Soir d'automne
Il est un bonheur aussi
Dans la solitude
Buson
Entre terre et ciel
Les bergeronnettes sautillent
Sur les marelles abandonnées
Entre la bouilloire
et le feu de bois
le ronronnement du chat
( "Trente haïkus rouges ou bleus")
Dans un coin jaune de mon enfance
il y a quand il commence à faire froid.
Je collectionne toutes les feuilles qui tombent
et je compte mes soldats et mes images
je regarde la pluie
et j'aime être dans ma chambre.
C'est pâteux
Dimanche papa et maman
m'ont emmené chez des amis
J'ai promis d'être
im-pec-cable!
Les grands parlent entre eux
de choses de leur passé
je suis le seul enfant et le
repas dure mille ans
même le dessert est pire que
des lentilles.
il n'y a ni télé, ni chat
ni jardin, ni grenadine...
et il y a des fourmis dans mes jambes
avec lesquelles
je ne peux même pas courir.
Halo de brume
Est-ce le parfum
Qui s'élève du prunier?
Bashô
Chaque matin
La saveur de mon thé plus exquise
A mesure que descendent les brumes
Issa
" Si maman faisait ses courses tous les soirs sur la Grand Ourse...
Serait-elle danseuse étoile sous l'aurore boréale ?
Dis, papa, si j'étais grand, m'aimerais-tu comme avant ?"
Parfois les nuages
viennent reposer les gens
d'admirer la lune.
Je vous souhaite la curiosité, l'appétit d'infimes et de minuscules rencontres
l'éclair d'une cicindèle ou d'un martin-pêcheur...
le plaisir d'une giboulée sur la peau nue
les grains de douceur sur la rivière qui confesse tous les dessous du ciel
et ses dentelles d'écume sur les galets.
Je vous souhaite, le panier rempli de chanterelles,
l'odeur de chien mouillé, du vêtement qui sèche
près d'une flamme de feu de bois
et l'amitié de ce vieil habit qui ne craint rien.
Le chèvrefeuille, le chardonneret, l'ancolie, la morille....
Ah ! comme je vous souhaite de bâtir votre enfance dans un puzzle de nuages blancs, la nuque sur un coussin de mousse.
Bave et rosée enlacées
Jusqu'à la cachette
De l'escargot
Thierry Cazals
Les miettes de pain
sèment des chants d'oiseaux
dans le jardin.
Françoise Maudin
■ Palindromes.
Les textes qui suivent peuvent se lire rigoureusement lettre après lettre de droite à gauche ou de gauche à droite :
▪️ Elle tut à sa tata sa tutelle.
▪️ Léon aide ma servante et il a été alité et navré samedi à Noël.
▪️ Esope reste ici et se repose.
▪️ Tu l'as trop écrasé, César, ce Port-salut.
▪️ La malade pédala mal.
▪️ Sa nana l'a gorgé de grog à l'ananas.
▪️ L'âme sûre ruse mal.
▪️ Ta bête te bat.
▪️ L'âme des uns jamais n'use de mal.
(Jacques Favereau de Coignac, XVIe siècle)
▪️ Léon, émir cornu d'un roc, rime Noël.
(Charles Cros, XIXe siècle)
▪️ Eh, ça va, la vache ?
(Louise de Vilmorin)
Le saule
peint le vent
sans pinceau
Saryû
Devant moi
Un merle s'enfuit
Poursuivi par son chant.
Haïku d'enfant (11 ans)
Le voleur a tout emporté
Mais il a oublié la lune
A ma fenêtre
Ryokan
Ne possédant rien
comme mon coeur est léger
comme l'air est frais.
Issa
L'hippopotame
Je suis gros
je suis lourd
mais pour les échos
tout au bord de l'eau
je joue du tambour
et partout on me réclame
l'hippo
le potame
l'hippopotamtam
Gérard Bialestowski
Un calme parfait
sur un oreiller d'herbe
loin de ma cabane.
Ryôkan
Dans un coin bleu de mon enfance
Il y a le rêve d’un tapis
Grand comme le ciel
Avec des oiseaux en petit
Maman est là
En vrai et en semblant
Elle me dit oui et elle m’attend
J’ai peur de la voir trop belle
Sans son tablier bleu et blanc
Je voudrais toujours être avec elle
Et me salir sans qu’elle me gronde
Même quand elle est en trop beau
Et qu’elle ne veut pas faire la ronde