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Critiques de Jean Cassou (7)
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Chagall

Un couple

Qui minaude l’amour et

Qui s’installe dans ce

Rêve fantastique,

d’ombre fleuri.



Les fleurs accueillent

Leur poids lévitant

Dans une douceur

Innocente

Dans : « Les amoureux aux lilas »,

Un tableau de Marc Chagall.



Quel enchantement,

dans ce bouquet de lilas

qui embrase ces deux amants

en son sein.



Une lumière qui s’infuse

Sereinement dans ce tableau.



Une promesse qui susurre des mots

qui plongent dans :

Ces instants roses lilas,

Cette éternité blanche lilas,

Ce bleu fusion.



Un vase accueillant

La foisonnante senteur printanière,

Qui se répand dans

Ce corps à corps

Enfantin,

Délicat,

Timide,

Sensuel.



Qui se côtoient dans

cette pudeur impudique,

qui s’offrent aux regards

en de joyeuses particules,

en de gouttes de sensualité,

en douceur.



Avec une passion colorée,

Une saison qui s’apaise,

Dans le plein,

Dans le flanc d’une proximité de peau,

dans un amour fleuri...



L’évidence d’un

Halo de lumière

Bleu espoir

Qui nous prolonge

dans cette délicieuse

Rêverie de proximité.



Un rêve embaumant de cette

Odeur ardente qui

Fait le bonheur.



Un univers de formes qui se déploient

Dans ces nuances de bleu hypnotique,

D’une joie contagieuse,

D’une intuition enfantine,

D’un univers onirique ,

Qui ploie,

Se déploie,

Dans un air,

aux couleurs vives.



Ornement de sensations tactiles qui

Effleurent un début d'été,

De couleurs esthétiques.

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Grandeur et infamie de Tolstoï

Grandeur et infamie de tolstoï (1932) Jean Cassou



Ca fait un bail que cet auteur Jean Cassou me titille, par sa personnalité complexe, énigmatique, voire souterraine. Ses intentions sont-elles louables, voilà la question ? Je le perçois comme ça, peut-être ai-je tort ? Sa bio m'invite à la prudence, et plus encore bien entendu cet essai sur tolstoï envers lequel, ce n'est pas un secret , je voue une admiration sans bornes.



Ma curiosité déjà se formalise dès lors que l'essayiste le porte aux nues, et paraît-il, les chapitres plus loin le descend en flèche, à propos de son insincérité. J'avoue que là je vais avoir du mal sur cette question. Car le traiter d'insincère, alors que ce que j'ai ressenti dès la première seconde à la lecture de l'auteur d'Enfance ou des Récits de Sébastopol, c'est précisément le contraire, une oeuvre d'une immense vérité sur ses semblables, sans concessions, un ton nouveau introspectif, sans fard. Il est bien évident qu'au dessus de lui, il y avait Dieu seulement et certainement pas le Tsar qu'il a battu en brèche presque toute sa vie, à la régulière, en lui adressant des lettres, des admonestations, des mises en garde, à tel point qu'il fut pris pour le Tsar 2 aussi craint que le Tsar tant sa stature était imposante .. le Tsar lui a parfois envoyé ses chiens à Iasnaïa Poliana sentant quelque suspicion révolutionnaire. Il a fait l'objet de perquisitions alors qu'il n'était pas là, et on n'a rien trouvé fatalement puisque c'était faux pour ne pas dire bidon ! On lui a prêté une connivence avec les Américains pour obtenir des fonds dans le but de secourir les pauvres gens qui sombraient dans la famine dans des régions entières de la Russie, dans les années 1890, on l'a traité d'Antéchrist pour monter le peuple contre lui afin de le neutraliser ou de l'enfermer et à chaque fois la tentative a échoué puisqu'une fois de plus c'était bidon. S'il s'est révélé finalement intouchable, c'est par sa stature de romancier génial et d'homme de conscience humaine phénoménale. On se souvient du mot du Tsar quand il avoua qu'il y avait plus de danger à poursuivre tolstoï qu'à lui laisser sa liberté. S'il l'on considère le point de vue de Tourgueniev qui a bien connu tolstoï et qui a tant vanté ses fabuleux talents de littérateur et insisté pour que revienne le romancier alors que tolstoï sortait de la fiction au profit d'une oeuvre didactique, religieuse, il y avait entre eux une relation tumultueuse qui était due certes à l'impétuosité du jeune tolstoï fringuant comme un jeune coq qui se plaçait au dessus des contingences des cercles littéraires de l'époque, mais aussi à l'attitude de Tourgueniev vis-à-vis des femmes dont des proches dans l'environnement de tolstoï ..Si l'on veut faire le procès moral de tolstoï, il faut aller jusqu'au bout. de toute manière, tout ce qu'il avait à dire d'important, il l'a écrit dans ses textes fameux qui ont fait le tour du monde ; il n'y a pas de révélation cachée. Sa vérité était dans ses textes !.. Et si tout son environnement proche a tenu à écrire sur lui, ce fut pour la connaissance et pour corriger un certain nombre de mythes qui couraient et qui faussaient son image d'homme résolument appelé vers l'artiste et vers la conscience humaine et celle de son couple. . Un de ses derniers textes: le Chemin de la liberté en est l'illustration.



