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Critiques de Jean-Marc Savoye (24)
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Et toujours elle m'écrivait

« J'étais à deux doigts de la dépression. J'ai choisi l'analyse. »

Je dirais bien qu'en France, cette option reste un luxe de citadin intello friqué, les gens du peuple se contentant de soigner leurs déprimes à coup de médocs remboursés par la Sécu. Mais je ne vais pas commencer par du négatif frontal, même si j'ai eu du mal à aller au bout de cette lecture interminable, et que je rechignais à m'y remettre (huit jours pour 260 p.)...

Non, ce n'est pas de la résistance, de la gêne face au miroir de mes propres névroses, je trouve l'exercice analytique plutôt sympa, j'ai aimé lire Freud, Dolto, et d'autres psys pas trop compliqués, cette façon de tout décortiquer m'amuse, mais encore faut-il que l'auteur d'un tel témoignage aille un peu au-delà de son cas particulier pour qu'on s'y intéresse vraiment.

Qu'on s'y intéresse, à défaut de compatir, parce que JMS est né avec une cuiller d'argent dans la bouche, dans une famille bancale, certes, mais aimante ; il n'a jamais eu de mal à trouver du boulot, et même si ce n'était pas dans la branche souhaitée, ces postes de cadre dans l'édition ont de quoi faire baver d'envie les lecteurs que nous sommes.



Jean-Marc Savoye est resté plus de cinquante ans empêtré (et peut-être y est-il encore) dans des histoires de filiation, de prénom, de place dans la famille, de manque (ou d'excès ?) de désir maternel (en psychanalyse, les opposés n'existent pas, ou quelque chose comme ça), d'absence du père.

Il lui a fallu (phallus ?) pas moins de trois cures psychanalytiques, dont les deux dernières avec des célébrités - et ça aussi, ça se paie, par le fric et les fréquentations mondaines - et une EMDR pour y voir plus clair, pour s'alléger, pour arrêter de piétiner.



Comme beaucoup de lecteurs, j'ai été attirée par le nom de Philippe Grimbert en couverture. Il fut le troisième analyste de JM Savoye et à ce titre, il commente de loin en loin ce témoignage. L'a-t-il fait par amitié ? Pour faire avancer la "science" ? Heum... Est-ce un petit coup de pouce commercial ? J'ai trouvé l'exercice à quatre mains sans grand intérêt.



Je déconseille à ceux qui ne supportent pas la masturbation intellectuelle des auteurs passés par la psychanalyse et centrés sur leur personne, tout fiers de décrypter que dans leur nom, il faut entendre "sa voie, "sa voix", et "vois ça" (vois ça comme j'ai souffert). Et le Mont-Blanc que monsieur escalade, de même qu'il s'est élevé grâce à l'analyse, eh bien il est en Haute-Savoie (ôte ou haute sa voie/voix) alors que dans sa famille, ils sont plutôt branchés "Pyrénées" (pire aîné, pire est né...) - dingue, non ?

A vous de voir...



• Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel.
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Et toujours elle m'écrivait

Jean-Marc Savoye nous fait partager son parcours en tant que névrosé, avec des années d'analyse derrière lui. Son histoire familiale ressemble sans doute à celle de beaucoup d'entre nous.



L'absence de père, l'héritage creux, le vide sur lequel l'enfant se construit, conduisant à un malaise inévitable.



Il naît dans une famille bourgeoise aisée, pour lui l'avenir semble s'annoncer riant. On trouve plus facilement des stages et des emplois bien placés et rémunérateurs lorsqu'on a la chance de vivre dans cette classe sociale.

Et si des failles apparaissent, si l'on ressent le besoin d'en parler, il est aussi plus facile de consulter des analystes compétents, qui seront entendre la souffrance, déceler les mystères qui se cachent derrière les mots, derrière les rêves et les peurs du patient, comprendre dans quelle spirale infernale il reste bloqué depuis tant d'années.



La violence du père de l'auteur ne fait pas de lui à ce point un « salaud », comme il le dit. Et c'est justement moins facile, dans ce cas, de lui en vouloir. Il reste un père aimant, attentionné, victime de sa propre enfance, triste et solitaire, le rendant impuissant à léguer et à hériter.

Les non-dits de la mère, les mensonges par omission et cette colère du père, sa violence « invisible », inconsciente, s'associent, formant une ombre sur la tête de l'enfant, qui ne le quittera plus, comme l'aigle noir de la chanson de Barbara.



Des réflexions intéressantes, qui nous ramènent à nos propres angoisses, apportant parfois quelques clés, bien que nous ayons chacun des serrures différentes à chacune de nos portes mystérieuses. L'intervention de Philippe Grimbert, psychologue et auteur du roman « Un secret », au fil du roman, est précieuse.



Un témoignage important et courageux, d'un homme venu du monde des Lettres, et qui se sert tout simplement des mots, pour peser, penser et panser ses maux. Parler, écrire, mais aussi être entendu, pour que la souffrance devienne plus silencieuse, que l'on puisse vivre avec, la comprendre et l'accepter.



On aimerait tous, je crois, rencontrer ces professionnels doués dans leur domaine, qui ont aidé l'auteur dans son analyse, trouver la bonne oreille pour déposer courageusement notre histoire, avec nos mots, qui cachent tant de choses, des mots-tiroirs, dont on ne soupçonne pas le poids.



Je remercie Babelio et les Éditions Albin Michel pour ce récit autobiographique, écrit avec des mots simples et justes, sans apitoiement. J'ai apprécié les références littéraires et musicales qui ont servi de déclics pour l'auteur dans la compréhension de son histoire. Qui ne trouverait pas de trésors dans les paroles des chansons de Gainsbourg et Barbara : "Fuir le bonheur de peur qu'il ne se sauve" et "L'aigle noir" ?

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Et toujours elle m'écrivait

Ouvrage reçu dans le cadre du dernier Masse Critique, je tiens tout d'abord à remercier Babelio ainsi que les éditions Albin Michel pour m'avoir fait découvrir cet auteur dont je n'avais jusqu'alors jamais entendu parler.



