AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jean-Louis Viot (28)


Il s’est garé à une vingtaine de mètres plus bas, a vidé deux jerricans sur la caisse de son rival puis a craqué une allumette. La seule chose qu’il a oubliée, le bas de plafond, c’est que l’essence a coulée dans la descente jusqu’à sa propre voiture puis sous les suivantes garées en enfilade. Bilan des courses, cinq bagnoles cramées dont la sienne.
Commenter  J’apprécie          20
Le soir même, Cricri m’assiste dans ma séance journalière de signatures. Le courrier départ est particulièrement fourni.
– Tiens ! fait mon aide de camp en posant un verre de whisky devant moi.
Nous trinquons à la santé de madame Berdugo.
Nous fumons le calumet de la paix devant un kebab-assiette chez notre ami Youssef.
Vers vingt-trois heures, nous rentrons au poste où Cricri a laissé son Kangoo. La BAC vient de ramener un gars pris en flag d’incendie de véhicules dans la rue Cité de Limes.
– Le con ! fait l’un des intervenants. Il a voulu incendier la bagnole du nouveau mec de son ex.
Commenter  J’apprécie          10
A deux pas de là, Véronique Chambrier attaque son troisième kir royal. La brune aux cheveux courts lève haut les jambes sur son tabouret de comptoir. Sa minijupe découvre le galbe de sescuisses et laisse deviner la naissance de ses Dim-up. A cette heure, le Quibus est bondé. Au fond, un inconnu rubicond reluque l'échassière d'occasion, donne du coude à son coéquipier. Véro a surpris le geste.
– Parfaitement que je suis une pute ! lance-t-elle de sa voix cassée par l'abus de cigarettes. Et après ?
Elle se retrousse davantage, dégage le haut de sa cuisse.
– Regarde, mon canard ! Si t'as les moyens !
L'autre pique son fard, devient cramoisi. Véro allume une Marlboro. Elle renverse la tête, rejette la fumée vers le plafond.
Commenter  J’apprécie          10
A 11 h 20, le chef de poste rappelle. Découverte de cadavre. Une femme dans un couloir, rue des Fontaines.
Mallet ricane intérieurement en anticipant la réaction de Quinet. Il le trouve dans son labo.
– Gérard !
– Quoi encore ?
– Un cadavre !
– Si c'est une mort naturelle, pas la peine de compter sur moi !
– Les collègues sont partis voir. Prépare tes mallettes quand même, on ne sait jamais.
Commenter  J’apprécie          00
– Remets un petit coup ! ordonne-t-elle à Bonardin.
Le tenancier s'exécute au moment où Muriel Baron pousse la porte vitrée. Les deux femmes s'embrassent. Muriel Baron considère le kir royal de Véro et siffle.
– Tu ne te refuses rien !
– Prends la même chose, c'est de bon cœur. Alors, ton cinoche ?
Muriel Baron est caissière occasionnelle au cinéma Étoile.
– Tu parles ! Avec mes pourboires, je ne paierais même pas ma place !
Elles rient en levant leur verre.
– Il faut que je remonte chez le vieux, déclare soudainement Véro. Il va encore m'exaspérer, je le sens.

Elle reboutonne son trois-quarts de fourrure grisâtre, sort d'un air désabusé.
Commenter  J’apprécie          00
L'inspecteur reprend, sans enthousiasme, un rapport laissé en plan. Le téléphone compromet ses vélléités. Un mineur en fugue ramené au poste. Mallet sursoit à la rédaction de sa synthèse. Dans le couloir, il se heurte à Vincent Hermel, second permanent et permanent en second.
– J'arrive de constates4 avec Quinet, explique-t-il. Un gros casse5 chez Gaubert, le buraliste du quartier Saint-Jacques. Les condoléances habituelles.
– Pas au courant.
Un fracas de battants de porte, Gérard Quinet surgit en bringuebalant ses deux mallettes. Le sous-baloche6 détaché à l'I.J.7 râle, comme d'habitude. Pendant qu'il fait du cinéma avec sa poudre de perlimpinpin, ses photos croupissent dans leur bain.
– Hé ! se moque Hermel, le technicien de la scène du crime, c'est bien toi !
Mallet les abandonne à leurs états d'âme. Le mineur en fugue l'attend.
