Jean Monbourquette

L'ombre de la personnalité n'est pas à confondre avec le mal. Voici comment ils se distinguent l'un de l'autre. L'ombre s'est formée en refoulant un ensemble de sentiments, de qualités, de talents et d'attitudes qu'on croyait inacceptables par I'entourage. D'un autre côté, le mal se définit comme la privation d'un bien dû, privatio boni debiti. Le mal n'existe pas comme tel ; en soi, est du non-être. Ce qui existe, c'est une action ou un être déficients, c'est-à-dire auxquels il manque une perfection qu'ils devraient avoir. Le mal est nommé en fonction des réalités qu'il affecte. Il y aura autant de maux divers qu'il y aura de réalités affectées.

a) Décrire une personne qui vous est antipathique. Bien décrire la qualité ou le trait négatif qu vous fait peur, vous énerve ou vous répugne.
b) Vous ingénier à découvrir ce que cette qualité ou ce trait négatif peut contenir de positif. Autrement dit, il s'agit de trouver « la perle cachée» dans les scories.

Voici quelques illustrations de cette démarche. L'aspect positif qu'il serait possible de déceler dans une attitude jugée « hypocrite » pourrait être la discrétion ou la diplomatie.
A la réflexion, l'aspect dominateur d'une personne pourrait signifier un désir d'être responsable. Il s'agirait alors pour elle d'apprendre à se servir de cette qualité sans tomber dans l'excès.

Un autre moyen pour repérer l'aspect positif d'une qualité ou d'un trait négatif est de vous demander :« Que puis-je apprendre d'une telle personne ?» Si, par exemple, vous la détestez pour sa paresse, vous pourriez apprendre d'elle à devenir vous-même plus « paresseux », c'est-à-dire à vous reposer, à vous détendre, à vous habituer à en faire moins, à prendre de petits congés, toutes choses qui vous aideront à mieux travailler.

c) Après avoir trouvé la qualité ou le trait positif, masqué toutefois par le comportement détestable de la personne antipathique, il conviendra de vous demander si vous n'auriez pas vous-même besoin de cette qualité ou de ce trait pour contrebalancer un côté excessif de votre tempérament. Par exemple : vous êtes reconnu pour votre très grande générosité. C'est pourquoi vous détestez Albert que vous jugez être égoiste. En cherchant à découvrir l'envers positif de l'égoïsme, vous découvrirez, par exemple, la nécessité de « penser davantage à vous-même ». Ainsi, pour équilibrer votre trop grande générosité qui vous épuise au bout du compte, il conviendrait de penser davantage à vous-même et de savoir « dire non » à certaines demandes.

Pour Ken Gilbert, le fait de se reconnaitre responsable des pulsions de son ombre permet d'en prendre possession au lieu de se laisser posséder par elles. Mais pour réussir cette « rééquilibration » psychique, il recommande deux règles. La première consiste à « jouer » son ombre, c'est-à-dire à s'identifier le plus complètement possible à elle. Par exemple, si je me fais la réflexion suivante : «Tout le monde me déteste », je la transformerai en : « Je déteste tout le monde. » Sa deuxième recommandation est de ne pas obéir à ses sentiments ou à ses paroles intérieures qui le poussent à commettre des actes malicieux. Ce serait le cas de celui qui, après s'ètre dit : « Je hais tout le monde », se mettrait à tenir des propos haineux ou à agir violemment.

On peut observer chez quelqu'un des impolitesses ou des maladresses sans se sentir touché ou affecté par elles. Dans un tel cas, il s'agit d'une observation objective. Si, par ailleurs, les impolitesses ou les maladresses de cet individu « énervent » et bouleversent à un point tel qu'on éprouve pour lui de la répugnance ou même de la peur, il y a lieu de croire que c'est une projection sur l'individu en question. On a exagéré ou grossi ses impolitesses ou ses maladresses. On a aperçu en lui ce que, durant toute sa vie, on n'avait jamais voulu reconnaître en soi et que l'on s'est efforcé de refouler dans son inconscient.