Je ne vais pas faire un check up complet de l'artiste et du penseur, il faudrait un livre entier mais je crains avant lecture de l'essai de Cassou qu'on aura du mal à s'entendre sur ce terrain, car tout ça me semble relever de la mauvaise foi et de l'inexactitude. J'ai commandé ce vieux livre édité en 1932 afin de tirer les choses au clair, mais j'ai déjà lu des commentaires de gens éclairés et spécialistes de tolstoï qui après étude condamnent le procès et le procédé de Cassou.



Les 90 premières pages du livre de Cassou sont convenables, sans parcimonie même à l'égard du génial romancier russe. "Ca se gâterait pour commencer, selon Martine de Courcel dans cahier 18 Léon Tolstoï, dès lors que Cassou aborde la question de la Justice, son administration, les fonctionnaires dont tolstoï fait le même procès qu'à L Histoire et à la guerre. Ces hommes censément normaux seraient-ils obligés de servir et d'obéir à des ordres qu'ils n'approuvaient pas ? "

"Cassou considère que c'est l'affaire Chibounine qui conduisit tolstoï à réfuter L Histoire. On se souvient qu'il avait accepté d'assurer la défense de ce malheureux soldat, un peu faible d'esprit, qui avait eu la très malencontreuse idée de gifler son officier et qui avait été condamné à mort.

Cassou dira que devant son échec "tolstoï mourut à la justice des hommes" et il cite entièrement la lettre que tolstoï avait écrite au Tsar pour lui demander la grâce de Chibounine."

"Certes il admire la démarche de tolstoï, mais cela ne l'empêche pas de considérer, d'une manière assez malveillante, que c'est dans un esprit d'orgueil qu'il a lancé sa supplique au souverain :"

"Pouvons-nous imaginer le frisson d'horreur religieuse, d'envie passionnée et d'insupportable dégoût qui saisit un homme comme tolstoï à l'idée de devenir un tsar de toutes les Russies ? Je soupçonne quant à moi que c'est là le rêve qui devait le hanter le plus souvent."



Personnellement, je pense que Cassou ne demande dans cette affaire éclairante qu'à être convaincu par l'attitude de tolstoï envers lui-même. Il est vrai que dès l'été 1866, tolstoï considérera deux choses :

Qu'aucune promesse tsariste (d'un tsar à l'autre) sur l'amélioration du sort des soldats et du régime militaire exécrable, 20 ans après, ne fut tenue, ce qui l'amènera dans un premier temps à observer une attitude réfractaire à l'égard de l'armée et du pouvoir, lui qui en tant que qu'officier a bien fait la guerre 10 ans plus tôt.

