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Citations de Jean-Marc Souvira (111)


Un bref coup d’œil à sa montre lui indiqua qu’il était 3 h 20. Sans doute le moment le plus calme dans le centre de Paris. Un mélange lointain de circulation, une moto qui démarrait, une porte qui claquait. La nuit amplifiait chaque bruit. Malgré tout, un grondement permanent, sorte de bruit de fond, couvrait cette tranquillité apparente. Dans moins d’une heure, progressivement, la capitale se réveillerait. Mistral regardait sans la voir cette carte postale touristique : la Seine, les ponts, les quais de ce quartier historique qui s’étalait devant lui. La ville dormait d’un sommeil agité, à la façon d’un corps humain qui ne trouve pas sa position dans un lit.
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Ludovic Mistral, appuyé contre le chambranle de la fenêtre ouverte de son bureau du 36 quai des Orfèvres, écoutait les bruits qui traversaient le silence relatif de Paris, la nuit. Le chef de la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne était attentif aux vibrations de la ville, un peu comme s’il prenait le pouls d’un être vivant.
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L’homme pousse le chariot du côté droit, les ouvriers sont sur sa droite. Juste avant d’arriver à leur hauteur, il a aperçu un banal tournevis qui se trouve sur le dessus de la boîte à outils. Il le veut. Il sait comment il va le transformer. En passant devant les ouvriers, un linge tombe naturellement du chariot ; sans même regarder ce qu’il fait, machinalement et l’air absent, le type récupère le linge et le tournevis. Personne n’a rien vu, pourtant tout le monde l’a regardé ramasser son linge. L’outil se trouve dans la pile de linge. Arrivé dans la lingerie, le tournevis passe de la pile de linge à l’intérieur de la manche de sa chemise. Le petit homme vient d’enclencher son dernier acte en prison. Il quitte la lingerie et se rend avec d’autres aux cuisines.
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À l’intérieur de la prison, les activités ont commencé. Dans un grand couloir peint aux couleurs gaies et lavables du gris administratif, deux détenus poussent un chariot rempli de linge. Ces deux-là n’ont pas de visite. Les deux hommes ne se parlent pas, ils sont indifférents l’un à l’autre. Le plus petit des deux a l’air complètement absent, s’il était sur la lune ce serait pareil. Sauf qu’il a seulement l’air d’être absent, tous ses sens sont en éveil, surtout la vue ; il a repéré, quinze mètres devant, deux ouvriers faisant des travaux, accompagnés d’un surveillant.
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Sinon, quelles sont les affaires en cours ?

Françoise Guerand passe en revue rapidement l’activité de la Crim’. Bien qu’elle soit le directeur de la PJ, elle continue d’avoir un regard affectif sur ce service qu’elle a un temps dirigé.

— Ces temps-ci, dit-elle, il n’y a rien eu de transcendant, la SAT exploite des renseignements sur l’implantation d’éventuels terroristes islamistes sur Paris. En ce qui concerne le droit commun, il n’y a eu que des meurtres basiques rapidement élucidés. Cependant, dans un groupe dirigé par le commandant Vincent Calderone il y a un truc pas mal, une histoire de double homicide, mais Calderone dit avoir des billes2 pour sortir l’affaire. Sinon, il y a sept affaires qui datent de l’an dernier et qui n’ont pas encore été élucidées. Trois femmes qui ont été assassinées dans des parkings, deux autres chez elles, et deux types qui cherchaient des aventures faciles dans le bois de Boulogne.
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Alors, ton stage ? Ces Américains du FBI, aussi bons qu’on le dit ?

— C’est un stage qui vaut le coup. Grosse activité physique le matin, tous les cours en anglais l’après-midi. Journée bien remplie. Là où ils sont vraiment bons, c’est en matière d’analyse du comportement des criminels violents. Beaucoup d’avance sur nous. On devrait pouvoir s’en inspirer. Si tu en es d’accord, j’en parlerai au service de la formation chez nous pour voir ce que l’on peut faire. Quant à Dumont, j’ai déjà eu l’occasion de le côtoyer un peu, et je n’ai pas trop d’atomes crochus avec lui. Mais je ne déclencherai pas les hostilités pour autant.
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Ludovic Mistral est ravi de retrouver le Quai des Orfèvres après les mois passés en stage au FBI.

— Merci de ton accueil ! Après cet intermède au FBI, je suis vraiment content de reprendre en service actif, qui plus est à la Crim’. Au point de vue effectifs, comment ça se passe ?