A ma connaissance, il n'existe aucun test psychologique plus précis et efficace que l'examen de nos projections pour connaître les qualités et les traits de caractère qui manquent à notre développement. En effet, si nous sommes portés à mépriser et à détester, chez autrui, certaines qualités ou traits de caractère, c'est que nous avons un besoin urgent de les développer en nous-mêmes.

La prise de conscience de ses projections sur autrui est la voie royale pour accéder à la réalité fuyante de son ombre. Négliger de reconnaitre ses projections bloque le développement intérieur et l'épanouissement social. On est prisonnier en effet des éléments de son ombre que l'on projette sur autrui et, en conséquence, on se prive de la connaissance de ses propres ressources. Qui n'a pas maîtrisé l'art de récupérer ses projections s'enferme sur lui même.

Voici enfin un dernier moyen de découvrir l'ombre d'autrui. Il consiste à écouter les blâmes et les critiques qu'une personne se permet de formuler sur le compte des autres. Ecoutons là-dessus les propos de Ken Wilber : « En réalité, nos critiques virulentes sur les autres ne sont rien d'autre que des pièces non reconnues de notre propre autobiographie. Si vous voulez connaître à fond quelqu'un, écoutez ce quil dit sur le compte des autres>>.

Si une remarque bouleverse ou irrite quelqu'un, il est probable qu'elle ait accroché une zone « ombragée » de son être. Malgré les efforts qu'il aura pu déployer pour cacher ce côté de lui-même, la violence de sa réaction l'aura mise à découvert.

Qu' arrive-t-il à une personne qui s'identifie exclusivement à son ego-idéal, c'est-à-dire à sa persona ? Une telle identification entraîne chez elle la négation non seulement des pulsions de son ombre, mais de son existence même. De plus, elle nécessite une obéissance stricte aux codes d'un milieu social. Motivée par la crainte d'en être exclue, elle sera à l'origine d'une anxiété incontrolable à la moindre infraction de sa part à ces règles. La personne, très attentive à deviner les attentes réelles ou imaginaires de son milieu et à soigner constamment son image sociale, finira par renoncer à satistaire ses aspirations légitimes.

Le vrai pardon exige une victoire sur sa peur d’être humilié une fois de plus.

De plus, pardonner, ce n’est pas seulement se libérer du poids de sa douleur, mais c’est aussi libérer l’autre du poids du jugement malveillant et sévère qu’on porte sur lui ; c’est le réhabiliter dans sa dignité humaine.

Le pardon, pour se réaliser, requiert donc de nombreuses conditions tout aussi nécessaires les unes que les autres : du temps, de la patience avec soi-même, de la retenue dans son désir d’efficacité, de la persévérance dans sa décision d’aller jusqu’au bout.

Mais le pardon véritable, c’est plus que cela ! D’une part, il est plus qu’un acte d’effort volontaire ; le processus du pardon fait appel à toutes les autres facultés de la personne. D’autre part, loin d’être un acte instantané, le pardon se situe dans le temps et s’échelonne sur une période plus ou moins longue. Il comporte un avant, un pendant et un après.

Peu de réalités psycho-spirituelles ont été aussi galvaudées et caricaturées que celle du pardon. Pourtant, le pardon occupe une place centrale dans la spiritualité des grandes religions, notamment dans la religion chrétienne.

À qui s’adresse Comment pardonner ? Il est écrit à l’intention du plus grand nombre de lecteurs possible, qu’ils soient croyants ou non.

C'est ce souvenir d'avoir aimé
sans en recevoir un grand coup au ventre
c'est respirer sans les tensions
des sanglots étouffés.

La pensée de ton départ
me harcèle
je coule dans mes souvenirs
et je pleure…
je ne connais pas d'autre solution que d'accueillir
cette visiteuse toujours inopportune, la souffrance.

je crains les jour de fête
la fête des mères, la fête des pères
la fête anniversaire de naissance
la date de départ ou de son décès
les fêtes de nouvel an et de Noel
je crains de réveiller la peine endormie
j'ai peur des souvenirs heureux qui l'accentuent...je m'éloigne des gens heureux…

Ce qui n'est pas célébré a tendance à s'atténuer et à s'évanouir sans laisser de traces.