Trente ans après, Il reviendra sur cet épisode et considérera qu'il aurait dû adopter une autre attitude dans sa plaidoirie envers Chibounine : de renverser la table, plutôt que de chercher à amadouer par son éloquence et son aura les jurés qui étaient acquis, de gré ou de force, au statu quo de la cause militaire ..



Je poursuivrai ma mise au clair dès que je recevrai le bouquin de Cassou, bien que cela ne me ravisse pas à priori de lever quelques sornettes qui planent encore sur le compte du grand écrivain russe, près d'un siècle après







Oh là là !, il a l'air de s'y connaître en amour le vieux cochon, son imagination tarit vite pour qu'il aille s'inspirer de celle des autres , ses grelots sonnent comme des grelots vides ..



Je brûle d'envie de mordre dans le chapitre suivant : l'Amour, que je n'ai donc pas lu, mais vu ce qu'on me rapporte !.. Allez, je me jette à l'eau ! Je promets que je reprendrai tout ça en lecture à partir de là.



Alors voilà ce que dit notre docte critique Jean Cassou : " Que son dégoût des étranges inventions humaines se soit tourné contre sa vie de famille, on le conçoit mais il y avait au-delà de ces accords mensongers et de ces inacceptables assentiments, une vérité, il y avait deux âmes."

Nicole Courcel dit : On s'étonne presque que Cassou admette que tolstoï en avait une.

Moi, il me faut des arguments, des factualités, car si c'est pour joindre le pas aux sirènes du monde critique qui ne relève ou ne distingue même pas quand c'est l'artiste qui parle. Il suffit de lire en dessous le titre du livre sur lequel il s'appuierait : roman, récit, nouvelle et nous sommes alors dans la fiction. tolstoï jusqu'à son dernier souffle n'a jamais abandonné la littérature, même s'il a passé son dernier tiers de vie à plus écrire des textes didactiques, religieux, mais à chaque fois c'était marqué dessus comme le Port-Salut.

Et puis de quoi je me mêle, on va aller regarder dans la vie intime de ce cher Cassou pour tenter d'y voir juste ? le journal de tolstoï démarré en 1847, il avait 19 ans, a déclaré que seul son dernier journal pouvait être considéré public, car disait-il il était destiné à ceux qui s'intéressaient à lui et pour L Histoire ou la connaissance. Hormis cela, comme si c'est dans un journal intime qu'on pense trouver la vérité de quelqu'un, sans esprit de contradiction, c'est peut-être tout le contraire. C'est un dialogue que l'on a avec soi-même, on peut même se mentir, ça ne portera pas à connaissance ; ça va peut-être sous-tendre ce qui n'est pas dit précisément, mais pour qui, pour l'auteur .. Et si ce n'est pas ça, c'est quoi alors ? Mr Cassou saurait mieux que tout le monde l'âme de Sophie Bers et l'âme de Léon Tolstoï, à partir des écrits de Sophie Bers sans doute ? Mais Sophie Bers n'a jamais écrit contre son mari, contre celui qu'elle admirait depuis l'âge de 11 ans puisqu'elle l'aimait et n'a cessé de l'aimer. On peut s'autoriser à penser naturellement que l'épanouissement de Sophie s'est fait non pas dans l'ombre géante de son mari mais avec lui, ce qui fut prouvé pendant 20 ans et plus. Alors bien sûr le tempérament artistique de Sophie fut relégué au second plan, puisque tout transpirait tolstoï à Iasnaïa Poliana, mais on aurait voulu quoi ? Réduire l'ombre géante du Maître ?