Bien plus qu'un simple auteur, Jean-Marc Savoye est avant tout un homme qui a lutté durant plus de quinze années pour arriver à comprendre qui il était vraiment et ce dont il avait vraiment envie de faire de sa vie. Issu d'un milieu bourgeois, son avenir s'avérait tracé d'avance. Il hériterait de l'entreprise familiale car il avait fait des études poussées, contrairement à ses frères sauf que lui n'en voulait pas. Il voulait devenir avocat mais après avoir raté quatre fois son CAPA, bien obligé pour lui de trouver une autre voix. S'est ainsi qu'il s'est d'abord retrouvé chez Gallimard, un travail plaisant avec des relations internationales avec l'étranger mais là encore, il avait l'impression d'échouer, ou du poins de ne pas avancer. Après s'être retrouvé chef d'équipe chez Hachette (toujours dans le monde des mots), il a décidé de construire et surtout d'innover en créant sa propre boîte d'éditions en ligne et là, il sentait qu'il s'épanouissait enfin professionnellement parlant. Côté émotionnel, il savait qu'il aurait des enfants un jour mais restait encore à trouver la femme. Difficulté à s'engager ? Et si tout cela était dû à son enfance et à ses parents ? Avec l'image d'un père qu'il n'a que trop peu connu et dont il garde l'image d'un père autoritaire, Jean-Marc décide d'entreprendre une psychanalyse pour essayer de démêler ce qui ne va pas chez lui. Comprendre d'une part et puis ensuite agir afin d'inverser le processus que l'ambiance familiale avait ancré en lui. Si il est vrai que le destin se joue dès notre plus tendre enfance, cela ne veut pourtant pas dire qu'il est écrit d'avance et chacun de nous, si il se donne la peine, peut retourner les cartes afin de les influencer dans la bonne direction...



Un ouvrage poignant, écrit à quatre mains avec des interprétations de celui qui fut son dernier psy, Philippe Grimbert, lui même auteur. Entre les deux hommes, une grande complicité s'installa sans pour autant sortir de l'ordre du médical mais la confiance était là, et avec elle, le patient ne peut qu'avancer et c'est ce que Jean-Marc Savoye a fait. En comprenant son passé, en tirant un trait sur lui, il a pu mieux apprendre à connaître son présent et ainsi déterminer ce qui serait son futur ! Un ouvrage autobiographie mais aussi largement philosophie et qui amène le lecteur à se poser les bonnes questions...A découvrir !
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Et toujours elle m'écrivait

J’ai bien aimé la construction du livre qui alterne le récit de Jean-Marc et les interprétations de Philippe Grimbert et je remercie vivement les éditions Albin Michel et babelio.com de m’avoir permis d’en lire les épreuves.



Par contre, j’ai mis du temps pour rédiger cette critique car c’est difficile de parler d’un tel livre ; on a l’impression de s’immiscer dans l’intimité de l’auteur, comme une effraction et en parallèle, on se livre à une auto-analyse comme en écho avec ce qu’analysent les auteurs.



Jean-Marc raconte l’histoire de sa vie, via la psychanalyse, qu’il a choisi pour ne pas tomber dans la dépression. Il effectue trois démarches consécutives avec différentes méthodes : allongé sur le divan durant la première avec un analyste intervenant de façon minimaliste, puis assis en face à face, lors de la deuxième…



Il décrit bien sa relation avec son père, sa mère toxique, exigeante qui lui répète souvent qu’elle ne l’a pas désiré et qu’il a failli lui coûter la vie et la culpabilité que cela engendre chez lui.



On a une belle étude de ce qu’on appelait autrefois la cure par la parole, et des différentes techniques, l’importance de la neutralité bienveillante, l’analyste ne doit pas être un ami et on doit savoir fort peu de choses sur sa vie privée.



On retrouve une description des thèmes importants de la psychanalyse sans tomber dans la caricature : on aborde les Lacaniens, les Freudiens en ne gardant que ce qu’ils ont apporté vraiment sans les interprétations rigides qu’ont pu en faire les disciples de ces deux figures de la psychanalyse, par exemple la fameuse durée de séance fixée à quarante-cinq minutes, érigée en règle absolue par les disciples de Freud et qui en fait était liée à la durée de consommation de ses cigares !!!



On retrouve ainsi le transfert, le contre-transfert, le signifié, le signifiant, les jeux de mots, l’analyse des significations sous-jacentes lorsqu’on emploie telle ou telle locution ou expression.



Jean-Marc dit notamment : « je passais le plus clair de mon temps à contempler mon imperméable accroché à une patère fixé près de la porte », ce qui donne : patère pater, imper, un père…



Il est très lucide, vis-à-vis de lui-même et parle de l’importance de l’écriture, de ces chansons qui reviennent en boucle dans notre tête, martelant un message que nous ne parvenons pas toujours à identifier.



Je me suis régalée mais c’est mon métier donc peut-être suis-je partiale… le rituel immuable imposée par la technique du « cerbère mutique » m’a beaucoup amusée.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Et toujours elle m'écrivait

Jean - Marc Savoye nous emmène avec lui dans l'exploration de sa névrose , ce qu'il fait très bien .

Comme beaucoup de lecteurs qui liront ce livre j'ai été attirée par le nom de Philippe Grimbert dont j'ai aimé le livre Un secret , et puis je n'ai pas trouvé ce que j'espérais , ni dans les interventions du célèbre psychanalyste ni dans le récit de Jean - Marc Savoye .

Trop , c'est trop , je m'intéresse pourtant beaucoup à tout ce qui touche à la psychanalyse , j'ai lu beaucoup d'écrits de Freud , de Jung , j'ai adoré lire les livres de Françoise Dolto à la fin des années 80 , j'adore chercher le sens caché des mots , les décortiquer mais il y a un moment où je me suis dit ´ ah non là ça va trop loin ´ . Quand l'auteur explique le titre du livre ´ Et toujours elle m'écrivait ´ j'ai lâché prise .

