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Critiques de Jean-Luc Benoziglio (13)
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Cabinet portrait

"Tout fluctue. Et mergitur."



C'était lors d'un voyage en Normandie, quelque part près du Havre. Un petit hôtel style Belle Epoque, de ceux qui portent des noms comme "Chez Ginette", "Chez Paulette" ou chez une autre "-ette", morte et enterrée depuis belle lurette. Un endroit charmant et cossu, mais qui se souvenait des jours meilleurs. Une chambre au mobilier branlant, un lit avec un matelas à ressorts qui ressortent, et un couloir au tapis rouge moelleux : une voie royale qui menait directement au Trône au bout du palier, caché derrière une porte surélevée avec un loquet douteux.

Je ne sais pas pour vous, mais je ne suis jamais tout à fait à l'aise quand il faut partager la royauté avec des inconnus. L'idée que quelqu'un attend son tour devant les commodités m'incommode. Les successions au trône ne sont que trop fréquentes... Le roi est mort, vive le roi ! Le tout c'est d'éviter la guerre. Il est absolument hors de question d'y traîner en apportant de quoi lire, mais que voulez-vous, à ce prix-là ?



Voilà aussi le souci du narrateur de "Cabinet portrait", un livre au caractère fortement autobiographique et fortement réjouissant. C'est intelligent, bourré d'irrésistible humour noir, et dépressif juste ce qu'il faut pour servir d'antidépresseur.



Après la séparation d'avec sa femme, notre héros change pour un appartement plus petit. Le déménagement en soi est déjà épique, mais c'est sans parler de ses nouveaux voisins. D'un côté les Sbritzky avec la télé qui hurle comme mille diables, et de l'autre une folle aux râles indéfinissables. "Hâ-ââ-âr-rrr-âââ-â" ! Est-elle en train de rendre son dernier souffle, ou... ?

Bien sûr, "à ce prix-là", les ouatères sur le palier, comme il se doit. Tsst, passons...

La vielle bibliothèque ne rentre pas dans le nouvel appart, mais si l'on empile les bouquins le long du mur... Restent les 25 tomes de l'Encyclopédie Universelle que l'on pourrait déposer, à la rigueur, si le caïd Sbritzky le permet, dans les gogues mêmes. Il y a de la place, et cela pourrait profiter à l'instruction générale des locataires.

Le calme céleste de ces lieux d'aisance, en dehors de la portée des jeux télévisés des Sbritzky, est idéal pour que notre héros puisse continuer de s'instruire.

D'abord sur ses propres origines juives/séfarades, puis sur l'Espagne, la Suisse, Istanbul, Andrinople; sur les guerres et les périples de sa famille dont il ne sait pas grand-chose. Que de voyages peut-on faire, avant de tirer la chasse !

Puis, il y a le "tome C", qu'il hésite à ouvrir de peur qu'il lui confirme une terrible maladie.



Il n'est pas étonnant que les voisins deviennent mécontents. Hostiles, même. Soupçonneux et revendicatifs, même quand il n'y a pas d'"urgence". Les tomes en désordre alphabétique ne sont que le début. Pièges infernaux, appels aux autorités, petites batailles gagnées ou perdues. Et tout cela ponctué d'humour ravageur et de réflexions cyniques qui vous malmènent le diaphragme.

Qui est tu, Benoziglio, et quelle est ton histoire familiale ? Est-tu vraiment malade ? Vas-tu tenir le coup ?



Deux histoires en une : la première est une hilarante guerre de trônes, et la deuxième, en sous-couche, bien plus sombre et sérieuse.

Un livre pour tous les amateurs de la lecture aux toilettes, vécés, gogues, ouatères, latrines, cabinets... comme vous voulez. Mais aussi pour ceux qui ne trouvent pas la lecture aux sanitaires forcément saine. La couverture (en rapport avec l'histoire) donne envie, et le contenu va agréablement vous vider... ben, au moins la tête ! 4,5/5, cher lecteur en quête d'instruction. Tsst. C'est libre, au suivant... Mais respectez l'ordre alphabétique de l'Encyclopédie et regardez où vous marchez !



