance-vie. Tous deux se sont foulé la cheville mais pas la même : à eux deux ils pourraient marcher sur leurs deux pieds, mais distants de cinquante mètres l’un de l’autre, c’est impossible, du coup ils se livrent alors à un dialogue absurde, ponctué des « croa, croa » d’un corbeau perché sur l’abribus qui abrite Macario.



Macario est un lointain cousin catalan de Mr Sim : il surfe toute la journée sur Internet et s’est constitué un savoir encyclopédique qui masque son manque de lien à autrui. Dans La vie très privée de Mr Sim déjà, Jonathan Coe fustigeait une société de réseaux qui laisse l’individu dans un grand état de solitude. Ici Macario gobe des pages Web toute la journée, mais a laissé filé sa femme avec un autre. Ismaël ne s’y trompe pas : après avoir été fortement impressionné par la mémoire encyclopédique de son interlocuteur, il met en doute – mais n’est-ce pas la voix de Javier Toméo qu’on entend ? – le pseudo savoir accumulé en ingurgitant les pages Web :



« Ismaël réfléchit un instant et, pour la première fois, se décide à poser une question dérangeante.

Etes-vous sûr que les gens d’Internet vous disent toujours la vérité ? et s’ils mélangeaient les vérités et les mensonges ? Comment distingueriez-vous les uns des autres ? et si, par exemple, tout ce qu’ils vous racontent sur les courges n’était pas vrai ? »



Macario aime à citer des proverbes qu’il consigne dans un petit carnet rouge :

« Le proverbe le dit bien : « le poisson meurt par la bouche. » Si les poissons n’ouvraient pas la bouche, ils ne mordraient pas à l’hameçon. Ma mère le disait, pour connaître un homme, il vaut mieux l’entendre que le voir. »

Sauf que ces proverbes tombent à plat parce qu’ils n’ont rien à voir avec la situation. Peut-être finalement vaudrait-il mieux que Macario se transforme véritablement en loup-garou et qu’on en finisse avec l’incongruité du dialogue.



Humour, ironie, absurdité, on retrouve ici les thèmes favoris de Javier Tomeo, comme l’incommunicabilité des hommes entre eux.

Ici les deux hommes parlent pour ne rien dire : peut-être une critique de nos médias d’aujourd’hui ?

Comme dans les Histoires minimales, on sait que Javier Toméo est souvent porté au théâtre où ses dialogues font mouche : beaucoup de ses personnages sont souvent solitaires, autistes, ou en tout cas incapables d’échange véritable. Ici Macario et Ismaël vont passer la nuit côte à côte, mais peut-être le hibou et le corbeau qui les surplombent en sauront-ils plus sur eux que les deux protagonistes, à la fin de cette nuit pas tout à fait comme les autres.


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La nuit du loup

Lors d'une nuit de pleine lune, un homme qui a choisi de se retirer de la ville fait sa promenade habituelle sur un chemin peu fréquenté. Il suffira d'un trou qu'un vague brouillard masque pour que cette nuit devienne bien étrange. Immobilisé par une cheville tordue, téléphone portable en panne, il entend bientôt, après le virage mais invisible, la voix d'un homme à qui la même chose vient d'arriver. L'autre est un étranger au village, un agent d'assurance qui passait la nuit là après avoir pu placer quelques contrats et qu'une nuit d'insomnie a encouragé à faire un tour hors de son hôtel. L'un s'est foulée la cheville droite, l'autre la gauche. Un singulier dialogue s'engage alors entre les deux hommes, l'un de droite et l'autre de gauche, ponctué par les interventions de quelques visiteurs nocturnes : un duo de grillon curieusement désaccordés, une chouette au ululement triste et surtout un corbeau, apparemment surpris par le brouillard et qui semble commenter à sa façon tout ce qui se dit, approuvant, soulignant de ses croassements le moindre propos.



Pour alimenter la conversation et le bavardage, il y a toutes les connaissances que Macario a accumulées en surfant des heures sur internet : poèmes, proverbes, statistiques... Tout cela n'est pas des plus cohérent mais est néanmoins apprécié par Ismael, l'agent d'assurance, qui ne veut pas qu'on le laisse seul dans la nuit et que le bavardage avec Macario rassure. Seule ombre au tableau, dans cette nuit de pleine lune un peu inhabituelle : la crainte de Macario de se transformer en loup-garou. Il est en effet très sensible à la pleine lune, surtout ce soir où elle lui fait perdre un peu la boule dès que les nuages ne la cachent plus suffisamment. Malgré son dentier, il lui faut vérifier que ses canines de plastiques ne se transforment pas bizarrement...



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La nuit du loup

A la croisée de l'ironie, de la folie, de la fiction absurde ou encore du délire, de la peur du surnaturel, de la frayeur associée au noir inconnu, ce huis clos sous les étoiles fait défiler des pans de vie et des questionnements sans réponse qui sont peut être ceux qui nous attendent avant de fermer définitivement les yeux.
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Monstre aimé

Adepte des formes brèves, des phrases courtes, des détails bizarres, Tomeo, qui avait un faible pour les personnages solitaires, restera comme un maître du suspense déconcertant.
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Les amants de silicone

Les Amants de silicone est un roman sur l’amour - c’est-à-dire la psychologie et la pornographie - à l’âge moderne et des éventuelles différences que cela comporte par rapport à l’amour à l’âge classique, et c’est très drôle.
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La nuit du loup

Voilà un roman que je n’aurais probablement pas pris de moi-même. Cependant, c’est le résumé que m’en a fait le libraire qui m’a fait le choisir, je dirais même plus sauter dessus convulsivement: « c’est l’histoire d’un mec qui sort de chez lui et qui se tord la cheville et se retrouve coincé sous un arrêt de bus abandonné. Et il se rend compte que dans l’arrêt, de l’autre côté, il y a un autre mec qui est aussi bloqué parce qu’il s’est tordu la cheville. Alors ils causent ». Franchement, ça vous donne pas envie de vous jeter dessus ? (si non, on est entre nous, hein, c’est pas grave, vous pouvez le dire). Je l’ai senti venir comme une espèce de Godot espagnol, une attente longue et sarcastique pleine de jeux de mots et de réflexions.[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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