Et puis je n'ai ressenti aucune empathie envers l'auteur , au début du livre j'en ai eu et puis elle s'est diluée dans les détails inutiles .

Je remercie néanmoins Babelio pour l'envoi de ce livre dans un spécial Masse Critique .
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Et toujours elle m'écrivait

Ce pourrait être une comptine, une devinette, un jeu du marabout, un rébus, un délire, un mauvais poème, un code, un "message personnel" à la radio.

Une mère, combien de pères, une patère, un imper.



Des batailles , un barrage , de l'eau lourde et l'eau de Lourdes.



Il n'y a plus de Pyrénées,plus d'aîné,ou le pire, plus de père plus de frères, de mère ? Je ne t'écrirai pas, tu sais, et toujours elle m'écrivait..



L'écriture. L'avocature.



Les fautes, les ratages et les ratures, la littérature.



L'édition. la psychanalyse, la chanson.



L'aquabonisme.



la peur de la mort qui empêche de vivre.



Des prénoms: Jean, Cassien.



Le Mont Blanc et l'Aigle Noir.



Faire entendre sa voix,trouver sa voie.



Des signifiants que nous croyons connaître et comprendre, mais dont la signification l'enchaînement, le contexte et l'impact ne sont accessibles dans leur place de "maître"qu'à celui ou celle qui en a été imprégné, marqué au fer.L'écriture de ce livre, sur le versant du sens, produit un récit dont les étapes et les sinuosités évoquent celles du roman, comme le souligne justement Grimbert, préfacier et commentateur de ce texte qui est un récit d'analyse et un récit de vie.

Un roman avec ses (anti)héros et héroïnes, qui sont aussi souvent les perdants au jeu du désir, par passion de l'ignorance, ignorance du fardeau déposé sur leurs épaules par les générations précédentes.

En tant que lectrice, je salue la performance d'écriture de Jean-Marc Savoye, qui évite le double écueil de l'auto fiction et du déballage maquillé en création littéraire, tout en conservant une intégrité et un courage face à son défi d'écriture, offrant à l'un de ses analystes la première lecture et la scansion de son avancée vers la découverte de… ce vide, de ce pas grand chose après rien qui pesa cependant sur une partie de sa vie. Ces avancées, ces atermoiements, ces victoires, ces accablements, ces moments à contempler des objets dont le nom ne fait pas encore sens, ces passages à vide et ces ratages qui au fond sont des réussites mais seulement si un certain parcours a pu être effectué..L'analyse? La vie, aussi bien, mais qui a trouvé, en quelque sorte son mode d'emploi, au prix de ce que je trouve juste d'appeler une aventure où certains se sont risqués et se risquent encore.



Je remercie l'auteur, l'editeur Albin Michel, ainsi que Babelio et Masse critique qui m'ont permis de lire ce texte, témoignage et récit de vie.
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Et toujours elle m'écrivait

J’ai découvert cet ouvrage grâce à Babelio et les éditions Albin Michel que je remercie pour cet envoi.



Je n’aurais jamais eu l’idée de lire un livre sur ce sujet, un livre autobiographique qui porte sur la névrose de l’auteur, son parcours vers sa guérison donc sa libération.



Je ne vais pas redire ce qui a déjà été dit plus auparavant par les lecteurs précédents.



D’ailleurs je n’aime pas résumer les livres, mais plus donner mon avis, mon ressenti à cette lecture.



Je ne vais pas vous mentir, cette lecture n’a pas toujours été prenante, ce n’est pas un roman. J’ai préféré lire à petits pas, prendre le temps nécessaire.

J’ai bien ressenti, cette entrave, ce besoin de comprendre cette névrose, ce malaise qui nous retient d’avancer vers la lumière sans jamais devoir crainte l’ombre qui nous effraye.



J’ai mieux compris au final par la chanson sublime de Barbara et tout ce qu’elle peut nous transmettre tant en émotion, en métaphore, en sensibilité surtout quand on a eu connaissance de la vie de cette artiste (lire : il était un piano noir) tout comme l’auteur.



Tout est dans la subtilité, il suffit d’un rien, d’une faille, d’un déclic, pour qu’enfin les chaînes se libèrent. La route peut être longue, ce fut le cas pour l’auteur, mais rien n’est inutile, mais au bout, la libération d’un poids. Une nouvelle vie peut-être.



Quand j’ai lu, le passage avec l’image de l’eau, je me suis sentie étouffer, pour dire que l’auteur avec des mots simples a su nous transmettre toutes ses émotions, son malaise, sa douleur, mais aussi sa libération.

J’ai aimé également l’image de l’ascension de la montagne : un pas après l’autre. N’est-ce pas ça la vie, un pas après l’autre. Une très belle fin, avec tant d’émotion que les larmes ont perlé, car le lecteur après avoir suivi l’histoire de cette thérapie, ce bout de chemin, immiscé dans la vie de l’auteur, on ne peut qu’être content d’une fin heureuse après tant de mal, de souffrance, et devoir accepter une certaine vérité même si on n’ose y croire. C’est le prix à payer pour vivre avec mais plus de la même façon, plus comme un fardeau mais plus comme un bâton sur lequel s’appuyer pour mieux avancer.



Difficile de dire, ce que l’on ne peut pas dire, difficile de retranscrire son ressenti quand il est profond, les mots ne sont pas à la hauteur.



Un beau passage aussi sur l’écriture, il est vrai qu’on écrit pour plusieurs raisons, que l’écriture peut être une thérapie en soit, un besoin, une façon de se libérer. Ecrire pour rester ancrer à la vie.



Je cite : « L’écriture comme lien qui rend libre »



Pour ceux qui écrivent, ils ne peuvent qu’approuver cette phrase qu’on soit névrosé ou pas, on a tous, je pense un petit coin d’ombre dans sa tête, dans son cœur… l’écriture se fait rayon de soleil parfois, ou l’aube qui s’invite à pas feutrés comme une promesse d’un jour sans fin.