Commenter  J’apprécie          00
La seconde l'intrigue davantage. La suscription se compose de caractères hétéroclites découpés dans une revue. « Inspecteur Malet » avec un seul « 1 ». Le timbre a été oblitéré la veille à la poste centrale. Le policier se sert de son index comme coupe-papier. Rien dans l'enveloppe. Ou plutôt si. Un bouton nacré, gros comme l'ongle d'un petit doigt. Un bouton à quatre trous. Celui d'un chemisier ou d'un corsage. Perplexe, Mallet manipule l'objet, le laisse retomber au fond de l'enveloppe qu'il plante dans son porte-lettres. Encore une loufoquerie. Il en a l'habitude. Les courriers de désaxés ne manquent pas.
Commenter  J’apprécie          00
Trois bureaux plus loin, une sonnerie flûtée s'impatiente. Mallet cavale, décroche. Le combiné lui échappe. Il le rattrape au vol, identifie la voix du chef de poste. La personne ne répondant plus aux appels : affaire sans suite. Une vieille dame qui avait gardé ses boules Quies.
Il n'a pas raccroché qu'on frappe à sa porte pourtant grande ouverte. L'épais gardien préposé au courrier s'y encadre. Il fouille sa sacoche, dépose deux enveloppes, repart en sifflotant.
Sur son sous-main en plastique vert wagon dont l'a généreusement doté l'administration, Mallet examine la première. Au cachet rectangulaire sur le coin gauche, il devine la réponse à l'une de ses réquisitions bancaires.
Commenter  J’apprécie          00
Heureusement, il reste des don Quichotte. L'inspecteur divisionnaire Guillaume Madelin est un de ceux-là. La quarantaine râblée, le cheveu plat et noir, le collier dru et volontaire, le regard perçant derrière des lunettes d'écaille, le personnage n'a rien d'un boute-en-train. Et pourtant...
Le divisionnaire lève les yeux, affiche sa déception, dresse un constat d'échec.
– Alors, rien, avance-t-il inutilement.
– Ou le tuyau était percé, ou les gus se sont dégonflés.
– Il faut reprendre ton informateur.
– J'y compte bien.
Commenter  J’apprécie          00
Un coup d'œil sur la « main courante3 » et l'inspecteur quitte la cage vitrée du poste pour en retrouver une autre, celle en tube vert pomme qui accompagne l'escalier gironné jusqu'au premier étage. Sur le large palier distribuant les deux ailes de la Sûreté, trois de ses collègues interrompent leur conversation.
– Alors ? Qu'est-ce qu'on avait dit ? triomphe l'un d'eux. Du pipeau !
Mallet lève les bras puis les laisse retomber, évitant ainsi une polémique qu'il n'a pas le courage d'engager. Le teint frais et la vitalité de ses homologues lui inspirent de la rancœur. La quarantaine bientôt et vingt ans de police. Un cap à franchir, peut-être. La lassitude, l'irrationalité du service, l'indolence professionnelle de certains, la force d'inertie...
Commenter  J’apprécie          00
Il serre quelques mains. Le standardiste l'agrippe en brandissant son combiné.
– Richard ! Communication extérieure ! Prends sur le 408 !
Mallet soupire, attend le trille du poste désigné, décroche.
– Monsieur Mallet ?
Dans le brouhaha de la salle radio, l'inspecteur ne prête qu'une oreille distraite aux jérémiades de son correspondant. « Vous avez enregistré maplainte il y a huit jours... Un vol dans ma cave... Ils ont remis ça cette nuit... Ce sont les mêmes... Il faut... »
Mallet prend sur lui de ne pas raccrocher. Il s'efforce de compatir puis coupe court en invitant son interlocuteur à revenir au service.
Commenter  J’apprécie          00
Sans lever le nez du cahier des repos compensateurs, un sous-brigadier répond évasivement à son salut. Un autre l'interpelle :
– C'est vous qui êtes de permanence ?
– Oui, pourquoi ?
– La P.S.2 est partie sur une ouverture de porte. Une personne ne répondant plus aux appels.
L'engrenage routinier de la Sécurité publique reprend ses droits. Mallet hausse les épaules, résigné.
– Tenez-moi au courant, dit-il simplement.
