Remerciements sincères à l’opération Masse critique de Babelio et aux éditions ISEDITION pour leur envoi.
Le décor : Au cœur du petit port de Port Gentil situé au Gabon, autour d’un phare plus que vétuste, deux populations cohabitent sans vraiment se rencontrer sauf à l’occasion d’un pique-nique annuel : les blancs qui ont conservé de la période coloniale les passe-droits, les arrangements douteux et une conception de la vérité très orientée et les autochtones qui ne peuvent que regarder et se taire.
Le point de départ : C’est le jour du pique-nique qu’un blanc mort -assassiné choisit pour échouer sur la plage !
L’enquête : Ce crime aurait pu passer pour un accident, comme d’habitude! Sauf que le flic local, Simon N’Guele, décide de ne plus faire semblant.
Les enquêteurs : Le flic, lui-même corrompu pour avoir accepté un voyage donc pieds et mains liés, décide de déléguer l’enquête à un journaliste blanc, Markus Lanier. Mais, penser que notre flic restera en retrait est une illusion. Celui-ci bouge les ficelles dans l’ombre (il connait parfaitement sa communauté !) jusqu’à ce que son ami puisse enfin faire éclater la vérité!
L’intrigue : Autant vous dire que ce journaliste, héros de ce roman, est un piètre enquêteur : il s’amourache des suspects, il dévoile ses intentions à qui veut l’entendre, il donne des coups de pied dans la fourmilière de ce monde social habitué aux mensonges, au détournement, à la corruption quitte à faire de gros dégâts collatéraux ! Il y aura vengeances, plusieurs meurtres et même des disparitions puis de nouveau des apparitions !
Mais, ce roman est un polar particulier ! Amateur de suspens et de rebondissements passait votre chemin, ce roman n’est pas pour vous ! Dans LE PHARE, la quête de la vérité ne ré-équilibre pas l’ordre social établi. Dans le monde de Jean-Bernard Lemal, le droit ne venge pas les victimes puisque, au contraire, c’est le meurtre qui rend la justice! De plus, les protagonistes ne vont rien apprendre de cette quête. Chacun restera dans son rôle en ayant juste un peu voyagé. Même les responsables passeront par la case prison et en ressortiront vite pour reprendre leur place dans cette société qui semble immuable. Alors, le lecteur voyage lui : d’une petite ville du Gabon à une plateforme pétrolière en passant par des villas de la Riviera, etc…
Mais, le personnage du journalisme permet surtout à l’auteur d’être le candide qui porte sur le monde qu’il découvre un regard désabusé, sage et déraisonnable à la fois ! Peu de place à l’émotion et au ressenti, les faits sont éclairés par des interprétations mélancoliques, quelque fois poétiques, qui peuvent nous servir de chemin de réflexion, bien loin de l’ambiance habituelle du polar.
En conclusion, ce polar est un prétexte pour que l’auteur nous livre sa vision de certains microcosmes, mais aussi ses réflexions sur la vie avec des personnages essayant de rétablir un ordre de droit. Mais, ils n’y parviennent qu’à moitié tant la chape du système social est impossible à bouger. Assez rare cette position qu’il faut saluer dans le monde de la littérature du polar!
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