Combien, les paroles et les actes des parents peuvent jouer sur l’avenir, le bien être mental, de leurs enfants. Les mots autant que les actes, peuvent être des armes redoutables, des bombes à retardements, un poison qui se diffuse dans le temps, qui ronge inexorablement toute une vie.



Une lecture intéressante, sous une plume délicate, sensible et fluide.



Encore merci à Babelio, l’auteur et les éditions Albin Michel

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Et toujours elle m'écrivait

Voici un ouvrage que je n'aurais certainement jamais lu si Babelio ne me l'avait envoyé lors d'une opération Masse Critique. Les ouvrages tournant autour de la psychanalyse ne m'attirent guère et j'aime autant me plonger directement dans un livre de Freud s'il faut en passer par là.



Jean-Marc Savoye débute à l'âge de 27 ans une psychanalyse. Cet homme, issu de la haute bourgeoisie, à la vie confortable, en couple avec une femme belle et brillante, à la vie professionnelle réussie même si elle n'est pas celle qu'il avait choisie – oui, tout de même, car il dirige le service export chez Gallimard, ce qui n'est pas rien – ressent un sentiment d'échec continuel, une insatisfaction professionnelle, une incapacité à croire en un amour durable… Quelque chose cloche chez lui. Il souffre de ce que l'on appelle l'aquoibonisme (ou aquabonisme), le fait de toujours se questionner face à des événements ou actions et qui consiste à douter de l'utilité d'agir. C'est en fait le fameux « A quoi bon faire ci, faire ça ? », qui chez certains, à des degrés divers, se manifeste souvent par un attentisme et dans ce cas précis, par une névrose obsessionnelle. La vie semble vide, sans but, et il vaut mieux fuir le bonheur avant qu'il ne s'échappe.



Jean-Marc Savoye, pour mettre fin à cet état, décide donc de s'allonger sur le divan et de se raconter. Car pour lui, en effet, tout vient de l'intime, de son histoire familiale. Cette première analyse va durer 7 ans, puis suivront deux autres analyses qui feront au total quinze années d'introspection, elles-mêmes suivies de six mois d'EMDR.



Jean-Marc Savoye, qui entretient un rapport conflictuel avec l ‘écriture, fait de désir et de contrariété, écrit donc sur cette expérience et il raconte très bien d'ailleurs. J'avoue avoir été dès le début entraînée par son récit, curieuse de savoir comme lui ce qui se cachait derrière ce mal-être. Au fil de ses mots, son enfance, ses études, sa carrière professionnelle, les femmes de sa vie, et surtout, l'histoire de sa famille, se dévoilent. Un père à l'image imposante décédé alors qu'il n'a que six ans et demi. Une mère aimante et distante à la fois, qui à 43 ans se retrouve à la tête de l'entreprise familiale et chef de famille. Quatre frères et soeurs, Luc notamment, de six ans son aîné mais qu'il considère comme un véritable frère. La famille vit à Neuilly, dans un immeuble cossu. C'est une vie bourgeoise et confortable. La famille Savoye possède également une maison de famille à Bordeaux et une autre dans les Pyrénées, lieu de villégiature, chère à l'auteur.



Au fil de l'analyse, les non-dits, déjà pressentis, se font jour plus clairement. Mais attention, rien d'extraordinaire.Pour ne rien dévoiler du récit, je dirais juste que ce sont des histoires de famille somme toute très banales mais qui ne cessent de turlupiner l'auteur. Et il lui faudra donc toutes ces nombreuses années d'analyse pour en venir à bout.



Sur la forme, j'ai aimé ce livre. La narration est limpide et claire, on se laisse porter par les paroles de l'auteur qui manie très bien l'art de faire de belles phrases, le tout de manière simple. C'est d'ailleurs une belle victoire pour cet homme qui se disait incapable d'écrire mais dont c'était un des plus grands désirs.



Sur le fond, je reste mitigée. J'ai toujours eu beaucoup de mal à apprécier les récits de vie où le « moi-je » est omniprésent. Il est clair que Jean-Marc Savoye défend les effets bénéfiques de l'analyse qui peuvent aider des gens dans leur mal être. Les interventions de Philippe Grimbert arrivent par ailleurs toujours à propos pour éclaircir quelques révélations. Ensuite, on adhère ou pas. J'avoue que les jeux de mots et autres calembours (« pire est né » ou surtout le détournement du fameux pic de Sesques) m'ont fait sourire lorsque l'auteur y voit un message subliminal. Je pense également, comme le dit lui-même l'auteur, que l'analyse apportait un peu de piment à sa vie. Et je termine juste en disant qu'à force de trop se regarder le nombril, forcément, on n'avance guère dans la vie. Mais ceci est un humble avis qui n'engage que moi.



« Et toujours elle m ‘écrivait » est bien écrit, certains trouveront le récit touchant et sincère. J'en retiens surtout de très belles réflexions sur l'écriture. Cependant, cette névrose partagée m'a quelque peu agacée. Au final, j'ai beaucoup appris de la vie de Jean-Marc Savoye mais très peu sur l'analyse en elle-même.

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Et toujours elle m'écrivait

Dans cette autobiographie, Jean-Marc Savoye raconte ses expériences personnelles avec des traitements psychanalytiques. À cause de sa maladie psychique, qui se manifeste sous la forme d’un sentiment profond d’aquoibonisme, l’auteur a été en analyse pendant plusieurs années. C’est en effet le troisième livre de l’auteur, après « Les heures claires de la Villa » et « Je n’aime pas ma banque ».