Commenter  J’apprécie          00
D'ailleurs Mallet a tout lieu de croire que ceux qui lui ont valu ces longues heures de surveillance appartiennent à la seconde catégorie. Sans douteaurait-il dû écouter ses collègues de la Sûreté. Il voit encore leur mine narquoise lorsqu'il leur a fait part de l'information. « T'as pas l'impression d'un coup de pipeau ? » avaient-ils conclu en retournant à leur ordinaire.
Pipeau ou pas, Mallet n'avait pu laisser tomber. Faute d'inspecteurs, il avait attendu l'arrivée de la B.S.N.1 pour monter la planque à proximité du magasin de vêtements. Au petit jour, Mallet était rentré amer, blessé dans son instinct de chasseur.
Commenter  J’apprécie          00
30 avril. 9 heures. Richard Mallet entre dans le poste en traînant la semelle sur le carrelage délavé. Il adresse une mimique d'excuse à la femme de ménage et poursuit sur la pointe des pieds.
– Pas l'air réveillé ! observe le brigadier en riant sous cape.
Pas l'air ? Et pour cause ! Mallet, le noctambule, vient de passer ces heures que d'autres consacrent au sommeil à une planque. Une de plus. Et pour rien, naturellement. La veille, un gars est venu l'affranchir qu'un magasin de cuirs allait être cassé dans le courant de la nuit. Difficile de faire la sourde oreille, évidemment. D'autant que le quidam a donné les trois types, leur manière d'opérer, etc. ; que les indices ne courent plus les rues et que les tuyaux de ce genre deviennent rarissimes. Rarissimes lorsqu'ils ne sont pas percés, bien entendu, car, les renseignements bidons, eux, ne manquent pas.
Commenter  J’apprécie          00
– Tu l'auras cherché, salope !
Mais Géraldine Roussel n'entend plus. Elle s'affale sur le carrelage, ses longs cheveux épars.
Un homme se penche sur elle et, avec un rictus de satisfaction, arrache le deuxième bouton de son chemisier.
Commenter  J’apprécie          00
Quelque chose de froid lui enserre le cou, l'empêche de crier, la paralyse. Un fil d'acier qui l'étrangle,l'asphyxie. Elle suffoque. Ses mains ne peuvent la libérer de ce lien implacable, de ce cisaillement qui l'étouffe. Elle se tord, se convulse. Sa vue se brouille. Sa langue se décroche du fond de sa gorge. Ses yeux se révulsent. On serre encore.
Commenter  J’apprécie          00
Ils traversent ensemble, l'individu prend une autre direction. La rue du faubourg de la Barre dresse devant elle ses 45 degrés. Géraldine Roussel entend son cœur cogner. La rue des Fontaines est proche mais il faudra encore monter. Toutes les rues grimpent par ici. Elle soupire de soulagement en enfonçant la clé dans la porte de son couloir. Le bois gonflé racle le vieux carrelage en damier. Elle déclenche la minuterie, laisse le battant entrouvert, fouille sa boîte aux lettres. Elle s'apprête à refermer lorsqu'une violente poussée la projette en arrière, une masse a surgi au moment où la minuterie s'est éteinte.
Commenter  J’apprécie          00
Le pas nonchalant, à son image, Géraldine Roussel longe les vitrines éclairées, s'attarde devant celle d'un marchand de chaussures, repart. Elle emprunte les rues piétonnières en enfilade, poirote avant de traverser au feu de la rue de Sygogne. L'attente se prolonge. Disciplinée, elle fixe le petit homme rouge dans le boîtier d'en face. Soudain, l'impression d'être épiée taraude son subconscient. Elle se retourne. Derrière elle un type la dévisage et vient se camper au coude à coude sur le bord du trottoir.
Commenter  J’apprécie          00
Géraldine Roussel se faufile, pousse la porte vitrée, disparaît par les rues étroites. Coussinel interroge sa montre, termine sa bière avec une précipitation subite. Un salut discret. Il sort.
Commenter  J’apprécie          00
Géraldine Roussel repose son verre. Elle se sent observée. Elle jette un coup d'œil instinctif du côté de la rue puis revient aux consommateurs du Quibus. Le regard de Coussinel darde sur elle une expression étrange. Elle ébauche un sourire degêne, rajuste sa veste, récupère son sac et annonce qu'elle doit partir.
Muriel Baron, elle, a tout son temps.
– Je reste pour la tournée du patron ! déclare-t-elle d'un air entendu. A plus tard, ma grande !
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jean-Louis Viot (44)Voir plus

Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4899 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..