Oui parlons-en de Sophie Bers, si Sophie Bers serait la preuve du non amour de tolstoï pour une femme ! Alors je ne demande qu'à apprendre l'amour avec Cassou ! Jusqu'à l'âge de 30 ans, tolstoï juge cette tranche de vie dissolue : c'est lui qui le dit ! On peut aussi le croire quand il confie à ce moment-là avec redite - l'homme n'aimait pas parler de lui - qu'il veut fonder un foyer et vivre avec une femme qu'il aime, à qui il va confier les secrets de son coeur si éclipsés. Il est en effet las d'une vie instable et sans projets dont il en perçoit amèrement les limites, alors avant de recevoir dans sa vie l'heureuse élue, il va sans ménagement s'atteler à des projets -ses trois jougs - à la fois éducatifs et agraires liés à son vaste domaine qu'il entend valoriser et diversifier. Il va trouver enfin un équilibre de vie presque absolu avec Sophie Bers pendant au moins 20 ans qui va lui permettre d'écrire, sa passion, son génie, d'écrire deux chefs d'oeuvre universels. Maintenant de là que Cassou aille s'interroger sur quelques maladresses commises par un célibataire à la trentaine passée dans ses premiers amours avec Sophie sa cadette de 16 ans, c'est vraiment lui faire un mauvais procès et ne lui donner aucune chance de se dégrossir. Jean Cassou dit vouer une admiration sans bornes pour Sophie, moi aussi, c'est une grande dame, mais il me semble que tolstoï n'a pas si mal que ça réussi sa vie conjugale avec Sophie qui a plus ou moins réussi à son tour à dompter son animal de mari. Alors parce que les choses ont fait jaser la planète, de manière rarement équitable, jamais tout à fait fondée, il faudrait à son tour en remettre une couche : le procédé est indigne !



Non, Monsieur Cassou, vous avez reproché à tolstoï dans le chapitre précédent de faire intervenir son égo dans l'affaire Chibounine, souffrez qu'à mon tour, j'exige de vous la réciprocité, c'est-à-dire de présenter des arguments, des convictions étayées au delà de votre impudeur à fouiller dans la vie des autres indûment, c'est trop facile ! Je crains, jusqu'à plus ample informé, que sur ce sujet vous vous retrouviez en culottes courtes.







Après lecture 12 septembre 2021



Pauvre tâche ce Cassou, c'est pire que je pensais !

J'ai l'impression qu'il est allé chercher ses distinctions plus qu'elles ne sont venues à lui. de ce communiste raté, Martine de Courcel note avec une attention généreuse je trouve qu'il faille attendre la centième page pour voir les vilenies de Cassou à l'égard de Tolstoï. Moi je dirais dès la première page.



Nous sommes en 1932 je le rappelle quand Cassou entame son brûlot dans le type IIIe république à la fois emphatique et condescendant - pas de chance, ce que je déteste - sur le thème qu'il y a eu des temps édéniques où tout souriait aux artistes, aux grands esprits français, mais qu'entre temps, d'autres ont surgi de l'ombre pour s'en faire leurs choux gras et briller malencontreusement, pitoyablement. Ce serait le cas de Tolstoï qui n'avait pas son pareil dans la vanité et le paraître ! Vanité bien entendue confondue avec orgueil, voire affirmation de soi. Je parlerais même ici d'humilité et de pudeur, mais voyons de plus près. Cassou nous invite dans les Souvenirs de Tolstoï écrits en 1887. Déjà on a l'impression d'être dans une droguerie géante - ben oui, c'est l'espace culturel que s'était donné Tolstoï pour sa création - où le client Cassou - parce que ça l' arrange - irait chercher les clous à l'autre bout de la pièce, le marteau près du comptoir et la planche en sous-sol... pour donner un semblant d'unité à sa charge qui évidemment n'est que tromperie. Ben oui, monsieur Cassou, ce n'est pas la même chose d'entendre le jeune homme Tolstoï parler de gloire et l'adulte Tolstoï pourfendre la gloire comme personne. Vous n'étiez certainement pas prêt à ouvrir 850 pages comme Troyat pour expliquer les trente-six peaux de Tolstoï, vous contentant de vous livrer à un piètre exercice qui aurait réclamé un minimum de sérieux et de probité. Mais en voici l'illustration quand Tolstoï dit ceci :