Jean-Marc Savoye raconte chronologiquement ses expériences avec ses thérapeutes et leurs traitements consécutives. Il décrit les événements pertinents de sa vie et surtout de son enfance. Le lecteur apprend ses sentiments vagues et latents de frustration et dépression. On suit ses découvertes personnelles pendant les traitements et on est témoin de sa guérison finale. L’auteur, d’ailleurs un homme réussi et d’une famille aisée, a besoin de centaines de sessions thérapeutiques avant qu’il puisse guérir de sa névrose.



L’autobiographie est fournie de réflexions de Philippe Grimbert, psychologue, ancien thérapeute de l’auteur et auteur lui-même du livre magnifique « Un secret ». Alors, c’est l’ancien thérapeute qui réagit, de temps en temps, par interprétations et explications, aux observations dans l’autobiographie de son ex-patient. On trouve ses réflexions dans plusieurs chapitres, soit consistant en quelques paragraphes, soit en plusieurs pages.



Le style du récit est fluide et les phrases sont courtes et claires. Avant tout, malgré le thème lourd, le texte reste toujours léger. On ne trouve presque pas de langage thérapeutique ou de textes « ésotériques » dont j’avais peur avant d’ouvrir le livre. J’estime le personnage de l’écrivain plutôt gentil et sympathique. Cependant, je n’ai pas tellement aimé ses « jeux de mots psychanalytiques » ; la façon par laquelle l’auteur attribue de sens profonds aux coïncidences, aux noms de personne et aux noms géographiques. Je trouve toutes ces interprétations un peu forcées et sans vraie signification. J’ai le même sentiment quant à la plupart des réflexions de l’ancien thérapeute. Je ne crois pas que je sois un grand admirateur de la psychanalyse...



Alors, pour conclure, j’ai bien aimé le livre. Je pense qu’il est bien écrit et agréable à lire, même si je n’ai pas apprécié la plupart des textes directement liés à la psychanalyse, comme les « jeux de mots » de l’auteur et les réflexions de son ancien thérapeute. Je crois que j’aurais aimé le livre plus sans ce « psychobabble », c’est-à-dire, sans ces éléments psychanalytiques.



Je voudrais remercier Babelio et les Éditions Albin Michel pour me donner la chance de lire ce livre en avant-première. C'était un vrai plaisir !


Lien : http://nebulas-nl.blogspot.n..
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Et toujours elle m'écrivait

Raconter sa psychanalyse qui s'est déroulée sur près de trente ans (avec des interruptions et aussi des changements d'analyste) est le défi que relève ici Jean-Marc Savoye, cadre supérieur dans le secteur de l'édition, avec un souci de didactisme, de clarté et d'honnêteté. Bien-sûr chaque parcours est singulier, et il serait vain de vouloir tirer de ce témoignage des leçons transposables telles quelles à un autre cas. Mais ce témoignage sincère, non complaisant, pourra intéresser toute personne qui s’intéresse de près ou de loin à la psychanalyse.
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Et toujours elle m'écrivait

Roman personnel, intime et réfléchi, d'un homme qui a passé beaucoup de temps à se regarder le nombril et qui en a tiré quelques conclusions touchantes, souvent intéressantes mais malheureusement un peu lassantes...



Un homme qui a tant travaillé à se connaitre, un homme qui s'ouvre de la sorte et qui montre son âme, très franchement on n'a pas envie de le critiquer, surtout à distance, par ordinateur interposé, ca semblerait un peu méchant, et vain aussi... C'est pourquoi mon billet sera court.



Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé le livre, non, j'en ai à vrai dire apprécié plusieurs passages, mais le tout me laisse un gout d'inutile. L'aquabonisme que ressasse M. Savoie, je l'ai senti à plusieurs reprises en lisant ses lignes car si je ne doute pas que son chemin analytique fut fort, constructif et puissant, son récit n'a malheureusement pas l'ampleur associé et je n'en ai tiré ni grande reflexion ni grande émotion. Dommage...



Dommage aussi que l'un de mes auteurs favoris, M. Grimbert, ait eu si peu voix au chapitre. En lisant le quatrième de couverture, j'avais bien sûr surtout été attirée par l'idée du travail choral et c'est aussi le vécu de l'analyste que je voulais entendre ici. Bien que riches j'ai trouvé bien trop peu nombreuses ses interventions et j'irai meme jusqu'à dire (pardon pardon Philippe, ne m'en voulez pas, je vous aime) que c'est une publicité un peu mensongère que de faire figurer le nom de l'analyste célèbre en couverture alors qu'il n'y fait que quelques toutes petites apparitions.



A lire, pourquoi pas, si on s'intéresse au chemin thérapeutique, à l'alpinisme ou au monde de l'edition, mais, une fois n'est pas coutume, je recommanderai plutôt au lecteur potentiel de poser tout de suite son livre et d'aller entamer lui-meme une tranche de psychanalyse, l'écriture d'un roman ou l'ascension du Mont Blanc car il n'y pas à doute, l'expérience sera forcément éminemment plus passionnante que la lecture de ce livre, qui reste selon moi trop tourné sur lui même pour donner au lecteur le sentiment de vivre une autre vie...
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Et toujours elle m'écrivait

Voici un livre que je n'aurais certainement pas lu s'il ne m'avait été proposé lors d'une opération Masse Critique. J'ai été attirée par le nom de Philippe Grimbert dont le roman "Un secret" a été un gros coup de cœur.



C'est un livre écrit à quatre mains. L'auteur Jean-Marc Savoye nous entraine dans l'exploration de sa névrose, il cherche à comrendre son passé. Philippe Grimbert, son dernier psychanalyste, livre en parallèle ses interprétations.

Je n'ai éprouvé aucune empathie pour Jean-Marc Savoye, son nombrilisme m'a très vite agacée et la recherche incessante du sens caché des mots ne m'a amusée qu'un temps.

Malgré les interprétations de Philippe Grimbert souvent intéressantes j'ai trouvé cette lecture interminable.



Merci à Babélio et aux éditions Albin Michel pour l'envoi de ce livre





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Et toujours elle m'écrivait

D'un côté, les adeptes, les convaincus.

