AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-François Steiner (21)


Entre la mort et la souffrance, il avait choisi la fuite. ''Entre deux solutions, je choisis toujours la troisième...''
Commenter  J’apprécie          110
Dans la Rome ancienne, on tranchait la tête des messagers de mauvaises nouvelles; à Lodz, à Vilna, comme à Bialystok et à Varsovie, on se contentait de ne pas les écouter.
Commenter  J’apprécie          90
Ils ne luttaient ni pour vaincre ni pour survivre, mais pour jeter un cri à l'avenir, à l'Histoire, aux hommes ou à Dieu chacun suivant ses convictions.
Commenter  J’apprécie          40
“Comme il [Herbert Floss] l’expliqua, tous les cadavres ne brûlaient pas de la même manière, il y avait de bons cadavres et de mauvais cadavres, des cadavres réfractaires et des cadavres inflammables. L’art consistait à se servir des bons pour consumer les mauvais. D’après ses recherches (…), les vieux brûlaient mieux que les nouveaux, les gras que les maigres, les femmes que les hommes et les enfants moins bien que les femmes mais mieux que les hommes. Il en ressortait que le cadavre idéal était un vieux cadavre de grosse femme.”
Commenter  J’apprécie          40
Soudain, il se rappela Hanna Ran : "Il n'y a plus de forêt, Itzak, il n'y a plus rien, le monde est mort." Il comprenait maintenant ce qu'elle avait voulu dire. [...] Il n'y avait plus place que pour la haine, une haine immense, inextinguible que rien ne pourrait jamais désarmer. Mais il se sentait sans haine, aussi. Il faut vivre pour haïr et il était déjà mort.
Commenter  J’apprécie          30
Cela avait été un homme calme et doux, bon juif, bon père et bon mari. Il était arrivé à Treblinka avec toute sa famille et il n'avait jamais compris quelle force l'avait poussé à prétendre qu'il était charpentier. Après avoir passé sa première nuit à dire le "kaddish", il avait sombré dans un état de catalepsie pour échapper à l'horreur de la situation. Depuis, il n'était plus soutenu que par cette mystérieuse volonté ancestrale de vivre qui avait fait que ses ancêtres avaient survécu à tous les empires, à toutes les tempêtes, à tous leurs ennemis et à tous leurs amis, à tous ceux qui leur avaient dit :"meurs, Juif !", et à tous ceux qui leurs avaient dit : "vis, mon frère. Tu es un homme comme tous les hommes !" Son nom, plus personne ne s'en souvient, la tradition orale du camp de Treblinka n'a gardé que le souvenir d'un visage rond, qui semblait avoir été fait pour sourire , de deux yeux au regard perdu, d'une silhouette petite et lasse. On l'avait amené dans ce coin à l'écart où les cadavres étaient entassés au sortir des chambres à gaz avant d'être traînés vers les grandes fosses. On lui avait mis dans les mains une paire de tenailles et on lui avait dit d'ouvrir toutes les bouches et d'arracher les dents en or qui pouvaient s'y trouver, mais il n'avait pas compris. C'était beaucoup trop difficile pour lui. La pince pendue au bout de son bras, il avait erré parmi les cadavres en murmurant le "kaddish" pour tous ces frères morts.
Commenter  J’apprécie          31
Le raisonnement était très juste: on en veut plus aux siens de trahir qu'à l'ennemi de tuer.
Commenter  J’apprécie          30
Les Juifs ne se défendaient jamais, ne se révoltaient jamais. Les plus pieux y voyaient un châtiment de Dieu, les autres un phénomène naturel comparable à la grêle en pays de vignoble ou aux sauterelles au Maroc. On avait appris une chose: le Gentil est le plus fort, se révolter ne fait qu'attiser sa colère. ''Si un goy te bat, enseignaient les mères à leurs enfants, baisse la tête, il te laissera la vie sauve.''
Commenter  J’apprécie          30
- Qui préférez-vous, demandèrent les "techniciens" aux Juifs de Vilna, votre maman ou votre femme ? Si c'est votre femme, donnez-nous votre maman et si c'est votre mère, donnez-nous votre femme.