— Tu as le chef de la SAT1, Philippe Martignac, qui est un type sympa, donc RAS de ce côté. En revanche, il manque un commissaire chef de section qu’on devrait avoir également au prochain mouvement. L’autre chef de section, c’est Cyril Dumont, que Chapelle avait plus ou moins positionné comme futur numéro deux. Mais là je suis plutôt réservée. D’ailleurs, avant de partir il avait dû réfléchir, et m’a dit que ce ne serait pas une bonne chose pour le service. Bon flic, mais trop perso, trop « moi je ». Je pense qu’avec lui ça se passera moyennement bien. Il faudra faire avec en attendant.
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36, quai des Orfèvres. Siège de la PJ parisienne. Même journée

La secrétaire adresse un sourire au policier présent devant elle, prend son téléphone, enfonce une touche et dit :

— Madame le Directeur, M. Mistral est là. Entrez, elle vous attend.

Le directeur de la Police judiciaire de Paris, Françoise Guerand, est la première femme à occuper ce fauteuil. Fille de policier et femme de caractère, elle a occupé la plupart des postes difficiles de la PJ parisienne. Elle accueille chaleureusement le policier.

— Bonjour, Ludovic, contente de te revoir. Ces six mois aux États-Unis se sont bien passés, m’a-t-on dit. Je suis ravie que tu prennes en numéro deux la Brigade criminelle. D’autant que pour l’instant il n’y a pas de chef en titre. Jean Chapelle est parti en retraite, nous n’avons pas encore retenu son successeur. Le prochain mouvement de mutations chez les commissaires est dans six mois. D’ici là, on verra. Pour l’instant, tu diriges la Crim’.
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Dans sa cellule, il sort le tournevis de sa manche et peut enfin le contempler et le toucher. C’est ce qu’il lui fallait. C’est un outil d’une trentaine de centimètres à l’embout plat. Le manche de couleur rouge est en bois ; il le trouve trop gros et trop voyant. Il descend de sa couchette et commence à frotter le manche contre le sol cimenté. Le ciment fait office de râpe. Il fait ça lentement en essayant de faire le moins de bruit possible. Il profite des bruits des premières heures de la nuit pour râper le manche de l’outil. Il a l’habitude de transformer des tournevis en arme redoutable. Il se projette déjà dans ce qu’il va faire et ça le fait transpirer, la sueur lui pique les yeux. Il se frotte les yeux avec le dos de sa main, s’arrête pour écouter les bruits. Ce n’est pas le moment de se faire prendre. Il nettoie le sol de sa cellule, planque le tournevis dans le pied en métal de son lit, et se couche. Il est à cran, même si cela ne se traduit par rien de visible extérieurement, sauf peut-être les poings serrés. Il ne s’endormira qu’à l’aube, insensible aux bruits de la prison, aux hurlements et aux sanglots qu’il ne perçoit même plus. Dans les jours qui viendront, il aura hâte de regagner sa cellule pour s’occuper de son tournevis pendant la nuit.
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Centre pénitentiaire de Moulins-Yzeure

Novembre 2001

Un jour gris et pluvieux s’est installé sur la région. Les gens du coin savent qu’ils en auront pour toute la semaine au minimum. L’humidité et le froid de ce mois de novembre laissent de marbre les détenus de la centrale de Moulins. Qu’il fasse beau ou qu’il gèle, ils sont derrière des barreaux. Alors la météo, ce n’est pas vraiment leur truc. Ce qu’ils veulent, c’est partir d’ici le plus vite possible. Vivants ou morts. De préférence vivants.

Une cohorte de femmes attend devant l’entrée de la prison. C’est jour de visite. Elles sont résignées, patientant dans le froid. Jeunes, vieilles, mères, épouses, fiancées, sœurs, avec leurs paquets qui seront fouillés à l’entrée. Elles ont toutes entendu la phrase magique : « Je te jure, je recommencerai plus. » Et elles sont là pour la demi-heure de visite hebdomadaire, sauf si le type qu’elles viennent voir est au mitard. Résignées, elles reviendront la semaine prochaine avec leurs paquets.
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Françoise Guerand passe en revue rapidement l’activité de la Crim’. Bien qu’elle soit le directeur de la PJ, elle continue d’avoir un regard affectif sur ce service qu’elle a un temps dirigé.