De l'autre, ceux pour qui la psychanalyse n'a aucune valeur scientifique voire constitue un mal du siècle.

Il y a aussi les sceptiques, ceux qui doutent.

Il y a encore les fragilisés qui demandent à croire.

Croire, le mot est lâché, croire ou savoir avec "raison raisonnable et raisonnante" (Michel Onfray).

Le débat peut être lancé après la lecture du livre de Jean-Marc Savoye.

Savoye – sa voix, la sienne, livrant avec un mélange de pudeur et d'impudeur (selon ce que chacun y mettra), sa propre histoire, son combat contre « l'aquabonisme », ses quinze années d'analyse avec trois analystes au profil très différent par leur rattachement à l'une ou l'autre symbolique et son passage par l'EMDR.

Son troisième psychanalyste, Philippe Grimbert porte dans le livre « un regard » en intervenant (nouvel éclairage, confirmation, hommage,...) de temps à autre sur les écrits commis par l'auteur.

Après la parole, l'écriture clôt (?) un long chemin entrepris pour démêler l'écheveau des fils de son histoire.

L'auteur parcourt tour à tour les relations père et mère, père et fils, mère et fils, fratrie, évoque le vol planant d'un gypaète (la rencontre au sommet du Mont Blanc est extraordinairement symboliquement fortuite), les faisceaux de lumière où se situer, la maison dévorante et porteuse de son histoire ainsi que rencontres et cheminements professionnels.

La parole est aisée, claire. De page en page, le ton retient la lecture et nos réactions différeront selon notre vécu, sensibilité, croyance ou raison.

Un témoignage livré (livre), une écriture libératrice qui rejoint celle d'une mère aimée.

Le titre mystérieux dévoile tard son secret et l'amour présent quoique douloureux.

Les mots parlent, les lapsus se mettent en scène, les symboles et les métaphores du moi sont légion. Le passé fait mal, le présent révèle, le futur est autre comme sera le JE.

Puisse l'auteur trouver un apaisement durable.

Ainsi donc, il a confié son destin à une grille, en l'occurrence la grille psychanalytique et à titre personnel, je ne peux m'empêcher de convoquer Henri Laborit : « Le danger d'une grille, quelle que soit son efficacité temporaire est de faciliter la sclérose conceptuelle, comme celle d'Aristote avant celle de Marx ou celle de Freud, a figé des millions d'hommes dans une conception incomplète des faits. » (La nouvelle grille – page 157).

Comme dit plus haut, le débat est ouvert et c'est l'un des mérites du livre.



Merci à Babelio et aux Éditions Albin-Michel pour cette lecture en avant-première.

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Et toujours elle m'écrivait

A 27 ans, l'auteur, fatigué de ses échecs, décide "d'aller voir quelqu'un". 30 ans plus tard, il nous livre le récit de ses années d'analyse, librement interrompu par Philippe Grimbert, psychanalyste et auteur du célèbre roman Le secret.

L'écriture est agréable et les interventions de Grimbert constructives.

Le poids parfois si lourd de l'héritage parental, le sac remplit de maux/mots qu'on se trimbale, qu'on traîne depuis l'enfance : les mots dits, les non-dits, les trop dits ... Tous ces mots qui, soit encouragent, soit découragent, construisent ou détruisent ; les maux des mots ou les mots des maux. Parler a sauvé l'auteur. Tout est langage, disait Dolto.

Un ouvrage intéressant qui donne à réfléchir, et qui m'a beaucoup plu.

Merci à Babelio et aux Editions Albin Michel pour cette découverte
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Et toujours elle m'écrivait

Honnêtement, jamais je n'aurais lu ce livre si Babelio et les éditions Albin Michel ne me l'avaient gracieusement envoyé. En effet, la psychanalyse et moi, c'est un peu comme les Tchétchènes et Poutine, Coppé et les Français , Laguillier et le capitalisme ... C'est perdu d'avance.Au seul moment de ma vie où j'aurais pu en avoir besoin, j'y ai tourné le dos. J'ai surement économisé beaucoup d'argent et ne m'en porte pas plus mal aujourd'hui.

Pour autant, c'est avec beaucoup de curiosité que je me suis penché sur l'autobiographie de Mr Savoye. Et la curiosité a cédé le pas à l'intérêt , dès les premières pages .

Tout d'abord parce que l'écriture est très intéressante , fluide , légère. Ensuite parce que Lescun , ça me parle , les aiguilles d'Ansabère, les ours de Borce , la hameau de Miette ...

Enfin parce que ce roman , car c'est un roman avec quelques originalités,est empli de suspense , d'humour , de tendresse.

Jean Marc Savoye nous expose donc ici sans fard sa vie , ses traumatismes de l'enfance , ses atermoiements sentimentaux et professionnels, l'absence du père, l'ambiguïté de la mère, l'alternance proche du bonheur et du malheur et l'inévitable recours à la thérapie de l'analyse. Enfin , inévitable quand on est parisien et pas trop démuni.

L'originalité , faisant intervenir Philippe Grimbert dans ce récit en tant qu'analyste et offrant un point de vue différent, est un plus indéniable.

En refermant cet ouvrage, lu en peu de temps, je n'ai certes pas modifié mon point de vue sur l'analyse (enfin , si ça peut éviter la consommation abusive d'antidépresseur, pourquoi pas ? ) mais j'ai eu le sentiment que ce livre ne passerait pas inaperçu . De part son caractère plutôt insolite certes mais aussi de part la qualité de l'écriture , du talent qu'a eu son auteur à se mettre en scène sans filtre.