" Voici mes premiers souvenirs (je ne sais pas les mettre en ordre, ne sachant ce qui fut avant, ce qui fut après : de certains même, j'ignore si je rêvais ou si j'étais éveillé). les voici : je suis attaché; je veux dégager mes bras, je ne peux le faire, je crie et pleure et mes cris me sont pénibles à moi-même ; mais je ne peux m'arrêter..". Ces souvenirs ont été arrachés à Tolstoï par Birukov son biographe ; le romancier ne voulait pas écrire sur lui, il détestait cela. Il a fini par arrêter au bout de 100 pages.



Voici ce qu'en dit Cassou : "Sans se risquer à définir les choses de cette sorte, du moins les souvenirs de Tolstoï vont-ils encore plus loin que ceux d'aucun homme, jusqu'aux sensations obscures et désarmées de l'emmaillotement











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Encyclopédie du Symbolisme

Quand on dit "symbolisme", on pense tout de suite à Baudelaire, Verlaine, Rimbaud, ... mais il ne faut pas oublier que ce mouvement ne concerne pas que la poésie, mais bien toutes les disciplines artistiques. En peinture : Munch, Gauguin, Ensor et d'autres ont subi son empreinte ; en musique on peut citer Debussy, Strauss ; en littérature : Edgar Poe, Alfred Jarry, ..

Ce livre est conçu comme un dictionnaire où la vie et l’œuvre de tous les artistes qui ont participé à ce mouvement sont "biographiés" dans leur chapitre respectif : peinture, gravure et sculpture, littérature, musique, en France et dans le monde car ce mouvement s'est largement déployé.

Richement illustré également de photos noir et blanc et couleur.

Excellent ouvrage pour moi.

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Les Massacres de Paris

Dans ce roman de 1935, Jean CASSOU (1897-1986) place son action en France en 1870 et 1871. Le héros et narrateur s’appelle Théodore Quiche, ami de Siffrelin, un ancien quarante-huitard ébéniste investi dans les milieux de luttes sociales qui va faire son éducation politique.



Le récit débute exactement le 1er janvier 1870. Théodore est issu d’un milieu pauvre et doit travailler sous la férule d’un oncle autoritaire, Joséphin. Il fait connaissance plus en profondeur avec Clémence et Adélaïde, les deux filles de Joséphin, finit même par les convoiter.



Dans cette première partie est mise en scène la vie d’une famille moyenne juste avant et pendant la guerre franco-prussienne de 1870. De cette guerre, nous ne saurons pas grand-chose, sinon que la France essuie une véritable débâcle du côté de Sedan. Théodore découvre la lutte sociale et se politise.



Ellipse de quelques mois qui nous amène à la seconde partie, commençant le 1er janvier 1871, après la défaite de la France et avant l’invasion imminente de l’armée allemande alors aux portes de Paris. Le pays crève de faim, les conditions de travail et de vie sont désastreuses, les miséreux se multiplient, le peuple gronde et va se révolter. Théodore fait partie du Comité Central Communard.



Puis survient la Commune, avec son cortège d’espoirs, d’autogestion et de liberté. Au début du déclenchement de celle-ci, soit dès le 18 mars, Théodore tient un cahier, qu’il abandonne bien vite devant la précipitation des événements. Parallèlement il tombe amoureux de Marie-Rose, c’est avec elle qu’il va combattre au sein des communards.



Historiquement, même s’il n’entre pas dans les détails, hormis pour quelques scènes majeures de la Commune de Paris, en revenant plus longuement sur la semaine sanglante (21/28 mars 1871), ce roman est convaincant, CASSOU utilisant l’outil déjà souvent éprouvé en littérature française, faire vivre un héros fictif au sein d’un événement historique, avec ses repères et ses portraits croisés sur le terrain. Car Théodore rencontre pas mal de figures majeures de La Commune. En revanche, pourquoi accorder autant de place à une histoire d’amour à l’eau de rose, y compris sur les barricades ? Ce procédé alourdit le récit, pouvant même le décrédibiliser. Et ne parlons pas de l’espionnage d’une conversation entre Napoléon III et Joséphine par le sieur Théodore, scène longue frisant le grotesque.