— Ces temps-ci, dit-elle, il n’y a rien eu de transcendant, la SAT exploite des renseignements sur l’implantation d’éventuels terroristes islamistes sur Paris. En ce qui concerne le droit commun, il n’y a eu que des meurtres basiques rapidement élucidés. Cependant, dans un groupe dirigé par le commandant Vincent Calderone il y a un truc pas mal, une histoire de double homicide, mais Calderone dit avoir des billes2 pour sortir l’affaire. Sinon, il y a sept affaires qui datent de l’an dernier et qui n’ont pas encore été élucidées. Trois femmes qui ont été assassinées dans des parkings, deux autres chez elles, et deux types qui cherchaient des aventures faciles dans le bois de Boulogne.
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Le petit homme a réussi à tromper le psychiatre de la prison. Il ne lui a raconté que des âneries que l’autre recopiait doctement sur un grand cahier. La force de Lécuyer, c’est sa mémoire. Jamais pris en défaut. Il s’était construit un personnage de mec banal dès sa première rencontre avec le psy et il avait continué au fil des entretiens à approfondir ce personnage. Le psy lui posait des questions sur ce qu’il avait dit un ou deux mois auparavant, et le petit homme répondait calmement de sa voix sourde. Jamais pris en défaut. Il s’était inventé une autre famille, une autre enfance, et il la faisait coller avec son nouveau personnage. Parfois dans sa cellule avant de s’endormir, il se laissait emporter vers sa nouvelle famille, et le matin à son réveil il avait du mal à se rappeler qui il était. Il lui fallait une ou deux minutes pour atterrir. Le psy, et Lécuyer l’avait vu venir de loin, tentait de retrouver dans les conversations le pourquoi et le comment de l’agression et du viol de la grand-mère. Le petit bonhomme s’en donnait à cœur joie. Jubilation intense complètement dissimulée. Il écartait les bras, les paumes des mains tournées vers le ciel, plus que jamais petit homme gris et transparent, des yeux de chien battu, les jambes serrées.
— J’aimerais bien le savoir, merci de m’aider docteur, ça me fait tellement de bien, murmurait-il.
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Il est en sueur malgré le froid vif de janvier et a parfois du mal à se repérer. La nuit le surprend sur l'avenue des Champs-Elysées. Lécuyer a l'impression d'être dans un tunnel de lumière et de bruit qui l'étourdit. Il trouve une entrée de métro et finit par rentrer chez lui, littéralement épuisé. Il sait que ses vieux démons sont de retour. Ils sont là, tapis en silence, planqués dans les recoins de son cerveau. Dans l'attente. Mais qui le pousseront comme avant. Il les a déjà entendus chuchoter, il sait que bientôt ils lui parleront plus fort. Quand il est occupé, il ne les entend pas trop et arrive à les faire taire. Assis sur son lit, il prend sa boîte de magie et pendant une partie de la nuit va s'amuser ou s'entraîner, il ne sait pas trop. Il se couche tout habillé.....
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En fait, Arnaud Lécuyer vient de terminer en quelque sorte sa mue. Tel un animal monstrueux ou maléfique, il a changé de peau. Il a revêtu celle du prédateur. Du prédateur qui tue des êtres sur lesquels il exerce une profonde et entière domination. Sa nouvelle robe n’apparaît pas. Elle est masquée par celle d'un magicien. Il est lucide sur ce changement qui s'est opéré en lui, il en est fier. Il se sent fort.
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Un tueur en série […] a un cycle de six phases :
« Premièrement, la déconnexion. Le tueur est dans son monde, ça cogne fort dans sa tête. Il sait qu’il doit se mettre en chasse.
« Deuxièmement, la chasse. Il cherche sa victime. C’est le prédateur à l’affût. Il lui en faut une qui réponde au millimètre aux critères de ses fantasmes.
« Troisièmement, l’approche. Il attire la proie. Le nôtre va utiliser ses tours de magie. Il n’a pas de raison de changer de méthode, ça marche.
« Quatrièmement, la capture. L’enfant est pris au piège dans la cave. Rien d’autre à dire là-dessus.
« Cinquièmement, le meurtre. Le tueur est au maximum de sa charge émotionnelle. Mentalement, il est en pleine explosion.
« Dernière phase, celle de la dépression qui intervient juste après le meurtre. Il est KO. Il va digérer son meurtre avant de recommencer son cycle après une période plus ou moins longue.
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- Ce que nous risquons, c'est que les deux soeurs au fort caractère se braquent et plongent dans un mutisme absolu jusqu'à la fin de la garde à vue. Il faut les amener à parler de leurs fils et, après seulement, on commence à sortir les as. Progressivement. (Mistral)
- En quelque sorte, c'est de la pêche au gros avec du fil pour remonter les goujons, résuma Galtier.
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Le flic solitaire ça n'existe pas.
(Ludovic Mistral)
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Parfois, on se demande comment peut dormir un tueur. C'est simple. Un tueur dort du sommeil du juste, et pour lui la question ne se pose pas.
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Allez savoir ce qui se passe dans la tête d'un détraqué!
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_Snoop,j'ai exigé de voir la fille pour constater combien tu l'as amochée.Plus elle reste ici,et moins elle rapporte de l'argent.
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