Un très bon moment passé avec ce livre. Venant d'un "refuznik de l'analyse" , cela prend tout son poids.
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Et toujours elle m'écrivait

De nombreux récits parlent de problèmes de survie, d'argent, d'intégration, de génocide, de chômage, etc. Dans celui-ci, l'auteur vient d'un milieu de riches bourgeois (villa Savoye). Il est embauché comme cadre chez Gallimard par relation, voyage pro et perso, vit dans des beaux quartiers. Eh bien ce monsieur est malheureux et tourmenté, donc il passe sa vie en psychanalyse, traumatisé par une fessée administrée par son père. J'ai voulu le lire, parce que j'ai lu de belles citations sur Babelio. Prose inégale avec également des répétitions, des jeux de mots carambar, des phrases dont je n'ai pas compris le sens, comme : ‘C'est un de ces films d'après-guerre, en noir et blanc, qui mettaient en valeur le côté héroïque de ceux qui combattirent l'ennemi, faisant croire aux enfants que nous étions que les Français s'étaient bien battus.' le lecteur a donc l'impression de servir de psychanalyse pour un bourgeois qui, parce que la vie lui a tout donné, a besoin d'avoir ses névroses. Etonnant, non ! Pauvre riche !



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Et toujours elle m'écrivait

"Et toujours elle m'écrivait" fait partie de ces livres sur lesquels je ne me penche jamais. Aussi, merci à Masse critique et aux éditions Albin Michel, qui permettent à des gens comme moi d'ouvrir leur esprit à d'autres horizons...



Dans ce récit, Jean-Marc Savoye raconte son cheminement difficile vers la compréhension de son mal-être et donc vers l'apaisement qui, je l'espère, sera définitif. Je dis cela car on a l'impression, en lisant ces écrits, que l'auteur est en quelque sorte dépendant de la psychanalyse. On sent qu'il a une longue expérience dans ce domaine et qu'il est toujours aux aguets d'un petit dysfonctionnement de sa personne.



J'avoue avoir un peu de mal à comprendre les gens qui vont "consulter", en ce sens que se livrer à un inconnu me semble difficile. D'ailleurs, si l'on observe Jean-Marc Savoye face à ses psychanalystes, un lien très fort finit par se tisser (un père factice pour Fédida, un frère par affinités pour Grimbert); la seule analyse qui ne semble pas avoir apporté de réelle révélation fut celle avec Mme Cambon, le "cerbère mutique" incapable même de paraître humaine alors même que J.M. Savoye lui lit une lettre d'adieux et de remerciements... J'ai donc du mal, je disais, à comprendre l'aide que peut apporter un psychanalyste et que ne peut apporter une bonne (et longue, certes) discussion avec un proche. C'est par conséquent avec beaucoup de curiosité que j'ai lu les différentes étapes dans la réflexion de Savoye sur son enfance, constaté la progression dans les interprétations de son mal-être (en témoigne l'évolution de la signification des cercles lumineux).



Certains éléments, bien que très intéressants, me semblaient parfois tirés par les cheveux, comme les jeux de mots parfois (l'imper et la patère, Lescun...) ou les signes que l'auteur voyait parfois (la barbue, l'envol du rapace lors de son ascension du Mont Blanc...).



De même, je n'ai pas perçu un intérêt probant dans les interventions de Grimbert. Par contre, cela ajoute une certaine originalité dans la structure du livre et introduit une certaine familiarité avec le lecteur, qui se sent ainsi "introduit" auprès de l'auteur.



Reste que ce livre montre combien cette introspection fut nécessaire; sans elle, l'auteur se serait laissé aller à des échecs successifs, il n'aurait pas "avancé"... Reste que ce livre me semble une belle façon de poursuivre seul sa psychothérapie, ou même d'y mettre un point final, tout en gardant un lien avec son analyste...





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Et toujours elle m'écrivait

Encore une fois, désolée pour le retard. J'avoue, la couverture blanche ne m'inspirait guère et j'ai attendu longtemps avant de le commencer, si bien que le compte à rebours est arrivé à 0 alors que je n'en étais encore qu'au premier tiers.



Mais je voulais vraiment le terminer pour pouvoir le critiquer, parce que... quelle bonne surprise! Je ne m'attendais à rien, on m'a envoyé une demande, j'ai cliqué sans même savoir de quoi il s'agissait, et je suis arrivée sans aucun a priori devant ce livre. Et pourtant, une fois ma lecture commencée, c'est toujours avec un grand plaisir que je reprenais ce compagnon.

Ça aurait pu être très ennuyeux, un gars dont je n'ai jamais entendu parler nous raconte sa vie et ses différentes expériences psychanalytiques. Ma meilleure amie étant elle-même une adepte du psy, et compte tenu du résultat (elle est devenue incapable de penser par elle-même, commençant la moitié de ses phrases par "ma psy dit que..."), je suis très réticente vis-à-vis de ce genre de thérapie.

Mais au vu du parcours de M. Savoye, on se dit qu'il existe des très bons thérapeutes (bien qu'il lui ait fallu presque une vie pour tout rassembler).

Certaines de ses expériences font écho aux miennes, j'ai donc pu très naturellement entrer dans cet intelligent processus de compréhension de ses névroses. Un lourd passé familial qui appuie de tout son poids sur les épaules de la personne, jusqu'à orienter la plupart de ses choix de vie. La délivrance n'est venue que tard, mais le message est positif. On finit par comprendre et peut-être même pardonner.



L'auteur parle à plusieurs reprises de son ancienne difficulté à écrire quelque chose de correct et lisible, ce qui m'a fait sourire car j'ai trouvé le style fort agréable. En commençant, on se sent obligé de finir, même pour moi, la reine de l'abandon.



Une très belle surprise pour ce livre, qui invite le lecteur à réfléchir à sa propre expérience, à chercher en toute intelligence des réponses aux questions qui l'empêchent d'avancer.
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Et toujours elle m'écrivait

A 27 ans, J.M. Savoye se résume ainsi : échecs à l'examen d'avocature, à l'examen de la vie conjugale, à l'examen de la vie en général ; un état des lieux qui tient en un mot : « l'aquoibonisme ». Que faire ? Se laisser porter, enlisé dans un quotidien gluant de médiocrité ? Savoye ne le supporte pas, il décide d'entamer une analyse afin de comprendre les mécanismes de ce que nous appellerons sa « névrose ». Il est alors amené à explorer un incontournable : la triangulation père-mère-enfant. L'accompagnement successif de quatre spécialistes lui permettra de faire peu à peu la lumière sur l'histoire familiale dont il hérite.