Que répondre à cette question ? Les Juifs qui le tentèrent s'y empalèrent le cœur.
Commenter  J’apprécie          30
Nous devons vivre pour raconter ce que l'homme est capable de faire à l'homme.
Commenter  J’apprécie          20
“A quelques dizaines de mètres de là, d’immenses brasiers hauts de plusieurs mètres vrombissaient. Les visages des morts reprenaient, au moment où les flammes les atteignaient, une vie soudaine. Ils se tordaient et grimaçaient comme déformés par une douleur insoutenable. La graisse liquide et la lymphe qui perlaient soudain recouvraient leur visage d’une sorte de sueur qui renforçait encore l’impression de vie et d’intense souffrance. Sous l’effet de la chaleur, le ventre d’une femme enceinte éclata comme un fruit trop mûr libérant le fœtus qui s’embrasa d’un coup.”
Commenter  J’apprécie          20
“Regarde-moi, je suis belle. Regarde-moi, je vais mourir. Regarde mon corps, regarde comme il est beau. Il était fait pour aimer, il était fait pour la vie, pour les caresses. Regarde-le! N’est-il pas beau? N’est-il pas jeune? N’est-il pas ferme? Il veut vivre, il veut aimer, Dieu l’a dessiné pour l’amour.”
Elle laissa retomber ses mains qu’elle avait remontées le long de ses hanches et de ses flancs, puis, après un instant d’immobilité, son visage lumineux se déchira en sanglots.
Deux gardes ukrainiens que le bruit avait attirés l’emmenèrent derrière la baraque et ses sanglots de désespoir devinrent des sanglots de douleur.”
Commenter  J’apprécie          20
En entendant les gémissements, Berliner se dit qu'il n'était plus un homme s'il n'allait pas chercher de l'eau. Il cessa ce jour là d'être un homme. Il n'y avait pas de place pour les hommes à Treblinka, ni d'un côté ni de l'autre.
Commenter  J’apprécie          20
Les klepssidra se trouvaient comme les incroyants devant le pari de Pascal : où se présenter de toute façon, ou bien faire le pari que le coup n'avait pas marqué, mais risquer une mort terrible.
Leur farouche volonté de vivre les amenait en général, à jouer quitte ou double, ce qui augmentait encore la crainte de devenir klepssidra et donc d'être frappé au visage.
Commenter  J’apprécie          10
"Eh bien ça, cette envie de vivre. Nous n'avions pas peur de mourir, mais nous voulions vivre. Vous comprenez ça, vous, docteur ?"
Commenter  J’apprécie          10
Pour survivre il avait noyé sa propre sensibilité et il lui semblait être devenu un autre, vivant dans un monde différent.Ceux qui n'avaient pas suivi cette voie étaient morts, par accident ou par lassitude. Méir Berliner avait trouvé une raison de vouloir vivre dans les yeux de la vieille femme. Jusque-là il avait survécu par instinct, il crut désormais le faire par raison.
Commenter  J’apprécie          10
Camarades, appelle doucement Kleinmann. Levez-vous, il faut partir. Nous n'avons pas fini notre long voyage
Commenter  J’apprécie          10
La journée avait été très chaude et le ciel était rouge à l'ouest. Pour la première fois depuis qu'il était arrivé à Treblinka, Galewski regarda le ciel rouge et déchiré au couchant, bleu sombre déjà au levant. Il ne le vit pas comme un ciel de regret, comme le ciel du passé. Il ne pensa pas que le ciel était le même que celui qu'il voyait dans l'autre monde, ni qu'à cette même heure des hommes libres le regardaient comme lui. Il était devenu le ciel de Treblinka.
Commenter  J’apprécie          00
Ce ballet de formes dont la vitesse augmentait avec la fatigue avait quelque chose d'effrayant et de stupéfiant. En pensant qu'un jour, dans un autre monde, ils avaient tous été des hommes, des pères, des maris, des fils, des commerçants, des rabbins, des colporteurs, des avocats plaidant, des médecins soignant, qu'ils avaient aimé, souffert, espéré ; qu'ils avaient été jaloux parfois, impatients aussi, qu'ils avaient été des êtres humains, [...].
Commenter  J’apprécie          00
Son nom, plus personne ne s'en souvient, la tradition orale du camp de Treblinka n'a gardé que le souvenir d'un visage rond, qui semblait avoir été fait pour sourire, [...].
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jean-François Steiner (233)Voir plus

Quiz Voir plus

50 nuances de Grey (Trilogie)

Quel est le vrai prénom d'Ana?

Alicia
Anastasia
Alice
Emile

13 questions
236 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}