"Et c'est ainsi, boitillant et contrefait, que Quasimodo atteignit la porte des toilettes et s'y enferma."
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La Bible, nouvelle traduction

J'ai lu l'Ancien Testament adolescent. Pourtant, je suis aussi athée qu'on peut l'être. Mes parents l'étant aussi, je n'ai pas eu d'éducation chrétienne, de catéchèse, de confirmation, etc.



J'ai lu la Bible, adolescent, pour la même raison que je lisais Homère ou Chrétien de Troyes. Parce que j'avais l'impression de lire des histoires complètement folles tout en apprenant mon histoire. J'aimais la fantasy, et ça, pour moi, ça en était.



Puis j'ai fait mes cycles supérieurs en philo où j'ai découvert la théologie et la philologie.



J'ai aimé la première parce qu'elle me donnait l'impression de faire des problèmes de maths ou de logique formelle. Je n'adhérais à aucune prémisse, mais je trouvais fascinant de voir jusqu'où on pouvait pousser la logique si on les acceptait.



J'ai aimé la seconde parce que je trouvais tout aussi fascinant de voir à quel point des choix de traduction, tout arbitraires qu'ils soient, ont pu, et peuvent encore façonner comment pensent les gens.



Je lis donc régulièrement des articles sur le sujet (et un de mes podcasts préférés est complètement dédié à cela). Et j'ai acheté cette traduction séculaire de la Bible pour compléter tout ça. Elle correspond en tout point aux analyses que j'ai lues de divers passages et de ses problèmes de traduction. La tradition est jetée aux poubelles.



Pour chaque texte, les mots choisis sont ceux qui conservent le mieux en français les ambiguïtés et la polysémie des textes originaux. J'adore.



Mais, conséquence inévitable, la plupart des textes sont beaucoup plus durs à lire. Le rythme, la sonorité, les licences poétiques, tout cela a disparu. On a ici un texte francophone qui tente même de suivre la syntaxe hébraïque, grecque ou araméenne.



Mais somme toute, si vous êtes bizarres comme moi, ça vous plaira.
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Cabinet portrait

Le narrateur passe de longues heures aux toilettes.



Son colon le travaille. Son angoisse aussi. Cancer? pas cancer?



Il meuble cette expectative et ses longues stations dans ce modeste lieu clos par la lecture appliquée d'une encyclopédie, ce qui lui laisse le temps de le passer, justement, le temps..



On rit beaucoup, car Benoziglio, juif levantin bourré d'humou,r est une sorte de Woody Allen sépharade, un petit frère des Valeureux d'Albert Cohen, en moins truculent et plus intello!



Ecriture percutante, jamais ennuyeuse: rester assis sur la lunette, les fesses au frais est finalement une position idéale pour penser à l'humaine condition.. et ce n'est pas Rodin qui me démentira!



A découvrir...vous ne le regretterez pas, et veillerez, j'en suis sûre, à installer l'Encyclopédie dans vos gogues pour élever le niveau de vos méditations..

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Cabinet portrait

Roman déjanté. J.L. Benoziglio (1941-2013) est un écrivain suisse licencié en droit et couvert de nombreux prix littéraires que je découvre grâce à une critique de michfred sur Babelio. Un homme, que les circonstances de la vie, contraint à prendre un logement plus petit fait venir des déménageurs qui ont toujours soif et qui donnent des dialogues truculents. Le plus important dans ses affaires est son encyclopédie de 26 volumes qui ne tient pas dans son nouvel appartement. Il va alors les entreposer dans les toilettes communes. Entre la télévision bruyante des voisins d’un côté et les râles de l’autre voisine, le seul endroit où il peut lire tranquille sera donc les cabinets. Ces squats prolongés lui vaudront la haine des voisins. Des scènes et des dialogues drôles, burlesques, ainsi que la dénonciation de l’absurdité des administrations. Une belle détente postérieure.
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Cabinet portrait

Je ne viens pas ici présenter, résumer, décortiquer, ou vanter cet excellent roman de Jean-Luc Benoziglio, d'autres comme Bobby_The_Rasta_Lama, s'en sont déjà parfaitement acquittés.