Mais quelques scènes flamboyantes viennent poindre et donnent du volume : « Vois-tu, c’était peut-être un voltairien, mais nom de Dieu, faudrait pas qu’on touche aux curés ! Ni aux sergents de ville ! Ni à la rente française ! On blague, mais on ne plaisante pas. Eh ! Tu l’as eue, ta petite minute d’héroïsme… Le sourire aux lèvres, la rose entre les dents, le cœur haut placé, tu es mort à la française, quoi ! Tout à la française, la rente, les bonnes vieilles chansons… Ton chapeau sur l’oreille, ta badine à la main, tu es allé leur faire voir de quel bois ça se chauffe, un chevalier français, hein ? Qu’est-ce que c’est que ces voyous, qui se permettent… Nous sommes chez nous ici. Nous sommes d’honnêtes gens. C’est à nous, la place Vendôme. Et la Bourse, et les bordels qui sont autour. Nous sommes des français de vieille roche. Nous représentons la galanterie, le libéralisme, les arts d’agrément et la foi de nos pères. Faites vos jeux ! Honneur aux dames ! En avant, les flambards et vive la cascade ! Et puis voilà, un garde national a tiré dans le tas ».



Mais l’inventivité est peut-être ailleurs : Théodore est poète à ses heures perdues, et la poésie de CASSOU se fait jour lors du déclenchement de la semaine sanglante, comme pour rendre lisible l’insaisissable, donner du relief aux actes odieux des versaillais, quand l’auteur semble se fondre dans son héros. Certes, « Les massacres de Paris » n’est pas un immense roman, pourtant il permet de se replonger dans la Commune de Paris et son utopie détruite. Il aurait pu être un roman fort sans ces interminables passages où les amoureux Marie-Rose et Théodore se regardent avec des yeux pleins de cœurs. Les romans se déroulant pendant cette période de l’Histoire de France ne sont pas légion, ils l’étaient encore moins dans les années trente, alors remettons celui-ci dans son contexte et savourons-le au moins en partie pour sa documentation historique. Gardons le plus intéressant pour la fin : il est un témoignage certes indirect mais un vrai hommage aux femmes combattantes de la Commune, celles que l’Histoire a trop eu tendance à oublier, rien pour cela il ne doit pas être laissé de côté.



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Trente-trois sonnets composés au secret

Jean Cassou (1897-1986) a été écrivain, résistant, conservateur de musée, critique d'art, traducteur, et poète français. Pendant la guerre, il a été arrêté pour faits de Résistance. C'est en prison qu'il a écrit ces très beaux sonnets, sombres et puissants, que j'ignorais jusqu'ici. Ils démontrent que la "force de l'esprit" demeure face à la barbarie. Belle découverte pour moi...
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Trente-trois sonnets composés au secret

Nous nous sommes déjà attardés sur la création des Éditions de Minuit, fondées clandestinement en pleine occupation en 1941. De ces éditions très spéciales naîtront une grosse vingtaine d’œuvres, distribuées sous le manteau. De grands noms de la littérature française y participeront sous pseudonymes, dont Louis ARAGON, Elsa TRIOLET, François MAURIAC, VERCORS bien sûr (puisqu’à l’initiative du projet). Le seul auteur étranger et d’ailleurs le seul sous son véritable nom sera John STEINBECK (qui refusera par ailleurs de saluer VERCORS car peu voire pas du tout intéressé par la Résistance française du moment, un ange passe…). Derrière ces pseudos celui de Jean NOIR. Sa réalisation tient presque du miracle.



