L'héraclitéisme est, la plupart du temps, réduit à cette philosophie du devenir que l'on oppose d'une façon un peu sommaire à la philosophie de l'être éléatique et aux ontologies statiques. On sait que Hegel et Nietzsche, de points de vue bien différents, revendiqueront Héraclite comme précurseur en voyant en lui celui qui a proclamé de façon nette qu'il n'y a d'être que du devenir ; mais lorsqu'on parle du devenir chez Héraclite il convient de ne jamais oublier ce qu'il écrit du Logos, sous peine de dénaturer le sens et la portée de ce qu'il a voulu dire.
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Le Destin est une réalité naturelle inscrite dans la structure du monde, en ce sens que le mélange, la krâsis, qui lie les êtres, témoigne d'une disposition immuable dans l'ordre des choses : "Chrysippe dit que le destin est une disposition du tout, depuis l'éternité, de chaque chose, suivant et accompagnant chaque autre chose, disposition qui est inviolable". Le destin apparaît ainsi comme un nexus causarum, un noeud de causes "c'est à dire un ordre et une connexion qui ne peuvent jamais être forcés ni transgressés" : il n'y a donc aucune place, dans le monde stoïcien, pour le spontané ni pour la hasard ; de telles affirmations vaudront aux philosophes du Portique les critiques et les railleries des Epicuriens pour qui les atomes sont doués d'une spontanéité leur permettant de décliner en dehors de leur ligne de chute, spontanéité qui se retrouve chez l'homme dans la liberté qui lui permet de se soustraire au cours du monde et de demeurer sans maître.
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Anaximandre : Ce d'où tous les étants tirent leur existence est aussi ce à quoi ils retournent à leur destruction selon la nécessité. Et ces étants se rendent justice et réparation les uns aux autres de leur injustice selon l'ordre du temps.
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La chute n'est pas un échec. L'échec, c'est de rester là où l on est tombé
La grande difficulté inhérente à une compréhension du plotinisme vient de ce que cette philosophie ne nous offre pas une vision du monde dans laquelle il y aurait place pour une conversion du sujet, lequel, au cours de sa vie, serait brusquement illuminé par une révélation, comme Paul le fut sur le chemin de Damas, le conduisant à une véritable métamorphose.
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La limite de la grandeur des plaisirs est l'élimination de tout ce qui provoque la douleur. Là en effet où ce trouve le plaisir, et aussi longtemps qu'il s'y trouve, il y a absence de douleur ou de chagrin ou des deux à la fois.
Notre jeunesse est mal élevée ,elle se moque de l'autorité et n'a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos enfants sont tout simplement mauvais
N'oublie jamais que tout est éphémère.
Alors, ne sois jamais trop joyeux dans le bonheur,
Ni trop triste dans le chagrin.

Ce qui caractérise la Révolution, c’est l’angélisme dont on l’entoure. Les noyades de Nantes organisées par Carrier, les massacres de septembre 1792, les « colonnes infernales », la Terreur, les guillotinements en série, les 600 000 morts de Vendée, la « régénération guillotinaire » réclamée pour les Juifs par le commissaire de la convention Baudot furent jugés « très profitables pour le bonheur futur de l’espèce humaine ». Le conventionnel Jean Bon Saint-André déclare qu’il faut « réduire la population de plus de moitié » pour établir solidement la République, son collège Guffroy était plus radical encore et pensait qu’il fallait ramener la France à « cinq millions d’habitants », Marat se livre à des calculs semblables. Les lois sur les suspects, la délation rétribuée permettent à d’obscurs inconnus, comme Robespierre, de surgir brusquement sur le devant de la scène politique et de hurler : « Mort aux tyrans ! » entre deux séances de guillotine. D’ailleurs « la Révolution n’a pas besoin de savants », Lavoisier en fit l’expérience, ni de poètes, André Chénier en sut quelque chose, nie de philosophes, Condorcet s’en aperçu. De quoi donc a-t-elle besoin ? Uniquement d’elle-même, car elle se donne pour autojustificative. C’est pourquoi elle séduit les intellectuels toujours à la recherche d’idées qui les excitent, les bourgeois fatigués de leurs privilèges, les femmes hystériques en quête d’orgasmes collectifs, les enfants aspirant à des vacances perpétuelles. Bref, elle charme tous ce que Nietzsche appellera « les explosifs ».
Mais les grands prêtres de la déesse Révolution lui confèrent le pouvoir suprême de sanctifier le Mal au nom de cette idée que la fin justifie les moyens, devise qu’ils trouvent aussi pernicieuse que laide et odieusement cynique lorsqu’elle est utilisée par ceux de la révolution d’en face. (pp. 233-234)
La raison qui empêche d’embrasser aussi bien l’ensemble des concordances, c’est l’insuffisance de l’expérience (ἀπειρία). C’est pourquoi ceux qui vivent dans une intimité plus grande des phénomènes de la nature, sont aussi plus capables de poser des principes fondamentaux. Par contre, ceux que l’abus des raisonnements dialectiques a détournés de l’observation des faits, ne disposant que d’un petit nombre de constatations, se prononcent trop facilement.