Ma greffe sur ce post est purement stratégique, ce roman étant le plus connu de la bibliographie du génial Helvète j'espère par ce truchement toucher un maximum de lecteurs.



Qu'est-ce qu'il nous veut, qu'est-ce qu'il vend celui-là ? entends-je déjà gronder la foule.



Il cherche à réparer une injustice patente lorsque l'on jette un oeil sur la popularité de Benoziglio sur le site.

Seul "Cabinet portrait" dépasse les 100 lecteurs et de peu, le reste de son oeuvre n'excédant que rarement les 10 lecteurs.



Je reste interdit par le peu d'intérêt qu'il suscite, son style n'est pas toujours facile mais d'autres, plus abscons, ont ici des armadas de lecteurs.

Son humour et son sens de la dérision m'ont définitivement séduit dès la première rencontre avec son oeuvre.

C'était il y a longtemps, c'était ce fameux "Cabinet portrait".



Depuis j'ai il me semble épuisé tout ce qu'il nous a proposé, j'ai eu mes préférences bien sûr, mais il ne m'a jamais déçu.

Alors je vous en conjure, laissez-vous tenter, faites un essai, Bussi, Coben et consorts peuvent attendre.



Lisez Benoziglio sans modération.

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Le feu au lac

Le Dr Aloïs Alzheimer me pardonnera, je l'espère, la facilité récurrente avec laquelle je l'invoque pour hypocritement justifier les hoquètements de ma mémoire.



C'est entre écouteurs, couverture et bouteille d'eau, dans le filet prévu à cet effet, que j'avais abandonné "Le feu au lac" de Jean-Luc Benoziglio, tout à mon empressement de quitter l'avion pour aller piétiner devant le tapis à bagages.

La bévue constatée je m'étais évidemment promis de me le procurer à nouveau pour en finir la lecture.



J'ai mis plus de 15 ans à rattraper le coup, chose incroyable car les petits oublis ça me connait, certes, mais lorsqu'un auteur auquel je voue une réelle admiration est victime de ce double accident mémoriel je frémis pour mes neurones.

Alors, cher Jean-Luc, si je vous ai froissé, essayez de voir Aloïs là-haut, il vous expliquera peut-être.



Aves le recul, cet incident me permet un ultime retour vers Benoziglio, on se rattrape comme on peut.



"Le feu au lac" n'est pas le plus facile de la production de Benoziglio, il m'a néanmoins enchanté.

On retrouve sa manière particulière de restituer la langue et le rythme des témoignage oraux.

Audacieuse et habile manière de renvoyer dos à dos France et Suisse à travers les tribulations dramatiques d'un Juif suisse et de sa compagne Juive également mais française, dans les deux pays, avant, pendant et après la seconde guerre mondiale.

Benoziglio use ici de son inaltérable cocktail d'humour et de dérision pour un réquisitoire grinçants mais nécessaire.



A lire impérativement.



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Tableaux d'une ex

J'aime Benoziglio pour sa science de l'absurde, de la dérision, de l'auto-dérision, pour la manière jusqu'au-boutiste mais néanmoins si réaliste avec laquelle il dépeint les actes et les états d'âme de ses personnages.

Bénoziglio distille un humour triste et désabusé mais il n'est jamais ennuyeux.

Ses dernières productions sont, à mon sens, moins faciles d'accès et pourraient éloigner le lecteur de son oeuvre.

Ce "Tableaux d'une ex" constitue un très agréable point d'entrée dans l'univers de cet écrivain si singulier. Les convertis pourront ensuite s'essayer à "Cabinet portrait " avant de s'attaquer au reste de sa bibliographie.
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Le feu au lac

L'écriture très reconnaissable de Benoziglio est un régal!

Une syntaxe vertigineuse et un rythme endiablé au service d'un humour allant volontiers vers l'autodérision.

Cet auteur est pratiquement le seul à réussir une synthèse de la littérature romanesque française de la deuxième partie du XXème siècle. Toutes les facettes sont présentes, de l'absurde au stéréotype, du picaresque à l'avant-garde, de l'historique à l'autofiction.