Jean NOIR, c’est Jean CASSOU. Engagé très tôt dans la Résistance, il est arrêté le 12 décembre 1941 et restera à l’isolement jusqu’en février 1942. Durant ces deux mois de détention, il va profiter de ses insomnies (volontaires ?) de manière fort singulière : le papier et le crayon lui étant interdits, il va composer (et non pas écrire) des sonnets dans sa tête, les apprendre par cœur, boulot nocturne et quotidien, deux mois complets de création littéraire, sans prendre une seule note, juste par le travail de la mémoire, un demi sonnet chaque nuit, et ainsi pendant deux mois. Lorsqu’il est libéré, il peut donc enfin noter sur papier tout ce qu’il a « écrit » dans son cerveau.



Écrire c’est bien, publier c’est mieux. Ce sera chose faite grâce aux Éditions de Minuit clandestines qui sortent ce recueil de sonnets le 15 mai 1944, précédées d’une longue préface magistrale, violente, vindicative et lucide de François LA COLÈRE (en fait ARAGON), préface dénonçant les conditions des prisonniers français arrêtés par l’État français (et collaborationniste), elle s’attarde sur le sort des communistes, traités comme des bêtes, n’ayant pas les mêmes droits que les autres incarcérés, n’ayant d’ailleurs quasiment pas de droits du tout. François LA COLÈRE le communiste militant porte bien son pseudo et vocifère avec un style extraordinaire contre les conditions d’isolement, c’est du grand art !



Place aux trente-trois sonnets de Jean CASSOU, qui n’est pas un débutant à l’époque puisque romancier historique, auteur de plusieurs ouvrages, profondément ancré à gauche et révolutionnaire. Je ne vous cacherai pas que ces sonnets, pourtant d’une grande pureté esthétique et littéraire, sont un poil hermétiques pour moi (le manque d’études sans doute, ce fichu travail de l’autodidacte qui ne possède pas toutes les connaissances requises pour analyser correctement pareilles lignes). C’est très beau à lire mais le fond m’échappe parfois, souvent même. Quoi qu’il en soit, ces sonnets appartiennent à l’histoire, à la Résistance, au combat, bien qu’ils ne traitent pas directement de la guerre ni de l’occupation, plutôt de rêves, d’onirisme, mais aussi de sujets plus personnels. La dernière phrase du dernier sonnet résonne comme une lueur visionnaire : « Persiste, et tu seras sauvé ».



Suivent les analyses des sonnets par des spécialistes. Là je décroche complètement, je n’ai ni le vocabulaire ni d’élément de comparaison. Mais en toute fin de volume, une lumière en forme de présentations de poètes de la Résistance : de courtes biographies et extraits d’œuvres de Paul ÉLUARD, André FRÉNAUD, Robert DESNOS, Louis ARAGON, René CHAR, Georges-Emmanuel CLANCIER. Le recueil se termine par une biographie de Jean CASSOU, courte mais intéressante.



Vous l’aurez compris cette réédition de 2016 (et se vendant pour une bouchée de pain) avec suppléments n’est pas accessible au lectorat de base dont je fais partie. Cependant, je suis ravi d’avoir lu ce bouquin pour plusieurs raisons : la préface incendiaire au style grandiose (celle-ci je l’ai comprise !), la condition de composition des sonnets, les activités de CASSOU dans la Résistance, les sonnets eux-mêmes qu’on imagine lus dans la quasi obscurité, se partager au coin d’une ruelle sombre, d’un coupe-gorge, c’est cela aussi la littérature, et ce témoignage doit laisser une trace, pour ne jamais oublier que certain-es ont risqué leur vie pour que nous parviennent leurs écrits. Bien sûr on se souvient d’Ossip MANDELSTAM, ici le travail est similaire même si les conditions sont bien sûr différentes. Ces sonnets font partie de l’histoire de la littérature, la plus obscure, la plus militante qui soit.



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Trente-trois sonnets composés au secret

Sonnets d'âme et de convictions résonnant au secret de ces esprits de nuit et de terreurs.
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