Les lecteurs qui se sont déjà frottés au divan apprécieront la finesse d'un récit sans concession, où il s'agit d'arpenter l'intime en ses recets, ô combien effrayant parfois dans ses remugles. Ils comprendront ce que peut représenter une telle épreuve, longue, parsemée de doutes, de révélations douloureuses, une épreuve chaotique où chaque étape finit par offrir une plus grande lucidité sur soi. Ceux pour qui la psychanalyse relève de « l'étrange » saisiront sans doute mieux la complexité d'un tel processus, qui fait songer à une longue, très longue gestation avant une nouvelle naissance à soi-même.

Autant vous dire que j'ai été happée par ce récit, cela pour plusieurs raisons.

Certaines, tout à fait personnelles, m'ont permise de m'identifier (toute proportion gardée) à la démarche de J.M. Savoye, et de mesurer d'autant mieux la distance « de sécurité » prise avec tout ce qui aurait pu noyer le récit dans la glu pathétique, l'intellect psy, le m'as-tu-lu-moi-j'ai-vécu... Ces écueils évités, le témoignage acquiert une force par sa sincérité juste et lucide.

Je ne pouvais être insensible à la façon dont Savoye s'empare du langage pour s'en faire un allié de taille. Il souligne par là combien nous sommes souvent dans l'ignorance de ce que nous disent les mots sur nous-mêmes. L'espace d'une séance devient le lieu où signifiants et signifiés s'accordent et se désaccordent, où il s'agit de saisir les liens qu'ils tissent afin d'ordonner notre puzzle intérieur. Savoye baigne dans le monde de l'écriture : ses ami(e)s, sa famille, son travail dans l'édition, ces « correspondances » le reliaient à l'écriture alors même qu'il peinait à trouver sa voix/voie. Il s'agissait d'apprivoiser l'alphabet intime, d'en accepter la lecture afin de mieux assumer ses désirs, délesté des filets familiaux.

Philippe Grimbert a été son troisième psychanalyste. Il intervient ponctuellement dans le récit pour souligner les moments importants de l'analyse, se faire l'écho de la démarche de Savoye du point de vue de l'analyste. On comprend ce que la relation entre le patient et son psychiatre a de particulier : transfert ou contre-transfert, peu importent au fond les mots savants qu'on voudra bien poser sur cette relation, si difficile à décrire à qui n'a pas vécu l'expérience. Cette relation investit bien plus que deux personnes, elle convoque à travers elles toutes les figures agissantes, tous les actants d'une vie. Certains voient dans cette collaboration à quatre mains un coup de publicité pour l'éminent écrivain-psychiatre monsieur Grimbert, je me contente quant à moi d'apprécier l'éclairage du spécialiste, qui a eu l'amitié de bien vouloir témoigner, à sa façon, de la progression d'un patient dont le récit est une excellente illustration de ce que peut être une analyse.

Finalement, l'ouvrage constitue pour J.M. Savoye à la fois un aboutissement et une nouvelle vie. Ce titre « Et toujours elle m'écrivait », que je trouvais assez peu attractif à première vue, prend tout son sens à la lecture. Donner du sens. Avancer. Voilà qui résonne à mon oreille, tandis que j'arpente ces jours-ci des pistes enneigées, avec l'idée que nous avons tous un Mont-Blanc à atteindre.

Ah, Masse critique et ses surprises ! Merci donc à Babelio, et longue vie à l'écrivain J.M. Savoye !
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Et toujours elle m'écrivait

Cher lecteur,



Quand j’ai reçu le mail pour faire partie de la masse critique privilégiée de Babelio pour ce roman, je n’ai pas hésité très longtemps, car j’étais énormément attirée par le titre. D’ailleurs, je dois bien t’avouer qu’à aucun moment je n’ai lu la quatrième de couverture de ce roman.

Le titre m’a directement paru si poétique et j’ai cru me retrouver face un échange épistolaire qui est un genre que généralement j’apprécie beaucoup.

Finalement, ce roman est tout autre que ce que j’ai cru y trouver mais j’avoue que ça ne m’a pas empêché malgré tout de passer un bon moment.

J’ai aimé la façon dont l’auteur se livre à nous et je me suis laissée happée par sa plume et par son histoire. D’autant plus que sans avoir lu la quatrième de couverture, j’étais très curieuse de découvrir le pourquoi du titre.

Il faut savoir que cet ouvrage est écrit à quatre mains et que j’ai aimé retrouver les alternances entre nos deux auteurs et la façon dont Philippe Grimbert s’adresse à Jean-Marc Savoye. On sent une approche assez psychologique et dès fois ça m’a fait un peu peur de ne pas comprendre certains mots, mais jamais ça n’a été le cas.

On s’attache très vite à l’auteur et à son histoire familiale qui au fond pourrait être la nôtre ou celle d’un de nos proches. A certains moments, on se sent très proche de l’auteur et à d’autres on se dit qu’on est carrément occupés de s’immiscer dans sa vie qui ne peut que nous toucher par son vécu.

Tout au long du livre, on n’a qu’une envie, c’est de le voir sortir de toutes ces séances de psychanalyses à un tel point qu’on se met à tourner les pages encore et encore pour découvrir ce qu’il va advenir de tous ces problèmes, mais je ne t’en dirais pas plus, cher lecteur, si tu veux le savoir ce sera à toi de te laisser tenter par ce livre.

J’ai également aimé les quelques références cinématographiques, musicales ou encore psychologiques qu’on peut retrouver tout au fil de ce roman.



Bref, cher lecteur, si tu aimes les histoires familiales et les analyses psychologiques, je ne peux que te conseiller de te laisser tenter par ce roman.


Lien : https://lantredubonheur.word..
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