Si vous êtes à la recherche l'une lecture décapante, Le feu au lac est fait pour vous. D'ailleurs pratiquement tout Benoziglio fera l'affaire.
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Louis Capet, suite et fin

Et si le roi Louis XVI, redevenu simplement Louis Capet, n'avait pas été guillotiné sous la Révolution française... Et bien, Jean-Luc Benozoglio l'a imaginé de belle façon dans cette uchronie à l'écriture légèrement surannée et aux phrases joliment chantournées. Une réécriture de l'histoire, donc, remplie de mots d'esprit et très bien documentée. Moi qui suis friande de tout ce qui entoure la Révolution française, un événement qui à l'origine présageait des changements bienvenus mais qui, appliqué par des humains perfectibles, s'est avéré hautement imparfaite, trouve dans ce roman son aboutissement. À lire avec en tête tous les protagonistes de cette époque et leur rôle ou sinon l'encyclopédie ou Wikipédia.
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Cabinet portrait

Ce drôle de roman – car il l’est, drôle – commence par un déménagement. Bien que le protagoniste n’ait pas beaucoup de meubles et de cartons à déplacer, cet épisode devient une aventure. D’abord, parce que cet homme est embourbé dans sa vie et qu’il s’embourbe de plus en plus. Son esprit d’escaliers fait qu’il tient le fil de sa réflexion, seul endroit de réconfort, jusqu’au bout du rouleau. Notons que cet homme ne va pas bien. Il n’en est pas pour autant sinistre ou plombant. Disons qu’il rentre dans la catégorie des personnes compliquées. Vous savez, ces personnes qui en toute occasion ne manqueront pas de vous rappeler l’immensité d’éléments à prendre en compte et de questions à se poser. Et cet homme que nous suivons tout au long de ce roman a une vie compliquée et la seule chose à laquelle il tient encore est son encyclopédie, aussi enrichissante qu’embarrassante. Alors il la trimballe et à l’image de tout le reste, elle lui apporte beaucoup mais l’encombre tout autant.

Le vocabulaire riche, les portraits ciselés des personnages croisés donnent à ce roman un ton particulier. On pourrait penser à cet esprit de décalage, idéal pour parcourir le labyrinthe mental de cet homme. Malgré ses déboires, il est attachant et sa manière de se fourrer dans des situations impossibles, notamment des petits boulots étonnants, est réjouissante. Le rire se veut rapidement ironique, diffusant une mélancolie touchante.
Lien : https://piao.fr/2021/08/cabi..
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Le feu au lac

Ayant tellement aimé " Cabinet portrait" j'ai été plus que déçue par ce roman. A vrai dire je n,ai rien compris. Il a fallu que je regarde le résumé écrit sur ce site pour débroussailler un peu le sujet principal de ce livre. L'auteur semble être juif et il est devenu citoyen Suisse. Il arrive en France. Mais à partir de là tout s,est embrouillé pour moi. Même certaines phrases ne sont pas terminées. Je ne recommande pas ce roman.
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Cabinet portrait

Connaissant quelque peu ce coin d'Europe autour d'Edirne,le roman de Benoziglio ,reflète bien l'âme de ce territoire ,mémoire des Thraces et de colonisation Mésopotamiennes ,mythe D'Orphée ,Ironie mordante,frisson de se savoir jugé à la seconde si on sent le faux ,des voix profondes ,des visites de mémoires encyclopédiques dans coins bizarres mais somptueux comme dans ce roman ,métaphysique du désastre de la Société, sociopathe invétéré,etc .....les pages 144-145 résumant la Guerre des Balkans ,prélude de notre sinistre Monde , car ce qui se passa là est en train de sa passer partout .Superbe roman en allégorie puissante de notre chi-en-lit !



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La boîte noire

Voilà cela m'apprendra de lire la quatrième de couverture. ce livre est brouillon, haché avec des histoires complètement indépendantes et on se demande pourquoi elles sont là ? La structure des phrases est une suite de phrase sans ponctuation.

Il aurait du se contenter de son histoire principale d'un homme qui attend son avion qui est constamment retardé, ce sont les seuls moments intéressants et humoristiques.

Quand à la fin, on se demande ce qu'elle vient faire là car elle n'a aucun rapport avec le reste du livre.

Bref nul.
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